Visite guidée

Grand hall de l'institut

Le petit groupe venait de quitter l’institut. Il disparaissait chaque pas un peu plus dans cette ville balayée par un vent frais et un reste de neige flottant dans l’air. Tenant toujours sa tête dans son pull, il regardait les alentours qu’il ne voyait que pour la première fois. Ou peut-être la seconde, mais il n’avait pas fait attention au paysage en prenant le bus. Et puis la neige avait recouvert encore plus les maisons, les arbres et tout ce qui pouvait se trouver dans la rue. Le paysage en était d’autant plus joli. Toute cette allée maculée de blanc, c’était comme dans les films de noël. Seulement, quand on est bien derrière sa télévision au chaud, on ne pense pas que les acteurs peuvent geler sous une température hivernale. Voir même se transformer en bonhomme de neige avec le vent soulevant de temps à autre de la poussière de neige.

Hendrix se retournait quelques fois pour éviter de ramasser dans la figure ces vagues de froid. C’était seulement la dernière fois qu’il remarqua les vêtements de Ben.

« Hey ! Mais tu dois mourir de froid avec cette liquette ! »

En effet, Ben portait une veste en jeans et un genre de polo en dessous. Hendrix ne parvenait pas à bien distinguer, mais une chose était sûre, ça n’était pas le grand luxe pour braver le froid.

« Leon ! Il y a un magasin de vêtements pour… »

Hendrix réalisa qu’il ne connaissait pas le nom du jeune homme qu’il voulait aider. Par contre, il avait un regard et un visage qui plaisait beaucoup à Hendrix. Une sympathie et un regard amical. Il n’avait encore jamais vu ça chez quelqu’un. Chose qui perturbait quelque peu le mutant de feu.
Il attendait une réponse de Leon mais également de Ben voir aussi une de Selen étant donné que le nom de ce garçon lui était tout autant inconnu.

[Hall]

S'être fait engueulé comme un bout de poisson pourri n'avait apparement pas tellement entamé le moral de Ben qui malgré le froid qui le transperçait jusqu'à la moelle avait vaillament fini son sandwitch en quelques bouchées, il avait vraiment trop faim. Il avait ensuite tenté de prendre quelques photos, plaisantant avec Selen et lui tournant autour comme un papparazzi, pris quelques vues du château et de la ville pour finalement s'avouer vaincu et ranger son appareil.

"J'ai les mains qui tremblent", rigola-t-il comme si de rien était avec le petit brun qui marchait à côté de lui.

Il avait beau plaisanter, il avait quand même l'impression d'être tombé au pôle nord. Surement mû par un instinct de survie car il n'avait jamais eu à faire ça à Miami, il rentra ses bras à l'intérieur du mince polo pour les croiser contre son ventre et essayait de se réchauffer un peu, se distrayant comme Hendrix du paysage hivernal de conte de fée. Enfin, de ce qui avait été pour lui un conte, ou du moins juste un truc de film pendant longtemps. On avait beau savoir que des gens vivaient ça comme quotidien, ça faisait un choc de s'y retrouver ._. . Qu'elle était loin l'Institut et son délicieux chauffage >_< ! La neige était moins épaisse sur la route que dans les taillis où il était passé à l'aller mais ses pieds ne tarderaient pas à être gelé aussi et le garçon grimaça à cette idée.

Tête le plus possible rentrée dans les épaules, le sourire qu'il adressa à Hendrix était tout autant tordu.

"Mourir, je... je sais pas. Mais là, je crois que j'ai bien com... compris le concept de froid. Ca de... devrait être interdit de construire dans des endr...roits où il fait une température pa...pareille -_-."

Plein d'espoir, il s'était également tourné vers Léon, remerciant intérieurement l'autre mutant d'avoir demandé pour lui. Il ne connaissait pas assez l'asiatique pour savoir si oui ou non ses colères duraient et s'il allait l'envoyer bouler. Apparement non, mais on ne savait jamais.

"Ben ^_^. Lança-t-il vers le garçon au regard calme qui le surplombait mais qui s'était inquiété de son sort, béni soit-il. C'est vrai que j't'ai même p...pas demandé comme tu t'ap...pelles."

Ça aurait du être une super balade. Bon. Ben, à qui le froid ne semblait pas être un obstacle à la jovialité, s‘amusait à le viser avec son appareil et à prendre le château sous toutes les coutures. Selen avait imaginé qu’ils parcourraient la ville joyeusement pour faire découvrir celle-ci à Hendrix et Ben, mais il avait oublié qu’en hiver, il neige, et surtout, il fait froid ! D’autant plus qu’un vent glacé battait la ville, soulevant la neige et diminuant encore plus la température. Selen avait un gros pull violet sous un large et long manteau noir. S’il était à l’abris du vent, le froid et la neige lui en faisait voir de toutes les couleurs. D’autant plus que son jean commençait à être trempé. Alors oui le spectacle aurait valu une magnifique carte postale, mais pour l’instant ce n’était pas trop à ça que pensait nos comparses.

