Le ballade de Sam et Josh [ouvert]

[Institut]

Joshua avait bien comprit le message de Samarah et, ne souhaitant pas la mettre mal à l'aise, essaya donc de se retenir de fumer cigarette sur cigarette en la présence de la mutante.

*Ben, ça me permettra de fumer moins! Mais bon... quand même quoi... faut me comprendre... allez Josh c'est pas si dur? Un petit effort n'a jamais tué personne...*

Après vingt minutes dans les transports en commun dont dix de panne de métro, les deux membres de la X-Force arrivèrent à bon port, c'est à dire en plein centre ville de Boston.

Les rues bondées fourmillaient de passants pour la plupart pressés par l'organisation de la fête de fin d'année. Les yeux de l'ex-taulard apprécièrent la magnifique vue qui s'offrait à lui. Les grattes ciel colossaux imposant leur grandeur par les coins d'ombre qu'ils créaient dans les rues, des écrans géants diffusant des publicités en boucle ventaient les mérites de marques diverses et variées, les grands magasins affichant leurs promotions du mois, firent sourire le mutant, qui après deux ans d'emprisonnement, n'avait pas connu un tel sentiment de liberté.

Attiré par des sons sourds au dessus de sa tête, Joshua leva les yeux pour découvrir, émerveillé, les véhicules de basse altitude qui selon la presse spécialisée, allaient dans un futur proche remplacer les véhicules terrestres.

*Ils n'égaleront jamais mon bon vieux chopper... Vivement l'printemps!*

Joshua les yeux rieurs, fixa son regard, malgré lui continuellement sombre, dans celui de sa camarade, pour déclarer après quelques secondes de réflexion :

"Alors qu'est-ce que tu as envie de faire? Pour ma part je partirais bien faire un tour voir les animations prévues pour le nouvel an, et toi?"

La neige avait recommencé à tomber lorsqu'enfin les deux mutants purent s'extraire tant bien que mal de ce fichu métro (mais qui, bon sang, pour l'amour du ciel, avait eu cette lugubre idée d'inventer ce transport souterrain? Comme si le simple fait d'être compressé tel des sardines dans leur boîte ne suffisait pas, il manquait encore la sensation d'oppression offert par les tunnels sombres qui avalaient ces espèces de vers de terre métalliques). Alors en plus, quand ils tombaient en panne, c'était vraiment le pompom, comme on dit!

Samarah se le demanda une énième fois lorsqu'elle prit une bonne bouffée d'air, à la sortie de la bouche de métro.

Elle avait caché à Joshua son agoraphobie et son malaise systématique lorsque la foule autour d'elle dépassait 4 personnes au mètre carré! Après lui avoir fait clairement comprendre qu'en sa présence, il fallait mieux qu'il s'abstienne de fumer, elle avait tu ce léger détail. Ne fut-ce que pour avoir encore une chance de ne pas passer davantage pour une marginale! Quoiqu'à vrai dire, Samarah se moquait bien de savoir ce que les gens pensaient d'elle... Après tout ce qu'elle avait déjà vécu!

Cependant, si Joshua n'était pas aveugle, il avait sûrement du voir que Samarah s'était comportée encore plus étrangement qu'à l'ordinaire. La jeune mutante s'était tenaue cramponnée au pilier du métro pour ne pas tomber et n'avait pas délié sa langue une seule fois durant le trajet. Elle avait lutté pour refouler péniblement ses gouttes de sueur. Cela lui rappela le jour où elle avait pris le bus avec Deklan, une horreur... Lorsqu'elle était sortie de là, elle avait été à deux doigts de vomir!

Bref, elle n'était pas fâchée d'enfin se retrouver dehors! Même si les personnes qui allaient et venaient dans tous les sens demeuraient encore un léger problème. En effet, l'adolescente se rendit bien vite compte que tous ces gens dans les rues pensaient. Sans arrêt. A tout et n'importe quoi. Mais ils étaient trop nombreux, trop pressés et surtout trop peu entraînée à ce pouvoir pour sa part pour qu'elle puisse capter attentivement quelque chose. Seuls parfois des mots se répercutaient dans sa tête, mais elle en ignorait la provenance. Cela pouvait être Joshua, tout comme la personne en face, sur l'autre trottoir... Mais impossible à le déterminer clairement.

