Un mal de crâne

La jeune fille semblait certaine d'avoir entendu quelque chose mais Deklan n'avait aucune idée de quoi elle parlait. Mis à part la voix de Samarah, il n'en avait entendu aucune... Il se demanda alors si ce n'était pas le combat qui l'avait un peu fatiguée. Enfin bref, ce n'était le problème le plus important...

Samarah restait toujours près de lui et il se demandait pourquoi. La Bête pouvait ressurgir on se sait quand alors elle était encore en danger auprès de lui. Pourquoi faisait-elle tout ça?

Deklan resta dans sa position qui était sans une défense, un moyen de ne pas s'exposer et de ne pas laisser une porte ouverte à... Samarah elle venait de s'arrêter nette. Il le sentit...

"Tu disais ? Pas vraiment ? C’est ça ? Oui, je suis d’accord, reprit-elle, à croire que tout est contre nous en ce moment!", lui dit-elle finalement.

Pas vraiment? Deklan se figea un instant lui aussi... C'était ce qu'il venait de penser. Il songea un instant à quelque chose mais ce n'était pas possible. Ce n'était qu'une coïncidence. Samarah ne lui avait jamais dis qu'elle pouvait lire dans les pensées des gens...

Il releva doucement sa tête laissant juste ses yeux apparaître... Il la fixa du regard un long moment.

"Au fait, tu ne m’as toujours pas dit, comment tu allais !" , rajouta Samarah.

Il n'allait pas bien, c'était une évidence. Il ne savait pas où aller et il était un danger pour lui-même mais aussi pour tout le monde. Si le monde savait ce qu'il avait fait, sa vie ne tiendrait plus qu'à un fil... Les anti-mutants le traqueraient inlassablement et même l'Institut ne pourrait rien faire. D'ailleurs il pensait que Sam, Yanis et Ksénia n'avaient pas encore parler de l'histoire à la directrice de l'Institut ni d'ailleurs au l'autre grande personne qui avait tenté de l'enroler dans une guerre sans même lui demander son avis. Si cela avait été le cas, il serait surement drogué et attaché en attendant de savoir comment il allait finir sa vie... Mort? Surement...

*Je devrais peut être partir...*

Regardant toujours Samarah, il hésita à prendre la parole. Il ne l'avait pas prise depuis un moment... Par crainte? Peut être...

Il finit par rabaisser le regard, un regard connaissant la souffrance. Cela servirait peut être de réponse car il ne voyait pas comment exprimer le désarroi qui l'accablait.

Samarah garder un léger sourire. Sans doute pour le rassurer, pour lui dire que tout allait s'arranger mais il n'avait pas l'impression que les choses allaient aller de mieux en mieux.

Lorsque son regard se baissa, il aperçut le poignée de Samarah. Il n'y avait plus le serpent de sable... Avait-il été détruit dernièrement? Par la Bête? Surement...

*Je n'y arriverais pas...*

Mais le combat en question s’annonçait difficile. Prostré, plongé dans un profond mutisme, Deklan ne répondait toujours pas. De temps en temps, il relevait timidement la tête avant de se perdre à nouveau dans un océan de détresse.

Samarah, toujours assise face à lui, ne savait vraiment pas quoi faire. Une folle envie de le secouer un bon coup comme un prunier pour lui remettre ses idées en place lui traversa l’esprit, mais elle se ravisa.

*ce n’est pas la peine, la violence ne résout rien…* pensa-t-elle pour s’en dissuader.

Il fallait qu’elle agisse avec diplomatie. Une fois encore. Cette pensée la fit sourire car cela ne l’enchantait guère. La seule fois où elle avait pris une telle initiative face au jeune mutant, le résultat ne s’était pas montré très concluant…

Samarah se releva et entreprit de faire les cents pas dans le couloir. Deklan ne voulait pas parler.

Soit.

Alors il fallait arriver à le faire parler ! Par la force si en besoin en était !

*non ! je ne dois pas penser ça !*

Restait-il muet par craindre de réveiller à nouveau son Autre diabolique ? Samarah en doutait. Si elle avait bien compris, il ne se manifestait que par la colère et non par le simple fait de parler.

Ou bien parce qu’il ne se souvenait de rien ? Et ne savait par conséquent pas trop que dire. Sans doute honteux des événements… La deuxième hypothèse était la plus probable. Dans ce cas, il était emprisonné dans un tourbillon de questions plus effrayantes les unes que les autres. Et il était vital qu’il n’hésite pas à les poser. Car rester dans le doute ou l’ignorance ne demeurait jamais très bon. On s’imagine très souvent le pire !

Samarah réfléchissait à un moyen pour faire parler Deklan sans trop le brusquer. Afin qu’il puisse exorciser sa souffrance et satisfaire ses interrogations. A présent, elle lui tournait le dos, la tête penchée avec une main dans ses cheveux. Posture typique d’une personne en train de faire rouler les mécaniques de son cerveau, en quête d’une solution. Quand soudain, elle entendit faiblement une voix s’élever derrière elle.

*…partir...*

"Quoi ? Tu peux répéter ? Je ne suis pas sûre d’avoir bien comprit, dit-elle alors en faisant mine de hausser le ton, tu ne vas pas encore avoir envie de partir après ce qu’il vient d’arriver ! Ce serait beaucoup trop dangereux ! Je ne te vise pas, rassure toi, continua-t-elle plus doucement, on a tous des problèmes de maîtrises de temps en temps, mais imagine qu’ils aient encore des complices dehors ? Je suis sûre que tu sais déjà très bien ce qu’il te ferait en apprenant ce qui est arrivé aux autres… En plus, avec tout ce sang, tu as sûrement du laisser des traces ! Pas question que tu t’en ailles d’ici. Pour le moment du moins !"

La réponse de Samarah était catégorique. Il était absolument impensable qu’elle le laisse filer de l’Institut. Elle lui avait dit qu’elle ne le retiendrait pas de force. Mais à situation exceptionnelle, décision exceptionnelle !

* en plus, il n’y aura qu’ici que tu apprendras à le contenir*

Elle lui avait dit tout ça d’une traite, en se retournant vers lui, cent pour cent persuadée que c’était Deklan qui venait de parler. Elle avait entendu ce mot aussi distinctement que s’il le lui avait soufflé au creux de l’oreille. Mais en même temps, il lui semblait si lointain. Etrange… Deklan était sans doute à nouveau la tête entre ses bras lorsqu’il avait émis ce seul et unique mot…

Maintenant, il l’avait légèrement relevée mais il semblait éviter le regard de Samarah. Elle vit alors que son regard se posa sur son poignet, à présent vide de son bracelet. Ses yeux se posèrent alors aussi sur son poignet et elle dit sur un ton rassurant :

"Je l’ai perdu au champ d’honneur… C’est dommage parce que je l’aimais beaucoup…"

Elle esquissa un maigre sourire et continua :

"Mais ne t’inquiètes pas, je crois qu’il a bien rempli son rôle de protecteur… Car c’est pour ça que tu me l’avais donné, non ? "

Samarah était en effet à peu près sûre qu’elle devait la vie à ce bracelet. Comment et pourquoi, elle l’ignorait mais elle en était certaine.

*Je n'y arriverai pas...*

Soudain, une voix s’éleva et cette fois, Deklan semblait avoir enfin formuler une phrase complète.
Samarah releva la tête dans sa direction et dit d’un ton le plus enthousiaste qu’elle le put:

"Mais si, tu en es capable ! Je suis sûre que tu vas y arriver ! Et puis, je t’aiderai !"

Car la jeune mutante était toujours persuadée que Deklan venait de parler. Et qu’il mettait en sa doute sa capacité à contrôler l’être qui le hantait…

Après quelques instant où Deklan s'était réfugié dans un tourbillon de remises en cause, Samarah s'était relevée et faisait les cent pas. Il était évident que ce n'était pas facile pour elle de gérer Deklan et sur le moment il s'en voulut beaucoup de l'avoir entrainé dans ses problèmes...

Le jeune homme ne pouvait exprimer les remords qui le tiraillaient de mille et une façons. L'évènement tragique qui avait eu lieu il n'y a pas si longtemps, faisait de lui un être monstrueux, un être horrible dont il fallait absolument s'éloigner. Enfin c'est ce qu'il ressentait, il y pensait lui-même... Il n'y avait pas alors de raisons pour que les autres ne pensent pas ainsi. Il l'avouait...

Une autre idée lui traversa l'esprit. Celle que le monde serait mieux sans lui... Mais il essaya de la refouler au plus profond de lui même, surement là où l'Autre se trouvait.

