Tous à la fête ! ... [Privé et hors temps exceptionnel]

Angela était en visio-conférence dans sa suite d'hôtel, avec son bras droit en Europe, Jullian Wellington. Cryptée, la conférence, bien entendu.

"-Avez-vous reçu vos colis, Angie ?
-Oui, merci, Jul. Où en est l'arrivée de Cassandra à Boston ?
-Elle est prévue pour dans deux jours. En secrétaire exceptionnelle, elle a déjà trouvé une maison et des locaux pour vous.
-Parfait. J'attends Cassis avec impatience. Et pour notre nouvel ami ?
-C'est confirmé. Il est clean. Vous l'avez contacté ?
-Oui. Par message sur son portable. Relayé maintes fois. Nous nous retrouvons dans une heure. Et je vais être en retard si je continue...Souhaitez-moi bonne chance, Jul !
-Je pense que c'est toujours risqué...
-Oui, oui, j'ai compris. Mais la vie serai tellement moins drôle sans un minimum de prise de risque. Allez à plus tard, Jullian !
-A plus tard, Angie!"

Les colis étaient sur son lit, étalés. Ses armes. Elle avait revêtu une moulante combinaison noire, par-dessus laquelle elle passa son harnais. Elle mit deux cuissardes qui contenaient sur les côtés, deux lames de 25 cm. Elle ajusta une large cartouchière, qui contenait des chargeurs, de multiples capsules de produits pharmaceutiques et autres poisons, et dans le dos deux sacoches, l'une pour les systèmes de sécurité mécaniques et l'autre pour les systèmes électroniques et informatiques. Elle passa par-dessus ses épaules deux armes. Elle enfila un grand manteau noir souple. Puis elle finit par enfiler deux sortes de gants. La mains droite portait une petite arbalète qu'elle pouvait relier à son harnais. A gauche, une autre arbalète, celle-ci destinée à recevoir les capsules. Elles les recouvrit de sorte de mitaines sombres Elle fixa enfin, deux poignards à l'intérieur de ses avant-bras.

Elle regarda son petit organizer dans sa poche. Elle avait rendez-vous à la fête foraine, près de la Grande Roue, avec un jeune mutant qu'elle devait embaucher, à 21 hOO pile. Elle devait se dépêcher car elle voulait y être une demi-heure avant pour préparer le terrain.

La nuit était tombée sur Boston. Dans une ruelle, une berline grise d'une vingtaine d'année roulaient lentement et finit par s'arrêter dans un coin où la lumière des lampadaires de l'éclairait pas.
Au volant, un jeune homme, le visage innexpressif marqué d'une large cicatrice, le regard dur, se préparait.

Si tout se passait comme il le pensait, il n'aurait pas besoin de protection spéciale. Il avait donc troquée son armure de combat pour un pantalon et un sous pul noir. On l'avait contacté pour un braquage assez lucratif et Yossuah prenait ce job très au sérieux. Dans moins d'une heure, il devrait rencontrer son commanditaire, surement une sale geule de vieux mafieux verreux...

Il coupa alors le contact et termina de se préparer. Il enfila deux gants en cuir ainsi que les lunettes noires de la confrérie, dotées de capacitées étonnantes. Enfin, il ne prit comme arme que ses deux habituels desert eagle maintes et maintes fois améliorées auquels il fixa des silencieux. Yoss accrocha alors sa ceinture à laquelle pendait les armes et la dissimula sous une veste noire.

Avec le sentiment jouissif de paraître pour un psychopate, le mutant redémarra le véhicule et reprit sa route en direction du point de rendez-vous.

Angela arriva une demi-heure avant près de la Grande Roue. Elle avait déjà pris contact avec le forain qui la dirigeait, et contre une somme rondelette, il avait accepté de fermer les yeux sur les évènements de ce soir. Du moins, si il n'y avait pas de blessé. Angela s'y était engagée. Dans le cas contraire, son contact pouvait aller jouer ailleurs. Elle avait besoin de spécialiste, pas de boucher.

Hors, si elle en croyait le dossier qui lui été parvenu, cela collerai...
KIEMY Yossuah...17 ans...Membre de la Confrérie...Pouvoir de phaser et de voler....Avait permis à Marcus de sortir d'une situation particulièrement difficile...
Il semblait plus que compétent pour le petit exercice qu'elle envisageait. Restait à tester la maîtrise de ses émotions...

Angela accéda donc sans difficulté au panneau de contrôle de la Roue. Elle y plaça un petit boitier qu'elle relia grâce à ses outils pour les systèmes électroniques.

"Parfait..."murmura-t-elle

Puis elle calibra son organizer sur la fréquence du boîtier. Petite merveille de technologie, son organizer était un visiocom et un ordinateur complet, bref tout ce que l'on pouvait désirer, tout ça tenant dans une poche. Il était en réseau avec Securitech Europe. Non pas inviolable, rien ne l'étant, mais très difficile d'accès même pour les meilleurs.
Elle referma le boitier de contrôle et fit signe au forain que tout allait bien. Il connaissait les consignes. Il se mit aux commandes. Angela, quant à elle, s'adossa à la grille, bras croisés sur son manteau fermé, et attendit de voir apparaitre le jeune homme dont elle avait eu la photo...
Machinalement, elle scanna la foule tant aux rayons X qu'en vision thermique, vérifiant au passage qu'elle n'était pas sous surveillance... Force de l'habitude....
Il était inutile que Monsieur Kiemy essaie de la surprendre. Au premier regard, elle saurait l'équipement qu'il portait, ainsi que son niveau de stress...