Hendrix éleva la voix. Selen, qui savait bien ce que portait Ben, tourna son regard vers lui. Le pauvre, il devait être congelé ! Selen ne s’en était pas rendu compte, car il était trop occuper à avancer les yeux clos pour ne pas se prendre de la neige dans les yeux, en utilisant son don. Seulement, le froid hivernale n‘était pas top pour se concentrer. Enfin, cela ne l’empêchait pas de tenter une blague. Cela devait être dans sa nature. Effectivement il y avait un magasin de vêtements pas loin, et qui, atout principal de ce magasin, était ouvert ! En effet, quand il jeta un regard à 360° sur la rue seulement la moitié des magasins étaient ouverts.

*Il n’y a que nous qui sommes assez dingue pour aller se promener en ville par un temps pareil.*

Selen détailla rapidement la vitrine du magasin. C’était un magasin de vêtements normaux, ils ne trouveraient donc pas de costumes ici. Le kaki spirit (quel nom à deux balles ) vendait principalement, comme le dit son nom, des vêtements kakis pour ceux qui veulent se donner un look cool et rebel. Ce n’est pas là qu’il dépenserait son argent, mais ils pouvaient au moins entrer pour éviter de se transformer en sculpture sur glace.

"Radiateurs en vue !"

Et il se mit en direction du magasin, la tête rentrée dans le col de son manteau, tout crispé par le froid, et attendit ses camarades sous le proche du magasin qui n’offrait guère de protection contre les aléas du climat.

"Si vous voulez on pourra continuer les présentations à l’intérieur, qu’en dites vous ?"

Léon avancait d'un pas assez rapide, histoire de chauffer son corps et pour ainsi eviter de geler sur place. Jetant un coup d'oeil de temps en temps aux trois autres membres de la randonnée de Boston, ces derniers semblaient s'emerveiller de la féerie de la neige.

*Je vais t'en donner moi, de la magie d'hiver... Attands que j'attrape l'imbécile qui a inventé les températures négatives.*

Oui, Léon était d'assez mauvaise humeur. Non plus pour le retard de Hendrix, Selen et Ben, ca il avait deja oublié mais parce que tout son corps reclamait de la chaleur sous peine de devenir un glacon!
Pourtant, c'était pas faute d'avoir essayé de s'habiller chaudement. Léon avait revetu son echarpe qui lui faisait trois fois le tour du cou, ses gants et un long manteau bien rembourré qui tenait bien chaud. Mais le vent glacé semblait prendre un malin plaisir a s'infiltrer par toutes les ouvertures que ses habits laissaient.

Hendrix arreta le groupe devant un magasin qui vendait de bons vetements pour lutter efficacement contre l'hiver. Ce dernier l'interpella et lui demanda de s'arreter pour que Ben puisse s'approvisionner en habits chauds et douillets.
Le jeune mutant reluqua de haut en bas la silhouette de Ben, et surtout les vetements qu'il portait sur lui.

«Tu débarques d'où Ben? T'avais pas prevu de vetements d'hiver dans tes bagages? Boston, c'est pas Hawaï si t'avais pas remarqué...»

Les paroles de Léon étaient un peu mordantes, mais beaucoup plus moqueuses quand même. Esperons que le jeune inconscient n'en prenne pas ombrage.
Le chinois poussa un long soupir qu'il voulait un peu théatral, et accepta de rentrer dans le magasin, dont les vetements étaient loin d'etre a son gout. Mais peut-etre que Ben appréciait ce style... En tout cas, il n'avait pas le choix: c'était soit ca, soit il continuait a geler petit a petit.

«Allez on suit les conseils de Selen, et on rentre a l'intérieur le temps de rechauffer nos membres engourdis par le froid et que Ben refasse sa garde-robe en fonction de la saison. Ensuite, on file trouver un costume pour la soirée au Saturday!»

Sans attendre personne, Léon fonca dans le magasin et alla se placer pres du radiateur. Il colla ses doigts contre la paroi et se delectait de la douce chaleur qui envahissait ses doigts pour ensuite se repandre dans tout son corps.

«Surtout prends ton temps Ben, on est pas pressé...»

Le groupe venait à peine de rentrer dans le magasin que Leon alla tout de suite se coller devant radiateur. Invitant ainsi Ben à prendre tout le temps qu'il voulait pour choisir ce qu’il désirait.

