Une urgence

Quelques longues minutes plus tard, le bruit des talons de l'infirmière réveilla Gina, la tirant d'un semi-rêve fait de sueur et de sang.

- Votre... heu... ami s'est réveillé. Il a un grave traumatisme crânien qui risque de diminuer ses capacités mentales. Sa boîte crânienne est grande ouverte. Il a deux doigts cassés pour une raison inconnue - il semble qu'un animal l'ait mordu très fortement - et nous le maintenons en respiration artificielle car l'un de ses poumons est trop distendu pour le permettre de respirer normalement. Nous avons trouvé ses papiers d'identité. Il s'agit probablement d'un mutant, puisqu'il a une carte de l'Institut Xavier.

Les paroles tombèrent, crument.

*mince s'il est dans cet état je peux dire adieu a mon remboursement.*

Elle s'en voulut de cette pensée, elle n'avait jamais été comme ça, la rue changeait les caractères.

Elle n'avait pas vraiment écouter l'infirmière mais son attention fut attirée par les dernières paroles: mutant, c'était un mutant.

Gina n'avait jamais été raciste, elle était plutôt tolérante et elle avait toujours compris le mal-être des mutants, leur différence qui faisait qu'ils étaient rejetés, n'étais-ce pas la même chose pour elle-même.

"euh a t'il des chances de s'en sortir? Pourrais je aller le voir."

Elle attendit avec impatience la réponse de l'infirmière.

L'infirmière eut d'un coup l'air gêné.

"C'est-à-dire que... ce n'est pas le fait que vous ne soyez pas de la famille qui pose problème, mais il est dans un état... Il vaut mieux ne pas le fatiguer. Avec son poumon, il vaut mieux éviter de le faire parler."

Gina lut dans le regard de l'infirmière - les yeux des filles n'avaient aucun secret pour elle - ce qu'elle n'avait pas osé dire : le type était probablement très désagréable à regarder, avec son os du crâne éclaté. Et il bougeait et parlait encore, et ça faisait peur à l'infirmière, parce que dans son état, il aurait dû mourir deux ou trois fois. Qu'il fût éveillé et encore capable de parler tenait du miracle divin, qu'il s'agît d'un mutant ou non.

Gina se leva et fit face à l'infirmière.

(HRP : eeeh, je veux être toujours aussi beau après quand même, lol ! Je veux bien avoir la tête déformée mais temporairement...)

John ouvrit les yeux. Il n'avait plus mal, mais sentait que la douleur était là, insidieuse, n'attendant qu'une seule chose : que l'effet des drogues ne se dissipe, afin d'attaquer à nouveau.

*J'ai réussi à m'en sortir...*

La lumière était douce et blanche. Il se trouvait probablement dans un hôpital, bien qu'il ne vît pas à plus d'un mètre de lui. Il distinguait les tubes qui lui entraient dans le bras et sentait sa tête toute enveloppée. il avait l'impression qu'on avait non seulement entouré sa tête de coton, mais qu'on l'en avait remplie aussi.

*Me sortir de quoi ?*

Il essaya de tourner la tête mais n'y parvenait pas. Un éclair de douleur lui traversa l'arrière du crâne. Une voix, douce et douloureuse à la fois, lui intima de ne pas bouger.

"Sinon, ça va vous faire très mal au crâne."
"J'ai remarqué" répondit John. Ces trois mots lui arrachèrent une toux rauque et brûlante, durant laquelle il comprit qu'il avait un tuyau dans le nez pour le faire respirer.
"Je vois que vous avez le sens de l'humour, Mr Bender" répondit le docteur assis au pied du lit que John commençait à peine à distinguer. "C'est une bonne chose : vous allez en avoir besoin. Je suis le docteur Grant."

Le docteur se leva, disparut et revint plus près, escorté d'une chaise. il s'assit, les coudes sur les genoux, comme si John était en train de lui conter l'histoire la plus fabuleuse de tous les temps. Et John eut l'intuition qu'on n'était pas loin du compte.