Trois kilomètres séparaient encore Yossuah de son commanditaire. Bien évidemment, ce dernier poserait sa methode et ses conditions mais Yossuah ne serait en aucun cas sa marionette. Il gara alors sa voiture dans un parking banal et poursuivi à pied.
Le jeune homme s'engouffra à la station Wellington et descendit une station plus loin. D'une démarche naturelle, le mutant se dirigea vers les toilettes qui donnaient en dessous de la fête foraine. Un léger sourire sur son visage, il fit craquer un à un les os de son cou et phasa. Il s'éleva alors lentement, traversant les couches de béton qui recouvraient les soutterains de Boston jusqu'à ce qu'il se retrouve au coeur de la fête.

Serein, imperturbable, le jeune homme aperçu une jeune femme de dos qui semblait chercher quelqu'un. Si c'était cela son contact, il n'aurait au moins pas fait le déplacement pour rien. Décidant de rester le plus professionel possible, il la contourna et s'approcha d'elle dans son champ de vision. Une belle femme, la trentaine mais toujours sexy. Sans souriere pour autant Yoss tendit sa main vers elle.

"Bonsoir..." lâcha-t-il d'une voix glaciale.

Toujours aussi calme, Angela vit arriver le jeune homme. Ce qu'elle avait remarqué concernant les jeunes mutants, c'est cette assurance qu'ils avaient que rien ne saurait les surprendre davantage, au vu de ce qu'ils avaient déjà vécu.
Si on faisait les comptes, les survivants de la première génération, celle du Professeur Xavier et de Magnéto, se dénombraient sur les doigts d'une main. La seconde, celle de Malicia et Marcus dont Angela faisait partie, il ne fallait pas être un génie des maths pour pouvoir estimer l'hécatombe aux deux tiers au minimum. Alors, à moins que Malicia mène sa mission à bien, on pouvait déjà prendre la nouvelle génération, la diviser par deux dans les 5 prochaines années, et encore par deux les 5 suivantes. L'espérance humaine tournait aujourd'hui aux environs de 90 ans, mais celle des mutants frôlait les 25 ans à tout casser ! Et Angela avait déjà passé la moyenne, ce qui était un exploit, sutout après les purges et les traques.
Devant elle, ce magnifique jeune prétentieux se présentait à elle : même race, même job, mais 10 ans d'expérience les séparait. Dans une branche d'activité qui ne tolérait pas l'à peu-près, c'était plus qu'honorable.
Non qu'elle n'appréciait pas. Au contraire, croire en soi sauverait certainement un jour le beau brun. Mais Angela ne pouvait s'empêcher de sourire, légèrement, devant une telle attitude. Et par-dessus tout, ce qui lui plaisait, c' était la façon que les jeunes hommes avaient de vouloir se donner des airs de bad boys, avec le regard de tueur et le sourire de glace pour renforcer leur crédibilité.
Tout au plus, Yoss en ressortait plus séduisant. Mais pour ce qui concernait l'assurance de ses performances criminelles, Angela se contenterait des faits. Rien d'autre. Il serait testé et surveillé, comme Impact qui pourtant avait déjà une solide expérience. Mais Angela n'emmènerait pas avec elle sur le terrain, des malades qui la poignarderaient la première fois qu'elle tournerait le dos. Elle devait s'assurer de leurs capacités et de leur motivation avant toute chose. Pouvoirs et argent étaient la combinaison.
En attendant, elle prit note de son armement, puis passa en infra-ouge. Tout être vivant a une signature thermique propre qu'Angela avait appris à lire comme une langue étrangère. D'aussi loin qu'elle le verrait, elle le reconnaitrait. Mais à l'instant, son pouvoir lui permettait d'évaluer son stress. Angela était un vrai détecteur de mensonge sur pieds.

"Bonsoir" répondit-elle avec un magnifique sourire.

Elle désigna une nacelle, la 10. Puis tandis que le jeune homme s'installait, elle lança dans son dos un regard au forain. Les nacelles 9 et 11 étaient vides. Elle ne brisa le silence que lorque la Roue se mit à bouger.

"Monsieur Kiemy, à partir de combien vous estimez un contrat comme important ? 100, 200 000 $?"

De toute évidence, l'interlocuteur de yossuah avait l'air bien sûre d'elle, sûrement à raison. Mais bien que cette charmante inconnue cachait certainement un nombre important de chose au jeune mutant, celui-ci lui accorda temporairement sa confiance.
Mais quelque chose commençait à être désagréable dans la façon qu'Angela avait de le dévisager. Sans rien laisser paraître de ses interrogations, le jeune homme la suivit dans la nacelle où il s'installa face à elle.

Avec ses airs de vrp innocente, Yossuah sentait déjà qu'elle avait sur lui une certaine emprise, un degré d'autorité naturel que lui-même ne pouvait guère contester. Mais il s'agissait là d'un contrat assez spécial et il se devait de se hisser à son niveau.
Vint alors la question inévitable à laquelle Yossuah s'attendait. Mais au lieu d'un sourire satisfait, le visage de Yossuah se referma un peu plus.
Même si cette demande ne le surprenait pas, il ne pouvait s'empêcher d'être indigné que l'on puisse croire que l'argent était sa seule motivation ! Il avait tout ce dont il avait besoin, un toit, de le nourriture... non maintenant c'était pour sa propre destinée qu'il luttait.

Il leva alors les yeux vers Angela et finit par lâcher d'une voix calme :

"Si je fait ce job ce n'est pas pour l'argent, mademoiselle. La seule chose que je désire est de m'améliorer, et ce genre de défi est parfait pour...diminuer encore ma marge d'erreur. J'y ai déjà laissé mon visage, je ne me permet plus d'échouer.
Considérez qu'une somme avoisinant celles-ci me suffira comme garantie."