*Pour une fois, il n’est pas pressé ! Ca ne le dérangera pas si on est un peu en retard.*

Hendrix riait intérieurement à sa remarque. Lui sentait le froid différemment que les autres. Du moins c’est comme ça qu’il le percevait. Les trois mutants semblaient complètement frigorifiés alors qu’Hendrix n’en était pas encore à ce stade. Certes, le froid avait une prise sur lui, et pas une petite, mais pas au point de devoir aller se coller sur le chauffage pour dégourdir tous ses membres. Peut-être était-ce dû à son pouvoir. Il sentait chaque particule de chaleur légèrement plus fort que la normal. Ce qui en cette période n’était vraiment pas de refus. Et puis, si le froid était trop intense, un petit entraînement avec son briquet était toujours le bienvenu.

L’ensemble de l’échoppe était d'un ton plutôt uniforme. Passant en revue toute la gamme du vert, de rares couleurs plus flashs apparaissaient. Ce qui, aux yeux d'Hendrix, n'était pas des plus exquis.
Zappant du regard tout les rayons du magasin, il fut attiré par un tableau au fond. Celui-ci représentait un paysage printanier situé en pleine forêt. Les couleurs étaient vives et donnaient une impression de mouvements. Même de là où était Hendrix, il pouvait discerner parfaitement ce que le peintre avait voulu faire passé comme impression.

« Au fait, moi c’est Hendrix. »

Depuis leur première apparition jusqu'à maintenant, les mutants n’avaient pas réellement eu l’occasion de se présenter. En parlant, Hendrix ne visait ni Ben si Selen il regardait le sol puis les murs. Mais il s’adressait à eux, voulant en quelque sorte s’introduire par ce biais. Et un même temps en apprendre un peu plus sur eux.
Ce qu’il désirait plus que tout, c’était de connaître leur pouvoir. Depuis que Leon lui avait fait sa démonstration, il avait été bluffé et voulait en apprendre un maximum sur tous les autres mutants.

Tenant fermement son briquet dans sa poche, il ne put s’empêcher de poser la question qui lui brûlait les lèvres.

« Vous, c’est quoi votre pouvoir ? »

Cette fois-ci, il avait levé les yeux et regardait en direction de Selen, le premier qui se trouvait à portée de son regard. Puis fit glisser sa vue sur Ben. Recommençant ce manège visuel plusieurs fois, attendant avec impatience qu'un des deux réponde.

*Ils ont peut-être un pouvoir aussi fun que Leon ! Mais le seul souci avec lui c’est que même si je m’amuse à le chercher, c’est lui qui aura le dernier mot…*

Hendrix ne voulait pas se laisser avoir par les plaisanteries de Leon. Mais il les trouvait malgré tout très amusantes. Il savait que Leon ne voulait pas le provoquer ou se moquer. Il s'agissait sûrement du caracrère de celui-ci. Et c'est pour ça que lui répondre de manière sèche et agressive n'aurait servit assurément à rien de bon. En général, Hendrix serait resté dans sa carapace et aurait ignoré le personnage. Mais ici, il se plaisait à agir différement. Il se plaisait avec ces personnes fondamentalement différentes des autres qu'il connait.

Le magasin aurait pu réceler de vieux chemisiers de soie soulignés de dentelle que Ben l'aurait tout de même encensé. Tout, vraiment tout, plutôt que ce froid qui vous pénétrait les membres jusqu'à la moelle des os et qui faisait claquer des dents sans même qu'on s'en rende compte. Sans compter qu'il était vraiment impossible de se réchauffer avec ce ... de vent qui s'obstinait à balayer sans cesse les rues quasi désertes où le petit groupe n'avait vraiment pas croisé grand monde.

Bref, l'intérieur de la boutique lui apparut comme un paradis. Elle n'avait pourtant pas grand chose pour elle, le kaki environnant n'était pas vraiment pour attirer l'oeil, mais le radiateur, seigneur dieu, le radiateur ... Ils furent trois à immédiatement s'y retrouver coller, comme des huitres sur leur rochers, tandis que Hendrix lui semblait moins souffrir du froid. Ben le jaugea du regard avec une grimace comique, entre le descripage de ses traits mouvants après le froid qui les avait gelé et la perplexité la plus complète :

"Ptain ... Mais t'as pas froid toi o_O ? Avoue, t'es un mutant !"

