Panique et folle recherche

(Institut)

Samarah finit par arriver dans le centre ville. Complètement essoufflée et sur les genoux, mais elle y était. C’était le principal.

*et maintenant ? par où je commence moi ?*

La ville de Boston lui était complètement étrangère ! Elle n’y avait mis les pieds que deux fois ! Autant dire qu’elle se retrouvait face à une véritable jungle inconnue ! Si seulement elle avait le temps, cela ne la dérangerait pas de découvrir cette ville, même si elle avait déjà eu l’occasion de voir quelque uns de ses côtés pas très roses. Malheureusement là, elle avait tout sauf le temps. La panique, la peur, mal au ventre et au cœur. A la limite du malaise. Mais pas la moindre petite parcelle de temps !

C’était vraiment horrible. Mais elle devait garder la tête froide et ses idées claires. La vie de Deklan en dépendait. Elle se mit alors à réfléchir où il pouvait bien se trouver. Dans un endroit loin de tout, pour éviter de se faire remarquer… Le centre en lui-même était déjà donc à éviter ! Ainsi que toutes les rues commerçantes ou bar restaurants et cafés abondaient !

Bien. Ils restait tous les autres endroits. C'est-à-dire, à peu de choses près, le ¾ de la ville ! On ne panique pas ! On garde son calme Samarah. Et tout ira bien !

*oui, ca va aller… à condition que je le trouve vite fait !*

Elle prit une rue adjacente qui s’éloignait du centre et marcha, toujours tout droit. Elle passa à côté des ruelles, certaines ayant bonne mine, d’autres beaucoup moins. Mais elle savait que ce n’était pas là, qu’elle devait chercher plus loin. Ou plutôt, elle ne savait pas, mais son instinct le devinait. Alors elle continuait. Encore et encore. Au détour d’une ruelle, elle entendit soudain du bruit. Elle s’arrêta et écouta dans l’ombre. Ben oui, il faisait noir et on n’y voyait pas grand-chose ! Et elle s’aventurait toute seule dans ces endroits mal famés ! Elle avait pas froid aux yeux la petite ! Au bien elle était complètement folle.

Ni l’un ni l’autre. C’est vrai qu’elle était d’un naturel téméraire et qu’elle savait se défendre. Mais quand même, il y avait une limite à la folie. En temps normal, elle ne se serait jamais conduite d’une telle façon ! Pas suicidaire non plus, la fille !

Mais à cet instant, c’était loin d’être comme d’habitude ! Quelque part, Deklan allait avoir de gros ennuis ! Elle le savait. Elle le sentait au fond d’elle-même. Ces hommes étaient loin d’être des enfants de cœur. Et après ce que Samarah leur avait fait et l’attaque du centre commercial, leur haine envers les mutants ne devait sûrement pas s’être calmée. Au contraire. Nul doute qu’ils chercheraient vengeance et qu’ils ne croieraient plus que Deklan n’était pas un mutant !

Elle essaya de ne pas penser à tout ce qu’ils pourraient lui faire subir comme horreur, car cela la rendait malade. Elle se reconcentra sur les bruits de voix qui émanaient de la ruelle et écouta, comme une espionne

_ Alors…tu l’as, mec ?

_ Doucement mon gars, on se calme… Y a rien qui presse !

Etait-ce Deklan la chose qu’ils avaient ? Elle tendit l’oreille encore un peu plus, sentant son cœur qui battait à toute allure dans sa poitrine.

_ Tu vas l’avoir… Chacun son tour… Mais avant, tu me files les 50 dollars que tu me dois !

De l’argent ? Qu’est-ce qu’ils pouvaient bien en faire ? Exposer Deklan comme une bête curieuse avec une jolie banderole ? « Venez voir le mutant inoffensif » Après l’avoir drogué comme un animal ?

On vit dans un monde de fous, mais quand même, un peu de décence s’il vous plait ! Quoique. Elle était certaine qu’il y en avait qui n’hésiterait pas. Tous les moyens étaient bons pour se faire du fric à notre époque.

Elle jeta un coup d’œil. Elle vit alors des personnes. Deux. Avec un drôle d’air.

_Tiens ! La v’là ta tune ! Et maintenant, je peux avoir ma dose ? supplia la première.

_Ouais, tiens, attrape ! finit la deuxième en lui lancant un petit paquet contenant une poudre blanche.

De la drogue ! Samarah n’en revenait pas. Même si cela devait être monnaie courante dans ce genre d’endroits. Dans un sens, elle fut soulagée, mais dans un autre, très déçue. Deklan n’était pas ici. Elle venait de perdre de précieuses minutes à cause de ces imbéciles! Dégoûtée, elle laissa les deux drogués derrière elle et reprit sa route. Vers l’inconnu…

Elle espérait que ses pas ne la guideraient pas encore vers un autre repère de camés.

Quelques rues plus loin et presque 2h plus tard…

Encore une de faite et toujours rien ni personne à l’horizon. La jeune mutante ne comptait même plus le nombre de rues qu’elle avait fouillées. Inutile de décrire l'angoisse qui avait pris possession de Samarah. A chaque coin de rue, elle s’attendait à voir le cadavre de Deklan gisant dans une mare de sang, complètement défiguré par les tortures. Mais malgré cette crainte, elle continuait. Encore et toujours. Elle le devait. Elle l’avait promis. Juste avant qu’il ne se fasse enlever. Elle lui avait dit qu’il pouvait compter sur elle. Hors, c’était dans des cas exactement comme celui-ci qu’on comptait sur les gens… et sur ses amis. Car oui, maintenant, elle le savait Deklan était son ami, le premier qu’elle ai jamais eu. Et le serait toujours, quoiqu’il arrive. C’était quand tout allait mal qu’on avait le plus besoin de savoir qu’il y avait des personnes sur qui on pouvait compter. Prête à nous aider. Et elle savait que si c’était elle qui avait été kidnappée, Deklan aussi serait venu à son secours, sans hésiter.

Mais, toujours ces interrogations et ces idées les plus sombres les unes que les autres qui s’insinuent en vous quand vous baissez la garde, est-ce que Deklan tiendrait le coup le temps qu’elle arrive ? Il ne devait pas savoir qu’elle faisait tout pour le retrouver… Et même s’il le savait aurait-il la force de lutter encore face à des individus qui ne le verraient bien qu’une fois mort et enterré ? Disparu de la surface de la planète ? Et un mutant de moins ! C’est ce qu’ils devaient penser.

Elle balaya d’un coup de tête ces ruminations. Cela n’apporterait rien de bon et ne la ferait pas avancer de toute façon.

*accroche toi, je t’en supplie, Deklan… *

Samarah s’enfonçait toujours plus loin dans les rues sombres des quartiers les plus mal famés de Boston. Elle ne croisa plus de drogués mais les quelques personnes qu’elle rencontra sur son chemin la dévisageaient de haut en bas, en se demandant ce qu’une gamine de son âge faisait ici. Perdue ou complètement folle, pensèrent-ils.

Samarah quant à elle ne leur jeta même pas l’once d’un regard, beaucoup trop préoccupée par le sort de Deklan. C’est d’ailleurs pour cela qu’elle ne remarqua pas l’homme aux allures menaçantes qui se mit à la suivre en filature. C’était plus que louche. Etait-ce un des cinq hommes qui avaient participé à l’enlèvement de Deklan ?

Au bout d’un moment, Samarah s’arrêta. Elle se trouvait face à un carrefour. Une ruelle plutôt éclairée devant elle et les autres sur le côté, plongées dans la noirceur de la nuit. Une personne normalement constituée aurait prit la rue éclairée qui donnait un semblant de sécurité. Mais pas Samarah, même si elle aurait préféré. Son instinct lui disait d’aller toujours plus loin. Par contre, il n’avait pas pressentit ce qui allait lui arriver…

Samarah décida de prendre la ruelle sur sa gauche, une impasse qui allait mourir quelques mètres plus loin dans les ténèbres. Mais elle ne le savait pas encore.

C’est à cet instant précis que choisit l’homme qui la suivait de sortir de l’ombre. Sans prévenir, il se jeta sur elle, tel un vampire sur sa victime et plaqua sa main contre la bouche de Samarah avant l’entraîna avec lui dans le fond du cul de sac.

"Mai..mmmmmmmmmmmmmmmh" fit Samarah surprise

Samarah ne s’y attendait pas du tout. Elle ne l’avait ni entendu ni vu venir.

*mais d’où il sort celui-là*

Mais la surprise fit vite place à la peur. Vu l’accueil que lui avait tenu cette personne, elle n’était sûrement pas remplie des meilleures intentions qui soient.

Consciente que sa vie était en danger, elle se débattit, mais l’homme la coinça contre le mur, sa main toujours plaquée sur sa bouche.

_ Et alors ma jolie ! On se promène toute seule le soir ? C’est pas très prudent tu sais… dit celui-ci d’une voix mauvaise.

Mais elle ne la reconnut pas. Ce n’était pas un des cinq kidnappeurs.