Même si seulement des fragments de mémoire rappelaient les horreurs qu'il avait pu commettre, il savait qu'il était le coupable. Cela le poursuivrait toute sa vie... C'était indéniable.

Jetant un rapide coup d'oeil à nouveau sur Samarah, il vit qu'elle lui tournait le dos. Prenait-elle un moment de repit? Une bouffée d'oxygène? Histoire de mieux gérer son "cas"? Peut importe se dit-il. Il ne voulait pas lui apporter plus de soucis que ceux qu'elle avait...

Il avait alors songer à partir mais Samarah se retourna et l'affuble une série de paroles qui le laissèrent coi. Apparemment elle avait eu encore l'impression qu'il lui avait parlé. Il resta fixement à réfléchir le regard perdu...

Elle se faisait ses questions et ses réponses, enfin c'était l'impression qu'il avait. Mais ce qui le frappa c'est qu'elle avait parler précisément de ce à quoi il venait de penser... Deuxième coïncidence?

Ce qu'elle dit ensuite avait du sens aussi. A cause de ses blessures durant la longue torture, il avait laissé du sang sur la scène du crime. Désormais même la police le rechercherait et le traquerait sans cesse... Devrait-il finir ses jours dans un cachot? Il préférerait encore mourir.

* Ce ne serait pas une perte... *

N'ayant plus aucun espoir, il se renferma encore plus sur lui-même alors que Samarah prenait un air autoritaire. Il comprit que c'était pour le retenir mais personne ne pouvait aller contre la loi. S'en était fini de lui... Il venait d'en prendre conscience.

* Je suis foutu... *

Il avait jeté son regard sur le poignée de la jeune fille et celle-ci l'avait immédiatement remarqué. Elle lui parla du bracelet détruit en disant qu'il avait fait son travail... Elle avait comprit son intention et même si au départ c'était seulement toutes les bonnes intentions qu'il avait pour elle, qui y était enfermée, il n'aurait jamais cru que cela lui aurait servi ainsi... Le serpent protecteur avait contré l'espace d'un instant la Bete mais celle-ci avait montré sa supériorité. Deklan ne pouvait rien pour lui...

Au bout de quelques secondes, Samarah avait relevé son regard. Quelque chose l'avait choqué apparemment. Elle l'encouragea alors en lui disant qu'il pouvait y arriver. Troisième Coïncidence... Il venait de se démotiver.

Etait-ce le fruit du pur hasard?

Il apprécia son intention et surtout sa proposition de l'aider. Mais serait-elle capable de changer quoique ce soit. Il aurait fallu un miracle pour l'aider à ce moment là et il douta qu'elle puisse résoudre ses problèmes.

Avec ceci, il aurait presque oublier quelque chose. Il resta un instant perplexe, fronçant légèrement les sourcils. Quelque chose le turlupinait... Par trois fois, Samarah avait fait référence à la pensée qu'il avait sur le moment. Peut être qu'elle le connaissait bien maintenant et que le voir suffisait à comprendre... Chose rare mais pas impossible. Mais en réfléchissant bien, elle était arrivée dans le couloir en courant, en prétendant qu'elle avait entendu quelqu'un parler. Or on aurait pu entendre un ange passer à ce moment là...

Il reporta son regard sur Samarah. Une idée folle peut être mais dans la ville où il avait attéri, il avait été surpris plus d'une fois. Fixant ses yeux et gardant la moitié de son visage cachée par son bras, il pensa plusieurs fois à la même chose...

* Tu... m'entends...? *

*mais réagis, bon sang !*

Si Samarah n’était pas douée d’une certaine raison, Deklan se serait déjà retrouvé debout avec une paire de claques ! Et ce, en moins de deux ! Le voir ainsi complètement amorphe était une véritable provocation pour quelqu’un qui ne connaissait pas l’expression ‘faire preuve de patience et d’un calme olympien’.

Ce n’était même pas le côté énervant de la situation qui la rendait malade mais plutôt le côté malheureux. Voir Deklan ainsi, tout tristounet, à se torturer les méninges à la recherche de réponses qu’il ne trouverait pas tout seul, des réponses qu’elle pourrait peut-être lui fournir s’il trouvait la volonté de poser ses questions, cela mettait Samarah… hors d’elle ? Oui et… non. Enfin, pas vraiment.

Cela l’énervait d’avoir un Deklan avec un moral aussi dégonflé qu’un pneu de vélo dont la chambre à air viendrait de rendre l’âme. Elle maudissait aussi ces humains. Tout était de leur faute. Heureusement, ils en avaient tout payé de leur vie. Tout sauf un…

*et dire que je l’ai quasiment supplié de le laisser en vie… mais qu’est-ce qu’il m’a pris ?*

Sur le moment, la jeune fille se serait bien mise une claque à elle-même !

Donc, elle en voulait à Deklan de se laisser aller ainsi et de ne pas avoir la force d’affronter les choses et elle en voulait aussi terriblement à ces cinq hommes. Ca, c’était un fait. Indéniable.

Surtout qu’avant cette horrible soirée, le jeune mutant n’était pas du tout comme ça. Certes, un peu distant (et ce ne serait pas Samarah qui lui jetterait la première pierre pour ça !) mais avec le temps, cette distance semblait s’être atténuée. Un peu comme pour Samarah, en fait. Elle aussi s’était montrée beaucoup moins froide depuis qu’elle avait rencontré le jeune mutant.

Et en même temps, ce n’était pas simplement ça qui l’énervait car elle omettait un détail qui avait toute son importance. Si Deklan incarnait maintenant à la perfection l’idée qu’on pouvait se faire d’une âme en peine, c’était parce qu’il avait subit des choses horribles. Des choses qu’aucun être à vivant n’aurait à devoir vivre un jour, tellement leur degré d’atrocité était monstrueux et inimaginable. Samarah elle-même n’osait imaginer les tortures qu’il avait du subir dans cette cave. Ce serait bien le seul point sur lequel elle ne saurait l’aider, d’ailleurs… Et, inutile de se voiler la face, voir Deklan dans un tel état de décrépitude lui était insupportable ! Mais pourquoi ? Elle n’était pas sûre de le savoir elle-même.

De dépit, la jeune mutante se laissa glisser contre le mur en face de Deklan et pris elle aussi sa tête entre ses mains.

*qui a dit que parler rendait les choses plus faciles ?*

C’était si dur de trouver les mots qu’il faut parfois…

* C… n… sr…ai…pa… pert... *

Soudain, de nouvelles paroles s’élevèrent à nouveau mais elle n’entendit pas tout. La moitié d’entre elles s’étaient perdues dans les airs. Et le résultat ressemblait à une mauvaise transmission radio.

"Hum… quoi ? Tu peux parler plus fort ?" demanda-t-elle, la voix un peu lointaine

Elle entendit alors plus précisément Deklan reprendre la parole.

* Je suis foutu... *

Réalisant tout à coup la gravité de la situation psychologique du jeune mutant, Samarah releva alors vivement la tête et la secoua en signe de dénégation :

"Mais arrête de dire ça, tu sais bien que ce n’est pas vrai ! Il y a toujours moyen de s’en sortir !"

Samarah sentit une légère vague de fatigue l’envahir et pour éviter que ses yeux ne se ferment elle les frotta rapidement. A ce moment-là, Deklan reprit la parole, mais ce qu’il demanda lui sembla pour le moins étrange. Ca n’avait aucun rapport avec la situation !

* Tu... m'entends...? *

Samarah le regarda, l'air étonnée.

"Bien sûr que je t’entends ! Je ne suis pas sourde !" répliqua-t-elle vivement, et ça me fait même très plaisir !"

Samarah releva sa tête et afficha un sourire vraiment sincère. Deklan la regardait maintenant droit dans les yeux

"Je suis contente que tu te remettes à parler, j’avoue que nos longues discussions m’auraient manqué !" lâcha-t-elle alors, très contente.

* parce que faire une conversation quasi toute seule, y a mieux quand même !*

Apparemment, elle n’avait toujours pas compris…

Pourtant, en y faisant attention, elle aurait du entendre que la voix de Deklan était quelque peu différente depuis tout à l’heure. On aurait dit qu’elle résonnait légèrement dans sa tête. Comme un écho. La fatigue sans doute….

Perdu un instant dans ses pensées, la jeune fille lui avait demandé de parler plus fort. Plus fort? Il n'avait rien dis... Serait-elle la victime d'hallucination auditive? Elle devait peut être être chamboullée après tout ce qu'elle avait subi à cause de lui.