"John - je peux vous appeler John ? je ne vais pas vous demander si vous voulez les bonnes ou les mauvaises nouvelles. Vous serez d'accord avec moi pour dire que nous pouvons garder quelques petits secrets entre nous, et je vous épargnerai le sadisme oppresseur que sans le vouloir, beaucoup de médecins infligent à leurs patients."
"D'accord" répondit John, prenant garde à ne pas toucher le tuyau avec ses cordes vocales. Il avait une voix haute et rugueuse à cause de ce tuyau qui le démengeait, et en plus, il sentait qu'il arriverait très bien à respirer sans lui.
Grant approcha sa chaise pour pouvoir parler à voix basse et être entendu.

"Êtes-vous un mutant, John ?"
"Oui... enfin je crois..."

John toussa encore sur ce dernier mot. Tout en toussant, il essaya d'enlever le tuyau, mais il n'arrivait presque pas à lever le bras. Grant, qui avait compris de quoi il retournait, l'aida et enleva délicatement le tube de plastique. John en sentit l'extrémité longer l'intérieur de son larynx et lui sortir par le nez.

"Ca va mieux ? Bien. Nous parlerons de ça plus tard. Que s'est-il passé, John ? Qu'avez-vous fait ?"
"Je suis tombé dans le coma, Doc. Et quand je me suis réveillé, j'avais des convulsions. Pour ne pas faire de crise cardiaque, j'ai tapé ma tête contre le mur pour reprendre le contrôle. Dix-neuf fois."
"Dix-neuf fois ?"
Le docteur eut une grimace de dégoût et de fascination mélangées.
"Je comprends mieux l'état dans lequel vous êtes, John. Vous vous êtes déboîté la colonne vertébrale, à peu près au milieu du dos. Nous avons passé une série de radios. Vos os ne sont pas brisés, mais votre moelle épinière ne conduit plus vos pensées jusqu'à vos pieds."

*Voilà que j'ai un docteur poète ! Elle est bonne, celle-là.*

John ne ressentit absolument rien en entendant cela. Mais c'était cette absence de sentiment qui faisait le plus mal. Car il sentait déjà qu'en ne ressentant rien, il se rapprochait du stade émotionnel d'un meuble. Ce qu'il entendit ensuite le surprit grandement.

"Ne faites pas cette tête-là, John. Ce n'est rien comparé à ce que je vais vous dire ensuite."

Grant se leva et alla ouvrir la fenêtre. Un agréable courant d'air chatouilla les pieds de John, qui - il venait de s'en apercevoir, son champ de vision se propageant toujours lentement - étaient suspendus à quarante centimètres au-dessus du lit.

"John, nous avons fait des radios de votre boîte crânienne, en nous attendant à ce que la moitié soit réduite en bouillie. Mais vous avez le cerveau le plus dense que j'aie jamais vu, et il a résisté au choc. Encore plus incroyable : votre cerveau a repoussé, comme une plante verte. Il nous a même fallu en retirer une partie, car pendant que nous opérions votre fracture, il a commencé à déborder et à se développer à l'extérieur de votre tête."

John ne fut pas vraiment surpris d'entendre cela. Il savait bien qu'il devait avoir un pouvoir de mutants quelque part, et qu'une intelligence n'était pas en elle-même un pouvoir, mais la conséquenc d'autre chose.
John sentait toujours le courant d'air frais effleurer la plante de ses pieds.

"Et j'ai aussi reformé ma moelle épinière, on dirait..."
"Oui, exact. C'est pour cette raison que vous sentez toujours le vent sous vos petits petons."
"Donc, pourquoi je suis encore ici ?"

Grant revint à sa chaise et s'assit. Il reprit un ton de confident.