Angela ne put s'empêcher de rire de bon coeur.

"Mon cher monsieur Kiemy, vous êtes adorable. Et ne vous vexez pas, je ne me moque pas de vous, c'est un compliment ! Prenez-le tant que vous pouvez en recevoir de tels encore un peu...Pour vos vieux jours...(elle redevient sérieuse mais son regard doré pétille toujours) Mais je vous en prie, à l'avenir et avec d'autres employeurs, prenez soin de garder votre grandeur d'âme pour vous et rassurez-les en fixant un prix d'entrée de jeu. L'argent, monsieur Kiemy est le seul échange idéologique de la profession.
Mais je comprends ce que vous cherchez. Vous allez avoir l'occasion de progresser à vitesse grand V. Je cherche une personne discrète, efficace et capable de s'adapter calmement à toute situation. Les pouvoirs sont une chose, mais la tête et le sang-froid sont des compléments indispensables. Et vous allez me dire que vous avez ces qualités, bien sûr...Mais je suis comme Saint Thomas, monsieur Kiemy...Vous avez 10 mn pour rejoindre en toute discrétion le 462 Huntington Avenue où je vous attendrai..."

Et pendant qu'elle finissait sa phrase, Angela actionna le mécanisme de la Roue qui s'arrêta pile en haut. Angela passa son grappin sur le côté de la nacelle et l'accrocha à son harnais, désormais visible sous le manteau ouvert.
Et avant que Yoss n'ait le temps de réagir, elle passa par-dessus la nacelle saluant d'un clin d'oeil Yoss, et se laissa glisser en rappel. A 1O m au-dessus du sol, elle actionna le grappin qui se détacha, et sans le moindre bruit, comme atterissant sur un nuage, elle arriva saine et sauve sur terre, droite comme un i. Elle courut immédiatement vers l'ombre la plus proche, disparaissant à la vue du jeune homme.

Mais dans l'ombre, Angela observait Yoss. Elle avait actionner un chronomètre et la caméra de son organizer. Elle passa en rayon X pour ne rien manquer de la performance du jeune homme, passant les nacelles en métal.
Pour la discrétion, cela être difficile maintenant qu'Angela avait fait son numéro. Yoss devrait improviser pour disparaître au plus vite sans pouvoir être identifié par la foule des ahuris...

Yossuah reçu les conseils d'Angela et considéra qu'ils n'étaient finalement pas si mauvais. Mais, lorsque la jeune femme lança son petit défi au jeune homme, celui ci ne pu s'empêcher de lâcher un petit rire.

"Charmante !" fit-il pour lui même avant de remettre ses lunettes noires. D'une simple pression, le mutant activa la vision nocturne et analysa rapidement la situation. Il était seul en haut d'une grande roue et son hote venait d'attirer l'attention sur sa position.
20 secondes, c'était le temps qu'il se donnait pour disparaître d'ici. Un léger sourire sur le coin des lèvres, le mutant sortit de sa nacelle et grimpa sur le montant supérieur de l'appareil. Il n'avait pas le choix, il devait utiliser son pouvoir rapidement et efficacement.

Disparaitre sur un toit, l'idéal, mais le premier immeuble qui se présentait se trouvait à une bonne cinquantaine de mètre de lui, deux fois trop loin pour lui.

* A moins que...* Plus l'idée lui paraissait folle, plus Yossuah se décidait d'y aller. Sa montre lui indiquait que 12 secondes s'étaient déjà écoulées. A mi-chemin entre sa cible et lui, se donnait en spectacle une sorte d'araignée métallique gigantesque qui faisait tourner autour de son socle trois bras articulés à une vitesse folle. Yoss analysa, repéra, enregistra la cadence et s'élança.
Le mutant fut alors arraché au sol, comme aimanté par le point qu'il s'était fixé. La synchronisation fut parfaite et alors qu'une nacelle du manège voisin semblait lui foncer dessus, Yossuah prit de toutes ses forces appui sur celle-ci pour bondir une deuxième fois jusqu'à sa cible principale.

Dissimulé dans l'ombre du toit, Yossuah jeta un regard sur sa montre. 19 secondes. Peux mieux faire ! Se doutant fortement qu'il ai été observé, le jeune homme jeta un dernier regard vers la fête apparement troublée par ce léger incident, et reparti de plus belle.
462 Huntington Avenue. La tour serait facile à repérer ! Surtout, ne pas s'épuiser avant l'opération. Le jeune homme parcouru donc une bonne centaine de mètre depuis les toits avant de retomber dans une rue banale.

Evitant ainsi tout soupçon, le jeune homme emprunta un vélo de la ville de manière parfaitement légale et s'élança à travers les ruelles, les escaliers et les racourcis, retrouvant alors les sensations fortes qu'il avaient eu par le passé. Il serait là-bas en dix minutes, c'était évident, avec le culot d'avoir un peu d'avance !

Dans l'ombre, Angela appréciait la manoeuvre : audace, technique et réflexion. Elle avait trouvé un de ses mercenaires comme elle les aimait. Kiemy n'en faisait pas trop et ce qu'il faisait était judicieux. Un peu risqué, mais au vu de ce qu'Angela lui avait préparé, il valait mieux que le jeune homme ait les tripes accrochées.

"Joli..." murmura-t-elle en souriant.

Elle envoya les images filmées à SecuriTech Europe. Elles y seraient stockées dans dans leur base de données sur les mutants. Leur trésor de guerre. Ce qui faisait la différence entre SecuriTech et une simple agence de sécurité.