Furieuse de se voir ainsi privée de liberté, elle le mordit à sang. Ce fut son premier réflexe. Elle n’utilisa même pas son pouvoir. Elle avait tellement peur qu’elle n’y pensa même pas. Comme si il s’était coincé. Un blocage. Elle n’avait jamais eu ça. Mais sur le moment, elle n’y pensa pas le moins du monde.

Et puis cet homme ne semblait pas s’en prendre à elle à cause de sa nature. Il ne savait même pas qu’elle était une mutante. Non. Il ne fallait pas se leurrer. Il n’y avait pas trente-six mille genre d’individus qui s’en prenaient comme ça aux filles… C’était un pervers… Et en réalisant cette évidence, elle en fut tellement apeurée qu’elle avait été incapable de faire appel à ses moyens de défensehabituels.

Sous le coup de la douleur, celui-ci retira sa main de la bouche de Samarah et elle put enfin crier :

"Lâchez-moi espèce de grosse brute !"

Et elle se débattu de plus belle. Mais son agresseur reprit vite la situation en main, c’est le cas de le dire car il gifla de sa main ensanglantée la jeune fille et il plaqua son autre main sur la bouche de Samarah, pour l’empêcher de crier à nouveau. Et comme il était beaucoup plus fort qu’elle, elle ne savait plus bouger.

_ Je te conseille de te taire si tu veux rester en vie ! siffla-t-il entre ses dents, de toute façon il n’y a personne qui peut t’entendre ici, donc ça sert à rien de hurler…

Samarah surprise de cette claque se calma mais fusillait l’homme du regard. Si elle avait pu, là à cet instant, elle l’aurait bien tué sur place. Mais elle n’arrivait pas à se concentrer assez longtemps pour pouvoir utiliser son pouvoir… La panique la paralysait. La poisse!

Et le pire, c'est qu'il avait raison, personne ne pouvait l'entendre pusiqu'il n'y avait pas âme qui vive dans les environs...

_ Alors maintenant, tu as intérêt à faire tout ce que je te dirais… et alors peut-être qu’il ne t’arrivera rien… susurra son agresseur


"Mmmmmf" protesta Samarah

Celui-ci maintenait toujours sa main sur sa bouche pour la faire taire. Et inutile de dire que cela marchait. Samarah avait beau vouloir crier et hurler de toutes ses forces, aucun son ne sortait de sa gorge. L’homme commença alors à la regarder, à détailler son corps en s’arrêtant à certains endroits précis avant que son regard ne continue plus loin.

Il ne fallait pas être devin pour savoir ce qu’il avait en tête… Ce type n’était rien d’autre qu’un violeur et cette nuit Samarah serait sa victime.

Celle-ci était terrorisée. C’était la première fois qu’on l’agressait ainsi. D’habitude, c’était parce qu’on savait qu’elle était une mutante. Et même si elle devinait le sort que ce type lui réservait, elle était incapable de bouger. Jamais elle n’aurait cru un jour que cela allait lui arriver. Elle ne s’était jamais habillée de façon provocante et n’avait même jamais tenu à attirer le regard d’un homme sur elle. A croire que même au naturel, elle attirait les hommes…ou plutôt les pervers.
Et c’était vrai, que Samarah n’était pas si mal que ça, physiquement. Même si elle n’avait jamais voulu le voir…Parce qu’elle s’en foutait royalement. On l’avait toujours rejetée, alors elle n’avait jamais cherché à attirer l’attention sur elle.

Mais à quoi bon ruminer ces interrogations, cela ne lui serait d’aucune utilité !

Elle était toujours aux mains de ce pervers, à deux doigts de se faire violer et avec un pouvoir qui refusait de se réveiller !

*mais qu’est ce que j’ai fait pour mériter ça ?* gémit-elle dans sa tête.

Totalement désespérée, car consciente qu’elle ne pouvait rien faire sans son pouvoir, Samarah ferma les yeux. Elle se disait que si elle arrivait à se calmer, elle pourrait récupérer son pouvoir et alors là… Elle pourrait se défendre. Elle fit alors mine de se laisser faire et n’opposa plus aucune résistance. Doucement, elle sentit que son cœur reprit un rythme un peu plus régulier et elle put à nouveau se concentrer. La plupart des personnes dans sa situation auraient été incapables de garder un tel calme. Mais Samarah savait que la clé de sa liberté était son pouvoir et pour le récupérer, elle devait se calmer. Enfin, elle put à nouveau aligner deux idées à la suite l’une de l’autre. Et ça c’était bon signe.

Mais elle attendit encore, pour accumuler une plus grande concentration.

Pendant ce temps-là, le violeur, croyant que sa victime se résignait et que son emprise fonctionnait comme il le désirait, se mit alors à la toucher. Et dans un sens c’est ce qui sauva Samarah. Quand elle prit conscience que cet homme allait prendre son corps, pour se perdre dedans sans sa permission, qu’il lui allait lui voler ce qu’une femme a de plus précieux, sa pureté et son innocence, quand elle sentit les horribles doigts de cet homme la frôler et puis lentement descendre sur sa poitrine avant de s’arrêter encore plus bas, elle rouvrit les yeux d’un seul coup.

Il faisait noir et donc son violeur ne put en apercevoir la couleur. Et c’était mieux ainsi car, sans s’en douter, il venait de signer son arrêt de mort.

_ C’est très bien ça… laisse toi faire… tu vas te déshabiller pour moi maintenant, commença le violeur, ne s’imaginant pas que Samarah ne l’écouterait pas

Celle-ci s’éloigna alors du mur, sans rien dire. Laissant croire ainsi qu’elle allait ôter ses vêtements et puis sans prévenir, elle fixa son agresseur droit dans les yeux.

Sournoise.

_ Qu’est-ce que… ? commença celui-ci

Croyant que Samarah allait lui jouer un mauvais tour et qu’il dominait toujours la situation , il lui dit :

_ Ne t’avise pas de me jouer un sale tour, je t’avais dit de reste tranquille !

Samarah le laissa parler. Une dernière fois. Elle savourait cet instant car elle savait que ce gars était déjà mort et le voir croire qu’il la maîtrisait toujours avait quelque chose de jouissif !

"Et moi, dit-elle simplement d’une voix sans émotion, je t’avais dit de me lâcher… "

Ce furent les dernières paroles que l’homme entendit. Pour toujours. Sortie de l’obscurité derrière lui, une brique vint s’écraser contre son crâne. Suivie d’une autre. Et d’encore une autre. Une pluie de briques qui semblaient surgir de nulle part pleuvèrent sur l’homme et avant de s’écrouler sur le sol, comme une masse, celui-ci était déjà mort. Le crâne fracassé, un mince filet de sang s’en échappant…

Les briques retournèrent alors une à une sur le tas d’où Samarah les avaient soulevées, un peu plus derrière elle et son agresseur...

Et seulement à ce moment-là, Samarah réalisa l’ampleur de ce qu’il venait de lui arriver. Elle resta là debout sans bouger un long moment avant de s’encourir le plus loin possible du cadavre. La jeune mutante prit conscience qu’elle avait une fois de plus tué quelqu’un. Mais cette fois-ci, c’était pour se défendre. Car si elle ne l’avait pas fait, c’est son agresseur qu’il l’aurait tuée.

Elle se rendit compte qu’elle venait encore une fois d’échapper à la mort. C’était la troisième fois en trois jours et ça commençait à faire beaucoup. Tandis qu’elle courait, elle sentit soudain des larmes lui couler le long du visage. Ce n’était pas seulement des larmes de tristesse, mais aussi des larmes de soulagement et de colère. Une colère sourde contre ce monde, cette planète, cette ville, contre ce pervers et les cinq hommes aussi. Et contre Deklan. Deklan ? Oui, oui, vous avez bien lu. Il l’avait abandonnée à l’Institut pour une simple question d’orgueil et maintenant elle avait faillit se faire violer par sa faute. Oh bien sûr elle ne le penserait pas longtemps, mais là elle était vraiment fâchée et au bout du rouleau. Si il n’avait pas cherché misère au barman le premier soir, ils n’en seraient pas là aujourd’hui. Elle n’avait jamais sût le fin fond de l’histoire, mais aujourd’hui, elle en était sûr, c’était à cause de son foutu orgueil que tout avait commencé ce soir-là! Et des larmes de soulagement parce qu’elle était toujours en vie.

"DEKLAAAAAANNNNNNNNNN ! JE TE HAIS ! ET SI JE TE RETROUVE JE TE JURE QUE JE TE TUE !" hurla Samarah dans un mélange de rage et de désespoir.


Mais elle l’eut à peine fait qu’elle s’en voulut d’avoir dit ça. Ca tombe, il était déjà mort depuis longtemps. Et si c’était le cas, elle savait qu’elle ne s’en remettrait pas.

*mais pourquoi j’ai dit ça… je ne le pensais même pas*

"Je te demande pardon, Deklan, ou que tu sois, je ne voulais pas dire ça…. "finit-elle par dire en se prenant la tête entre les mains.

Là-dessus, elle se laissa tomber part terre et hurla

"J’EN AI MARRE DE TOUT CA !"

Et elle resta à pleurer toutes les larmes de son corps.