Encore beaucoup des comme ça ? Malheureusement pour son public adoré à ce moment constitué des trois autres garçons ... Oui. Le jeune homme qui s'était suffisament réchauffé les mains pour les sentir de nouveau se mit à les frotter entre elles afin d'accélérer la reprise du sang dans ses veines qu'il semblait avoir quitté, dos collé au radiateur tandis que son regard faisait le tour de la pièce avec un moue dubitative ... Bof, tant qu'il trouvait des pulls et un manteau ... Sourire moqueur en coin à l'appui, il se retourna vers Léon :

"Sans déconner ... On me dit jamais rien à moi !"

Il ne ressentait pas le besoin de se justifier. Le fait était que à Miami, le temps n'était pas plus à la neige qu'à Hawaii et il ne possédait pas de trucs suffisament chauds pour ici. Du moins, les seuls qu'il avait étaient en train de sécher à l'institut. Comme en plus il était parti à la hâte pour que sa mère ne puisse pas le retenir et enrayer sa soudaine poussée de prise de conscience qui risquait de ne pas durer, il n'avait pas pris non plus le temps de remplir son sac, déjà peu large, de nouveaux achats accordés à la saison.

Quittant à regret le radiateur, le garçon promena de nouveau un regard blasé sur les présentoirs. Non seulement ça coûtait la peau du cul cette affaire, mais c'était pas très varié en plus :

"Hmm ... Entre kaki, kaki, et kaki, vous me conseillez quoi ?"

Derrière son comptoir de l'autre côté du magasin, le vendeur scruttait d'un air désaprobateur les quatres vandales qui avait ramené l'hiver sur le sol nickel de sa boutique et dont l'un se permettait en plus de faire des commentaires désobligeants. Le jeune photographe lui accorda son plus beau sourire avant de se tourner vers Hendrix pour lui adresser un clin d'oeil :

"Je parle aux animaux ... Et pas de commentaires sur cette impressionnante performante ... Selen lui il a un pouvoir de voyeur :d !"

Pas fou, il ne hurlait pas dans le magasin, histoire que si l'homme qui s'était replongé dans son journal était antimutant, il ne les remette pas immédiatement dehors. Par contre, il avait pointé d'un doigt accusateur le petit brun, bien que son sourire hilare démente bien le fond de ses paroles. S'il ne s'était pas tourné vers la photographie, Ben aurait pu tout aussi bien s'exprimer par le théâtre tant il aimait jouer la comédie. Présentement, un sale gosse qui détourne l'attention de sa bêtise sur celle d'un autre, comme si leurs dons avaient été un concours.

Cessant de faire le pitre en se rappelant que l'asiatique toujours contre le radiateur n'était pas patient, il s'approcha d'un présentoir de pulls. Peu lui important vraiment la forme, tant qu'il lui tenait chaud. Tout était cher ici, mais il y en avait bien certains qui devaient l'être moins ... C'était d'ailleurs ceux-là qu'il cherchait car sans travail ni certitude que sa mère passerait l'éponge, il avait intérêt à économiser.

Selen remerciait de tout son cœur celui qui avait inventé les radiateurs. Ne dit on pas que ce n’est que quand une chose nous manque que l’on réalise toute son importance ? Encore une fois les dictons de grand mères prouvaient leur infinies véracités. Selen pu, une fois un peu moins congelé, se décoller de son radiateur pour regarder la collection de ce magasin. Il était clair que ce n’est pas ici qu’il viderait son porte monnaie, mais au moins la température était positive, et sûrement au dessus de 20°C. le rêve quoi ! Le petit brun tressailli quelque peu quand Ben qui était copain comme cochon avec l’humour fit une petite boutade à Hendrix. Boutade qui, malgré sa nature profondément humoristique, pouvait leur attirer un mac d’ennuis, pour rester poli. Enfin, à quatre contre un, Selen ne doutait aucunement de leurs chance de victoire, néanmoins ils étaient là plus pour se réchauffer et trouver des fringues pour Ben que pour chercher la castagne. Surtout que les remarques de Ben sur les articles en vente ne semblaient pas trop convenir au propriétaire. Pourtant, il n’avait pas tord.

"Mais Ben, tu ne saisis pas le sens artistiques des nuances de ces kakis …"

*Aucun espoir pour ce magasin, j’espère pour lui qu’il va se recycler. Pourquoi ne fait il pas dans les costumes de carnaval ?*

"Mais euh."

Ben blaguait encore sur son pouvoir. C’est vrai que mal utilisé il pouvait être plutôt pervers mais Selen était très sérieux avec la morale et tout le tintouin qui va avec. Il ne l’utilisait que pour le strict minimum dans les dortoirs. Il savait bien que c’était une blague juste pour détendre l’atmosphère, mais Selen décida d’entrer dans son jeu et de répliquer alors que Ben se dirigeais sagement vers le rayon des pulls.

"C’est sur que ça plairait bien à un photographe d’avoir ce genre de don."