Puis, la jeune femme se retira silencieusement. Elle retrouva sur la route un colosse peu avenant au volant d'un bolide dernier cri.

"-On y va, Martin."

Un grognement servit de réponse. Puis Martin prit la route, conduisant vite, très vite et toute en souplesse. Il se garèrent plus haut que le rendez-vous, dans une impasse. Angela redescendit la rue seule. Elle était sur le trottoir opposé, quand elle repéra la signature thermique du beau brun. Il avait été plus rapide.

"Parfait ! Au moins, il sait tenir un timing ! Mise à part la technique, il n'y rien à lui enseigner."

Elle siffla, et fit signe avec son index droit au jeune homme de la rejoindre. Elle commença sa route et longea le trottoir jusqu'au 465 Huntington Avenue.
Quand Yoss arriva à sa hauteur, elle fit un geste du menton vers le bâtiment : le Museum of Fine Arts. Magnifique musée des Beaux Arts du XIX ° siècle, abritant une des plus belles collections de la planète...

"Le contrat est de 5 000 000 $. 70/30. Pas de négociation. Je vous amène tout : les plans, les codes et le matériel, sur ma part.
Donc il reste 1 500 000 $ pour vous. Mais vous vouliez apprendre et il n'y a qu'une manière. Vous devenez Chef d'équipe : c'est-à-dire que vous recrutez un autre membre sous votre responsabilité. Vous le payer sur votre commission. A vous de négocier le pourcentage, mais je ne veux pas en entendre parler. Une fois les termes financiers établis, on ne revient pas dessus.
Pour ma part, j'ai le chauffeur : je le connais pour avoir déjà travailler avec lui. Mais il manquera une personne. A vous de voir. En cas de problème, c'est vous qui éliminerez la personne dont vous êtes garant, et si elle disparaît moi je vous élimine.
A ce tarif, Monsieur Kiemy, les résultats ne sont pas facultatifs. Si vous acceptez, vous avez 3 jours pour votre recrutement. Ensuite, nous disparaissons tous les 4 pour 2 semaines, le temps de nous entraîner. Aucun contact extérieur ne sera permis.
Vous pouvez encore refuser. Mais si vous acceptez, vous serez sous surveillance immédiatement. Au premier faux-pas pendant que vous êtes encore à l'extérieur, au moindre doute même, vous serez éliminé et tous ceux à qui vous avez parlé aussi.
Quant aux détails, vous n'en aurait évidemment, que lorsque nous serons isolés.
A vous de voir Monsieur Kiemy..."

Yossuah regarda, avec une certaine satisfaction, Angela arriver après lui. Il la rejoignit et la jeune femme posa ses conditions qu'il jugea honnêtes et sûres. Lorsqu'elle parla de problèmes éventuelles et des garanties qu'elle demandait, Yoss répliqua d'un ton ferme :
"Il n'y aura pas de problème."

Yossuah prit alors quelques secondes afin d'être sûr de sa décision. Il n'avait rien à perdre, tout à gagner. Son coéquipîer, il le prendrait à la confrérie et ne lésinerait pas sur les performances requises. Il finit alors par répondre, le doute définitivement chassé de son esprit :
"Comptez sur moi."

Son regard fixa alors impassiblement celui de sa commanditaire. Sans rien en montrer, il voulait à son tour savoir si la confiance qu'il placait en elle pouvait être une valeure sûre.. mais ce n'était ni le lieu, ni le moment.

Angela s'arrêta devant le jeune homme et le regard droit dans les yeux :

"Il y a toujours des problèmes, Monsieur Kiemy. Une action de cette envergure, c'est une discipline militaire pour mettre au point un plan au millimètre. Et malgrès tout, il y aura des problèmes. Des plans nickels,ça arrive, mais ils sont trop rares pour en faire une généralité.
Et non, je ne suis pas généreuse. Je ne vous accorde aucune faveur. Je peux vous assurée que lorsque vous serez à l'intérieur de ce monstre (elle désigne le musée), vous justifierez votre paie.
Vous pensez peut-être que je suis dure, mais il n'en est rien : j'ai simplement plus à perdre que vous. Dans la mesure du possible, je resterai à vos côtés et je vous aiderai. Mais il va falloir être attentif, Monsieur Kiemy. La collaboration doit être solide. Je ne vous demande pas de devenir mon ami, mais un lien. De la solidité de ce lien dépendra notre réussite ou notre échec.
Restez concentré, faites marcher votre tête et les dégâts seront limités. Je vous contacte dans 3 jours pour vous donnez le point de rendez-vous, je passe vous prendre et nous disparaissons aux yeux du monde.
Une dernière chose : choisissez bien votre recrue. Choisissez-la comme je vous ai choisi : capable de sang-froid, de cogiter vite et de s'adapter. Discrète aussi. Et bien sûr, honnête ...autant qu'un voleur puisse l'être. Pas de "je-tire-sur-tout-ce-qui-bouge-parce-que-je-sais-pas-aligner-deux-idées". Enfin, c'est juste un conseil...Après tout c'est votre fric, et votre vie.
Bonne nuit, Monsieur Kiemy !"

Angela s'éloigna vers la voiture. Si Yoss avait pu voir son visage, il aurait vu un petit sourire. Angela aimait bien ce garçon, un bon feeling passé entre eux, et si cela s'avérait vrai, c'était le début d'une longue collaboration.
Elle s'assit dans la voiture près de Martin. Il ne démarra pas de suite, attendant de voir les mouvements de la rue. Angela la scannait et lui donnerai le feu vert.