Depuis combien de temps s’était-elle éffondrée ? Avait-elle encore continué de hurler et de pleurer pendant longtemps? Samarah ne le savait plus. La nuit dans sa course vers l’aube s’était arrêtée…. Submergée par les émotions de la soirée, elle avait tout simplement craqué. D’abord cette effusion de sang au centre commercial, ensuite Deklan qui s’en allait et puis cette tentative de viol à laquelle elle venait d’échapper de justesse… C’en était trop.

Malgré toute l’indifférence et la froideur qu’elle s’évertuait à faire transparaître, même si elle voulait faire croire que rien ne pouvait l’atteindre, qu’elle était insensible, ce n’était encore qu’une jeune adolescente… Qui n’avait pas encore soufflé ses 17 bougies…

Au bout d’un moment cependant, elle finit par se calmer. Sa rage et sa frayeur s’était évanouies, pour une fois d’une manière autre qu’en faisant tout péter autour d’elle. Ce n’était pas fort étonnant, pour la première fois de sa vie, elle venait de subir une agression sexuelle. Comme si elle n’avait déjà pas assez de malheur comme ça…Il lui manquait encorça à ajoute à sa liste noire.

Un sacré choc. Nier le fait qu’elle n’avait pas eu peur, serait mentir. Cependant, elle était parvenue à sauver sa peau. Certes, en tuant. Mais après, cela n’en faisait jamais qu’un de plus… Et il y avait des chances que ce ne soit pas le dernier, avec les temps qui couraient…

Elle avait eu beaucoup de chance que ce sale pervers ne soit pas parvenu à ses fins. En y repensant, c’était même plus que de la chance. Si cet homme l’avait violée, il aurait brisé non seulement sa vie, mais aussi la femme qu’elle était, pour toujours !

Cela faisait froid dans le dos de penser ça…

Elle se surprit soudain à adopter le même comportement qu’après une de ces crise d’angoisse, assise en boule sur le sol, elle se balançait d’avant en arrière, sans s’en rendre compte. Cette attitude ne servait à rien, mais beaucoup d’enfant ont tendance à l’adopter pour se calmer quand ils viennent de subir un choc émotionnel. Et quoi qu’en dise, Samarah, c’est bel et bien ce qu’elle venait de vivre !

Perdue dans son monde, Samarah n’entendit pas tout de suite les bruits de pas qui se rapprochaient. C’est quand une voix qui prononça son nom se fit entendre et qu’elle sentit une main sur son épaule qu’elle réalisa qu’elle n’était plus toute seule dans les ténèbres. Elle n’eut pas peur. La voix qui l’accosta était douce et si elle connaissait son nom, cela voulait dire qu’elle les connaissait aussi.

Et en effet, la jeune mutante vit quand elle se retourna Ksénia, la petite fille qui était présente à la réunion dans la salle commune. Elle était accompagnée d’un garçon. Elle ne le connaissait pas mais elle l’avait aperçut aussi lors de cette réunion. Il devait en toute logique faire partie de l’Institut aussi.

La première chose qu’elle se demanda c’était ce qu’ils faisaient tout deux ici. Mais Ksénia lui donna vite la réponse à cette interrogation. Ils étaient à sa recherche. Ah bon ? Cela avait de l’importance pour quelqu’un maintenant de savoir où elle se trouvait ? Si vous le dites, dans ce cas…

Apparemment ils l’avaient retrouvée grâce aux humains qu’elle avait légèrement secoué devant l’Institut.

Mais elle remarqua aussi très vite le regard interrogateur que lui portait le jeune garçon. Elle réalisa alors qu’elle ne devait pas paraître très normal. Vu l’état dans lequel, elle était. Assise par terre, les joues marquées par des traces de larmes récentes… Et sans oublier les deux ou trois tâches de sang qui devaient encore orner son visage puisque, pour finir, elle n’avait pas eu le temps de se débarbouiller.

En un mot, elle faisait peur !

"Comment m’avez-vous retrouvée ?" ne put-elle quand même s’empêcher de demander

Car oui c’était bien de leur dire qu’elle était partie en ville mais la ville était vaste. Et dans ce dédale de ruelle, leur rencontre tenait plus du miracle qu’autre chose. D’un autre côté, vu les hurlements qu’elle avait poussé pour évacuer sa colère, ils avaient très bien pu la retrouver en suivant la source des cris…

Mais alors, ils pouvaient avoir aperçut le cadavre du pervers ? Samarah paniqua un court insant.

Non, si c’était le cas, ils l’auraient sûrement interrogée. Pour eux ils semblaient penser qu’elle était dans cet état à cause de l’enlèvement de Deklan. C’était à moitié vrai, elle leur laissa donc penser cela…

Ce n’était pas la peine qu’elle leur parle de la tentative de viol. Elle garderait ça pour elle, comme toutes les autres choses qu’elle avait déjà vécues, comme d’habitude… De toute façon qui est-ce que cela intéressait de le savoir ? Et puis, le corps ne tarderait pas à être découvert et cela passerait sûrement dans les journeaux, alors…

Pour le moment, il y avait plus urgent ! Avec tout ça, elle en avait presque oublié Deklan !

C’est quand Ksénia leur dit qu’il fallait aller le retrouver, qu’elle retomba les pieds sur Terre.
Elle se releva et essaya son visage à l’aide d’une de ses manches et leur dit

"C’est très gentil à vous de vouloir me suivre, mais il n’en est pas question ! "

Son ton était catégorique. Ces gens étaient dangereux, encore plus qu’elle ne le pensait étant donne ce qu’ils avaient eut l’audace de faire. Il n’était pas question de risquer encore en plus leur vie !

Et puis, c’était entre eux, Delklan et Samarah. Ils avaient un compte à régler…

"C’est beaucoup trop dangereux ! Si ce sont bien les personnes auxquelles je pense, Deklan risque de mourir et moi aussi… Allez plutôt prévenir les autres pour leur dire qu’on aura sûrement besoin d’aide " leur conseilla-t-elle, ignorant totalement qu’en ce moment, ils avaient eux aussi leurs propres problèmes avec le sauvetage de John et Malicia….

Elle espéra d'ailleurs qu'ils ne seraient pas contre le fait de venir en aide à une personne qui leur avait tourné le dos. Mais d'après ce qu'elle en savait ce n'était pas dans la mentalité de l'Institut!

Elle ne le savait pas encore, mais ils étaient seuls… Seuls à pouvoir faire face à ces cinq hommes pour sauver la vie de Deklan…

Comme elle devait s’en douter, les deux autres mutants décidèrent de ne pas la laisser partir seule dans sa quête. Elle tenta bien encore de les dissuader mais rien n’y fit. Ils étaient apparemment aussi déterminés qu’elle, l’un tant que l’autre.

Samarah ne put d’ailleurs s’empêcher de sourire lorsque Yanis lui fit part du risque que Sagamore les écrase s’ils ne la ramenaient pas vivante ! Cela lui fit tout drôle de savoir que ces gens s’en faisaient pour elle. Après tout, elle ne les connaissait pas encore et pour la plupart, elle venait à peine de les rencontrer lors de la réunion.

Mais Yanis avait raison, elle faisait partie d’une grande famille maintenant. Elle qui n’en n’avait jamais eu, ce changement était assez radical ! Et s’était encore dur de s’y faire, savoir que quoiqu’ils vous arrivent et que où vous soyez, des personnes s’inquiétaient pour vous…

Soudain, elle sentit que Ksénia lui frottait le visage avec sa manche. Surprise, elle ne protesta pas car c’était la première fois que quelqu’un avait un geste aussi tendre pour elle. Elle devait sûrement avoir oublié une tâche ou l’autre de sang lorsqu’elle s’était frottée avec son sweat…

Il avait aussi bien deviné qu’elle ne rentrerait pas tant qu’elle n’aurait pas retrouvé Deklan, vivant ou mort malheureusement…

"Bien, puisque qu’avec tout ce que j’ai pu vous dire, vous ne semblez pas découragés et toujours prêt à me suivre, alors c’est d’accord… mais à vos risques et périls", ajouta-t-elle cependant

Indiquant quand même par là, qu’il ne faudrait pas la tenir pour responsable si leur arrivait quelque chose. Samarah ferait évidemment tout pour que cela n’arrive pas mais au moins, elle les avait prévenus…

Ils allèrent se mettre en route lorsque ceux-ci lui annonça que les autres membres étaient sur une autre mission. Elle se figea alors l’air inquiète et demanda :

"Que s’est-il passé ? Il est arrivé quelque chose pendant que je n’étais pas là ? "

Mais si c’était le cas, cela signifiait, comme Ksénia et Yanis venait de le lui faire remarquer, qu’ils n’étaient que trois pour sauver Deklan. Que ? Non, bien sûr, c’était assez, elle les avait bien fait fuir à elle toute seule la première fois !

Du moins, elle espérait car depuis leur première rencontre, ils avaient sûrement du préparer ce qu’ils envisageaient de faire subir à Deklan. Hors, contrer quelqu’un de préparé était loin d’être une chose facile. Mais …elle pensa soudain à quelque chose… peut-être voulaient-ils lui faire subir toutes ces horreurs aussi! Est-ce que toute cette mascarade ne serait en fait qu’un piège pour l’attirer vers ces hommes ? Après tout, c’était elle qui avait faillit les tuer… Et maintenant qu’elle y repensait, elle aurait peut-être du le faire ! De toute façon, même si c’était un piège, elle n’avait d’autre choix que d’y aller… Il fallait sauver Deklan ! Peu lui importait ce que cela lui coûterait !