Tout dans sa tête n'était que brouhaha. C'est peine si elle remarqua l'enthousiasme dont faisait part le jeune homme devant l'agitation qui annonçait la fête du nouvel an. Car elle ne pouvait s'empêcher d'associer le mot fête à monde et monde à problème!

Finalement, il lui demanda ce qu'elle voulait faire et pour la première fois de sa vie, ses pensées furent plus rapides que ses paroles. Elle lâcha le plus honnêtement possible :

"M'encourir d'ici le plus vite possible!"

Et elle prit de nouveau sa tête entre ses mains, attendant une improbable acalmie des ces flots psychiques qu'elle attirait maintenant inévitablement comme un aimant. Et renfermer dans son crâne, l'équivalent des milliers d'écho contenus dans un stade olympique n'avait vraiment rien de très réjouissant... Elle s'y était attendue mais pas à ce point-là!

Bon sang! Et qu'est-ce qu'il faisait froid en plus de tout ça! Non vraiment, ça n'allait pas fort pour la jeune mutante. Elle avait sous-estimé la force du vent d'hiver et la capacité qu'il avait à vous glacer sur place, par un simple courant d'air. Ses joues étaient maintenant toutes rouges et piquaient légèrement. Mais pour le moment, c'était le dernier de ses soucis. Samarah respira un grand coup et fit un tour supplémentaire avec son écharpe autour de son cou. Elle allait tenté d'arborer un air presque normal lorsque Joshua lui demanda si tout allait bien.

Eh bien, à vrai dire, non pas tellement.

Mais elle n'eut pas le temps de dire quoi que se soit, que déjà le mutant l'empoigna par les épaules pour l'emmener ailleurs. Certes, l'intention était noble, mais on ne pouvait pas dire que la manière de s'y prendre l'était aussi. Samarah ne supportait déjà pas la promiscuité des gens, encore moins qu'on la touche, et surtout pas par surprise, ce encore plus depuis que...

Enfin bref, elle n'aimait pas ça! Sans oublier que, pour en ajouter à son malaise, elle captait toujours des pensées désordonnées. Ce qui n'était pas fait pour arranger les choses.

Finalement, par elle ne savait quel hasard, Joshua trouve un endroit calme, pour ne pas dire désert et Samarah sentit sa tension revenir plus ou moins à la normale. Elle se dégagea rapidement du mutant et lui dit un peu froidement :

"Ne recommence jamais ça"

Une simple phrase, mais lourde de sens. Même si elle savait qu'il avait voulu l'aider. Il n'y avait rien à faire, cette tête hideuse lui revenait sans cesse en mémoire... Elle sentait encore ses horribles mains balladeuses sur elle. Brrr.

Samarah fut parcourue d'un frisson tout le long de l'échine et celui-là n'avait rien avoir avec le froid mordant du vent.

Joshua, qui ne pouvait pas encore savoir qu'il venait de commettre une boulette continua de l'interroger car il était évident que ça n'allait pas. Mais que faire? Il voulait l'aider, c'était évident. Bien gentil de sa part ça mais ce n'était pas lui qui avait une peur panique de la foule. Et ce n'était pas lui non plus qui se retrouvait avec un nouveau pouvoir depuis un mois.

Alors, Samarah ne voyait pas trop comment il aurait pu l'aider, malheureusement.

"Oui, ça va... Enfin, maintenant, ça peut aller... C'était juste les gens, et la foule, ça... m'énerve quand ça grouille de partout. Voilà. C'est de l'agoraphobie, comme tu peux t'en douter..."

Bon, au moins, elle l'avait dit. Ils étaient maintenant deux à être au courant, même si ça devait pas être difficile à deviner. Mais si possible, elle ne voulait pas s'étaler sur son autre problème. Alors à moins qu'elle ne commette à son tour une erreur, Joshua ne pouvait pas encore le savoir et ne devrait pas le savoir à la fin de la journée...

Le silence s’installait entre les deux mutants et Samarah fut, chose étonnante, prise d’un léger remord. Elle sentit bien que l’enthousiasme de Joshua déclina légèrement suite à sa remarque. Le pauvre, c’est vrai qu’après tout, il ne pouvait pas savoir pourquoi elle avait réagi ainsi. Il ignorait ce qu’elle avait vécu il y a un mois.

En fait, tout le monde l’ignorait. Samarah n’avait rien dit car sur le moment, tous les évènements s’étaient déchaînés les un à la suite des autres. Et par après, elle avait tenu cet incident secret. Volontairement d’une part, car elle n’avait vraiment pas eu envie d’en parler, et aussi involontairement puisqu’elle n’avait eu personne pour en parler !