Il ne pouvait se mettre à sa place, ni même imaginer ce qu'il s'était vraiment passé cette soirée là. Peut être le saurait-il un jour mais était-il prêt pour cela?

Le fait qu'elle se soit laissé glisser contre le mur en face de lui en se tenant la tete entre les mains montrait que quelque chose l'ennuyait. La fatigue? Surement mais il paraissait être aussi un poids pour elle. Et cela il le comprenait...

Réalisant sa situation plus que déplorable, le mutant s'était mis à penser que sa situation ne trouvait aucune échapatoire et que son destin serait inévitablement tragique. Mais au même moment, Samarah leva sa tête en sa direction et l'encouragea de nouveau en lui disant qu'il y avait une solution... A ce moment là, il n'en était pas vraiment persuadée mais le plus étrange fut sa réaction à ce moment précis. Savait-elle lire en lui ou bien lisait-elle ses pensées? Une petite subtilité se trouvait entre ces deux possiblités...

Fixant alors la jeune fille, il garda la même pensée en tête. Etait-ce une expérience un peu folle? Peut être mais elle porta ses fruits. Samarah lui répondit qu'elle l'entendait et que cela lui faisait plaisir... Se rendait-elle compte? Il continua de la fixer en écarquillant les yeux de surprise.

Ses doutes étaient confirmés. Elle lisait bien dans ses pensées... Mais quand? Comment? Elle ne lui avait jamais dis qu'elle possédait ce don. Lui aurait-elle occulté ce détail? Non. Elle n'avait pas l'air de s'en rendre compte elle-même...

Il aperçut d'ailleurs un sourire assez sincère de sa part et cela lui apporta un peu de baume au coeur. Il baissa un instant les yeux se demandant s'il devait lui dire... Elle le découvrirait bien par elle-même. Mais même s'il ne lui disait pas, elle aurait pu le deviner en lui au moment même où il y pensait. Et pourtant, regardant toujours son visage, elle n'en avait pas l'air...

Elle ne maîtrisait pas totalement ce pouvoir. C'était certain...

Il hésita un instant puis relevant un peu sa tête, juste histoire que sa bouche devienne visible, il resta à fixer le regard de Sam. Il refit l'expérience en repensant exactement à la même chose...

* Je n'ai pas parlé... *

Il espérait qu'ainsi Samarah puisse prendre conscience de ses nouvelles capacités. Et même si le moment ne s'y apprêtait pas, il décida de l'y aider...

Samarah et Deklan étaient assis l’un en face de l’autre, chacun adossé sur un pan de mur. Le silence qui régnait maintenant dans le couloir était ponctué par le tic tac lointain d’une pendule, quelque part dans un couloir voisin. Il fut à nouveau rompu et par une révélation. Une révélation qui ne manquerait pas d’être plutôt fracassante. Surtout pour Samarah.

En effet, alors que la jeune mutante lui avait répondu tout à fait naturellement qu’elle l’entendait, Deklan se mit à la dévisager d’un regard à la fois surpris et interrogateur. A tel point que cela en devenait perturbant !

"Qu’est-ce qu’il y a ? Pourquoi tu me regardes comme ça ?" demanda-t-elle étonnée.

Même quand elle s’était retrouvée défigurée par ses yeux noirs de colère dans le parc, il ne l’avait regardée ainsi. Qu’avait-elle donc bien pu faire pour susciter une réaction aussi étrange de la part du mutant ?

Elle allait bientôt le savoir !

Deklan se redressa légèrement, de façon à laisser son visage parfaitement visible et planta son regard droit dans celui de Samarah. Celle-ci le soutint, accentuant par là son interrogation. A ce moment-là, elle entendit sa voix.

* Je n'ai pas parlé... *

Phénomène qui aurait pu être tout à fait normal à un détail près. Deklan n’avait pas ouvert sa bouche ! Pourtant, elle l’avait très clairement entendu !

Maintenant, c’était Samarah qui regardait Deklan avec des yeux écarquillés comme des coquilles.

"Qu… quoi ? Mais… alors… pourquoi ? Comment ça se fait que je t’ai entendu ? Et que… que je viens encore de t’entendre alors que… que tu n’as pas…" balbutia-t-elle.

Samarah se releva. Légèrement sous le choc. Une drôle d’expression sur le visage. Elle ne comprenait pas.

Enfin, ce n’était pas tout à fait juste de prétendre qu’elle ne comprenait rien. Un début d’explication germait dans son esprit mais ce n’était pas possible… Pas elle !

Soudain, elle se retourna vers Deklan et s'exclama :

"Je sais, tu es en train de me faire marcher, tu es ventriloque et tu ne me l’as jamais dit, c’est ça ! Oui, ça doit être ça !"

Mais en voyant le visage impassible du jeune mutant, elle comprit bien vite qu’il ne lui faisait pas une blague. Il était presque tout aussi étonné qu’elle et l’air qu’il affichait respirait le sérieux. En plus, la situation n’était pas vraiment propice aux farces. Quoique cela aurait pu apaiser un peu l’atmosphère.

"Je vois… tu ne plaisantes pas, n’est-ce pas ?" dit-elle finalement résignée

Samarah se mit à frapper son front, comme si elle tentait en vain de rejeter une explication qui s’imposait d’elle même à son esprit.

*non c’est impossible… tout à fait impossible*

Elle tentait de se persuader qu’elle était en train d’imaginer tout ça. Ou mieux encore, qu’en fait, elle se trouvait toujours à l’infirmerie et qu’elle était en train de rêver.

Elle ne voulait pas accepter cette hypothèse. Pourtant, tout convergeait dans cette direction. Les voix qu’elle avait entendues en arrivant. Deklan qui avait prétendu ne rien avoir dit. Et cette sorte de grésillement qu’elle avait perçu quand il n’avait pas parlé, enfin, penser assez fort !

*oh non, non, non ! comme si un seul pouvoir c’était déjà pas assez comme ça !*

Oh bien sûr, cela lui était déjà arrivé de penser que dans certains cas, cela pouvait être pratique. Très pratique même. Mais de là à souhaiter d’en être capable…

La jeune mutante se laissa retomber par terre et regarda à nouveau Deklan. Un doute.

"Dis-moi… en fait, tu n’as pas parlé depuis que je suis arrivée ?"

Son regard, s’il l’avait pu, l’aurait supplié de répondre le contraire. Qu’il n’avait fait que parler. Car s’il répondait par l’affirmative, cela ne ferait que confirmer ce que Samarah, et sûrement Deklan avant elle, venait de comprendre…

Etant surpris par l'étrange réponse de Samarah, Deklan la fixa un long moment. Celle-ci parut aussi d'ailleurs assez étonné qu'il la regarde ainsi. Elle ne se retînt pas pour lui demander ce qui n'allait pas et ce qui avait pu le pousser à une réaction incompréhensible pour elle.

Retentant l'expérience, Deklan essaya à nouveau de canaliser sa pensée sur la même chose afin que Samarah le "capte".

La réponse à l'expérience ne tarda pas à se faire. Samarah le regarda de la même manière avec des yeux signifiant bien qu'elle avait compris maintenant. Les lèvres de Deklan n'avait pas bouger et c'était clair qu'il n'avait rien dis.

C'était étrange que ce pouvoir apparaisse maintenant et qu'elle ne s'en soit pas rendue compte plus tôt. Peut être était-ce les derniers évènements qui déclenchèrent ceci...

"Qu… quoi ? Mais… alors… pourquoi ? Comment ça se fait que je t’ai entendu ? Et que… que je viens encore de t’entendre alors que… que tu n’as pas…", balbutia Samarah apparemment très choquée.

Deklan ne savait que lui répondre. Il en était lui-même étonner et puis la connaissance des pouvoirs mutants se limitaient assez aux siens. Comment pouvait-il deviner? Il réfléchit ainsi et un terme pouvait aisément se rapprocher de cette nouvelle capacité. La télépathie... Etait-ce dont elle était douée?

Le jeune garçon resta alors figé devant elle. Samarah finit par se relever... Une drôle d'expression jaillisait sur son visage. N'avait-elle toujours pas compris ou se le refusait-elle à elle-même? Il penchait plus pour la deuxième réponse.

D'ailleurs il en eut la confirmation lorsque Samarah lui posa d'autres questions...

"Je sais, tu es en train de me faire marcher, tu es ventriloque et tu ne me l’as jamais dit, c’est ça ! Oui, ça doit être ça !"

Mais Deklan la regarda et finit par baisser un peu les yeux comme si c'était la simple vérité. Et puis il n'était pas d'humeur à lui faire une blague... Sa vie était en danger et à moins qu'il n'ait perdu la raison, il ne ferait pas une chose pareil.