Et puis, il faut avouer qu’elle comptait énormément sur son pouvoir, s’ils n’avaient pas encore compris, cette fois, elle irait beaucoup plus loin… Tanpis pour eux !

"Au fait, je ne sais même pas comment vous vous appelez ", dit-elle soudain en les regardant l’un après l’autre.

Mais avant qu’ils ne puissent répondre, Yanis venait de soulever un point crucial de la situation.

Si tu nous parlais un peu des hommes qui ont enlevé Deklan ?

Elle redoutait cette interrogation, mais ils devaient savoir ce dont ces types étaient capables…

"C’est une longue histoire, commença-t-elle, mais en résumé ils sont cinq et se sont des anti mutants pur souche… "

Et elle était encore loin de la vérité, car elle ignorait l’existence de tout l’arsenal de torture qu’ils venaient d’infliger à Deklan.

"Ces gens nous poursuivent Deklan et moi depuis 3 jours… Enfin au début, ils semblaient n’en avoir qu’après Deklan, mais après un triste épisode au parc, on va dire qu’ils en ont après moi aussi…"

Inutile de donner plus de détails et de montrer à quel point Samarah pouvait être dangereuse. De toute façon, s’ils l’accompagnaient, ils finiraient par s’en rendre compte…

"Est-ce que je peux savoir ce dont vous êtes capables de faire ? Avec vos pouvoirs, je veux dire… Je n’ai pas envie d’en arriver là, mais ils vous mieux que vous soyez prévenus, vous risquez fort d’en avoir besoin… Le dialogue ne sert à rien avec des individus pareils…"

(HJ : promis Ksénia; mais comme je l'ai déjà dit, elle lui semble jeune et vu qu'elle connait tjrs pas son âge... ap je dis pas que ça lui fera pas un choc qd elle le saura vu que Sam a le même âge...)

Samarah attendit que les deux autres se présentent. Ainsi donc, ils se prénommaient Yanis et Ksénia.

Bien.

Ksénia lui parla rapidement de ce qu’il s’était passé dans la salle de réunion, mais à dire vrai, le franc ne tomba pas. Samarah ne réalisa pas sur le coup ce que cela impliquait comme conséquences futures. Pour le moment, une seule chose hantait son esprit et prenait la place de tout le reste : sauver Deklan !

Cela fait, elle leur avait demandé à chacun ce dont ils étaient capables de faire. Elle écouta donc, toute ouïe, les dons de ses deux camarades. Contente qu’ils ne soient pas du genre à ne pas vouloir dire ce qu’ils peuvent faire, soit par crainte, soit par orgueil. Mais bon, la situation les obligeait peut-être à agir ainsi. Ca, elle n’irait pas le leur demander.

D’après les dires de deux autres mutants, leurs pouvoirs allaient être fort utile quand même. Et Samarah du reconnaître que finalement ils ne seraient pas trop de trois.

"Bien, à ce que je vois, vos pouvoirs passent par le regard, c’est une bonne chose, cela nous permettra d’agir à distance tout en gardant une distance de sécurité… "

Elle se remémora les images de Deklan, en train de suffoquer, coincé dans les bras du Barman

"Il est impératif que vous ne vous laissiez surtout pas approcher !, ajouta-t-elle, comme une mise en garde, ils sont dangereux et plus fort physiquement que nous tous réuni. Mais nous, nous avons la force psychique. Ce sera notre atout. C’est comme ça que je les ai…"

Elle s’arrêta brusquement. Inutile de rentrer dans les détails. Il ne fallait pas les affoler. Et puis, ils semblaient tellement croire qu’ils avaient une chance face à ces cinq gaillards. Autant partir au combat avec un moral d’acier, ça améliore les chances de s’en sortir…

"Euh… disons que c’est ce qui m’a sauvé la vie la première fois… "

Mais son hésitation avait du transparaître. Tanpis. Si vraiment il le fallait, elle leur expliquerait en détail, quoique qu’avec ce qui allait sûrement suivre, ce ne serait vraiment pas nécessaire…

Maintenant, il fallait établir un plan d’action.

"Normalement, ils sont cinq, Yanis, elle l’interpella en se tournant vers lui, tu t’occuperas du premier qui te tombe dessus. Ksénia, elle se retourna vers la jeune fille, pareil que Yanis, le premier qui s’approche de toi de trop près, tu accroches son regard et tu … fais ce que tu as à faire. Ce ne sera sûrement pas très dur de les regarder en face, vu qu’ils nous méprisent, ils nous regarderont droit dans les yeux "

*enfin s’ils l’osent encore…*

Comme elle n’avait jamais vu ce pouvoir en application, elle en ignorait les conséquences, tant pour Ksénia que pour sa victime.

"Quant à moi, je m’occuperais des trois autres, ce ne sera pas un problème…" acheva-t-elle

Au pire, il y aurait aussi Deklan. Mais Samarah douta fort qu’il soit encore en état de se battre après tout ce qu’ils lui auraient fait subir !

L’idée qu’ils pouvaient avoir des effets secondaires suite à l’utilisation de leurs pouvoirs lui effleura l’esprit. Après sa première rencontre face aux humains, elle s’était elle-même sentie très faible et si Deklan n’avait pas été là pour la ramener à l’Institut, elle serait encore probablement dans le parc, évanouie…

Aussi, elle ajouta :

"Si jamais vous vous sentez mal à cause d’une trop forte utilisation de vos pouvoirs, je veux que vous partiez, tous les deux, sans m’attendre, je vous couvrirai… Vous me le promettez ?"

Le comportement de Samarah l’étonnait de plus en plus depuis qu’elle était arrivée dans cette ville. Prendre la défense de gens. Voilà une chose qu’elle n’aurait jamais faite il n’y a encore pas si longtemps. Mais maintenant, c’était différent. Ces gens en question étaient comme elle. Et ce qu’elle avait vécu, ils l’avaient peut-être vécu aussi. C’était une raison suffisante aux yeux de Samrah pour les protéger.

Et puis, elle avait accepté qu’ils viennent, mais elle voulait au moins qu’ils s’en aille si les évènements tournaient mal… C’était la moindre des choses et ce n’était pas la peine d’ajouter encore deux morts sur une liste qui en comptait déjà beaucoup !

Soudain, Ksénia lui demanda quel était son pouvoir. C’était vrai qu’ils ne le savaient pas encore et qu’elle en parlait comme s’ils étaient au courant

"Je suis psychokinèse, je manipule les objets par la pensée…"

Mais comme une démonstration valait toujours mieux qu’un long discours, elle avisa une vielle voiture du regard un peu plus loin et automatiquement, toutes les vitres de celle-ci explosèrent.

"Voilà, en gros ça donne ça… La colère le renforce et depuis peu, j’ai découvert que la peur le bloquait… Vous êtes prêts ? Plus de questions ?", dit-elle simplement

Ce n’était pas très pratique, mais au moins, elle était prête à partir au combat sans la moindre parcelle de peur dans le regard. Elle y était obligée si elle voulait faire appel à ses capacités.
Et au contraire de la peur, c’est une fine lueur noire qui, sournoisement, faisait déjà son apparition dans le fond de ses yeux. Signe que la haine avait pris possession du corps de la jeune mutante.

Ces hommes allaient regretter d’avoir provoquer sa colère !

Maintenant, ils ne leur restaient plus qu’à retrouver Deklan. Mais où pouvait-il bien être ?

Dieu seul le savait…

(HRP, j'adore jouer le petit chef )


Ne dit-on pas qu’il n’y a pas pire sourd que celui qui ne veut pas entendre ? Cela se révélait exact dans le cas de nos trois amis. Malgré les mises en garde de Samarah et son envie de les voir foutre le camp en cas de problèmes, ses deux compagnons se montraient très bornés. A peu près autant qu’elle et Deklan. Malheureusement. Et à première vue, rien ne leur ferait changer d’avis.

Soit. S’il devait en être ainsi, alors tanpis. Elle avait fait tout ce qu’elle pouvait…

"Bon, très bien, après tout, c’est vous qui voyez !", leur dit-elle un brin énervée.

*mais ‘faudra pas venir pleurer, je vous aurez prévenus…*

Même si d’un autre côté, elle devait bien avouer qu’au fond, elle se sentait rassurée qu’ils resteraient quoiqu’il arrive. Toute aide était la bienvenue dans des moments comme celui-là.

Samarah savait vers quoi ils allaient, du moins c’est ce qu’elle pensait. Eux par contre n’en n’avaient pas la moindre idée.

Tandis qu’ils se mettaient en route, Yanis suggéra de chercher la camionnette. Il pensait que Samarah l’avait vue. C’était une bonne idée, sauf que ce n’était pas le cas.