Et paf le chien. Hendrix semblait vraiment peu à l’aise à parler avec des gens qui, en fait, étaient pour lui encore des inconnus. Enfin au moins pour Ben et Selen. Léon lui, attendait près du radiateur en silence. Selen décida de le rejoindre, d’abords pour entamer la discussion et aussi pour éviter un éventuel pique de Ben sur son don de vision. D’abords, il se rappela qu’Hendrix s’était présenté. Ne se rappelant plus s‘il s‘était lui-même présenté il préféra, au risque de se répéter, se présenter.

"Je m’appelle Selen."

Selen détailla un peu ses deux compères. Hendrix était peu bavard et avait le regard fuyant. Peut être n’était il arrivé que récemment à l’école. Léon, lui, semblait avoir plus de caractère. C’était peut être sa personnalité ou alors c’était un vieux de l’école. Il décida de les questionner. Selen était quelqu’un de très curieux. Il ferait certainement la paire avec Ben, mais il essayait de se retenir de poser plus de question à tord et à travers, surtout qu’il trouvait ça au summum de l’impolitesse. Il voulait lui aussi savoir ce que savais faire Léon et Hendrix. À chaque fois qu’il voyait quelqu’un dans les couloirs de l’école il se posait cette question. Il savait qu’il y avait des mutants qui sentaient les pouvoirs des autres mutants. Cela devait assurément être très pratique. Selen décida de tirer mentalement au sort quelle question il poserait en premier, et décida celle qui lui semblait plus convenir à une discussion normale, bien que cette notion de normalité soit, vous en conviendrez, totalement relative.

"Ça fait longtemps que vous êtes à l’école ?"

Il avait failli préciser le nom de l’école, qui était Xavier, mais en bon mutant paranoïaque stressé de la vie, il s’abstint de le faire.

Léon était resté a sa place depuis le debut. Pas besoin de faire le tour du magasin, il savait deja que rien ne lui plairait: le kaki était une couleur qui pouvait surement aller a certaines personnes, mais le mutant ne comptait pas parmi ces dernieres.

La seule chose qui l'interessait dans ce magain était ce radiateur qui diffusait sa chaleur dans la piece. Mais bien que leur comportement etait justifiable, les coups d'oeil frequents du propriétaire dans leur direction fit savoir a Léon que si Ben ne se depechait pas, ce premier pourrait bien se decider a les chasser du magasin a la merci du grand froid.

Ainsi à la remarque de Ben sur leur avis quant aux couleurs, remarque qui fit froncer encore plus les sourcils du vendeur, Léon se depecha de repondre d'un ton assez bas pour ne pas etre entendu du vendeur.

«Ben, fais vite ton choix aussi non on va se retrouver a la rue et tu n'auras toujours rien a te mettre... Pas la peine d'en choisir dix, prends en un qui tient suffisamment chaud le temps de trouver un autre magasin a ton gout.»
«Vous avez peut-etre besoin d'aide messieurs?»
«Non, ca ira je vous remercie monsieur. Il va se decider bientot... C'est que... euh, il y a tellement de choix ici qu'il ne sait plus trop ou donner de la tete. héhé...»
«Hmmm...mouais. Si vous le dites...»

Léon parvint a se decoller finalement du radiateur, ayant alors retrouvé une température corporelle suffisante. En attendant que le jeune garcon ait effectué son choix, le jeune mutant jeta un coup d'oeil aux prix qu'affichait les vetements vendus dans la boutique.

Des le premier regard, Léon ne put se retenir de lacher cette replique:

«Ouhou, j'espere que t'as un bon porte-monnaie Ben... ca va te couter bonbon tout ca.»
«Mmmmh?»
«Non rien, j'ai rien dit.»

Oui car non seulement les vetements etaient pas tellement... jolis mais ils etaient en plus tres hors de prix pour ce que c'était. Ben avait le choix: soit il se resignait a en acheter un au depend de son porte-monnaie soit il ressortait affronter le froid avec les quelques tissus qu'il avait sur lui et qui ne le protegeait en rien de la morsure du vent de dehors.

Pendant ce temps, Selen et Hendrix faisaient connaissance avec le reste du groupe. Cependant la maniere dont ils abordaient tous les trois le sujet sur les mutants et leur pouvoir respectif surprit un peu Léon. Auraient-ils oublié qu'ils étaient dans une boutique, surveillé par un vendeur suspicieux? Apparemment oui, car ils parlaient ouvertement de leur pouvoir et ne prenait meme pas la peine de baisser le volume.

Léon décida d'interrompre la conversation avant qu'un client ou pire, le vendeur lui meme, ne captent quelques mots qu'ils n'étaient pas sensés avoir entendu et se mettent a faire un scandale public.

