Course poursuite dans les rues de Boston

Boston.
Après midi chaude et ensoleillé.

Dans une rue assez sordide, un homme court le plus vite possible. Dans sa main droite, un flûte. Il porte une casquette rouge fixé sur ses yeux et ses larges vêtements flottent dans le vent qu'il crée dans sa course.

Derrière lui, un groupe d'homme armé le poursuit. Ils hurlent son surnom et lui ordonne de s'arrêter, en vain.

Mais revenons quelques minutes plus avant pour comprendre un peu.


Sur un banc, dans un parc, Kleacim joue de son instrument préféré. Ses doigts virevoltent sur les trous et un air mélodieux se fait entendre.
Voila déjà un mois qu'il s'est évadé de son hôpital. Il est arrivé à Boston sans un sou. Son trajet lui est totalement flou : trop heureux d'avoir sa liberté, il est allé là où il avait envi ; le plus souvent tout droit.

Non loin de là, les pneus d'une voiture noire s'arrêtent. Deux hommes vêtus de blouses blanches s'approchent. L'un tient dans sa main un bâton au bout duquel se tiennent deux électrodes. Ils avancent d'un pas décidé.

L'Elf, malgré ses grandes oreilles, n'entend rien. Sa musique le fait vivre dans sa bulle.
Mais une voix se met à résonner dans sa tête.

*Ne bouge surtout pas si tu veux qu'on t'attrape facilement. Reste calme.*

La musique s'arrête. Les yeux de Kleacim s'emplissent de frayeur. L'attraper ! Hors de question.

"Je ne veux pas la voix ! Je ne veux pas être attrapé ! Je veux être libre !"

Puis, sans attendre, il part en courant.

Kleacim va droit devant lui. Il traverse le parc à grandes enjambées.

Derrière lui, les deux hommes pestent.

"Tu aurais pu faire moins de bruit ; par ta faute, il nous a entendu ..."
"Mais j'ai rien fait ..."
"Cours lui après et moi je vais tenter de le stopper avec la voiture."

Les deux hommes se séparent. Les pneus de la voiture crissent et le véhicule démarre en trombe.

Klea le fou est maintenant de l'autre coté du parc. A ses trousses, un des hommes en blouse blanche peinant devant un tel effort.
Il prend la direction d'une rue marchande et tente de s'échapper en slalomant entre les personnes.

Dans ses yeux, la peur de revoir cette cellule blanche éclairée nuit et jour. Même ses paroles sont empreintes d'une peur sans nom.

"Je ne veux pas ! Pas la cellule blanche ! Pas les piqûres ... Non pas les piqûres ... Les voix, aidez moi ..."

Mais rien. Pas un mot. Il est seul.

Kleacim continue sa course, bousculant les passants. Il jette de temps à autre un regard apeuré derrière lui.

*Je vous en supplie les voix ! Venez à mon aide*

Toujours le vide.

Puis Klea le fou arrête sa course. Devant lui, la voiture noire avec l'homme en blouse blanche, secondé par deux hommes costaux armés.

"Ne bouge plus et rend toi gentiment. Tu n'es pas à ta place ici, l'Elf."

*Allez ne fait pas d'histoire. Ta cellule t'attend. Et on doit te soigner*

Kleacim secoue la tête fortement. Il la prend à deux mains.

"Je ne veux pas aller là-bas. Et je ne suis pas malade. Les voix sont mes amis."

Sa tête penche légèrement à droite. Une rue s'offre à sa vue. Il s'y engouffre.

"Je veux être libre."

Puis il lève la tête légèrement vers le ciel.

"Et toi la mauvaise voix, je ne veux plus te parler !"

Les hommes en blouses n'ont pu bouger devant ce départ impromptu.

"Il s'est encore échappé. Cours lui après avec ces deux là. S'il le faut, tirez lui dessus mais ne le tuer pas. On a besoin de l'étudier."
"Pourquoi c'est toujours moi qui cours ?"
"Parce que je suis ton supérieur ! Alors obéis !"

Et la course poursuite reprend de plus belle.

Kleacim regarde sans cesse derrière lui. Il sait que de sa course déprendra son futur.
Mais pour une fois, il est le seul maître de ce futur qu'il n'avait jamais pu toucher auparavant.

Les rues traversées se font de plus en plus sales, sordides et délabrées. De temps à autres, des personnes peu recommandables font leur apparition et Klea le fou manque de peu de les renverser.

Il doit s'échapper, fuir, se cacher. Mais où ? Question cruciale mais sans réponse.

"Les voix, aidez moi je vous en supplie ! Je ne veux pas retourner là-bas ..."

Sa voix ne finit pas la phrase. L'Elf est abattu et souhaite que tout cela se finisse.

*A droite se trouve un entrepôt rempli de caisses. Je pourrais y mettre mes armes*

Enfin ! Les voix donnaient une indication précise et salvatrice.
Le mutant courut du plus vite qu'il put. Ses poursuivants le perdirent de vue alors qu'il tournait vers sa cachette.

Le bâtiment était grand. Des caisses de toutes sortes avaient été placées là. Une cache formidable pour un individu en fuite.
Kleacim alla se tapir derrière une haute et lourde caisse en bois.

Les hommes à sa poursuite arrivèrent peu de temps après. Celui qui portait la blouse blanche se tenait la tête.

"Où peut-il bien se cacher ? Cet enfoiré a encore réussit à se sauver. Fouillez moi ça ! Il faut le retrouver à tout prix."
"Mais m'sieur, ça va nous prendre des jours entiers. Il nous faudrait être plus nombreux. Et votre gars sera sûrement plus là ..."

Une main s'écrasa sur sa figure, lui empêchant de finir sa phrase.

"Nous devons le trouver ! Alors cherchez !"

Kleacim ouvrit une des caisses proches et s'y enferma.
Pendant que les sbires des hommes en blouses fouillaient l'entrepôt, il sombra dans un lourd sommeil.

Il fut introuvable et ses poursuivants se retirèrent.
Cette fois-ci, il ne serait pas repris. Mais les voix étaient restées trop longtemps muettes et cette absence pesait comme un poids sur le coeur du mutant.

Le lendemain, l'entrepot était dans un calme relatif. Les poursuivants de Kleacim avait disparu, pour le moment.
Le mutant sortit de sa cachette et continua sa route dans les rues de Boston.

Plusieurs questions se bousculaient dans sa tête.

*Pourquoi les voix m'abandonne-t-elle quand j'ai besoin d'elle ? Pourqoi veut-on que j'aille dans cette cellule ? ...*

Mais les réponses ne venaient pas. Il était seul face à une interrogation dont il ne pourrait jamais obtenir la réponse seul.
Ses pas allaient où bon leur semblait. Les hommes en blouses blanches ne firent pas leur apparition de la matinée.

Klea le fou ne cessait de tenter de perser le mystère qui l'entourait. Rien le l'arréta si ce n'est son ventre pour lui dire qu'il devait se restaurer.
Il piqua des fruits qui se trouvaient sur un étalage et s'en fut les manger dans un coin plus propice à la réflexion. Un parc fut l'endroit réver.

Mais toujours, les questions revenaient.
Kleacim repartit donc et marcha jusqu'à sortir de la ville.

devant l'Institut Xavier