"Non, en fait, je ne l’ai pas vue, commença-t-elle, ils ont utilisé une bombe aveuglante et j’étais de dos. Je sais juste qu’elle est de couleur noire. C’est ce que les deux humains ont dit tout à l’heure… "

Ils inspectèrent tous les petits recoins qui s’offraient à eux. Mais toujours pas de camionnette en vue. Cela commençait à devenir stressant. Vraiment.

L’idée de Ksénia était judicieuse. Fouiller les endroits les plus désaffectés. Seulement, ce n’était pas ce qui manquait en ces lieux… Et puis Samarah ne connaissait pas plus que ça la ville non plus.

"Oui, c’est sûr, en plus j’agirais de la même façon si j’étais eux… Et je suis certaine qu’ils m’attendent aussi. Au moins, l’avantage d’être à trois, c’est qu’ils ne s’y attendront pas. Ils doivent se dire que je viendrai seule… Le problème c’est que je ne la connais pas plus que toi, cette ville, je suis arrivée il y a seulement 3 jours ! Et toi Yanis, tu es de Boston ?"
lui demanda-t-elle.

On ne savait jamais. Quelque fois qu’ils auraient un peu de chance

( ce n'est pas très long mais la suite est en préparation... et puis comme ça y a quand même un peu d'action)

Le froid n’arrangeait rien à l’atmosphère déjà tendue par les évènements. Le cinquième homme déambulait d’un pas pressé dans le dédale de ruelles sombres. Non, décidément, rien n’allait comme il le voulait.

*Fichue soirée* maugréa celui-ci

Non seulement, le gamin n’avouait pas qu’il était un mutant, alors qu’il était persuadé que c’était bien le cas. Mais en plus, il n’y avait pas moyen de trouver un magasin encore ouvert à cette heure-ci pour assouvir son besoin viscéral de nicotine. Si seulement il savait maintenant à quoi avait mené sa haine… Nul doute qu’un paquet de cigarettes en plus aurait été le bienvenu ! Mais comme le barman demeurait toujours dans l’ignorance des faits, ce n’est qu’un seul paquet qu’il s’acheta lorsqu’il tomba enfin sur un night-shop.

Le vendeur lui lança un regard assez méfiant lorsqu’il entra. Il ne devait pas avoir très fière allure après avoir passé plus de deux heures à torturer un être humain. D’ailleurs, en n’y faisant attention, on aurait presque pu deviner le délicat effluve de sang et de sueur qu’il laissait sur son passage. Mais comme il paya son paquet et qu’il ne fit pas mine de vouloir braquer la boutique, le vendeur ne lui ’accordait déjà plus son attention lorsque le bourreau sortit.

Une fois dehors, le manque était trop intense pour encore attendre plus longtemps. Il sortit une cigarette du paquet et la porta immédiatement à ses lèvres avant de l’allumer. Le vent aidant, il du s’y prendre à plusieurs reprises. Mais après la troisième tentative, le bout de la cigarette rougeoyait et il ne fallut pas longtemps pour que le poison fasse son effet et calme cette horrible sensation de dépendance qui vous ferait grimper aux murs.

Il se remit alors en route, prêt à recommencer son horrible massacre. Derrière lui, un mince filet de fumée se dessinait dans son sillage plus ou moins régulièrement, à chaque fois qu’il évacuait le résidu de nicotine.

__________________________


Entre temps et non loin de là, Samarah et ses compagnons continuaient leur recherche. Ils n’avaient toujours rien trouvé et c’était à se demander s’ils retrouveraient Deklan un jour.

Le doute commençait tout doucement à s’insinuer en Samarah. Est-ce que Deklan se trouvait encore dans cette ville ? Ou bien étaient-ils partis ailleurs plus loin pour qu’elle ne puisse pas le retrouver ? Auquel cas, elle pouvait abandonner tout espoir de le retrouver sain et sauf.

*non ! ça jamais ! je sais qu’il encore ici !* pensa-t-elle vivement plus pour se persuader elle-même que pour se redonner un peu de motivation.

Le dernier espoir de Samarah vola en éclats lorsque Yanis lui annonça qu’il n’était pas originaire de Boston. Eh bien tanpis, ils devraient faire sans la chance. Celui leur suggéra néanmoins de poursuivre leurs recherches dans le côté pourri de la ville. Et quant Ksénia lui assura qu’ils y étaient déjà, dans le quartier le plus pourri de Boston, Samarah ne put que confirmer, l’image du pervers bien ancrée dans sa tête :

"Oh ça oui, je peux vous assurer qu’on est bien dans le coin le plus mal famé de Boston ! "

Son ton était franc et donnait froid dans le dos.

"Y a qu’à voir les gens qui traînent ici pour s’en rendre compte…" finit-elle par murmurer entre ses dents.

Cette réflexion était plus personnelle qu’autre chose mais il était possible qu’ils l’aient quand même entendue. Mais pour l’instant c’était loin d’être sa préoccupation primordiale, qu’ils entendent ou non ses ruminations…

Soudain, Samarah vit Ksénia bifurquer vers une ruelle. Une de plus dont on ne voyait pas le fond. Mais elle revint l’instant d’après. Sans doute une intuition erronée. Cependant, elle avait l’air préoccupé et retourna encore une fois à l’entrée de cette ruelle. Quand elle revint vers eux, son air était grave, à peu près autant que la phrase qu’elle lâcha à Yanis et Samarah

Ca sent la mort ici...

Samarah la regarda. L’air étonnée. Pourquoi avait-elle dit ça ? Est- ce que Ksénia avait le don de « sentir » les évènements ? Elle le leur aurait dit si c’était le cas… La jeune mutante se rapprocha alors à son tour de cette fameuse ruelle. C’est vrai que son aspect était sordide et que dans la situation actuelle des choses, le côté psychologique en prenait en fameux coup. On pouvait facilement avoir tendance à voir de l’horreur là où il n’y en avait pas.

Samarah jeta un regard sceptique à Ksénia.

"Qu’est-ce que tu racontes ?"

Mais à cet instant, quelque part dans son cerveau, son instinct dicta à Samarah de se montrer prudente. Lui aussi avait sentit que quelque chose n’allait pas. Elle se rapprocha encore de la ruelle et huma l’air. Et là, elle sentit aussi que quelque chose n’était pas normale. L’atmosphère que leur renvoyait la ruelle semblait oppressante, pas naturelle. Et la vague odeur qu’elle laissait derrière elle tel un nuage de poussières portait la marque du sang… et de la mort. Samarah en était certaine à présent. C’était la même que le jour de l’accident et une fois qu’on la connaît, on ne l’oublie jamais…

"Si tu as raison… Il y a quelque chose… là-bas", répondit finalement Samarah au bout d'un long silence

Elle sentit son cœur se serrer encore plus fort dans sa poitrine.

*pourvu que nous n’arrivions pas trop tard*

Ksénia, malgré le malaise ambiant dégagé par cette sombre rue leur demanda s’ils étaient d’accord de s’y aventurer. Il n’y avait même pas à se poser cette question car la réponse s’imposait d’office. Bien sûr qu’ils iraient. Quoiqu’ils puissent y trouver… Ils étaient là pour ramener Deklan, peu importe l’état dans lequel il se trouvait, malheureusement.

"Oui, nous y allons…, dit-elle sur un ton décidé, vous venez ?"

Et elle se mit en route. Samarah ne savait pas encore sur quoi elle tomberait. Elle savait qu’elle serait choquée, mais elle ne savait sûrement pas encore de la façon dont elle le serait, ni par quoi…

________________________

Quelque part dans la noirceur de la nuit, un homme courait, aveuglé par la terreur. Il voulait se persuader que tout ce qu’il venait de voir n’était pas réel. Que ses amis étaient toujours vivants. Et qu’il ne s’était pas enfui tel un lâche face à… Face à quoi en fait ? Un gosse ? Mais était-ce vraiment un gosse, ou bien le diable en personne ? Il n’était plus sûr de rien à présent. Une chose était néanmois sûre, quoiqu’il y avait à l’intérieur de cette cave, ses compagnons étaient à présent morts, malgré tout ce qu’il pouvait espérer.

*prévenir… je dois prévenir Matt… il faut qu’il sache… qu’il ne retourne pas là-bas…*

C’était la seule pointe de lucidité qu’il lui restait encore. Mettre le dernier de ses amis en garde de la menace qu’ils avaient provoquée. Et c’est avec un visage où perlait la sueur sous des bandages recouvrant ses yeux qu’il continua de courir, toujours le plus loin possible… de l’enfer qu’ils avaient créé, lui, ses compagnons et leur haine envers les mutants…

Eh bien oui ! C’était même tout décidé, puisqu’ils avaient déjà pénétré dans la ruelle. A chacun de leur pas, les ténèbres les avalaient en peu plus. Ils avançaient en silence, d’un pas incertain. Et puis s’ils voulaient faire demi-tour, ce n’est pas elle qui les en empêcherait ! Après tout, elle ne les avait jamais forcé à la suivre. Ce sont eux qui avaient insisté !

Samarah commençait à redouter sérieusement ce sur quoi ils allaient tomber, au bout de l’enfer. Ou bien n’en serait-ce que le commencement ? Cette idée ne la réjouissait guère !