"-Alors ? demanda Martin
-C'est bon.
-Il a relevé?
-Penses-tu ! Il est trop jeune. Il ne connait pas le marché de l'art. De toute façon, ce qui l'intéresse c'est de voir ce dont il est capable.
-C'est pas une tête brûlée au moins ?
-Non. Il est resté calme. Il me plaît, Martin. Vraiment. C'est exactement ce que l'on cherchait.
-Alors c'est OK pour moi aussi. Et pour la prépa ?
-Il n'a aucune expérience. Mais tant mieux. Au moins il balisera pas. Il est sous surveillance ?
-Ouaip.
-Parfait. J'ai menacé de l'abattre et tout le reste en cas de pépin.
-Il t'a cru ?
-Bien sûr. Ca faisait pro et je peux être une vraie méchante quand je veux..., elle se tourne vers son chauffeur et lui fait un clin d'oeil, malicieuse."

Angela regardait la rue en réfléchissant. Elle n'avait pas menti à Yoss, mais elle n'avait pas dit toute la vérité non plus. Elle avait besoin qu'il reste spontané, sur le qui-vive, un vrai dangereux potentiel. Il aurait pu tiquer sur le prix, en-dessous de la moyenne au vu de ce qu'ils visaient. Mais il n'avait pas de notion des prix de l'art et n'avait pas relevé. De toute façon, il s'en foutait vu qu'il cherchait autre chose dans ce marché. Et ça, elle se chargerait de lui enseigner, comme convenu.
Autre point qui n'avait pas choqué le jeune homme. Il fallait en moyenne le double de temps pour préparer un casse dans ce genre de musée. Et encore le triple pour une banque. Mais l'audit avait lieu dans trois semaines, donc il fallait agir d'ici là. L'entraînement allait être dur et intense. Un travail de 18 heures par jour en moyenne.
Angela pouvait pas se manquer ! Mais c'était ça qui l'excitait dans son job. Son cerveau avait déjà commencé à fonctionner à 100 à l'heure, son sang bouillait à travers son corps.
Si ils réussissaient, Angela aurait un coup mémorable à son palmarès et Yoss se taillerait une réputation solide. Réussir, c'était pour eux deux essentiel à cet instant de leurs existences !

Angela fit signe à Martin de démarrer.

Yossuah écouta attentivement tout ce qu'Angela lui dit. Elle était sage et disciplinée.. peut-être un peu parano ! Mais elle avait au moins ce que Yossuah jugeait nécessaire pour travailler, c'était tout ce qu'il demandait, et apparement elle aussi. Elle avait son respect et sa confiance, cela était une chose établie, mais elle lui cachait encore beaucoup de chose... c'était une évidence !

Puis la jeune femme remonta dans son véhicule qui démarra, laissant Yossuah seul avec ses idées qui se bousculaient dans son esprit. Une fois Angela disparue de son champ de vision, il appuya délicatement sur le rebord supérieur de ses lunettes noires. Une lueur bleue s'alluma et le contact s'établie avec la Confrérie.

"Nelson, ici yoss. Il y a une capture IR dans mes lunettes. Transférez et comparez avec la base de donnée de Marcus. Je veux le dossier le plus détaillé possible pour ce soir.
Merci beaucoup"

La lumière s'éteignit et un léger sourire se dessina sur les lèvres du jeune mutant. Il ne donnerait pas sa vie à une inconnue, quelqu'en soit le prix ! Il saurait avant tout de quoi il en retournait ! Mais en attendant, il lui fallait reprendre contacte avec sa future équipière... si celle-ci ne s'était pas fait prendre en plein cambriolage !
Yossuah rejoignit alors le premier feu rouge et frappa le premier motar arrêté. Il prit rapidement le contrôle du véhicule et disparut à son tour dans les rues de Boston.

Angela avait fait suivre comme promis Yoss. Il n’y avait que dans l’enceinte de la Confrérie, qu’il était vraiment hors de portée. Mais elle ne s’inquiétait pas trop. Elle avait pris contact de la même manière, par liaison sécurisée, lui donnant rendez-vous 3 jours après. Il avait visiblement porté son choix sur une jeune fille douée pour ces situations, Jessica Jonhson. Marcus savait quand même s’entourer ! Le choix était judicieux de la part de Yoss, et Angela se félicitait de l’avoir pris dans l’équipe. Juger un homme selon ses actes, oui, mais ses jugements c’était pas mal, non plus…Logiquement, les dossiers des délinquants mineurs étaient confidentiels, mais bon, avec un peu de persévérance et beaucoup d’argent, les solutions se trouvaient. Et SecuriTech avaient les deux…

Martin et elle, prirent une voiture aux vitres teintées et à l’immatriculation falsifiée, comme ses papiers. Ils se dirigèrent vers le point de rendez-vous, où les deux jeunes gens montèrent à l’arrière. Martin conduisait souplement et allait maintenant vers Chinatown. La voiture entra directement dans un hangar d’environ 150 m² au sol et haut de 2 étages. La porte se referma sur la voiture. Angela sortit la première et fonça vers un centre de contrôle informatique. Elle entra des codes. A partir de cet instant, ils étaient invisibles aux yeux du monde, plus de contact phonique, visuelle, sécuritaire sans que le système sonne le tocsin. Tranquilles, ils pouvaient aborder la mission. Personne ne sortirait d’ici pendant 15 jours, tout étant prévu pour cette situation.

Quand la lumière s’alluma, la hangar se révéla : sans fenêtre, le rez-de-chaussée comprenait les quartiers provisoires de l’équipe. La voiture, un coin pour les conférences et le centre informatique, un autre pour les lits et commodités diverses, un coin pour le bricolage du matériel et au fond, un étrange caisson.