«On parlera de ca dehors, mais pitié pas ici et pas aussi fort! Tout le monde n'apprécie pas et ne tolere pas ce que nous sommes alors evitons d'attirer les projecteurs sur nous.»

Quelques mois auparavant, Léon aurait eu le meme comportement que les jeunes qu'il avait devant ses yeux mais l'attaque de l'Institut le mois dernier avait changé quelque peu son regard sur la population non mutante.
Il avait toujours le désir de cohabiter avec elle, mais desormais il était plus conscient que son souhait ne faisait pas l'unanimité dans l'autre camp. Léon a donc developpé au fur et a mesure une certaine mefiance envers la population. Enfin... pas vraiment une mefiance, mais plutot une barriere entre eux.

Léon pensa tout de meme que pour ne pas attirer davantage l'attention sur eux, il se devait de repondre a la question posée par Selen. Question qui en elle meme ne revelait rien de ce qu'ils étaient ni ou ils vivaient.

«Moi je suis arrivé il y a quelques mois deja, juillet ou aout je sais plus trop. J'ai donc eu plus de temps pour m'habituer a la vie ici que vous, mais vous verrez on s'y fait vite.»

Dans cette ambiance originalement colorée, le groupe se réchauffait en attendant la décision de Ben. Ce dernier hésitait entre plusieurs tons de kaki. La nuance était subtile mais à en croire Selen, Ben était photographe. Inutile de dire alors que ce dernier avait repéré la tinte bleutée provençale d’un pull kaki se trouvant devant lui. Outre ces énormes étalages de linges pour militaires, le magasin offrait très peu d’autres articles. D’ordinaire, sur les comptoirs, on pouvait contempler des articles, faits divers, achats négligeables. Mais ici, rien ! Le comptoir était d’un brun foncé, sûrement en bois massif, et supportait à lui seul les deux coudes du vendeur venu se réassoir. Il reprit son journal et se replongea dans ses lectures. Hendrix, qui avait attendu qu'il s'éloigne un peu s'exclama :

« Boh tu sais, chacun à ses petits talents. Le froid n’a jamais eu envie de me geler sur place. Je dois dire que cela ne me dérange pas le moins du monde ! »

Un bref sourire de la part d’Hendrix avant de reprendre :

« Parler aux animaux ! C’est sympa. Moi je dois t’avouer que… »

En pleine discussion le jeune homme se fit interrompre par Léon. Ce dernier avait raison. Il était plus sage de ne pas rester gravé dans les mémoires pour ce genre de propos. Et oui, Hendrix avait déjà expérimenté le problème mutant anti-mutant. Heureusement, cet épisode de vie était derrière maintenant et semblait rester enfuit dans la mémoire d’Hendrix.

Faisant les cents pas à attendre que Ben veuille bien choisir un pull, Hendrix écoutait étroitement la discussion entre Selen et Léon. Visiblement, les deux mutants ne semblaient pas se connaître mutuellement. Hendrix en arriva donc à la conclusion que Selen devait être assez nouveau également. Ca le rassurait un peu. Il n’arrivait pas comme un cheveux dans la soupe.
Mais il restait une question en suspens. Ben avait dévoilé quelque peu le pouvoir de Selen, mais ne l’avait pas précisé.

*Voyeur ? Ce qui voudrait logiquement dire qu’il voit à travers tout. Ou du moins, cela à un rapport avec la vision. Sinon je ne comprends pas la feinte.*

« Bon Ben, tu te décides? Si je reste trop, le changement de température avec dehors va ma rendre malade. »

Voulant développer un argument scientifique, Hendrix se retint bien vite. Il allait sûrement encore plus plomber l’ambiance. Mais malgré ça, il pensait ce qu’il disait. Il lui arrive souvent de chopper un microbe même en été. Tout ça, parce que les températures n’étaient pas les mêmes dehors que dedans. Pour ça, Hendrix avait un système immunitaire tordu. Cela dit, les autres ne semblaient pas du tout troublés le moins du monde par ce problème. Prévoyant le coup de la non-envie de quitter les lieux des trois autres garçons, Hendrix enchaina sur un sujet qu'il adorait :

« Mais sinon, à part la photographie, il y a un autre truc que tu aimes ? Comme la musique ? »

Fredonnant intérieurement un air d'un groupe prit totalement au hasard, il se rendit compte qu'il n'était vraiment pas doué pour faire connaissance et entretenir une conversation. Si il y avait bien un domaine où il se sentait peu confiant, c'est la dedans.

"Et oh, arrêtez de me presser hein ! C'est super dur à prendre comme décision !"