Et cette odeur ! Sournoise et de plus en plus âpre au fur et à mesure de leur pas ! La jeune mutante sentait son cœur cogner dans sa poitrine. Un bruit sourd. De plus en plus rapide. Une sensation de malaise qui s’emparait de tout son être…

*ressaisis-toi ! bon sang ! au sinon, on court droit à la catastrophe*

Il fallait qu’elle tienne le coup ! Pour Deklan et les deux autres, malgré tout ce qu’ils découvriraient !

Soudain, Ksénia, s’arrêta net. La mine sombre. Devant elle, s’ouvraient les profondeurs noires d’un garage.

"Là..."

Ca et là sur les murs, on pouvait voir des traces de sang. On ne peut plus frais d’ailleurs. Et elles se prolongeaient dans la rue. Signe que quelqu’un était sorti vivant du carnage qu’ils allaient découvrir à l’intérieur.

*mon dieu !* s’exclama silencieusement Samarah* mais qu’est-ce…*

Ses yeux refusaient de croire ce que son instinct devinait déjà…

"On...Va devoir entrer là-dedans alors..."

Ce n’était ni une question, ni une affirmation. Mais plutôt une résignation.

"Si.. si vous ne voulez pas, commença Samarah, je ne vous forcerai pas…", acheva-t-elle doucement .

Mais ils étaient si proches du but, elle le sentait qu’elle rentrerait de toute façon. Quoiqu’il arrive. Et elle se douta déjà fort bien que ses deux compagnons en feraient de même !

Elle s’approcha lentement, dépassa Ksénia et s’arrêta juste devant l’entrée. Des relents d’odeur vinrent lui effleurer les narines. Elle ne put s’empêcher, d’un geste vif, de couvrir sa bouche avec la manche de son sweat. Cet effluve l’aurait fait vomir.

La dernière fois, il n’y avait pas eu de sang… Du moins elle ne s’en souvenait pas, elle avait quitté les lieux bien avant que les pompiers et les secouristes n’arrivent dans la classe…
Mais cette fois, au lieu de fuir l’endroit du crime, elle s’y jetait dedans. Quasiment aveuglement. Il n’y avait plus de lumière et la noirceur régnait en maître dans le garage.

Un peu plus loin devant elle, elle devina une grande forme sombre. Une voiture. Plus précisément, une camionnette ! Cette fois, il n’y avait plus de doute. Ils étaient bel et bien au bon endroit.

"En tout cas, c’est bien ici… y a la camionnette plus loin devant", sur un ton d’où n’émanait aucune émotion.

Mais ce n’est pas pour autant qu’elle ne ressentait rien. Loin de là. Au plus profond d’elle-même, elle était terrorisée. Parce qu’elle ne savait pas ce qu’elle allait découvrir. Il y avait du sang, donc des blessés ou pire… des cadavres. Mais de qui ? Les hommes ou bien Deklan ? Inutile de préciser quels corps elle préfèrerait voir allongés devant elle… Même si aucun corps serait encore la meilleure des options. Mais il ne fallait pas trop en rêver non plus ! Avec toute la quantité de sang qui peinturlurait les murs en rouges, c’était évident qu’il y aurait des corps… Le contraire aurait été impossible !

*pourvu que...*

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Pendant ce temps-là, Brent courait toujours à travers monts et ruelles ! Il courait à en perdre haleine. Mais il le devait ! Il fallait qu’il trouve Matt, c’était impératif ! Il crut un moment qu’il allait foutre en l’air ses poumons et songea même à s’arrêter, juste pour récupérer son souffle mais soudain il aperçut une ombre, au loin qui arrivait nonchalamment droit sur lui. Matt, le barman terminait sa cigarette et avançait l’air de rien…

Cette vision décupla les quelques forces qu’il lui restait et sans prévenir, il fondit sur le barman, tel un aigle sur sa proie.
Celui-ci crut d’ailleurs un instant qu’il s’agissait d’un voyou, désireux de s’emparer de son portefeuille. Il se préparait déjà à lui mettre une bonne dérouillée, lorsqu’il se figea, reconnaissant son ami. Ce qu’il ne comprenait pas en revanche était l’état dans lequel il était.

_Brent ? demanda-t-il surpris, mais qu’est-ce qu’il te prend ? J’ai bien failli t’en foutre une momumentale… Elle t’aurait envoyé à l’hosto encore plus longtemps que cette autre p… de mutante !

Il avait dit ça sur le ton de la rigolade, mais en voyant la terreur qui avait gagnée son ami et que celu-)ci soit à moitié en train de s’étouffer, il s’arrêta net de rire.

_Mais qu’est-ce que tu as bon sang !? Réponds-moi ! demanda-t-il alors gravement et très impatient.

_Le… gamin… mutos… il a… sang partout…sable… rouge… bruit… très bizarre, Joe…garage est resté… moi…pas voulu…parti…oui suis parti… Bill… et Mike…mort… ne pas retourner ! lâcha Brent en mâchant la moitié de ses mots

‘Min mutos sabrouge ‘zarre ‘rage pas oui Bill…morpas tourner.

Voilà en gros ce que venait de comprendre Matt. Autant dire, pas grand-chose, voire rien du tout !

Le barman le regarda les yeux écarquillés et laissa tomber sa cigarette par terre. Il respira profondément et plongea son regard dans celui de Brent, les mains posées sur ses deux épaules.

_Calme-toi et redis-moi ça lentement, tu veux ?

Son ton était inquiet et impérieux en même temps.

Il n’avait rien compris des paroles hachées par Brent, complètement essoufflé et mort de trouille. Mais quelque part dans sa cervelle, les morceaux d’information avait déjà circulé et une fois décodés, cela donnait quelque chose qu’il refusait de croire… tant qu’il n’aurait pas la certitude d’avoir bien compris !

A présent, il fallait descendre les escaliers. Il fallait retrouver Deklan, et Yanis pourrait enfin jouir du confort de l'institut. A peine ses bagages entrouverts qu'il était à l'affut dans les rues de Boston, et une bonne douche lui aurait été salvatrice. Mais pour le moment, il pataugeait en pleine misère humaine. A la recherche d'un mutant enlevé par une sorte de milice anti-mutante.

Il eût envie de remonter la rue et de tirer comme un fou sur le mégot de cigarette qu'il avait jeté un peu plus haut. Les deux jeunes femmes s'avançaient inéxorablement vers ce maudit escalier, et bien entendu il leur emboita le pas.

Une odeur désagréable vint titiller le jeune boxeur.Là, il n'y' avait plus aucun doute. C'était bel et bien l'odeur épaisse et âcre du sang, et elle s'amplifiait tout au long de la descente de l'escalier. Il connaissait bien cette odeur qui remplissait sa salle de boxe du Michigan, mais ici...rien d'excitant comme l'envie de se mettre sur la tronche avec un bon camarade. L'odeur était telle que le jeune homme essayait déja de chasser les idées qui lui passaient par la tête sur la nature de ce qui les attendait en bas.

Mais comme il l'avait deviné, c'était bel et bien un carnage qui avait été perpétué dans cette cave. Du sang, des membres humains, des cadavres...tout ce qu'il faut pour faire un bon vieux massacre à l'ancienne. Yanis inspecta les coins et les recoins de la pièce, en réprimant quelques hauts-le-coeur.

*Accroche toi, il faut tenir le coup.*

Il fallait tout de même inspecter les lieux, et il entreprit de faire le tour du propriétaire. Mais pas de trace de Deklan, à moins qu'un des membres qui trainaient sur le sol ne lui appartienne.

"Samarah, tu reconnais un bout de Deklan là-dedans ?"

Décidement, la délicatesse n'était pas son fort. Elle venait peut-être de perdre un être cher, et il lui demandait si elle en voyait un bout. Le mot était peut être mal choisi, mais il ne fallait pas tergiverser. Il s'était passé quelque chose de grave, et ils étaient surement les premiers sur les lieux.

Même les pires visions de l’apocalypse n’auraient pas été capables de préparer Samarah au cauchemar qui l’attendait dans cette maudite cave. Mais elle n’y était pas encore. Il lui restait à franchir le dernier obstacle avant d’y arriver, les escaliers.

Comment se retrouva-t-elle déjà sur la quatrième marche ? Elle n’en savait rien. Ses pieds avançaient presque par automatisme, elle ne les guidait plus. Ils se contentaient d’aller tout droit. Devant elle. Elle n’avait même pas remarqué que Ksenia lui avait pris la main, sinon elle l’aurait probablement lâchée. Pourquoi vouloir à tout prix mettre de la distance entre elle et les autres, mêmes dans les pires situations ? Elle était comme ça.

Ce n’est que lorsqu’elles arrivèrent en bas et qu’elle sentit un frôlement – Ksenia lui lâchait la main- qu’elle réalisa qu’elle n’avait pas été seule durant sa descente aux enfers. C’était peut-être ça qui lui avait permis d’avancer.

Durant, leur marche, elle avait eu tout le loisir d’observer le sang sur les murs. Si ce n’était que ça… La vue du sang, on peut encore s’y habituer. Mais l’odeur, ça c’est une autre affaire. Elle s’infiltre en vous et ne vous quitte plus. D’ailleurs, la preuve, c’est qu’une fois que vous la connaissez, vous ne l’oubliez jamais. Malheureusement. Comme si elle vous collait à la peau.