"Il y a plusieurs choses, John. Tout d'abord, quand vous êtes arrivé il y a deux heures de cela, vous étiez dans un état tellement horrible qu'il nous a fallu arrêter une opération pour vous sauver. On vous a tellement bourré de drogues que vous ne serez pas complètement clair avant demain matin."
John aquiesca en souriant.
"J'ai encore la tête pleine de coton."
"Deuxièmement, votre cerveau est encore en train de pousser et il faudra un petit moment pour que vous n'ayez pas besoin d'une assistance qui vous maintienne l'os du crâne. Parce que pour le moment, même si vous avez un crâne presque refait - et il nous a fallu du travail - votre cerveau menace de sortir. Vous pouvez accomplir un miracle que la science a cherché à réaliser pendant plus de cinquante ans, mais vous n'êtes pas capable de l'arrêter."
John sourit. C'était vrai, il avait un pouvoir de mutant qu'il avait ignoré pendant longtemps et il ne savait pas s'en servir. Quels développements pourrait-il lui apporter ?
"Troisièmement, j'ai quelque chose d'important à vous deman..."

Grant s'arrêta brusquement. Une femme toute dégingandée était entrée. John se demanda si le docteur sétait arrêté à cause du look de la femme ou de la confidentialité de leur conversation. Il ne la reconnut pas tout de suite, mais les dernières images que son cerveau avait filmées avant de se retrouver dans ce lit étaient celles de cette personne. Elle regardait John avec les yeux de la misère et semblait être devenue amnésique en posant les yeux sur lui. Elle ne regardait rien d'autre.

"Vous la connaissez ?" demanda Grant.
"Oui. Si vous pouviez nous laisser..."

Sans mot dire, le docteur Grant se leva de sa chaise et l'écarta un peu du lit pour s'en aller.
John regarda la nouvelle arrivante avec un oeil de plus en plus humide ; il en avait conscience, mais il s'en foutait royalement. S'il y avait une seule personne aujourd'hui devant laquelle il devait pleurer, c'était bien elle. Et quitte à pleurer...
Il tendit le bras vers elle, et avant d'éclater en sanglots - s'en empêcher devenait de plus en plus difficile - il lui dit :

"Tu m'as sauvé."

La pièce baignait dans un océan de lumière. John gisait étendu sur un lit d'hopital qui se fondait dans la froide paleur de la chambre.
Ses yeux était resté fermés depuis un long moment ce qui inquiétait au plus haut point le personel du centre médicale.

Son entretien avec le medecin n'était hélas qu'une hallucination comateuse, qu'un rêve d'espoir qui le tenait encore aux limites de son existence. Cette regénération n'était qu'un rêve...
Un bien triste rêve...
Un chirurgien, un interne ainsi que deux infirmière s'agitaient autour du corps inerte du jeune homme.

"Des résultats ?

- Une légère évolution de ses signes vitaux mais rien de réjouissant.

- Apparement l'opération à fonctionnée. Sa colone a été replacée correctement mais les séquelles dûes au choc avec sa moelle reste imprévisibles. Il peut aussi bien se remettre dans deux semaines que rester paralysé à vie.

- Bien je repasserai dans une petite heure. Bipez-moi s'il y a du nouveau."

Alors que le chirurgien s'apprêtait à sortir, le patient sembla ouvrir les yeux et tenta de parler.

" Docteur, il se réveille ! "

Le medecin accouru au chevet du jeune homme et dit lentement et distinctement :

"Monsieur, vous êtes à l'hopital. Vous avez eu un "accident" assez grave. Votre colone vertébrale a été décalée de son axe et a heurtée votre moelle épinière. Nous ne savons pas encore quelles seront les séquelles mais nous y viendrons. Nous avosn redressé votre colonne mais vos nerfs ont reçu des dommages que l'on ne peu pas encore définir.

Vous comprenez ? "

(HRP : ben non, je veux pas avoir un personnage infirme moi... ça m'a complètement coupé de lire ça... Au moins tu aurais pu laisser la menace de paralysie à vie dans mon rêve... En tout cas je te laisse continuer pour l'instant

Edit : Comme tu le dit, il ne s'agit que d'une menace. Ton personage sera sur pied dans 10 jours. A toi de jouer.)