Sourire tordu en coin, ce qui équivalait chez lui à une grimace moqueuse, le garçon cessa vite d'essayer de faire un choix logique pour appliquer la plus vieille technique du monde dans l'achat de vêtements, bien connue des personnes qui comme lui n'étaient pas de grands fans du shopping : le hasard. Sa main tomba donc sur le pull aux vagues reflets bleutés qui se trouvait devant lui. Mais oui, ça irait très bien. De toute façon, il pouvait porter de tout sans trop de problèmes.

Le jeune homme se gratta la nuque et adressa une grimace à l'asiatique qui avait de nouveau attiré l'attention du vendeur :

"Bof, y a des priorités dans la vie, ma survie à ce sale temps passe avant mon compte en banque ... Même s'il va sacrèment faire la gueule. Dès les fêtes passées je cherche du boulot t'façon."

Il ne prêta pas attention aux recommandations de Léon. Il était assez grand pour savoir qu'il fallait mieux éviter de se faire repérer, même s'il n'avait jamais eu de problèmes directement liés à sa personne, il avait assisté aux déboires d'autres. Tss. Pourquoi le chinois croyait-il qu'il avait baissé de ton à un moment ? Pour tester leur niveau d'audition ._. ?

"J'me dépêche, j'me dépêche ! Tu tombes malade quand t'as au chaud toi oO ? Bizarre ._. ..."

Le photographe jeta un coup d'oeil aux cabines d'essayage puis se ravisa, ce truc avait l'air à sa taille, peut-être un peu grand mais il ne comptait rien enlever pour le mettre alors ça serait parfait. Se dirigeant vers la caisse alors que les trois autres bavardaient de leur ancienneté dans l'Institut, il tendit au vendeur son achat avec un sourire qui en disait long. L'homme lui annonça un prix exhorbitant qui ne fit même pas sourciller Ben, lui qui se faisait un point d'honneur à ennuyer ce trop ennuyeux monsieur jusqu'au bout.

"Nan ça va aller pas d'sac, l'arrêta-t-il encore en le voyant sortir du bout des doigts une enveloppe de plastique, c'est pour consommer sur place !"

A regret, il sortit sa carte de crédit et tapa son code avec une moue désolée pour son compte en banque. C'était à ce prix qu'il ne se transformerait pas en glaçon. Quand enfin il revint vers les garçons, il leur sourit :

"Glaçon-man n'est plus !"

Retirant sa veste en jean, il passa le pull au dessus de celui trop fin qu'il portait déjà, puis la remit par dessus.

"Je me sens ... oignon ._.. Prêt à réaffronter la tempête ^^ ?"

Il jeta un coup d'oeil à Selen, à côté de Léon, et lui adressa un sourire malicieux. Non pas de nouvelles piques sur son pouvoir, mais il ne fallait pas espérer un silence trop long de la part du jeune homme. D'ailleurs s'il avait la décence de ne pas recommencer à plaisanter tout de suite, ça ne l'empêchait pas de discuter et il se tourna vers Hendrix tandis qu'il ouvrait la porte pour la tenir aux autres :

"Sûr ! Qui n'aime pas la musique ! Enfin, je suis pas fin mélomane ... je sais même pas en jouer ... Mais il paraît que j'ai le sens du rythme, c'est toujours ça de pris Pourquoi, tu t'y connais ^-^ ?"

Les trois mutants sortis, il les suivit en fermant la porte derrière lui, adressant un au revoir jovial au vendeur. Le vent soufflait toujours autant dehors et il avait toujours froid ... Mais moins. Tandis qu'il se félicitait intérieurement d'avoir pris un pull trop long, ce qui lui permit de rentrer les mains dans les manches sans difficultés, il regarda tour à tour les trois jeunes hommes :

"Vous vouliez aller où alors ? Trouver des costumes, c'est ça ?"

Selen était pressé de quitter cet endroit. D’abords, le propriétaire ne semblait pas apprécier outre mesures les trublions qui sévissaient chez lui, et ensuite, Léon, même si selon lui il exagérait un peu, avait raison. Les gens peuvent être assez étranges et surtout violents quand ils soupçonnent que des mutants se trouvent pas loin. En plus avec le temps qu’il fait, il serait peut être même capable de dire que c’était leur faute !

"Oui ça doit être génial de parler aux animaux, dommage que son humour vaseux en soit un effet secondaire."

Dit Selen avec un large sourire forcé mais pas du tout énervé.

"Oui, ça serait pas mal qu’on sorte vite d’ici, j’ai comme l’impression que nous ne sommes pas vraiment les bienvenus."