Des escaliers menaient au premier étage, en mezzanine, où se trouvait la reproduction parfaite de la salle de musée convoitée, et le second étage, dans les combles représentait aussi une salle de musée.

Angela enleva son manteau, le posa sur une chaise, et attendit debout que les autres viennent s’asseoir en face d’elle. Martin se dirigea vers elle, marmonnant un « briefing » à l’intention des jeunes mutants et s’assit.

Quand tous furent installés, Angela mit en marche la projection avec le portable devant elle. L’équipe suivrait ses dires en fonction des images holographiques projetées.

« Bonjour à tous, et bienvenue !

D’abord les présentations : Moi, c’est Angela, voici Martin, et Yoss, et Jessica. Le reste viendra en temps et en heure, nous avons 15 jours à passer ensemble ! L’emploi du temps est serré, donc on attaque immédiatement !

« « D’où venons-nous ? Que sommes-nous ? Où allons-nous ? », dit-elle malicieusement …Non, ce n’est pas une question philosophique en l’occurrence, mais notre objectif…[ http://www.mfa.org/visit/index.asp?key=9] Paul Gauguin, 1897-1898, huile sur toile de 139.1 x 374.6 cm, arrivée le 16 avril 1936 dans la collection Tompkins et installée dans la Sydney et Esther Rabb Gallery du Museum of Fine Arts, 465, Huntington Avenue, face à la Northeastern University [http://fr.wikipedia.org/wiki/D%27o%C3%B9_venons-nous%3F_Que_sommes-nous%3F_O%C3%B9_allons-nous%3F]. »

Angela laissa le temps aux plus jeunes de prendre conscience de l’enjeu que représentait le vol d’une telle toile de maître, tant par le fait de s’opposer à un système de sécurité complexe, que par la taille même de l’objet.

« Comme tous les musées du monde, la sécurité se répartit en trois types d’alarmes :

Alarme incendie :

Ø Détecteurs de fumée et chaleur

Ø Détection de l’ouverture des portes de secours

Alarme anti-intrusion :

Ø Protège les accès vers l’extérieur, portes et fenêtres

Ø Commandée par les passes magnétiques et les codes du personnel

Alarme vol :

Ø Surveillance humaine :

Ø 2 gardes armés en ronde toutes les 20 mn, reliés par vidéo-émetteurs au Poste de Sécurité qui gère aussi l’Unité de Gestion Informatique.

Ø Le Poste de Sécurité est relié à la Station Centrale de Télésurveillance, par un transmetteur téléphonique directement connecté aux systèmes d’alarmes. Liaison sécurisée par une surveillance permanente de la ligne grâce au programme TRANSVEIL, mis en place par l’opérateur téléphonique.

Ø La Station Centrale de Télésurveillance (type P3, soit 3 gardes en intervention directe en cas de déclenchement des alarmes) a 3 niveaux de confirmation du déclenchement des alarmes : un, contacter le personnel d’astreinte pour confirmation des codes de sécurité, deux, écoute des microphones installés sur le site, et trois, confirmation visuelle par le réseau de vidéosurveillance.

Ø Intervention soit des 3 gardes de sécurité, armés et avec chien, de la Station Centrale de Télésurveillance, soit des forces publiques (police).

Ø Protection mécanique :

Fixations renforcées des tableaux

Ø Détection de proximité :

Capte de faibles rayonnements électromagnétiques

Boitier autonome + antenne dissimulée au dos de l’œuvre (Modèle SNOOPER 2030)

Ø Détection d’approche :

Bouclier infra-rouge actif : barrière invisible de 1 cm sur 10 m, derrière un cordon de sécurité

Détecteur dans la partie supérieure du mur (Modèle AIR type 2030)

Ø Détection d’enlèvement :

Détecteur (boîtier pile + alarme sonore + radio) sensible aux vibrations

Fixé avec vis au dos du tableau, dans un angle intérieur (Modèle R MASTER SYSTAL 2030)

Les antennes de réception sont dans la salle, reliées par câble à l’unité de gestion informatique du Poste de Sécurité du Musée, ET à la Centrale d’Alarme

Ø Détection de suspension :

Capte les vibrations au niveau du tableau

Détecteur sur le câblage, relié au rail en haut d’une cimaise, connecté à la Centrale d’Alarme (Modèle BN 2030 CERBERUS)

Ø Détection de passage :

Signature magnétique (Modèle SENSORMATIC 2030)

Derrière le tableau, sonne aux portiques de sécurité

Ø Vidéosurveillance active :

Installation classique complétée par un équipement électronique sensible aux mouvements (et en contrepartie au x variations de lumière !) (Modèle VIDEOSENSOR DVMD 2030 GYR) »

Il s’agissait d’une présentation sommaire, puisque l’atelier en face servirait justement à comprendre et maîtriser ce matériel. Mais cela commençait à donner l’allure de la difficulté. Si certains avaient encore des doutes…

[size=12]« Voici le plan :[/size]

Depuis trois jours, le cuisinier de la Galleria Caffé est atteint d’une mauvaise gastro (son sourire commence à s’étirer dangereusement), et il a du se faire remplacer au pied levé. Heureusement, un Chef au chômage passait par là, avec des références à faire pâlir le Crillon et répondant aux exigences de la Sécurité du musée (elle désigne Martin, et son sourire devient carnassier). Il lui fut attribué provisoirement les commandes des cuisines, ainsi qu’un pass de sécurité et les codes de l’entrée du personnel.