(Ah ouaiiis, 10 jours ? Ouaaaah, trop sympa ! et IRL, ça va me faire combien de temps ? )

"Oh, meeeerde..."

Le médecin eut une mine perplexe. John eut envie de rire ; il n'avait sûrement jamais entendu ça d'un patient dans cet état.

"Vous êtes le Docteur Grant ?" demanda John.
"Euh... oui, c'est exact..."
"Vous n'êtes pas du tout comme je l'imaginais."

Le docteur eut l'air de plus en plus ahuri. John le calma :

"J'ai dû entendre quelqu'un vous appeler pendant mon sommeil... Mon Dieu... J'ai rêvé d'un miracle..."

*Mais tu as toujours la tête pleine de coton, et tes pieds sont toujours suspendus au plafond...*
*Ouais, j'ai dû sentir tout ça et l'intégrer à mon rêve...*

Malicia garra sa voiture dans le parking souterrain de l'hopital. Elle grimpa au deuxième étage, auss vite qu'elle pouvait, ses talons glissant sur le carrelage blanc de l'hôpital. Elle s'arreta à l'acceuil du service des soins intensifs.
Une infirmière était là, grattant dans des papiers.
Malicia se racla la gorge pour avoir un peu de son attention.
"Euh oui, je suis Malicia, directrice de l'Institut, l'un de mes pensionnaires a été hospitalisé ici, Mr John Bender, voici son dossier."
Elle lui tendit une chemise brune.
"Puis je aller le voir?"
L'infirmière prit le dossier qu'elle ouvrit distraitement.
"Bien nous pourrons contacter sa famille et remplir les trous du dossier."
Elle planta ensuite son regard droit dans celui de Malicia.
"Autant vous prevenir, il n'est pas dans un très bel état, sa colonne a été touché, ainsi que sa boite cranienne, son état est encore incertain, a demi entre le coma et la vie."
Malicia acquiesça, bouleversée.
"Je vais le voir"
Elle avança vers la chambre 124.Les medecins se trouvaient dedans, et une jeune femme, habillée de façon plutôt étrange était là aussi, plus en arrière.
Malicia poussa la porte doucement et aperçut John. Son coeur fit un bond. L'infirmière n'avit pas mentit. Elle réunit tout son courage et vint à son chevet. Elle vit alors qu'il était réveillé, enfin ce qu'on pouvait appeler réveiller. Elle lui serra la main.

"Ne me prenez pas la main de cette façon-là, Malicia : ça plus la tête que vous faites, et on dirait que je vais mourir."

John sécha les larmes que ses yeux avaient sécrété pendant son sommeil. Il ne s'était jamais senti parler ni voir le monde aussi lentement.

*Ma tête est pleine de coton, mais ce coton-là est imbibé d'un liquide en ébullition...* se dit John.

"Je sais que je ne vais pas mourir, et que je vais très bien m'en sortir. La vitesse à laquelle je pense est déjà un indice. Ne vous en faites pas."

Les gens le regardaient avec des airs curieux et affligés. John se sentait comme un bébé dans un berceau dans lequel un farceur à l'humour douteux aurait renversé une pinte de bière.

John baissa la voix de façon à ce que seule Malicia puisse l'entendre.

"Malicia... Malicia... Faites-moi une faveur. Débrouillez-vous pour que tous ces gens sortent d'ici. Tous, sauf vous... et la femme que vous voyez à la porte, là-bas', dit-il en désignant Gina d'un signe de tête.

*Ce n'était qu'un rêve à deux balles, et pourtant j'ai encore envie de pleurer dans les bras de cette inconnue...*

John fit son possible pour ne pas faire l'analyse de la valeur symbolique que Gina avait pris dans sa vie et attendit patiemment - les secondes s'étiraient sous l'effet d'une force très profonde et très puissante - que Malicia réagisse et fasse sortir tous ces gens.