Il aurait bien eu envie de répondre à la place de Ben pour la question d’Hendrix en disant que l’humour était sa seconde passion, mais cela aurait certainement fait trop acharné. Pourtant la réplique de Ben n’aurait fait que confirmer ses dires. Celui-ci acheta finalement un pull après moult exclamations et s’oignonisa pour son plus grand bonheur et celui de ses comparses.

"J’adore ton nouveau look … T’as de la chance, toi au moins tu risques pas de finir dans la salade de quelqu’un. À moins que …"

À l’humour, quand on en est prisonnier on s’y enlise de plus en plus, et pas toujours pour le meilleur. Les quatre jeunes gens sortirent finalement du magasin, renouant finalement avec leur froid chéri. Selen s’emmitoufla comme un pingouin dans son manteau. Il regrettait déjà le chauffage centralisé du magasin de lambeaux verdâtres mais de nouvelles et trépidantes, et refroidissant aussi, l’attendaient.

"Oui c’est ça. Léon si tu connais un magasin c’est le moment ou jamais. Au pire on peut toujours aller au centre commercial. On est sur d’y trouver ce qu’on cherche. Par contre c’est pas la porte à côté. Personnellement je vote donc pour suivre Léon."

Le pauvre Léon. Il n’avait peut être aucune idée de l’endroit où allé, mais Selen voulait à tout prix éviter de s’attarder dans ce froid mortel et d’y perdre son temps en réflexion. Pensant qu’il aurait sûrement besoin de soutient dans sa démarche, il chercha à s’accaparer le soutient des autres.

"Qu’en pensez vous Hendrix et Ben ? Personnellement, je n'ai pas envie d'arriver en retard à la soirée !"

«Sache que les gens classes sont toujours en retard aux soirées. C'est pour se faire desirer... Mais avoue plutot que tu ne sais pas où l'on peut trouver des costumes dans cette ville hein?»

Léon affichait un grand sourire plein de malice. Magasin de costume? Il ne savait strictement pas où il pouvait y en avoir. L'idée du centre commercial parut bonne: dans ces centaines de commerces, il devait bien y avoir au moins une boutique qui vendaient de quoi se deguiser pour une soirée.

«Ok, on va faire un tour au centre commercial. De toute facon, y'a pas d'autres meilleures idées, non?»

Sitot dit, sitot fait, Léon entama la marche en direction du fabuleux centre commercial chauffé de Boston. En marche, il tournait de temps en temps la tete vers ses compagnons pour voir s'ils le suivaient toujours. Manquerait plus qu'il y en ait un qui se perde...

«Maintenant que nous sommes a l'exterieur, vous pouvez discuter librement de vos pouvoirs et autres sujets mutants. J'ai peut-etre l'air trop sur mes gardes, mais on va dire que le mois passé et ses evenements m'ont appris beaucoup de choses.»

Le jeune homme faisait bien sur reference a l'attaque des sentinelles, ainsi qu'au discours anti-mutant qu'avait lancé le Cercle. C'était un de ces mois qu'on aurait bien du plaisir a effacer de sa mémoire mais qui malheureusement restait gravé malgré soi.

Il était donc temps pour Léon de remettre les choses au clair:

«Donc Ben, tu peux parler aux animaux, Hendrix toi, tu manipules le feu et Selen a un pouvoir de voyeur... ca veut dire quoi? Que tu peux deshabiller les gens du regard? Si c'est ca, je te conseille d'eviter de me prendre comme cobaye ou ca pourrait mal finir.»

Léon s'en rendait lui meme compte qu'aujourd'hui, son humeur était assez mauvaise et ses remarques incisives. Mais c'était bien malgré lui, il avait beau y mettre toute sa bonne volonté, mais il ne pouvait s'empecher de finir ses phrases par un commentaire cassant.
Bon, c'etait vrai que d'ordinaire c'était pareil, mais c'était seulement pour blaguer alors qu'aujoud'hui, on aurait vraiment dit qu'il était énervé alors que ce n'était pas vraiment le cas...

*Saleté de temps!*

Décidant de prevenir ses compagnons de sortie, et pour egalement eviter de se les mettre a dos, Léon profita d'un moment de lucidité et de bonne humeur de sa part pour leur en parler:

«Désolé si je peux vous paraitre blessant ou vexant. On va dire que le temps joue un role dessus et euh quelque chose d'autre aussi mais je sais pas quoi. Normalement, je suis le plus joyeux des fanfarons: demandez a Hendrix vous verrez donc prenez pas mon mauvais caractere d'aujourd'hui comme etant le mien. Allez maintenant direction le centre commercial!»

Léon marcha d'un pas vif et rapide pour accelerer la circulation sanguine de son corps et ainsi eviter de congeler sur place. Dieu qu'il faisait froid aujourd'hui!

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Centre Commercial]

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