Samarah pris un air résignée et acceptant la situation elle lui demanda s'il ne plaisantais pas. Deklan secoua la tête de gauche à droite doucement en signe de négation.

La jeune fille finit par se taper le front. Il comprenait un peu. Si cela lui venait aussi alors qu'il ne controlait pas son pouvoir, il se sentirait surement désarmé...

Reportant son regard sur la jeune mutante, il vit celle-ci retomber à terre. Elle semblait quelque peu déconfite par la nouvelle qu'il venait de lui apprendre indirectement.

Pourquoi tous les problèmes du monde apparaissait à ce moment là? Pourquoi se retrouvaient-ils dans une telle situation? Il réfléchit un instant... L'Institut pourrait surement aider Samarah. Enfin c'était ce qu'il avait prétendu. Mais il se souvînt de la première fois qu'il avait découvert ses pouvoirs. Etant petit c'était un peu effrayant mais aussi quelque part marrant. Au fur et à mesure que le temps passait ça devenait de plus en plus ennuyeux et la cause de beaucoups d'ennuis... Là, elle connaissait le côté négatif d'être un mutant et de posséder un pouvoir. En avoir un nouveau pouvait être déstabilisant...

Lorsque Samarah rposa les yeux sur lui, elle lui redemanda s'il n'avait pas parlé depuis le début. C'était le cas... Il confirma d'un signe de la tête.

La situation était telle qu'elle était. Mais Deklan songea rapidement à quelque chose... Si elle pouvait lire dans ses pensées, elle entendrait peut être la B... Il se renfonça un peu derrière ses bras pour réfléchir. Mais finalement il en doutait un peu. Elle ne semblait que voir les pensées en surface ou qui ressortait fortement. Pouvait-il encore empêché que quelqu'un ne rentre en contacte avec Lui? Il essayerait de toutes ses forces...

Pourquoi ? Pourquoi ne lui avait-il pas tout simplement répondu qu’il avait parlé ? Ne fut-ce qu’une fois ? Une toute petite fois ? Cela lui aurait fait tellement plaisir. Mais non. Deklan venait de briser son dernier espoir. Jusqu’à maintenant, elle aurait encore pu croire qu’elle avait imaginé tout ça. Qu’elle n’avait pas entendu ces voix. Enfin, ces pensées plutôt…

Vous imaginez la découverte ? Et le choc pour Samarah ? Se voir affublée d’un pareil pouvoir ! Son premier ça pouvait encore passer car personne ne s’en rendait compte si elle ne l’utilisait pas. Mais celui-là… Celui-là était une véritable malédiction. Un cauchemar !

Si elle se mettait à entendre tout ce que pense le monde. Elle n’aurait plus jamais droit à la tranquillité ! Et puis, elle risquerait de se faire remarquer deux fois plus vite ! Eh bien, oui. Si elle ne parvenait pas à faire la différence entre une parole et une pensée… On se rendrait bien vite compte qu’elle n’est pas tout à fait normale. Au mieux, on la prendrait pour une illuminée, au pire pour une mutante. Quel était le meilleur qualificatif dans les deux cas?

Personnellement, Samarah n’arrivait pas à en trouver un mieux que l’autre !

"Oh mon Dieu… C’est… c’est affreux ! dit-elle en regardant Deklan, l’air horrifié. Je… je suis vraiment désolée !" continua-t-elle encore plus horrifiée en plaquant ses deux mains devant sa bouche, car Samarah venait de réaliser quelque chose. D’assez gênant.

Elle ignorait en effet comment le jeune garçon allait réagir. Il venait d’apprendre que la personne en face de lui était peut-être capable d’entendre ses pensées les plus profondes. D’une certaine façon, cette capacité s’apparentait à un viol. Une violation de l’intimité du jeune mutant.

Et Samarah ne voulait pas du tout connaître ses secrets. Chacun a quelque part son jardin secret et n’a pas spécialement envie que celui-ci soit mis à jour. Si les gens savaient ce qu’elle avait déjà fait par le passé… De quoi vous donner des frissons. Elle préféra ne pas y penser! Elle même ignorait encore certaines choses sur son passé. Des choses, qui une fois devoilées, seront préférables d'être tues

Que penserait Deklan de tout ça? Etre en présence d'une personne qui peut connaître tout de votre vie, même ce que vous voulez cacher ne devait pas être des plus agréables. Cependant, si elle se fiait à son nouveau pouvoir, pour le moment le jeune garçon n'en pensait rien car elle n'entendait rien...

Elle regarda à nouveau le jeune mutant et eut soudain une idée :

"Pense à quelque chose, n’importe quoi ! C’est peut-être un hasard ou… ou une coïncidence !"

Si elle n’entendait pas ce qu’il allait penser, il y avait peut-être encore une chance… Une chance que tout cela soit le fruit de son imagination.

Quoiqu’elle en doutait quand même. Elle avait déjà trop de preuves que son deuxième don avait surgit.

*super… me v’là télépathe en prime…*

Mais pourquoi et comment. Alors là, aucune idée. Etait-ce une faculté liée à son pouvoir ? Sûrement. Mais comment se faisait-il qu’elle émergeait seulement maintenant ?

Et surtout, une nouvelle inquiétude s’imposa dans son esprit… Serait-ce la dernière ? Maintenant qu’elle venait de voir qu’un mutant pouvait développer plusieurs dons… C’était une belle et angoissante interrogation !

La nouvelle aurait pu être mieux accueillie par la jeune mutante. Mais à vrai dire, ce n’était pas le moment pour une telle découverte. Et au lieu d’envisager les opportunités que pourrait lui apporter ce nouveau don, Samarah était anéantie. A tel point que pour l’instant, elle en avait oublié qu’elle tentait de remonter le moral de Deklan. Maintenant, c’est son propre moral qui aurait bien besoin d’un bon coup de punch !

*comment je vais faire ?... deux pouvoirs ?... c’est un cauchemar… je vais me réveiller…*

Deklan songea un instant aux conséquences du pouvoir de Samarah, non pas sur elle mais sur son entourage et plus particulièrement sur lui. Elle pouvait désormais savoir ce à quoi il pensait sur le moment. Etait-ce un bien? un mal? L'inconvénient était plus tourné sur l'Autre...

Que se passerait-il si Samarah rentrait en contact avec la bête enterrée? Aurait-elle encore plus peur de lui? Il n'y avait pas de doute... Lui-même, malgré son sang-froid avait été déstabilisé par la nouvelle.

"Oh mon Dieu… C’est… c’est affreux ! Je… je suis vraiment désolée !"

Pourquoi s'excusait-elle? A cause de son pouvoir? En repensant à la situation on pouvait aisément comprendre. Elle avait lu dans ses pensées, avait percé le peu d'intimité qu'il lui restait... Désormais, la plus part des choses qu'il aurait gardé pour lui serait deviné. Cela pouvait être un avantage car les paroles n'étaient plus nécessaire pour faire comprendre quelque chose à l'autre mais chacun aimait bien garder son espace personnel... Dans le cas Deklan, c'était le tombeau de l'ignoble créature qui demeurait en lui.

Si avait soumis certaines choses et l'une d'elle était que les pensées auquelles elle avait accès était celle en profondeur... Si ce n'était pas le cas, elle aurait entendu tout la réflexion qui venait de s'être faite mais en regardant Samarah de plus près, rien ne présageait qu'elle avait entendu.

Pour être certain de tout cela, il fallait encore un test... Un dernier pour s'assurer que tout n'était pas une simple et pure coïncidence. Samarah lui en donna l'occasion en lui demandant de penser à quelque chose.

Il hésita un instant...

*Etonnant...*

Il se dit que son pouvoir allait sûrement causé des problèmes à sa propriétaire... En effet, Samarah n'aimait pas se trouver au milieu de la foule. C'était une sortes de maladie comme l'aurait dis les médecins. Mais vu comment elle supportait déjà le fait de se retrouver au milieu des personnes, elle pourrait sans doute écouter maintenant toutes les pensées en même temps, créant ainsi un toubillon de paroles...

Deklan ne pouvait qu'imaginer les quelques prémisces du pouvoir de Samarah... Celle-ci semblait déjà choquée par le nouvel évènement. Comment réagirait-elle par la suite?

Le jeune mutant en avait presque oubliait ce qu'il venait de se passer, mais il fut vite ramené à la réalité. Tous les deux seules, dans le couloirs, il en portait beaucoup sur leurs épaules... Ce qu'ils étaient leur apportait beaucoup de problèmes et il devait trouver une solution à ce qui restait encore obscurcie par tant de choses.