Comme nous ne sommes pas au cinéma, il n’y que deux solutions : ou on entre facilement et la difficulté est de sortir, ou l’inverse. Il faut profiter du changement de mode de sécurité du musée de « jour » à « nuit », ou le contraire. Je n’ai jamais compris les scénarios qui affrontaient les systèmes de sécurité sur les deux fronts ! La nuit est aux machines, inutile d’en rajouter ! On choisit la première solution.

Le restaurant ferme à 21 h 00, Martin partira à 21 h 30. Il s’occupe de nous faire entrer discrètement par l’entrée du service du personnel. Direction les frigos, où nous attendrons la fermeture du musée à 22 h 00 et le passage de la première ronde. A partir de cet instant, on a 20 mn aller-retour pour faire notre affaire et sortir. Martin va installer une fermeture électronique sur la porte des frigos avec horloge, et nous porterons des combinaisons et lunettes conçus par la NASA elle-même afin de supporter le froid.

La première étape est la lower Galleria, qui ne recèle pas d’œuvres donc n’est pas sous alarme.

Quelques marches mènent à la Foster Gallery. Et là, les difficultés commencent. Elle accueille les expositions temporaires. Donc, sécurité maximale. On n’approche les tableaux sous aucun prétexte. Mais il reste le système de vidéosurveillance.

Jessica, Yoss : vous utiliserez vos capacités d’acrobates pour installer des caméras en dérivation sur les principales. Il faut un premier enregistrement de 15 secondes qui sera ensuite reliées à toutes les autres caméras secondaires de la pièce. Tout ça en silence, évidemment, la communication se fera par les signes militaires standart.

Et là, on arrive au cœur du problème : la Rabb Gallery.

Yoss : il faut en premier lieu neutraliser la détection d’enlèvement. Pour ça, tu traverses ici le mur, et te retouves dans le local technique : il te faut poser en dérivation, un boîtier de contrôle informatique et électronique, qui sera relié par ondes à l’ordinateur de Martin, qui s’occupera d’isoler la Centrale de Surveillance.

Ensuite, il faut rendre la Centrale sourde et aveugle. Pour cela, rebelote : Jessica et Yoss vous vous occuper de la vidéo. Moi, je repère et neutralise les microphones, selon le même principe que les caméras, à savoir un réseau secondaire enregistré sur 15 secondes de silence absolu.

On s’attaque enfin au tableau. Je placerai à mi-chemin entre le tableau et l’antenne de détection de proximité, une antenne-relais qui se substituera aux signaux initiaux. Viendra ensuite le bouclier infra-rouge : c’est ma spécialité justement ! Vous verrez !

Yoss, tu t’occuperas ensuite de la détection d’enlèvement, en phasant le boîtier, attention sans aucune vibration.

Il faut ensuite s’occuper de la détection de suspension : Yoss, tu installeras un boîtier-relais que Martin contôlera, tandis que toi, Jessica, tu substitueras le câblage d’origine. Tout ça en coordination.

Ensuite, tous les trois on s’occupe des fixations et on descend le tableau.

Je localiserai ensuite la signature magnétique et la neutraliserai avec un stylo de lecture inversé.

Finalement, nous retirons la toile de son cadre proprement et la rouleau pour qu’elle loge dans ce tube.

Reste à sortir : on repasse par la Foster Gallery, puis direction la sortie du personnel où il ne nous restera qu’à utiliser le pass et code de Martin.

Martin, qui de la voiture, nous communiquera tout arrivée non programmée, et bluffera la Centrale.

Tout ça en 20 mn chrono. Et dans le silence le plus complet. »

Alors là, il y eut 5 bonnes minutes de silence. Même Martin, qui connaissait pourtant Angela, lançait un regard du style "Tu plaisantes, dis ?". Non, non, elle ne plaisantait pas.

Assise sur un bureau, elle avait laissé l'image holographique des plans de la gallerie, pour que inconsciemment elle se grave dans la mémoire des participants.

"Des points que vous souhaitez changer au scénario ? Des questions avant de commencer l'entraînement ?"

Il y a quelques mois de cela, dans la même situation, Yossuah aurait explosé d'un rire moqueur avant de quitter les lieux. Mais là situation actuelle était bien différente.
Le jeune homme était bien callé dans son fauteuil, le regard imperturbable fixé sur Angela et ses explications. Certes la tâche qui les attendaient dépassait ce à quoi il s'était préparé ! Mais qu'importe, il était là pour le défi, pas pour la parade.

Lorsque la mutante eut terminé son briefing, Yossuah baissa les yeux vers le sol et réfléchit longuement. Les extrémités de ses doigts se joignaient dans un mouvement répétitif par lequel il semblait battre la mesure de ses propres pensées. Après quelques minute de réflexions lourdes de conséquences il releva les yeux vers sa future équipière et se contenta de dire d'une voix monotone :

"C'est parfait..."

Invité

Jessica n'en croyait pas ses yeux. Les yeux rivée sur Angela, la bouche entrouverte, la jeune mutante en était restée bouche-bée. Elle finit par lâcher quelques secondes plus tard :

"Cette meuf est folle..."

L'expression d'effarement marquée sur son visage se transforma alors en une colère sans retenue auprès de Yoss à qui elle lança un regard assassin.

" Toi, ne me demande plus rien ! "

Jessica resta ainsi pendant plusieurs minutes à ruminer en jetant toute sa colère sur Yoss en énumérant un nombre surprenant d'insulte différentes. Lorsqu'elle eut terminé, la jeune femme reprit son souffle et se tourna vers Angela. Elle lâcha alors d'une voix faible :

" Je marche... "

Elle le regretterais sûrement, elle le savait déjà, mais c'était Yoss et non le défi qui la motivait ici. Elle n'avait rien à gagner et tout à perdre, mais qu'importe, elle irait.