Bref, elle arrêta de se torturer l’esprit et dit simplement à Joshua qui se confondait en excuse, comme pour excuser son attitude :

"C’est rien, c’est pas ta faute…Tu pouvais pas savoir", acheva-t-elle pour elle-même.

Une Samarah qui s’excuse, voilà une chose fort peut courante. En espérant que cela serve à quelque chose car lorsque Joshua reprit la parole, elle distingua clairement que son ton s’était refroidi. Non pas que cela la dérangeait, elle-même parlait souvent, pour ne pas dire tout le temps froidement aux gens. Non, elle s’en voulait juste d’avoir cassé la bonne humeur du mutant. Il semblait si heureux de prendre l’air ainsi et de s’émerveiller devant l’ambiance festive des rues.

"Ne t’inquiètes pas, pour l’équipe, je gère… Du moins tant que l’adrénaline ne me fait pas faux bond !"

Elle se remémora l’attaque des Sentinelles sur l’Institut. Si elle n’avait pas perdu les pédales ce jour-là, c’était uniquement grâce à cette petite substance magique qui l’avait guidée dans ses actions…

*et puis… ceux de l’équipe, ça va maintenant, je les connais…plus ou moins*

Quand Joshua lui proposa son aide si jamais quelque chose n’allait pas, elle lui répondit :

"Ok, j’y songerai… "

Mais elle ne semblait guère convaincue par ses propres paroles. Elle n’avait jamais demandé de l’aide à personne auparavant, se débrouillant toujours toute seule. Et Samarah ne se faisait toujours pas à l’idée que les gens pouvaient l’aider. Mieux encore, qu’ils se proposaient de l’aider ! On n’avait jamais fait çà pour elle, avant.

Le jeune mutant lui proposa ensuite d’aller boire un verre. Cette idée ne la tentait pas trop jusqu’au moment où il précisa qu’il n’y avait pas beaucoup de monde là où il comptait l’emmener. Les seules personnes qu’ils risqueraient de croiser étaient des gens de l’Institut

"Bon, alors c’est d’accord, je te suis"

Et elle rattrapa Joshua à la sortie de la ruelle qui se précipitait déjà vers le Palace. Cette fois-ci, on aurait dit qu’il avait peur de rester près de Samarah. Avait-elle vraiment été sèche lors de sa remarque ? La jeune mutante se mordit la lèvre et continua de marcher. L’attitude qu’elle avait développée par le passé pour se protéger en avait déjà blessé plus d’un ici, à Boston…

Joshua, à distance raisonnable de Samarah, marchait maintenant sur la grande avenue menant au Boston Palace. Plus ils avançaient plus le quartier devenait chic. Boutiques de luxe, banques, bars v.i.p, casinos et encore bien d'autres attractions pour touristes bourrés de fric, avaient pignon sur rue dans ce coin de la ville.

One se sentait à son aise au milieu de cette métropole, étant donné qu'il était né ici et avait toujours vécu ici. Cependant, les rues "pavées d'or" dans lesquelles il marchait à présent n'avaient rien à voir avec les coins sordides qu'il avait l'habitude de fréquenter avant de finir en prison.

Aujourd'hui, grâce à l'Institut, à sa place dans la X-Force et à Untitled, l'ex-taulard avait changé, il avait troqué son costume de mauvais garçon contre celui de bon samaritain. De plus, il se permettait maintenant de proposer son aide aux autres, même si il ne savait pas vraiment quoi faire pour les aider, la preuve avec Samarah, qui n'avait pas décroché un mot seul mot pour l'instant.

Histoire de briser le silence et voyant qu'ils approchaient de leur destination, le mutant solide déclara nonchalamment :

"On est bientôt arrivé. Au fait, Sam, je t'ai jamais posé la question, mais t'étais où avant de débarquer à l'Institut? Si c'est pas trop indiscret?"

Joshua s'était quelque peu rapproché de la mutante et tout en continuant à marcher les mains dans les poches de sa veste, il attendait sa réponse, le Palace maintenant en vue.