En temps normal, Deklan aurait pensé qu'il aurait été capable de tout gérer à sa manière mais là il ne savait plus vraiment que faire...

Peut être qu'avec du temps, il trouverait une solution. Il ne devrait alors que se reposer sur lui-même comme il l'avait tout ce temps. Mais le temps, en avait-il? Combien lui en faudrait-il avant que quelqu'un ne vienne demander sa vie?

Levant légèrement sa tête, il aperçut Samarah le regard un peu agard. Sans doute qu'un tas de questions tourbillonaient dans sa tête... Elle devait de demander pourquoi l'avait-on affublait de ce don ou de cette malédiction. Cela dépendait des points de vue...

Deklan sembla hésiter un instant. Puis s'oubliant un peu, il se leva légèrement et vînt s'asseoir à côté de Samarah. Glissant le long du mur, il retrouva la position qu'il avait depuis un moment avec le menton derrière les genoux et ses bras...

Le regard de Samarah voguait dans le vide depuis maintenant plusieurs minutes. Son esprit pensait à tout et à rien à la fois. Qu’allait-elle donc pouvoir bien faire ? Comme si le fait d’être une mutante n’était pas déjà un poids assez lourd à supporter, voilà qu’elle allait être capable en plus d’entendre toutes les pensées des gens autour d’elle. Certes, il y aurait à cela des avantages futurs, mais sur le moment, la jeune fille n’y pensa pas vraiment.

Seul la préoccupait le fait qu’elle oserait encore moins s’aventurer parmi la foule… Elle n’osa même pas imaginer comment elle ressortirait d’une telle épreuve. Sa tête serait une véritable passoire, laissant passer la moindre pensée. Sans filtre, elle pourrait alors entendre le meilleur comme le pire. Lors de combats, cette capacité constituerait sûrement un atout majeur, mais elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que cela pouvait être une intrusion dans la vie d’autrui.

Et même si elle ne voulait pas les entendre, celles-ci se faufileraient quand même jusqu’à elle. Sans le moindre contrôle de sa part sur ses filets d’âmes, le contraire demeurait tout simplement inévitable !

De dépit, Samarah avait demandé à Deklan de penser à quelque chose. N’importe quoi. Un mot suffirait. Pour s’assurer que tout ça n’était pas un simple hasard, du au bon feeling qui semblait passer entre les deux jeunes adolescents depuis qu’ils s’étaient rencontrés. Un instant, elle put encore espérer car elle n’entendit rien. Les pensées du mutant restaient muettes. Soit il ne pensait pas, soit elle n’entendait vraiment rien et alors cela voudrait dire que tout ce qui s’était passé avant ne sortait que de son imagination. Mais soudain…

* Etonnant…*

Cette pensée s’imprima sans prévenir dans l’esprit de la jeune mutante. Aussi distinctement que les précédentes. Son visage changea alors pour ne laisser qu’apparaître une moue triste. Cette fois, c’était certain. A compter de ce jour, elle se retrouvait bel et bien télépathe ! Le doute n’était plus permis. Elle laissa tomber sa tête entre ses mains. Même si ce geste en soi aurait déjà pu faire comprendre à Deklan qu’elle l’avait bien entendu, elle dit d’une petite voix :

« Etonnant… Ca, c’est le moins qu’on puisse dire… »
Affalée contre le mur, la tête toujours plongée entre ses bras, Samarah ne comprenait pas comment cela était possible. Elle avait beau cherché, aucune explication plausible ne lui vint à l’esprit. Cette nouvelle capacité avait juste surgit… comme ça ! Sans raison apparente.

Tout à coup, elle sentit un léger courant d’air lui caresser le bras et tout de suite après, un frôlement lui fit comprendre que Deklan avait changé de place. Il s’était assis à côté d’elle. Il ne parlait toujours pas et d’après ce qu’elle pouvait entendre, il ne pensait rien non plus. Elle ne savait pas très bien pourquoi il avait changé de place, peut-être simplement pour lui apporter un peu de réconfort ?

C’était bien gentil en tout cas. Il n’y avait pas que les paroles pour remonter le moral des gens. Leur attitude pouvait parfois faire beaucoup aussi… Il ne le vit pas, mais malgré la situation, un faible sourire se dessina sur les lèvres de Samarah.

La jeune mutante allait se relever quand soudain, elle sursauta brusquement et cogna le coude de Deklan. Un bruit fugace avait retentit avant de disparaître aussi vite qu’il était apparu ! Cette sensation avait traversé son esprit à la vitesse de la lumière avant de s’éteindre. Cela avait tellement été rapide et lointain qu’elle se demanda si elle n’avait tout simplement rêvé. En plus, Deklan ne semblait pas l’avoir entendu… Elle jeta un coup d’œil à gauche et à droite dans le couloir mais ne vit rien. C’était peut-être une personne quelque part dans l’Institut qui avait crié. Mais dans ce cas, Deklan aurait du l’entendre aussi. Or cela n’avait pas l’air d’être le cas. Ou alors… elle avait à nouveau perçut les pensées de quelqu’un…

Excédée, Samarah décida de ne pas y faire attention. De toute façon, ce qu’elle avait entendu, bruit, parole ou pensée, avait déjà disparut

*marre d’entendre des trucs que je ne sais même pas d’où ça vient !*

Elle décida de parler d’autre chose, histoire de ne plus penser à ça pour le moment. De toute façon, cela ne servait à rien de se lamenter plus longtemps ? Les faits étaient là et elle allait devoir faire avec. Elle se redressa un peu contre le mur et dit :

"Au fait, Sag’ organise un entraînement pour l’équipe tantôt. Je sais que tu n’as pas eu une bonne impression de lui mais… ça te dit de venir faire un tour ?"

La seule chose qui pourrait la tracasser c’était que Deklan décide de ne plus s’approcher d’elle, de peur de voir sa vie privée s’inscrire dans la tête de Samarah. Cependant, s’il le faisait, elle ne pourrait pas l’empêcher. Elle-même en ferait peut-être pareil si elle découvrait que son ami pouvait lire ses pensées…

Lorsqu'il était encore face à Samarah, celle-ci lui répéta ce qu'il venait de penser fortement. La transmission était bien passée... Cela pouvait paraître assez perturbant même en essayant quelques fois. C'était un évènement pour le moins inhabituel et Deklan n'avait rencontré une personne possédant un tel pouvoir.

Le jeune homme pensa un instant qu'il n'aurait jamais voulu ce don. Pourquoi? Parce qu'il se tenait déjà à l'écard pour ne pas entendre les remarques pour le moins désobligeantes alors s'il les entendait sans que les personnes ne puisse parler, il deviendrait hermite et vivrait au fin fond du désert, là où seul des caravanes pourraient passer.

Savoir ce que les autres pensent et assez dangeureux aussi. Une pensée ne peut pas toujours refléter la réalité de la personne. De ce qu'il avait compris du pouvoir, Samarah entendait seulement la pensée immédiate et insistante... Il n'y avait aucun justificatif derrière et la personne écoutée ne pouvait aussi s'en rendre compte. C'était un côté du pouvoir pour le moins ennuyeux mais Deklan n'en parlerait pas à Samarah car elle avait l'air déjà bouleversé par la nouvelle.

Après que la jeune mutante se soit emprisonnée le visage entre ses mains, Deklan alla s'asseoir à côté d'elle. Un peu comme un signe de soutien... Mais il ne put voir le timide sourire de Samarah qui aurait pu dénoncer le résultat de son geste.

Samarah finit doucement par se redresser puis sursauta brusquement. Tapant le coude du jeune mutant, celui-ci la regarda interrogatif. Que se passait-il? Encore une pensée? Il attendit une quelconque réaction mais aucune réponse ne vînt à l'incompréhension qui se vut naître. La demoiselle aux cheveux longs sembla regarder à droite à gauche à la recherche de quelque chose mais quoi? Une autre personne? La source de ce qu'elle venait d'entendre? Probable !

Enfin bref, pour l'instant il n'y avait personne dans le couloir ce qui voulait sans doute dire que son pouvoir était assez étendue. Nouvelle source de problème pour elle apparemment... En tout cas, il essayerait de l'aider si elle en avait besoin malgré les problèmes qu'il avait déjà.

La voyant se redresser un peu plus contre le mur, Samarah finit par lui parler d'un sujet auquel il ne s'y attendait pas : L'entrainement de l'Institut. Cela faisait longtemps qu'il avait oublié ce détail... Mais vu les circonstances il se voyait très mal s'y présenter genre "coucou, c'est moi, je veux faire votre entrainement"... et puis maintenant il n'y voyait pas beaucoup d'intérêt.