Malicia tenta de reprendre son calme, elle se tourna vers les médecins.
"Pouvez vous remettre à un peu plus tard, les examens, John a aparemment besoin de calme."
Les medecins hésitèrent, apparemment peu désireux d'abandonner leur patients mais Malicia su faire preuve de persuasion.
Bientôt, il ne resta plus que Gina et elle. La femme, qui n'avait pas parlé depuis le début, s'avança vers John.
Elle était hésitante et semblait chercher ses môts.
"Euh bonjour Monsieur Bender, je m'apelle Gina, je ne sais pas si vous vous souvenez de moi, mais c'est moi qui vous ai sortit de là"
Malicia s'assit sur une chaise, près du mur, elle voulait les laisser discuter, elle avait beaucoup de choses à faire, de la paperasse, comme appeler le lycée pour signaler l'absence de John, ensuite elle lui demanderais s'il avait quelqu'un à contacter.

John avait fait tout ce qu'il avait pu pour ne pas que le corps médical ne le voie en proie aux larmes. Lorsque Gina lui parla, il sut qu'en lui répondant il ouvrirait à nouveau les portes lacrymales de son coeur.

"Oui... je me souviens très bien de vous !"

Son dernier mot s'étouffa dans un sanglot et une larme brûlante vint rouler sur chacune de ses joues. Jusque-là, il ne s'était rendu compte de rien et comprendre ça lui faisait se sentir stupide.

*Tu devrais être mort, John.*

Une nouvelle vague frissonnante le submergea et il pleura de plus belle, mais toujours en silence - pour l'instant, mais il savait qu'au bout de deux ou trois pensées de ce genre, il passerait le stade hypersonique.

*Mais pourquoi est-ce que je ne me réjouis pas plutôt d'être encore vivant ?*

Il ne s'était pas écoulé plus de deux secondes depuis qu'il avait commencé à pleurer, mais il semblait à John qu'il avait déjà pleuré pendant dix ans. il parvint à articuler encore un mot avant de suivre sa voie vers la déshydratation.

"Merci."

Gina se sentit très mal à l'aise quand John se mit à pleurer. Elle ne supportait pas les larmes, peut être parcequ'ele y était trop sensible, elle fit un effort sur elle-même pour ne pas pleurer elle aussi.
Puis il la regarda droit dans les yeux et souffla: "Merci", cette fois-ci , elle se mit à rougir, se tordant les mains, visiblement mal à l'aise, elle balbutia:
"De rien, euh je me suis trouvée là, je...je n'ai pas fait grand chose, c'est plutôt les medecins qu'il faudrait remercier."
Elle baissa la tête, honteuse de son trouble et de ses paroles begayantes.

John comprit qu'il mettait cette femme mal à l'aise et arrêta instantanément de pleurer. Il la remerciait comme il aurait remercié le sauveur de l'Univers, alors que pour elle, il n'était qu'une personne comme une autre... Ce qui, après tout, était on ne peut plus vrai.

*C'est vrai que là, tu es vachement égoïste, John.*

*Tout le monde l'est. Au moins, j'ai la dignité de choisir le bon moment pour l'être* répondit-il à cette pensée mauvaise alors que son regard s'illuminait un infime et éternel instant.

Cette Gina priait-elle parfois ? John avait accepté cette réalité absolue tard dans la vie, mais il avait compris qu'il ne fallait pas déranger les athées avec de telles choses. Une force divine avait mis John sur le chemin de Gina - ou avait déplacé le chemin de Gina jusqu'à John - de façon à lui sauver la vie (HRP : le clin d'oeil au MJ !!!). John ne la connaissait pas, mais il voyait sur son visage des rides de tristesse et d'ennui. Cette femme était en colère contre la vie, et n'avait pas de raison de remercier qui que ce soit.