[ Boston Palace. Sam posts ici une dernière fois et je posterais au Palace ensuite, sinon réponds moi direct au Palace à toi de voir. ]

Les deux mutants arrivèrent tout doucement dans ce qu’on pourrait qualifier de ’quartiers chics’ de Boston. Toutes les vitrines devant lesquelles passa Samarah n’étaient qu’un étalement de luxe et de richesses. A tel point que parfois, cela en devenait malsain. Qui aurait en effet l’envie, même ne fut-ce que l’idée stupide, de dépenser une fortune pour quelque chose que l’on pourrait avoir à un prix normal ? Personne. Sauf ces espèces de snobinards qui voulaient donner à tout prix l’impression de vivre au dessus de leur moyen. Du moins, c’était l’avis de Samarah et elle trouvait cette attitude parfaitement ridicule. En effet, elle avait passé la moitié de sa vie, ballottée de famille en famille pour finir dans un orphelinat qui ne fournissait que le strict minimum pour vivre normalement. Cette situation lui avait au moins offert l’opportunité de vivre avec pas grand-chose et de se passer du besoin de vivre dans l’excès pour des raisons aussi futiles que risibles.

Au fur et à mesure qu’elle avançait, la jeune mutante ne pouvait s’empêcher de jeter des coups d’œil inquiets autour d’elle. Par réflexe. Mais elle s’aperçut bien vite que Joshua n’avait pas menti. Il n’y avait pas beaucoup de monde dans cette partie de la ville. Encore moins à quelques heures seulement des fêtes de fin d’année.

Mon Dieu ! Les fêtes ! Elle avait réussi à les oublier celles-là ! Ainsi que l’enthousiasme presque terrifiant que manifestaient certains membres de l’Institut rien qu’à l’idée de célébrer la nouvelle année. Mouais. Pour Samarah, cela ne lui faisait ni chaud, ni froid. Elle se rappelait les repas de fin d’année à l’orphelinat. Ils n’avaient jamais eu rien d’exceptionnel. Au contraire, cela avait été bien souvent le théâtre de disputes et de mauvais coups entre les pensionnaires dont la cible préférée était… Je vous le donne en mille… Notre petite mutante. Rien d’étonnant donc à ce qu’elle ne se réjouisse pas autant que les autres à la perspective de la Saint-Sylvestre. Elle se demanda même si elle y participerait. Si au lieu de ça, elle ne resterait pas bien tranquillement au calme dans sa chambre. En plus, on ne peut pas vraiment dire qu’elle avait l’esprit à faire la fête…

*m’oui… c’est pas une mauvaise idée…* pensa-t-elle alors qu’elle passait devant une vitrine remplie de montres d’une marque plus que célèbre dont la vente d’un ou deux exemplaire suffirait à nourrir un village africain en plein milieu du désert.

Elle jeta des coups d’œil au mutant qui l’accompagnait. Celui-ci semblait être à son aise dans la ville, comme s’il connaissait l’endroit. Il se déplaçait sûr de lui et Samarah le suivait, presque nonchalemment car elle ne pouvait s’empêcher de rester sur ses gardes. Et puis, elle considérait encore Boston comme une ville inconnue. Elle y était peut-être depuis un mois mais elle n’y avait vraiment mis les pieds que deux ou trois fois. Et à chaque fois, cela c’était mal terminé. La jeune mutante n’était donc pas très pressée d’y revenir. Elle plongea ses mains dans les poches de son jeans pour les tenir au chaud et frissonna avant d’accélérer un peu le rythme.

Soudain, Joshua prit la parole et aborda un sujet presque prévisible entre deux personnes qui ne se connaissent pas encore très bien. La question des origines. Même si c’était là un sujet que Samarah préférait éviter, elle lui répondit de sa voix habituelle, lointaine et sans émotion :

"Je viens d’Angleterre… Je vivais à Londres, avant, mais je suis partie… C’était pas très joyeux là-bas… "

Elle n’insista pas plus sur les détails, en espérant que le jeune mutant se contente de cette réponse, certes quelque peu évasive.

"Et toi ? Tu es d’ici, non ?"

Samarah posait plus la question pour donner l’impression d’entamer un semblant de discussion car elle était presque certaine que Joshua était originaire de Boston. Cela se voyait et elle le sentait. Et en parlant de sentir les choses, cela faisait longtemps que Samarah avait sentit autre chose à propos du mutant. A vrai dire, elle avait ressentit ça en le voyant pour la première fois lors d'un entrainement de la X-Force. Mais elle ne savait pas très bien quoi. Elle avait l'impression que lui aussi cachait une part sombre de son passé dont il n'avait pas envie de parler...

( Boston Palace, Petit Déjeuner)