Deklan finit par redresser aussi et regardant devant lui le sol, il montra une grande hésitation... Il n'avait pas parlé depuis un moment mais malgré tout Samarah avait entendu ses pensées.

"Non, je ne pense pas que ce soit une bonne idée... Je ne fais plus parti de l'Institut maintenant."

Il avait prononcé ces quelques phrases assez doucement. Il avait claqué la porte de l'Insitut plutôt alors pourquoi accepteraient-ils de le laisser suivre leur entrainement. C'était quelque peu absurde...

Mais d'un autre côté il aurait voulu y aller juste pour être avec Samarah mais bon s'y rendre ne semblait pas une si bonne idée que ça.

Samarah n’avait pas pris la peine d’expliquer à Deklan pourquoi elle l’avait involontairement bousculé. Elle se douta cependant qu’il avait certainement compris ce qu’il s’était passé. C’est pourquoi, après lui avoir demandé s’il était tenté de faire un tour à l’entraînement de la X-force, elle lui dit simplement :

"Désolée de t’avoir bousculé, je l’ai pas fait exprès mais il m’avait semblé entendre… un truc "

Elle s’arrêta avant de reprendre en souriant timidement:

"Hum… Bref, ça n’a plus d’importance"

En effet, elle n’entendait plus rien maintenant. Le couloir était redevenu aussi silencieux qu’une tombe.

La jeune mutante rejeta ses cheveux en arrière d’un simple mouvement de la main. Ceux-ci avaient profité de son moment de désarroi pour venir inonder son visage. Ensuite, elle se tourna vers Deklan et attendit sa réponse, qu’elle soit mentale ou orale, puisqu’elle était maintenant capable d’entendre les deux. Même si Samarah préférait une réponse orale.

Celle-ci ne se fit pas attendre et pour le plus grand bonheur de Samarah, elle fut orale ! Deklan avait –enfin- parlé. Elle lui en aurait presque sauté de joie dans les bras. Mais à la place, elle sursauta encore une fois. Moins fort que la première fois cependant !

Sursauter ? Eh bien oui, c’est qu’on s’y habituerai presque à ne plus recevoir que des pensées.

Samarah l’écouta et sa réponse ne l’étonna pas du tout. Quelques heures plus tôt en effet, le jeune garçon avait claqué la porte de l’Institut en déclarant qu’il n’y remettrait plus les pieds. La force du destin contrecarra légèrement les plans de Deklan puisque après une nuit riche tant en évènements qu’en douleur, il y était de nouveau !

Certes, on ne lui avait pas demandé son avis, mais c’était ça ou bien le laisser pour mort en plein Boston. Comme la deuxième possibilité était absolument hors de question, le jeune homme avait franchit à nouveau les portes du refuge pour mutants, inconscient et très gravement blessé.

Samarah n’était pas revenue indemne non plus de cette folle course nocturne dans Boston. Blessée et fatiguée, c’est avec joie qu’elle avait réintégré les murs protecteurs de l’Institut. Elle avait du utiliser ses pouvoirs et contenir toute la haine qu’elle éprouvait envers les humains qui avaient torturé Deklan et cela lui avait demandé beaucoup d’énergie. Heureusement, grâce aux bons soins d’Alia, son ami et elle était à nouveau sur pieds.

Et puis… il y avait eu l’apparition… L’Autre comme l’avait surnommé Samarah. Celui qui avait décimé quatre des cinq humains…Qui était-il vraiment ? Elle n’en avait encore qu’une vague idée. Deklan savait-il seulement qu’il renfermait un tel monstre en lui ? Sûrement. Alors pourquoi ne lui avoir rien dit ? Pour ne pas l’effrayer sans doute. Ou bien lui cacher à quel point il pouvait être dangereux ?

Quoiqu’il en soit, Samarah l’avait quand même découvert et y avait quand même fait face. Dire qu’elle n’avait pas eu peur reviendrait à aller à l’encontre de la vérité. Mais elle avait sentit qu’elle ne devait pas montrer sa peur face à cet être. Cela avait plus ou moins marché puisqu’il avait fini par laisser place au vrai Deklan. En partant, il avait même dit quelque chose à la jeune mutante. Mais quoi ? Alors là, c’était le mystère total car elle n’avait rien compris…

Enfin, tout ça pour dire qu’au moment où Samarah entendit la réponse de Deklan, elle était en train de se dire qu’il faudrait un jour où l’autre qu’elle parle à Deklan de l’être qu’il renfermait en lui ! Mais pas tout de suite… Ce n’était pas le moment… Il fallait d’abord que lui aussi récupère des événements de cette nuit. Et puis, pour lui en parler, il faudrait aussi qu’il s’en souvienne. Etait-il seulement encore conscient tandis que l’Autre achevait sa triste besogne ?

Samarah quitta ses pensées pour écouter les paroles de Deklan. Elle se retourna vers lui et lui décocha un sourire, un de ses plus beaux et sincère sourire (décidément, elle qui ne souriait jamais avant, Deklan pouvait se vanter d’avoir réussi à trouve le moyen de passer au dessus de la froideur de la jeune fille !) :

"Contente de t’entendre à nouveau ! Et normalement cette fois-ci ! Je me doutais que tu dirais un truc du genre ! Je ne te force pas et je ne le ferai jamais !"

En effet, si Samarah voulait forcer Dekan à faire quelque chose, elle l’aurait déjà fait depuis longtemps ! Il le savait. Or, elle s’était promise de ne jamais forcer la main du jeune mutant. Allez savoir pourquoi d’ailleurs… Alors qu’avec d’autres personnes, elle ne serait pas gênée pour le faire !

"Mais ça ne coûte rien d’y faire un tour, ça fera peut-être même changer tes positions sur l’Institut… Quand à savoir si oui ou non tu n’en fais plus partie, si tel était le cas, tu ne serais plus ici maintenant mais bien mort quelque part dans les ruelles sombres de Boston"

Elle avait achevé sa phrase un peu froidement sans le vouloir. Mais elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que tout ce qui s’était passé la nuit précédente ne serait pas arrivé si Deklan n’avait pas précipitamment quitté l’Institut. Et ce qui la dérangeait surtout, c’était qu’il avait failli en mourir ! A cause de cet universel orgueil masculin! Même si vous auriez toutes les peines du monde à le lui faire avouer !

Attention, Samarah, tu deviens sentimentale !

"Enfin de toute façon, comme je te l’ai dit, je ne te force pas, c’est à toi seul de prendre une décision…"

Après la question de la jeune fille, Sam s'excusa de son geste un peu violent mais qui ne causa aucun dommage. Deklan avait bien compris qu'elle ne l'avait pas fait exprès car les accidents arrivent généralement accidentellement non?

Enfin bref, elle soumetta pour excuse qu'elle avait entendu quelque chose. C'était bien en accord avec les suppositions du jeune homme qui ne lui en porta pas préjudice.

Après un court silence et jetant un léger regard, il aperçut un sourire timide de Samarah. Jusque là c'était rare de la voir ainsi mais il n'en pensa qu'une chose...

*Mignonne*

Finalement il décida de répondre à la question de la jeune fille de manière orale. Celle-ci sursauta et même s'il ne le montra pas, Deklan était quelque peu surpris. Pourquoi une telle réaction? Il n'avait fait que parler... Sans doute était-ce aussi une victoire pour elle vu qu'elle avait réussi à soutirer quelques mots. Décidément Samrah était bien la seule à pouvoir influencer sa "détermination dans ses choix" pour ne pas dire qu'il était assez têtu.

En tout cas, il fut un peu plus paisible de voir que malgré ce qu'il s'était passé la veille, elle semblait dans une forme assez bonne... Peut être ne lui en voulait-elle pas d'avoir flancher sur le coup et d'avoir laisser la Bete ressurgir?

Il redoutait aussi qu'elle insiste pour qu'il aille à l'entrainement de l'Institut mais faisant peut être preuve de compréhension elle lui annonça qu'elle ne le forcerait pas. C'était bien vu car il ne fallait pas aller contre le courant, surtout contre les décisions de Deklan qui s'entêtait d'autant plus.

Il y avait des bons et des mauvais côtés. Quand il s'était fait torturé il n'avait rien dis alors finalement on pouvait lui faire confiance... Et puis faire preuve de volonté n'est pas un très grand défaut. Bien au contraire mais cela dépend des cas comme on dit toujours...