*Cette Gina ne croit pas en Dieu, tu ne vas pas la bassiner sur les miracles qu'Il peut accomplir. Ce serait déplacé et elle le prendrait mal.*

*Oui, mais il faudrait au moins qu'elle me montre ce dont elle a vraiment besoin. Elle m'a sauvé. Je lui dois quelque chose. Alors qu'elle me fasse signe et je lui donnerai ce que je pourrai.*

John releva les yeux sur elle et lui dit :
- Les médecins n'ont fait que leur travail. Je vous dois la vie. Cela n'a-t-il pas de sens pour vous ? espérant que cette question lui apporterait plus d'une réponse.

Gina le prit comme une insulte. Après tout, elle avait appris à prendre tout comme une attaque.
"Pour qui me prenez vous, bien sur qu'une vie à de l'importance, royez vous que parceque je suis......ce que je suis, je devrais automatiquement être une personne sans coeur et insensible..."
Gina se rendit compte soudainement qu'il n'avait rien dit de tel, son regard était doux et franc, c'était elle qui était trop sur la defensive.
"Euh....excusez moi, je ne voulais pas dire ça....je...oui...je vous ai sauvé la vie, mais je n'avais pas le choix, je..je ne pouvais pas vous laisser ainsi, d'autres l'auraient fait, mais je ne pouvais pas."
Ah elle n'avait jamais été douée pour parler, encor moins quand il s'agissait de sentiments ou de choses fortes.
Elle se mordilla la lèvre inférieure, ah de quoi avait elle l'air et cette femme là-as qui avait l'air si digne et si "propre sur elle", peut être la petite amie de cette homme, elle n'avait sans doute rien à faire ici, elle allait retrouver son morceau de trottoir et lui sa vie, ils oublieraient tout.
"Je n'ai fais que mon devoir"
Ah la phrase ridicule, oui elle se ridiculisait, ellen'vait jamais été doué pour parler. Elle baissa la tête.

John s'accorda une demi-seconde de réflexion.

*Son devoir ? Elle n'a rien compris...*

*John, cette femme n'est peut-être pas aussi divinement intelligente que tu le crois. En tout cas, tu sais maintenant de quoi elle a besoin.*

*Mais... Elle a au moins 45 ans ! Je ne vais pas lui donner une leçon de vie, moi qui ai vu le monde pendant même pas trois ans !*

*Tu pourrais deviner qui elle est, en réfléchissant un peu... Et trouver ce qui ne va pas.*

Gina avait baissé la tête. Elle semblait avoir peur d'une réponse - non, plutôt honte de ce qu'elle venait de dire. Elle ne savait pas quoi dire. Elle se sentait probablement dans une situation gênante, parce qu'elle n'avait jamais vécu ça avant.

John se sentit triste pour Gina. En fait, le vrai handicapé dans la pièce, c'était elle. John avait eu un traumatisme crânien, mais l'âme de Gina avait perdu les deux jambes à cause d'une gangrène qui l'avait dévorée des années durant, parvenant chaque jour à un résultat désastreux, pour chaque jour faire encore empirer les choses.

*Non... Je n'ai pas de leçon à lui donner. Elle va dire autre chose et je saurai ce qu'il lui faut vraiment, ce qui manque à sa vie. Alors je ferai de mon mieux pour l'aider si je le peux. En plus, ma demi-seconde de réflexion est terminée.*

John attendit et vit, avec une certaine forme de soulagement, que Gina allait parler.

*Elle passe sa vie sur les trottoirs... C'est une prostituée, et tu sais qu'il n'y a personne au monde qui se sente plus seul que ces gens-là.*

*Oui... C'est vrai. Mais je ne peux pas l'aider de la façon qu'il lui faudrait.*

John entrevoyait plusieurs solutions, et autant de portes fermées dans son esprit. Il pouvait demander à Malicia de loger-nourrir-blanchir la pauvre Gina, et même faire du chantage ("C'est ça ou je ne fais pas ces recherches en génétique dont nous parlions hier"). Gina ne se sentirait pas seule, mais elle ne serait pas du tout dans son élément avec tous ces adolescents fourmillants.
John eut une idée foudroyante. Gina est triste et esseulée ; il pouvait lui rendre visite de temps en temps, et lui apporter un peu de soleil, avec l'espoir qui va avec.

