New York, siège de Platinum Productions

L'écran de l'ordinateur flasha, signalant l'arrivée d'un nouvel e-mail. Keith Bauer, qui était le numéro 2 de Platinum Productions, dit à voix haute à la machine d'afficher l'e-mail. Il s'attendait à un message de la part de Jake Partew, son seul supérieur, et aussi la seule personne pouvant lui envoyer des mails sans que la secrétaire ne le prévienne. Mais Jake était en vacances. Et le mail ne provenait pas de lui de toute façon. Qui était donc ce John Bender ?

- Bonjour, dit le type à l'écran. Je m'appelle John Bender, et je suis musicien. N'effacez pas ce mail avant de l'avoir lu en entier ; je vous promets que vous ne le regretterez pas.

Keith, qui avait été à deux doigts de prononcer à voix haute le maot "supprime", venait d'être arrêté juste à temps par la suggestion de John. Keith se posa sur son fauteuil, se resservant un whiskey.

- Je tiens d'abord à m'excuser pour l'intrusion que je viens de faire dans votre système de sécurité d'e-mails. J'ai fait cela uniquement pour gagner du temps ; quoi qu'il en soit, je peux vous assurer que d'ici dix minutes, vous aurez complètement oublié et lavé cet affront. Vas-y, recule un peu.

La caméra recula jusqu'à montrer John presque en entier, jusqu'aux genoux. Il avait une guitare, qui semblait branchée et prête à jouer. Etait-ce de la mise en scène, ou ce John Bender faisait-il simplement cela dans le but de lui montrer ce qu'il savait faire ? Question inutile, la réponse était : les deux.

- Je vais vous interpréter un morceau de ma composition, que j'ai intitulé "Surfing with the Alien". C'est une démonstration de mes capacités à la guitare ; je suis seulement accompagné par mon ordinateur, mais je compte réunir un groupe très bientôt.

Sans prévenir, la musique se mit en route, et John joua le morceau (lien). Keith, peu impressionné au début, sirotait tranquillement son whiskey. C'est quand John commença la partie rapide que le verre échappa à la main de son propriétaire, qui, si cela avait été possible, aurait eu des gros dollars imprimés sur ses yeux. Les notes volaient, et elles étaient si rapides que la caméra n'avait pas réussi à capter le muvement des mains du gutariste. La musique était énergique, joyeuse et donna au numéro 2 de Platinum Productions l'envie de courir jusqu'à sa voiture de sport et de rouler le plus vite possible.

Au lieu de cela, quand le morceau fut terminé, il ramassa son verre.

- Voilà, dit John. Ce n'était qu'un aperçu minimaliste de la musique que j'ai écrite et que je joue. Je dispose déjà de très gros fonds pour produire ma musique, mais je n'ai pas le temps de m'en occuper. Si vous êtes intéressé par un contrat avec moi et mon groupe, veuillez me répondre à l'e-mail qui s'affiche en bas de l'écran.

La vidéo s'arrêta, et l'écran s'éteignit. La tête de ce John Bender disait quelque chose à Keith, mais il n'arrivait pas à se rappeler. IL avait déjà entendu cette voix... Mais oui ! Il ralluma l'écran et demanda à voir le dernier flash d'informations. Ce qui confirma ce qu'il pensait. John Bender était le X-Men qu'on avait vu avec le Gouverneur de Floride à l'aéroport de Boston.

Un mutant... C'était donc cela. Qu'un aperçu minimaliste, pas vrai ? Keith comprenait pourquoi maintenant. Platinum avait déjà engagé de nombreux mutants et pouvait même être fière de son quota. Mais ce Bender... C'était une perle rare. Sa musique était parfaite. Et il était déjà connu. Deux atouts qui faisaient qu'on l'engagerait de suite, lui et toute sa troupe. En effet, Keith avait déjà passé l'éponge sur le piratage de sa sécurité e-mail, et il ne regrettait pas du tout d'avoir regardé cette vidéo...

[...]

- Tu ne peux pas dire "oui" comme ça à une proposition. Il faut étudier le cas, même s'il s'agit d'un type exceptionnel, dit Garth, le numéro 1 de Platinum Productions. Il faut qu'il fasse ses preuves ! Il n'a pas un seul concert à son actif ; peut-être est-ce juste un montage vidéo avec de la musique en accéléré.
- Mais...
- Impossible de prendre cela au sérieux. Tu sais pourquoi notre boîte a marché, Keith : la prudence est la première et seule règle. Ce principe de base nous a permis de ne même pas être ébranlés par la guerre.

Le gros numéro 2 sexagénaire se leva et resservit un verre au non moins gros numéro 1.

- Oui, tu as raison Garth, mais regarde ce mec, il est notre espoir de faire un gros coup ! Et il ira chez le premier à l'attraper. Car je suis certain qu'il a envoyé cette vidéo partout. Ce type... Il nous a fait la démonstration d'une musique à l'ancienne, équilibrée, énergique, envoûtante. Comme celle qu'on voulait entendre.
- Fais-lui faire un concert quelque part avec son groupe. Et dis-lui qu'on ira l'y voir. Ensuite on décidera.

Keith se leva de son fauteuil. Il devait partir et prendre l'avion pour les Bahamas. C'était son tour de vacances ce mois-ci, mais quelque chose lui disait que les coups de fil ne désempliraient pas... Et qu'il devrait revenir au pays pour voir ce John Bender jouer son concert.

- D'accord. Il dispose de fonds soi-disant illimités, alors je vais essayer de lui faire organiser lui-même le concert. Sinon, je m'occuperai de ça depuis les Bahamas.

Garth tira sur son gros cigare et fit un immense sourire tout jaune à son second.

- T'as retrouvé tes vingt ans, Garth ! Si tu sautes comme ça sur les nouvelles futures vedettes, je donne pas cher du cul de ces filles des îles !

Keith eut un gros rire bourru, qui résonna encore dans les couloirs alors qu'il était sorti.