Derrière, elle entendait Yanis qui les suivait. Et devant, un couloir s’étendait sur quelques mètres. Il baignait littéralement dans le sang. Au bout, une porte s’ouvrait sur le carnage. D’où ils étaient, ils ne pouvaient pas encore apercevoir l’étendue des dégâts. Ksenia fut la première à ouvrir la marche funèbre. Cela aurait pu étonner Samarah. Elle la voyait encore comme à la réunion, une petite fille toute timorée. Qui avait cependant tenu tête à Deklan. Mais en vérité, la jeune mutante ne pensait plus. C’était comme si son corps n’était plus qu’une enveloppe vide. Son âme, sa psyché était ailleurs. Concentrée sur un tout autre objectif…

Elle la suivit et Yanis se tenait non loin derrière elle. Au fur et à mesure qu’ils avançaient, la lueur rougeâtre qu’ils avaient aperçut depuis le sommet des escaliers s’intensifiait. L’odeur et la quantité de sans aussi. Bientôt la porte, entrouverte fut devant eux. Elle les défiait d’oser s’aventurer plus loin.

Samarah hésita. Tout d’un coup, elle n’eut plus envie de rentrer à l’intérieur. Et si jamais Deklan était là, raide mort ? Elle réalisa qu’elle n’était pas prête à voir son cadavre. Depuis le début, elle s’était persuadée qu’il était toujours en vie. Quelque part.

Non, non. Impossible ! Il était vivant. Elle le sentait. Elle se raccrocha à cette pensée. Et une fois encore ce fut Ksenia qui entreprit de continuer. Délicatement, elle poussa la porte et…

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Brent ne fut pas très étonné que son ami ne comprenne rien du tout au charabia qu'il venait de lui dire. Pour lui, malheureusement, c'était on ne peut plus clair... Normal, il l'avait vécu!

Il se calma, tenta de respirer à nouveau normalement et quand il s'en sentit la force, il reprit calmement:

_ Le gamin, on avait raison... C'était bien un mutant...

Mais dans sa voix, on sentait percer la tristesse maintenant.

Cette nouvelle, bien qu'il le savait depuis le début aurait du réjouir le barman. Mais quelque chose n'allait pas. Son compagnon était terrorisé. Comme s'il venait de voir le diable en personne. Et c'était d'ailleurs peut-être bien le cas...

Et puis, il parlait au passé. Ce n'était pas normal...

_ Bon d'accord, ça on l'avait deviné, répondit Matt d'un ton rude, mais alors qu'est-ce qui te rend... malade à ce point?

Et le mot était encore faible. Il vit qu'à deux reprises, Brent avait faillit souiller ses chaussures. Mais il s'était retenu.

Le barman ne comprenait pas pourquoi son ami se mettait dans un tel état, alors qu'ils avaient finalement eu ce qu'ils voulaient, le gamin avait avoué... Ils n'avaient plus qu'à l'achever et ça ferait un mutant de moins sur la planète. Ensuite, ils leur suffiraient de retrouver sa copine et de lui faire subir le même sort. Ils en seraient alors débarassés...

Mais son inquiétude grandit d'un cran quand les premières paroles de Brent lui revinrent à l'esprit. Il était arrivé quelque chose aux autres.

_ Et Mike, Bill... Et Joe? Où sont-ils? Qu'est-ce qu'il font? interrogea-t-il

Il avait toujours ses mains sur les épaules de Brent et son regard plongé dans le sien. Au fond de lui, il avait déjà comprit... Ses amis auraient déjà dû être ici aussi si Brent l'était...

Cela faisait de la peine à Brent de voir son ami ainsi. Il ne comprenait pas. Il allait devoir le lui dire, encore une fois. Il regarda dans droit dans les yeux Matt et dit d'une toute petite voix avant de baisser les yeux:

_ Ils sont... morts

Et le plus terrible, c'était se sentiment de lâcheté qui s'était emparé de lui. Il aurait du l'être aussi. S'il était encore toujours vivant, c'est parce qu'il avait fui... et abandonner ses compagnons. Honte à lui!

_____________________________________________

"Quelle horreur !"

C’était sortit tout seul. Et aussitôt, elle porta une main de sa main devant sa bouche. Un réflexe pour se protéger de l’odeur ou bien pour s’empêcher de vomir. C’était selon, mais dans les deux cas, c’était de toute façon inutile.

L’horreur avait pris possession de la pièce. Un véritable carnage, du sol au plafond, en passant par les murs. Des corps, ou plutôt ce qu’il en restait, étaient éparpillés un peu partout. De la chair, des os, de la cervelle et du sang. Voilà devant quoi ils se trouvaient. Du coin de l’œil, elle vit Ksenia, pétrifiée, sans doute par le dégoût et collée au mur. Elle ne pouvait pas voir la réaction de Yanis, mais elle ne devait pas être très éloignée des deux leurs.

Elle ne sut pas combien de temps ils étaient restés ainsi, sans bouger, triste spectateur de l’immonde. Quelques secondes ou plusieurs minutes ?

Ce fut Yanis qui rompit le silence. D’une manière assez brusque, en plus

"Samarah, tu reconnais un bout de Deklan là-dedans ?"

Quel manque de tact ! C’était le moins qu’on puisse dire. Il y avait quand même des façons plus délicates de lui demander si Deklan était l’un des cadavres ou non. Surtout s’il était… cher aux yeux de Samarah ? Oui, on pouvait le dire. Deklan et elle avaient eu le temps de tisser des liens précieux, particuliers en 3 jours…

Heureusement qu’elle n’était pas une âme sensible. Au sinon, elle aurait certainement fondu en larmes sur le champ. Elle lança un regard dénué d’expression sur Yanis, avant de reporter son attention sur la pièce. Il devait se douter qu’il avait commis une bourde… Encore que… Après tout, c’était un garçon et la plupart d’entre eux étaient réputés pour ne pas savoir parler aux filles !

Au bout d’un moment, Samarah prit une grande bouffée d’air et se décida à regarder d’un plus près les corps. Elle fit un pas dans leur direction.

D’après ce qu’elle pouvait en voir, il y en avait trois. Un non loin d’eux près de la porte. Et deux autres plus loin, près d’une chaise. Au pied de celle-ci, une sorte de chaîne semblait l’entourer. Mais ce n’est pas ça qui attira l’attention de Samarah. Non. C’était plutôt les torsions inquiétantes et les angles bizarroïdes qu’affichaient les corps sans vie. Seule une force surhumaine aurait été capable de les tordre d’une telle façon… C’était vraiment étrange. Dans son dos, elle sentait le regard de Yanis et Ksenia sur ses épaules. Ils attendaient sa réponse.

Morts.

Morts?

Oui, morts!!

C'est ce qu'il venait de lui dire. L'information percuta son cerveau de plein fouet et ne fit que confirmer ce qu'il avait malheureusement préssentit.

Il lâcha Brent et se mit à tituber. Ce n'était pas possible!

_ Non! C'est pas vrai! Tu te trompes! lança-t-il à Brent.

Mais il ne se trompait pas. Il le savait. Sinon, son ami afficherait une toute autre mine. Cela expliquait tout. Son air terrorisé. Qu'il soit complètement éssoufflé.

Brent ne pouvait rien faire d'autre que de contempler la détresse de son ami. En le regardant, il se revoyait quelques minutes auparavant. Tentant de rejetter l'indiscutable vérité. Ses amis étaient morts. Ils n'étaient plus que deux désormais.

Une fois le choc de la nouvelle passé, Matt revint ver son compagnon et lui demanda d'une voix rauque:

_ Comment? Que s'est-il passé? Qu'est-ce qu'il a fait?

Tout allait si bien avant qu'il ne s'en aille. Le marmot était sur le point de craquer. Il maîtrisait la situation. Et puis là... maintenant, ils étaient morts. Alors, non, vraiment, il ne comprenait pas

La curiosité, ou l'envie de savoir pour meiux se venger. Voilà ce qui guidait les êtres humains. Toujours est-il que Brent lui répondit, tant bien que mal:

_ Je ne sais pas... J'étais dehors avec Joe et tout d'un coup, il y a eu des bruits bizarres.

C'était douloureux de lui raconter ça. C'était comme s'il revivait l'évènment. Or personne n'aurait envie de vivire deux fois la mort de ses amis. Une fosi était bien suffisante.

_ Nous... nous sommes revenus et il a voulu entrer, parce que Mike et Bill était à toujours à l'intérieur. Je n'ai pas voulu, mais il est entré quand même et je... j'ai...

Non. Il n'allait pas lui avouer qu'il avait fui. La situation demeurait déjà assez pénible ainsi. Malhonnête!

_ J'ai entendu des cris. Il a vu quelque chose, je ne sais pas quoi, mais ça l'a terrorisé... Il a crié et puis... et puis, il était là par terre. Mort. Je suis sortit... et je t'ai cherché.