Non, Angela n’était pas folle. Le plan était carré et raisonné. Mais elle sourit discrètement à cette allusion de Jessica. En fait, les gens étaient souvent décontenancés car Angela avait développé une certaine dualité : au travail, elle était sérieuse et plutôt froide, et en dehors tellement plus exubérante. Quoique ces derniers temps la jeune femme ait perdue pas mal de sa superbe…

Elle ne releva pas, même si en son for intérieur elle se demandait si Yoss avait suffisamment testé la motivation de sa partenaire. Il n’était dans les goûts d’Angela de s’emporter de la sorte : quand elle intégrait une équipe, jamais elle n’affichait ses désaccords aux yeux des autres, tout au plus en aparté avec le boss. Mais bon, c’était peut-être le genre de la nouvelle génération…

Par contre, son regard doré ne lâcha pas Yoss d’une seconde. De lui dépendait la réussite ou l’échec de cette opération. L’équipe était composée de deux parties : Yoss et Jessica, et Martin et elle-même. Le pivot était le couple Yoss/Angela. Si ils ne tenaient pas ensemble, alors l’équipe imploserait.

Mais il semblait avoir compris qu’Angela remplissait sa part du marché en lui apportant ce qu’il cherchait : l’expérience. Toutes les salles de combats du monde apportent réflexes et discipline. Mais seule l’expérience permet d’accéder à la maîtrise et la connaissance de soi. Et ce casse était une occasion en or pour faire le point sur les capacités des participants.

Le risque pour Angela était celui de toute association : la confiance. Que Yoss la trahisse, et il aurait une femme avide de vengeance à ses basques pour le restant de ses jours ! Et aucune arme n’est efficace contre ce genre de fléau !

Mais dans le cas contraire…Boston avait du souci à se faire, car cela serait le début d’une relation fructueuse à plus d’un niveau ! Elle avait toujours eu une vision très personnelle de la légalité, et dès son arrivée à Boston, son esprit avait envisagé les possibilités d’une telle ville. Ils étaient assis sur une montagne de fric, et avec un peu de travail et d’organisation…

En temps normal, jamais elle n’aurait fait appel à lui pour ce genre de chose. Elle lui aurait préféré un de ses habitués, et en tout cas, pas un mutant. Elle ne leur faisait pas confiance après quelques déboires. Les mutants qui se destinaient au mercenariat, avaient la fâcheuse habitude de vous délester de votre fric en vous laissant les emmerdes.

Mais depuis qu’elle était à Boston, Yoss était le second mutant à qui elle donnait l’occasion de collaborer avec elle. Mais Impact et Angela parlait le même langage : Angela arrivait à comprendre le « fonctionnement » de la sombre mutante. Et en plus, elle avait le sens de la fête !

Mais Yoss, c’était autre chose : Angela savait ce qu’il voulait, mais pas quel était le but final. Il lui manquait des éléments pour le comprendre. Elle agissait avec lui plus à l’instinct que par réelle alchimie. Pas encore, du moins.

« Alors c’est parti ! »

Angela ne ménagea pas ses efforts pendant les deux semaines suivantes. Mais elle n’exigeait rien de ses équipiers, qu’elle ne s’imposait à elle-même. Elle dormait 4 à 5 heures en 24 heures. Mais ils auraient le temps de se reposer après le casse. Et les moyens.

Ils alternaient les exercices physiques, les simulations du casse, et la mise au point du matériel. Ce dernier point étant plutôt l’apanage de Martin. Ce dernier était sombre et ne parlait qu’à Angela. Ils semblaient se connaître depuis longtemps. Martin ne semblait avoir besoin d’aucune autre compagnie. Par contre, Angela était sociable et n’hésitait pas à plaisanter avec les deux jeunes mutants.

Le plus éprouvant était sans conteste l’épreuve du caisson au fond du hangar. Il s’agissait d’un frigo pour s’entraîner à la première partie du plan. Hors, aucun des mutants n’avaient de quoi supporter sans broncher le froid et l’immobilisme. Heureusement qu’Angela avait réussi à se procurer les combinaisons et les lunettes mises au point pour l’espace. Cependant l’entraînement était indispensable.

À ce rythme, les esprits s’échauffèrent mais elle ne toléra aucune baisse de régime. Elle avait l’habitude de ce genre de période de préparation intense et y prenait même du plaisir. Mais elle comprenait qu’une telle rigueur ne soit pas du goût de tous. Mais qu’y avait-il de plus intéressant pourtant qu’un plan bien mené et réussi ?

Beaucoup de choses durent être vérifiées, aménagées…Jusqu’au soir tant préparé.

Ils portaient les combinaisons noires isothermes. Mais les blousons par-dessus leur permettaient pour l’instant de passer pour de simples civils. Dans le coffre de la voiture, 4 sacs à dos de matériel : chacun le sien pour chaque action déterminée.

Celui de Martin attendrait dans la voiture son propriétaire. Pour l’instant, ce dernier jouait les cuistots.

Quant aux trois autres mutants, ils étaient garés sur le parking de l’université. Angela vérifia sa montre, qui avait synchronisée avec celles des membres de l’équipe, puis vérifia le système de communication qui servirait en cas d’alerte.

Angela lança un dernier regard à Yoss et Jessica, puis tourna la clef de contact.

Il était 21 h 23.

» Temps
» Le temps unique.
» Le temps de quelques minutes ...