*John, tu ne peux pas faire ça, tu es professeur, que diraient les gens s'ils te prenaient pour l'habitué numéro un d'une vieille tapineuse qui pourrait être ta mère ?*

*Vieille tapineuse, hein ? Pas très sympa d'utiliser une telle expression... Mais c'est vrai. Je ne peux pas me le permettre.*

Un vieux souvenir revint à John sans qu'il ait "demandé à le voir", comme cela lui arrivait par moments : il se voyait dans un cyber-café deux jours après avoir quitté l'appartement de Samantha Rider. Il avait promis à Samantha qu'il lui restituerait la somme qu'elle avait dépensé pour lui, et c'est ce qu'il avait fait. Il avait piraté le site internet d'IBM International Bank pour y faire un versement sur un compte multiclassé inviolable de sa création, pour ensuite dédommager Sam. Après décompte, il restait trois millions quatre cent trente-et-un mille deux cent trente-sept dollars et douze cents. Avec quelques millions, on n'allait plus très loin, on ne pouvait même pas se croire riche, car il était possible de les dilapider en quelques mois.
John s'était promis de ne plus utiliser ce compte, sauf en cas d'extrême urgence. Il s'était attendu à en avoir besoin pour payer des mercenaires qui le débarrasseraient de sbires un peu collants de Doniger. Le cas de Gina n'était pas urgent, mais horriblement - horriblement était exactement le mot - émouvant.
il n'allait pas lui donner un tas de fric, ce qui pourrait être reçu comme une sorte d'humiliation de la part de la femme, mais il lui achèterait un appartement et de quoi survivre le temps de trouver un travail - un vrai travail.

- Gina, je veux moi aussi vous sauver la vie.

Gina ne sembla pas comprendre.
"Me sauvez la vie, mais je ne comprends pas"
Elle plongea son regard dans ses yeux t y lut ce qu'elle prit pour de la pitié.
Son regard devint plus dur, plus froid.
"Ne vous inquietez pas Monsieur, je suis une grande fille, je sais me débrouillez, vous ne me devez rien, ou peut être les 200 dollars que j'ai du donner au taxi pour le dédommager."
Elle détestait qu'on ait pitié d'elle, ce regard de compassion qui semblait: Pauvre fille, elle n'était pas une clocharde, elle avait encore de la chance dans sa misère t elle refusait qu'on la regarde ainsi.
La dame au fond semblait téléphoner, Gina se demanda si elle deait partir ou rester, l'homme ne lui avait pas répondu.

- Je vous rendrai ces deux cents dollars. Mais ce n'est pas ce à quoi je pensais vraiment. Je ne dis pas cela pour vous humilier, Gina. Je vous parle pour être franc, et vous n'allez sûrement pas nier ce que je vais vous dire.

John prit une légère inspiration, le temps de peser ses mots. Il prenait un risque : il avait peur que Gina ne comprenne pas.

- Gina, j'ai vécu pendant un certain temps dans l'incertitude de ce qui allait m'arriver le lendemain. Je changeais de travail tous les jours ou tous les deux jours, parce que j'avais peur qu'on me retrouve. Je ne savais pas si j'allais réussir à vivre bien longtemps comme ça.

John vit une lueur d'incompréhension dans le regard de la femme.

- Vous, vous êtes tout le contraire. Chaque jour ressemble au précédent, avec la rigueur d'un métronome. Et peu à peu, on vous a oubliée. Vous vous êtes habituée, comme vous venez de me le dire, et c'est bien ça le pire... Mais il y a un point commun entre vous et moi : nous savons tous les deux que chaque vie est importante.

Il marqua une légère pause. Il recommençait à parler trop vite et il fallait qu'il se calme.