Il avait quelque peu changé la fin de l'histoire mais la fin était vraie. Soudain, il prit une grande inspiration et dit :

_ Je sais que c'est dur à entendre, mais il ne faut pas retourner là-bas! Il doit encore y être...

Le barman avait écouté. En silence. Tant sa colère que sa révulsion augmentaient au fur et à mesure que son ami parlait.Vengeance. Son coeur le criait haut et fort. Et il ne pouvait en être autrement. Ses amis étient morts. Le crime ne pouvait pas resté impuni! S'il avait su... Il aurait du se débarassé de ce mutant tout de suite, quand il était à sa portée. Mais il ne l'avait pas fait. Quel idiot! Il aurait vraiment du!

Il sembla se réveiller quelque peu lorsque Brent lui annonça qu'il ne fallait pas retourner dans la cave. Ca, certainement pas!

La première chose qu'il avait envisagé de faire, s'était de s'y rendre, justement. Peut-être.. que ses amis n'étaient pas tous mort, qu'il y a avait encore quelque chose à faire... Et puis, si le mutant y était encore, tant mieux. Car cette fois, il lui réglerait son compte pour du bon! Sa haine envers cet individu avait maintenant atteint des sommets!

Y retourner? Alors que son ami venait de lui suggérer le contraire? Prendre le risque de se retrouver face à ce mutant et de se faire tuer?
Eh oui, complètement déraisonné. Mais l'être humain était comme ça.

Brent fut désampéré, il ne voulait pas y retourner.

_ Non, souffla-t-il

Mais son ami ne l'écouta pas. Il passa devant lui sans rien dire d'un pas décidé. Et il se sentit obligé de le suivre. Il n'avait pas envie de voir ce qu'il y avait dans la cave. Il le devinait et c'était amplement suffisant. La vue du sang le mettait mal à l'aise. A un moment donné, il avait du se reculer un peu lorsque Matt malmenait le jeune mutant.

Le pauvre, il allait être servi pourtant!

Quant à Matt, il était déjà loin devant. Il se foutait de ce qu'il trouverait. Tout ce qui comptait, c'était de pouvoir enfin saigner ce mutant comme il avait... saigné ses amis.

Et c'est guidé par la haine, plus que par la tristesse qu'il se dirigea d'un pas décidé, suivi sur ses talons de Brent, vers la cave du carnage.

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Une personne extérieure à la scène aurait pu penser que Samarah n’attachait aucune importance à tous ces morts. Elle se déplaçait entre eux, complètement détachée de la réalité, avec une désinvolture au bord de l’arrogance pour une telle situation. Et en quelque sorte, c’était vrai. Elle s’en fichait pas mal. Seul Deklan importait. Elle en vint même à penser qu’ils ne viendraient plus les embêter, les 3 morts…

Elle avança encore un peu, au centre de la pièce. En passant près d’un corps, elle distingua sur ce qu’il restait de son visage, un bout de pansement au niveau de son nez. C’était le dénommé Joe. Ils parlaient de lui au centre commercial. Si elle en doutait encore, maintenant elle savait qu’elle était au bon endroit….

Elle se dirigea vers la chaise. Celle-ci était maculée de sang. Pour la plupart, celui de Deklan, mais ça elle l’ignorait encore. Et c’était mieux ainsi. Vu qu’il y avait deux corps tout près, elle pensa que c’était leur sang à eux. Doucement, elle laissa ses doigts glisser sur le rebord de la chaise.

Elle ne comprenait pas. Ce qu’il s’était passé ici, ce carnage… Elle s’était imaginée retrouver Deklan, entouré des cinq malabars qui lui cherchaient misère. Mais pas des morts… Et puis d’ailleurs comment étaient-ils morts ? Deklan n’aurait jamais pu faire une telle chose. Mais le souvenir de la bagarre du parc vint rapidement réfuter cette hypothèse. A elle seule, elle les avait quasiment tous envoyé au tapis. Alors si elle en avait été capable, pourquoi pas lui ?

Oui, mais il semblait maîtriser son pouvoir beaucoup moins qu’elle. Enfin, si on pouvait parler de maîtrise. Samarah était loin de maîtriser son don. Le terme puissance conviendrait mieux. Le pouvoir de Deklan semblait beaucoup moins offensif que le sien. Du moins, c’est ce qu’il lui avait semblé quand il le lui avait montré… Sauf si, celui-ci lui avait caché certaines choses…

Soudain, elle sentit son bracelet – celui que Deklan lui avait offert- glisser sur son poignet. Elle le regarda et vit la tête de serpent, qu’elle avait trouvée si jolie devant l’Institut. Celle-ci semblait indiquer une direction. Par terre, entre les pieds de la chaise. Ce n’est que maintenant qu’elle aperçut la chaine métallique. Elle la prit entre ses doigts. Doucement, comme si c’était un objet de grande valeur. Elle était toute poisseuse de sang. Celui de Deklan, encore. Mon dieu, si elle le savait, la chaîne aurait déjà rejoint depuis longtemps le sol !

Sans prévenir, elle lâcha la chaîne et se releva. Elle commença à fouiller frénétiquement les coins et toutes les armoires de la pièce. Les deux autres derrière devaient la prendre pour une folle. Ou pas. Car ils ne vinrent pas l’interrompre. Au bout d’une minute, quand elle eut fini son inspection des lieux en fait, elle revint vers eux.

Un certain soulagement se lisait sur son visage. Elle leur annonça alors :

"Non, Deklan n’est plus ici, j’en suis sûre ! Je ne sais pas où il est mais il est vivant…"

Ils ignoraient tout deux ce qui lui permettait d’affirmer cela, mais ce n’était pas le plus important. Deklan était en vie. Certes, toujours quelque part dans Boston et elle ignorait où, mais vivant ! C’était ça qui comptait !

Maintenant, il fallait s’en aller. Le plus vite possible. Ce n’était pas la peine de traîner plus longtemps sur les lieux d’un crime. Tôt au tard, on finirait par découvrir les corps et à ce moment, il valait mieux pour eux trois qu’on ne leur tombe pas dessus. Ils avaient déjà suffisamment d’ennuis comme ça. Pas la peine d’en récolter plus. Car, il ne fallait pas se leurrer, après l’attentat au centre commercial, les humains n’afficheraient plus la moindre pitié pour les mutants. Et en trouver 3 sur une pareille scène de crime feraient d’eux des suspects idéaux. Qu’ils soient coupables ou innocent. Ainsi allaient le monde et les gens dorénavant en 2030…

En plus, il fallait qu’elle réfléchisse. Cette chaise avec cette chaîne… Ce sang et puis Deklan… S’il était en vie, et eux morts, cela ne pouvait signifier qu’une chose… Pas la plus réjouissante de toutes, pourtant

*non c’est impossible… pourquoi il… ?*

Le pourquoi se devinait aisément… S’il avait été torturé (rien que cette pensée lui valut un horrible frisson parcourant son dos de haut en bas), il devait avoir tout fait pour que cela s’arrête. Légitime défense.

"Mais à ce point ?"

La vengeance était peut-être proportionnelle à la torture endurée.

*mon dieu, je n’ose même pas imaginer* pensa-t-elle, mal à l’aise

"et puis comment ? comment il aurait pu...?"

Samarah ne s’était même pas rendue compte qu’elle réfléchissait tout haut. Ses bouts de phrase devaient sans aucun doute paraître pour le moins incongrus et totalement incompréhensibles pour ses deux compagnons.

Mais qu’importe. Elle ne voyait pas du tout Deklan en train de tuer 3 hommes de sang froid. Autant le dire tout de suite. Surtout que c’était lui qui l’avait empêchée de continuer plus longtemps dans le parc… Si elle avait été seule, elle les aurait certainement tués. Tous autant qu’ils étaient.

*au moins tu ne serais pas ici…* persifla soudain une petite voix, surgie de son inconscient

Samarah eut un sursaut. D'où était-elle encore venue? Allez savoir. Le plus important c'était de s'en débarasser le plus vite possible. La dernière fois qu'elle avait fait son apparition, cela n'avait engendré rien de bon... Il fallait l'éviter à tout prix! Car le fait qu'elle soit revenue n'augurait rien de bon!

*oh toi, c’est pas le moment !* rétorqua aussi sec Samarah.

Mais elle savait que ce que disait cette voix était juste. Comme toujours…

Elle s’apprêtait à leur faire signe qu’ils pouvaient s’en aller lorsqu’elle entendit du bruit derrière eux, dans le couloir. Sans prévenir, elle empoigna les deux autres et se dirigea vers le coin le plus sombre de la cave. Ca pouvait paraître brusque, mais en général les réflexes le sont.

La lueur rougeâtre se mit à onduler sur les murs. En jetant un coup d'oeil à l'ampoule qui flottait dans le vide, elle remarqua que celle-ci s'était mise à bouger légèrement.

*un courant d'air...*

Alors, elle se mit à attendre en faisant signe aux autres de garder le silence. Elle ne savait pas trop quoi, mais elle attendit. Sur ses gardes

(hum... désolée je n'ai pas pu le poster en une fois et ça m'aurait fait mal au coeur de le raccourcir. En attendant, j'espère que vous aurez apprécié la lecture )