Dans la remarque qui suivit, Samrah lui demanda quand même de reconsidérer la situation. Celle-ci paraissait quelque peu chaotique pour le jeune homme mais comment pourrait-il voir l'Institut comme autre chose qu'une organisation destiné à établir un certain contrôle en usant d'adolescent doué de certains pouvoirs? Et puis la discussion qu'il avait eu avec le grand bourru avant de claquer la porte n'avait fait que le persuader encore plus de cette pensée.

Mais une chose le fit encore réfléchir. A cette heure ci, il serait peut être mort dans une ruelle sordide sentant les poubelles et son cadavre serait en train d'être rongé par des rats vecteurs de maladie. Cette idée lui fit baisser un peu les yeux... Il avait une dette. Il ne l'oublirait pas. Il la rembourserait un jour, c'était dit.

Samarah termina en disant qu'elle lui laissait le choix et il avait aussi une dette envers elle. Peut être qu'il devrait reconsidérer la proposition à cause de cela...

Deklan resta un instant silencieux, sans doute plongé en pleine confusion de ce qu'il fallait faire et ne pas faire. Ne regardant toujours pas Samarah, il annonça une réponse assez indécise mais peut être signe d'espoir...

"Bon je promets d'y réfléchir... Je ne conçois aucun avenir dans cette établissement mais j'irais peut être voir ce que donne cet entrainement."

Le jeune homme ne savait même pas si on allait le laisser y participer alors qu'il ne faisait plus parti de l'Institut. Mais bon, il avait promis alors il le ferait...

Tandis qu’elle attendait sa réponse, l’esprit de Samarah remonta de quelques heures dans le temps. Elle se vit devant l’Institut, avant que tout ne commence… Elle essayait de convaincre Deklan de rester à l’Institut. Elle lui disait que dehors, c’était dangereux. Têtu, le jeune homme avait quand même tenu à partir. Il ne l’avait pas écoutée et n’en n’avait fait qu’à sa tête. Preuve était faite maintenant qu’il aurait mieux valu qu’il le fasse…

Elle le regardait s’éloigner avant de se retourner vers la grande bâtisse. Il faisait froid et le vent dansait dans ses cheveux. Samarah sentait la mélancolie s’emparer d’elle quand soudain, il y avait eu ce flash, cet éclair éblouissant. Et à partir de là, tout s’était enchaîné sans s’arrêter…

Les deux humains dans leur voiture devant l’Institut, sa course dans les ruelles sombres et pour finir le repère sanglant, dans les sous-sols de Boston. Sans oublier les deux camés et… le violeur !
Dans le feu de l’action, Samarah avait occulté de sa mémoire son hideux visage émacié, son long manteau noir et miteux et son regard si noir et si… tranchant ! Mais maintenant, à tête reposée, ce type venait la hanter. Elle ne cessait d’imaginer ce qu’il ce serait passé s’il avait pu aller plus loin dans sa perversion. Ce qu’il serait arrivé si elle n’avait pas réussi à l’arrêter… en le tuant.

Ce n’était que de la légitime défense, elle le savait et puis ce type n’avait eu que ce qu’il méritait. Une petite voix ne cessait de le lui répéter. Samarah savait que cette petite voix avait raison et qu’elle ne serait plus là maintenant si elle ne l’avait pas laissée prendre le dessus pour se défendre. Car à ce moment-là, Samarah avait été trop terrifiée pour oser faire quoi que ce soit, ce n’était pas vraiment elle qui avait asséné le coup fatal sur ce résidu d’humain… C’était l’autre, sa partie sombre qui émergeait lors de ses colères. Et dont elle n’avait hélas encore que trop peu conscience…

Et puis, ça l’obsédait, mais elle voulait savoir pourquoi. Pourquoi ce pervers s’était-il jeté sur elle et l’avait menacée ? Elle était pourtant loin d’être provocante, contrairement à certaines filles qu’elle avait déjà croisées en rue. Elle ne s’était jamais non plus préoccupée de son physique. Même s’il fallait reconnaître qu’elle était assez jolie…
Samarah ruminait de biens sombres évènements et elle allait arriver à la conclusion qu’il ne fallait pas de raisons aux détraqués pour s’en prendre aux jeunes filles, lorsqu’elle l’entendit.

*Mignonne*

Elle se figea sur place et lança un regard en biais à Deklan. C’était beaucoup trop proche pour que ce soit quelqu’un d’autre qui l’ait pensé. Alors si même lui le pensait, pas étonnant qu’elle soit devenue la proie d’un violeur lâché dans la nature.

Sur le coup, elle ne sut même pas quoi faire ! Lui dire qu’elle l’avait entendu ? Faire semblant de rien ? Deklan devait quand même se douter qu’elle l’entendrait, non ? Ou bien l’avait-il simplement déjà oublié ? La situation était quelque peu embarrassante pour Samarah !

*pourquoi pensent-ils tous la même chose ?* pensa Samarah en grimaçant légèrement

Elle se ressaisit cependant assez vite

*oh mais calme toi ! qui te dit qu’il pensait à toi en disant ça? tu n’es pas la seule !*

Elle se recala contre le mur et tenta de chasser l’image du pervers de sa tête.

*et de toute façon, tu n’as plus rien à craindre, cet imbécile est raide mort à l’heure qu’il est !*siffla une petite voix

Samarah prit sa tête entre ses mains et soupira

*pas encore toi ! tu sais pas faire une journée sans me laisser tranquille ? excuse moi de faire irruption, la prochaine fois je n’interviendrai pas et tu te débrouilleras toute seule ! je vois… je suppose que je dois te dire…merci ! alors, contente ?*

Samarah ne sut pas si sa conscience était contente ou non car la petite voix avait déjà disparu !

Elle redressa la tête et fixa le mur devant elle. Sans aucun doute qu’elle allait passer pour une illuminée. Faire causette avec sa conscience, ils ne devaient pas être nombreux à le faire sur Terre ! Mais en la matière, elle jugea que Deklan, avec ce qu’il cachait en lui, ne la prendrait pas pour plus folle qu’elle ne l’était déjà !

"Euh…Si c’est à moi que tu pensais… Je… Merci, c’est gentil "

Et voilà, elle l’avait dit. Elle avait choisi d’être honnête envers le jeune homme...

Heureusement, celui-ci répondit bientôt. Ce qui permit de mettre sur le côté cette situation un peu gênante. Sa réponse ne manqua d’ailleurs pas de la surprendre. En effet, il lui annonça qu’il allait reconsidérer sa demande et qu’il ferait peut-être un tour à l’entraînement, ce soir.

"C’est une bonne idée ! lui dit-elle, mais ne part pas trop défaitiste dès le départ, ou bien ça ne marchera pas… "

Si sa vision des choses était déjà trop négative avant de commencer, il n’y avait pas beaucoup de chance que l’entraînement le fasse changer d’avis sur l’Institut. Mais bon, il avait dit qu’il viendrait faire un tour, c’était déjà ça.

Samarah se retourna vers lui et remarqua alors un détail qui jusque là lui avait échappé. Deklan semblait fuir son regard. Elle s’interrogea sur la raison d’une telle attitude et ne voyait que deux possibilités. Soit il se sentait honteux de l’avoir embarquée dans les évènements de la nuit passée. Soit, il ne voulait plus croiser son regard de peur de voir sa vie privée dévoilée dans l’esprit de Samarah.

Pour la première possibilité, il oubliait que Samarah ne lui avait pas demandé son avis pour aller le secourir, elle s’y était précipitée d’elle-même. En sachant très bien ce qu’elle risquait. La seule chose dont Deklan demeurait responsable, c’était de s’être enfui de l’Institut. Ce qui en soit allait être l’élément déclencheur de tout ce qui suivrait, mais bon… Passons cela, pour le moment. Et en ce qui concernait la deuxième possibilité, Samarah ne pouvait hélas pas lui en vouloir, car elle comprendrait aisément qu’il agisse de cette façon pour préserver son intimité.

"Tu sais que tu ne m’as toujours pas dit clairement si tu allais bien", dit-elle alors l’air de rien

Deklan toujours regardant toujours dans la même direction, ne vit pas la grimace que Samrah fit suite à ce que le jeune homme avait pensé. Il s'était dis cela innocemment, comme si Samarah ressemblait à une petite fille en souriant timidement. Alors il ne s'y attacha pas trop, en ne pensant pas que cela aurait une connotation qui aurait pu le gêner.

Mais apparemment Samarah ne l'avait pas pris ainsi. Il le découvrirait plus tard. Pour l'instant, il restait silencieux et plutôt calme. Il n'était pas au courant de ce qu'avait pu vivre Samarah durant sa recherche à travers les ruelles Boston. Si Deklan savait qu'elle avait failli se faire violer, il s'en serait voulu comme pas possible.