- Jusqu'à quand allez-vous travailler ? Même si je ne connais pas votre métier, je peux parier que vous y serez encore à soixante-dix ans, si vous ne vous êtes pas tuée à la tâche avant. Moi, je veux vous donner de quoi vous débarrasser de cette vie de merde. Je ne vais pas vous couvrir d'or, mais juste de quoi vous sortir de là. Et ne me dites pas que vous ne pouvez pas accepter. De toute façon, je possède maintenant plus d'argent que n'importe qui dans ce pays, à ne plus savoir qu'en faire.

Ce petit mensonge - qui d'une certaine manière pouvait être transformé en vérité si John le désirait - convaincrait Gina, il en était presque certain. De toute façon, il ne la lâcherait pas tant qu'elle n'aurait pas pris ce qu'il lui offrait.

- Acceptez, Gina. Ce n'est pas une façon de vous remercier. Je le ferais même si je n'étais pas dans ce lit d'hôpital.

- Gina, je vous propose le marché suivant : je vous offre un appartement quelque part dans Boston, et je vous donne assez d'argent pour vivre quelque temps. En échange, vous me promettez de trouver un travail décent, de façon à ce que la prochaine fois que je vous verrai, je n'aie pas à avoir pitié de vous.

*Tu vas loin, John. Peut-être même trop loin. Elle va t'envoyer balader.*

*Je ne peux qu'essayer.*

- Je veux que vous soyez consciente, Gina, qu'en faisant cela je vous oblige à changer de vie. Qu'une fois que vous aurez obtenu ce que je vous ai donné, vous n'aurez plus envie de revenir à votre ancienne vie... Et que cela peut être dangereux.

Gina l'écoutait avec attention. Elle acquesça quand il lui dit que la prochaine fois il n'aurait plus à avoir pitié d'elle.
"c'st que je n'ai aucune qualifications...j'ai arrêté l'école (on va parler par rapport aux études françaises) en seconde."
Elle finit de l'écouter puis lorsqu'il mentionna le mot dangereux, elle ne comprit pas. Pourquoi celà devrait il être dangereux? C'était sa plus grande chance? Elle allait enfin pouvoir changer...

- Nous sommes tous capables de quelque chose de bien, Gina. Vous avez peut-être oublié ça depuis belle lurette, mais vous vous l'êtes prouvé à vous-même il n'y a pas si longtemps, répondit John avec un clin d'oeil. Quand je dis qu'il y aura du danger, je ne parle pas de danger au sens physique du terme. Personne ne va vous attaquer dans la rue parce que vous changez - quoique si l'un de ces abrutis de la Confrérie des Mutants devient fou, cela pourrait arriver...

*Arrête de dire n'importe qui, John. Va droit au but. Il va falloir que tu te reposes aussi.*

*Je dis ce que je veux.*

- Ce que je voulais dire, Gina, c'est que votre vie va changer de vitesse. Je vous donne une possibilité inouïe, mais si vous voulez aller trop vite, vous allez tout perdre. Et il se pourrait que vous vous retrouviez sur le trottoir, mais probablement d'une autre manière que celle que vous pensez.

John marqua une pause pour qu'elle imprime bien ces mots dans son esprit.

- Mais je vous fais confiance. Je doute que tout cela vous monte à la tête. Je vois à votre visage que vous avez vu suffisamment de choses et de gens pour éviter cela.

*Tu as gagné, John. C'est une belle victoire pour toi.*

- Donnez-moi un numéro de téléphone où je pourrai vous joindre quand je sortirai d'ici... Il faudra probablement une quinzaine de jours, et je ne pourrai pas vous aider avant. Mais en attendant, apportez-moi ma veste qui est accrochée là-bas.

Gina obtempéra et John fouilla dans la poche intérieure. Il en sortit une carte de crédit, quil lui remit.

- Prenez ça. Vous me la rendrez quand je serai sorti d'ici. Ne vous en servez pas trop, car cette carte-là ne peut pas retirer plus de 2.000$ par mois, je la prête souvent à des amis. Arrêtez de travailler pendant ce temps. Réfléchissez plutôt à la façon dont vous allez vous y prendre pour vous en sortir. Et reposez-vous.