Comment se sentirait une personne responsable indirectement d'une telle chose? Evidemment mal, car c'était une chose assez marquante.

Mais bon la tuerie qui avait eu lieu était aussi un évenement assez marquant. Des gens avaient perdu la vie et laissé des gens derrière eux. Une famille, des amis, une vie... Même si ce n'était que quelques flashs par ci par là, les choses avaient bien eu lieu. Du sang, des cris, des larmes... Juste d'y penser, il ferma un instant les yeux en secouant un peu sa tête comme pour chasser cette noirceur cachée dans son âme.

Comment pouvait-il être un monstre alors que de lui-même il pourrait tuer quelqu'un? Or tout au cours de savie des gens avaient trépassé sur son chemin...

Ce n'était pas le moment d'y repenser. La noirceur ramenait à la noirceur. Il comptait bien se maîtriser, reprendre le dessus, et un jour peut être trouvé le remède de ses maux... Sa volonté était la seule arme qui lui servirait.

Du coin de l'oeil il aperçut Samarah en train de se tenir la tête. Que lui était-il arrivé? Avait-elle entendu sa pensée sur l'obscurité auquel son coeur était confronté?

"Euh…Si c’est à moi que tu pensais… Je… Merci, c’est gentil "

A elle? Gentille? Deklan revînt en arrière et se remémora ce qu'il avait pensé...

*Serait-ce?*

Il se souvînt de ce qu'il avait pu penser en voyant le sourire de Samarah et ce qu'elle dit avec hésitation pouvait sembler confus. Il se mit à rougir un peu et regarda droit devant lui...

"Hum... euh... C'est pas ce que..."

Il changea vite de sujet et répondit à la demande de Samarah sur l'entrainement.

"C’est une bonne idée ! mais ne part pas trop défaitiste dès le départ, ou bien ça ne marchera pas… "

Il hésita à donner sa réponse surement toujours repensant au quiproquo qui venait de se faire, enfin s'en était vraiment un. Osant finalement regarder Samarah, avec quelques auréoles rouges sous les yeux près des joues...

"Oui, oui... On verra bien. Même si je fais un effort, ce n'est pas sûr que tout le monde serait d'accord. Après tout ils se croient vraiment en guerre..."

Finalement Deklan évita de regarder directement le regard de la jeune fille. Sans doute était-il un peu mal à l'aise... Se regard se fit plus fuyant qu'autre chose. Mais bien vite Samarah reprit la parole :

"Tu sais que tu ne m’as toujours pas dit clairement si tu allais bien"

"Euh... oui, oui... Ne t'en fait pas. Rien de grave..."

Encore gêne, désarroi et hésitation, il ne savait plus comment réagir. Décidément c'était la première fois qu'il se trouvait dans une telle situation qui se montrait autant confuse. Il fit un petit pas en arrière puis rajouta...

"Bon je dois y aller... Je n'oublies pas ce que je t'ai promis. Euh... A plus tard?"

Peut être voulait-il se sortir de cette situation ou tout simplement fuir un instant pour se retrouver. Cela se fit comme un réflexe direct. Aucune réflexion, il n'avait même pas épiloguer sur pourquoi il avait fait cela. Il fit un pas en arrière puis un léger signe de la main avant de s'en aller en marchant plus ou moins vite de ses pieds nus sur les dalles... Il ne lui restait plus que le pantalon qu'il portait mais bon pour le reste il verrait plus tard... Là n'était pas le problème pour l'instant.

(Quelque part...)

Samarah ne se rendit pas compte tout de suite de l’embarras dans lequel elle avait plongé Deklan, en lui faisant part de ses propres pensées ! Car en effet, embarras il y avait dans l’air ! Quand elle lui eut dit qu’elle avait entendu ce qu’il avait pensé, le visage de son ami se para de plusieurs tâches rouges qui ne trompaient pas !

Par contre, elle n’entendit pas la suite de ses pensées, trop occupée avec les siennes !

"Hum... euh... C'est pas ce que..."

Deklan tenta de se défendre, voulant sûrement dire qu’il y avait erreur sur la situation, mais heureusement Samarah avait continué la conversation après son aveu et Deklan sauta sur l’occasion pour changer radicalement de sujet.

"Oui, oui... On verra bien. Même si je fais un effort, ce n'est pas sûr que tout le monde serait d'accord. Après tout ils se croient vraiment en guerre..."

Ainsi donc, il pensait toujours que l’Institut était en guerre. Samarah réprima un soupir.

"Et ils ont raison de le croire, répondit-elle alors simplement, la ville est devenue un vrai champ de bataille. Mutants et humains, mutants et mutants, tous autant qu’ils sont… Ils s’opposent dans une lutte acharnée ! Qu’on le veuille ou non, la guerre est en marche…"

Ses propres paroles la choquaient, l’effrayaient même mais il ne fallait pas se voiler la face. L’anarchie avait pris possession de Boston et ce n’était plus qu’une question de temps avant que tout n’explose !

"Et si son issue n’est pas la bonne, alors on cours droit à la catastrophe ! Mais bon, je ne vais pas m’étendre, je t’ai déjà fait part de mon avis sur la question !"

Samarah était longtemps restée dans l’ignorance des faits quand elle se trouvait cloîtrée dans son orphelinat londonien. Mais en chemin, elle avait pu se faire une idée de la situation du monde actuel. Inutile de préciser que celle-ci n’était pas très réjouissante. S’étouffant dans sa propre haine, le monde ne tarderait pas à s’écrouler !

"Euh... oui, oui... Ne t'en fait pas. Rien de grave..."

Enfin ! Il lui répondit qu’il allait bien. Du moins, c’est ce qu’il prétendait. Mais Samarah s’en contenta malgré que le ‘rien de grave’ restait dur à avaler après l’épisode sanglant de la cave…

Le quiproquo était déjà loin pour la jeune mutante. Mais cela ne semblait pas être le cas pour Deklan, qui semblait de plus en plus mal à l’aise. Sans prévenir, il se releva, les joues un peu rouges et l’air vraiment gêné. Il lui confirma qu’il n’oublierait pas sa promesse.

"Bon je dois y aller... Je n’oublie pas ce que je t'ai promis. Euh... A plus tard?"

Légèrement surprise d’une telle réaction, Samarah le regarda faire, d’un œil interrogateur et lui lança :

"Euh… si tu veux ouais, à plus tard!

Ne sachant pas trop quoi dire de plus, Samarah le regarda partir. Ses pieds nus laissaient des marques furtives sur le carrelage qui ne tardèrent pas à disparaître. Et ses pas étaient un peu précipités, comme s’il était soudain pressé. Il s’éloigna rapidement et lui fit un signe de la main avant de disparaître au coin d’un couloir voisin.

Toujours adossée au mur, Samarah ramena alors ses genoux au niveau de son menton et les encercla avec ses bras. Finalement, elle ne s’étonna qu’à moitié du rapide changement de comportement du jeune mutant. Elle était convaincue qu’il préférait fuir plutôt que de voir ses pensées dévoilées au grand jour. Ce qui en soit était plutôt compréhensible. Et cela éviterait certainement des situations un peu embarrassantes comme la précédente. N’importe qui agirait ainsi. Elle ne pensa pas un seul instant qu’il y aurait pu y avoir une autre raison pour expliquer la fuite du jeune mutant…

*et ce n’est que le début ! misère…* pensa Samarah en abaissant la tête.

Qu’est-ce que ce serait une fois qu’elle aurait mis le nez dehors, en pleine ville ? Elle n’osa même pas l’imaginer. Elle releva la tête et aperçut un grand vase sur sa droite. Celui-ci s’éleva dans les airs pour venir se positionner à trente centimètres du sol en face de Samarah. Il resta immobile dans les airs avant de tournoyer de plus en plus vite. Samarah le regardait d’un air distrait, faire bouger un vase ne lui demandait presque plus de concentration. Soudain, le vase s’arrêta. Des fissures commencèrent à se dessiner par-dessus ses motifs. Son regard se fit plus intense et le vase explosa, des miettes de faïence s’éparpillant un peu partout sur le sol.

Samarah contempla alors les morceaux avant de se relever en prenant soin d’éviter les éclats. Elle quitta le couloir à son tour, ne laissant sur son passage que des débris épars, tels que ceux laissés derrière une tempête. Doute, interrogation, colère et incertitude. A l’intérieur d’elle, une tempête d’une toute autre nature faisait rage…

( l'Entrainement de la X-Force, encore plus tard^^)

HRP: voilà topic (enfin)clos