Prend ses repères

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Aprés avoir depassé la marmaille, auquelle s'était vite joint un chat chafouin, Ludwig s'était retrouvé seul dans le grand batiment desert. En cette fin de dimanche, c'était peut être normal, mais...Il était quand même entré facilement, pour un parfait inconnu qu'il était. Et s'il était en fait membre de la confrerie? L'idée le faisait sourire. Déjà qu'entrer à l'institut lui était un peu douloureux, mais alors à la confrerie, ou les esprits étaient plus obtus que jamais, non merci.

Il avait aisement trouvé l'infirmerie, guidé quelques instants par une enieme copie d'edouard apparement assez preoccupée, et non prompt à la discussion. Un joli pansement tres fin, comme une seconde peau, ornait maintenant sa joue. Il le palpa du doigt, un peu amusé, continuant sa marche tranquille.

Bien. Trouver son nouveau logement, parler à la directrice aussi peut être? Ca ne l'interessait guere...La demarche lente, Ludwig errait à travers le batiment, pas vraiment perdu ni egaré, pas vraiment géné, juste un peu curieux.

Après avoir quitté le hall de sa démarche guillerette, Liliane déambula dans les couloirs, à la recherche illusoire d'un panneau indicateur lui montrant la direction de sa chambre.
Mais elle n'était pas du tout pressée, plutôt occupée à regarder par les fenêtres le beau parc dans lequel elle allait sans aucun doute passer des heures, plutôt que de rechercher activement l'endroit où elle ne passerait que ses nuits.

D'une manière générale, Liliane ne se souciait pas vraiment d'être discrète, les bruits de fonds étaient naturels (le silence total était plutôt dérangeant, ainsi que le brouhaha, elle ne demandait qu'un juste milieu), les talons de ses bottes claquaient donc sur le sol sans réelle douceur, heureusement la moquette amortissait la majorité du choc. Elle était néanmoins facilement repérable.
Ce qui n'était pas le cas du gentleman-au-physique-de-mannequin. Sa démarche aérienne ne faisait pas un bruit sur la moquette épaisse du couloir.

Le fait que Liliane ne regarde pas devant elle et n'entende que ses pas l'empêcha donc de réaliser qu'elle n'était plus seule dans le couloir. Ce n'est qu'en sentant une présence qu'elle tourna la tête pour découvrir le mannequin-au-comportement-de-gentleman juste devant elle. Elle cligna des yeux.

*Il n'était pas parti bien avant moi du Hall ? ... Soit, il s'est attardé quelque part, soit il est tout aussi perdu que moi.*

Elle lui sourit aimablement, se retenant de lui dire bonjour en se souvenant qu'elle l'avait déjà fait un peu plus tôt. Son regard s'attarda sur la joue du jeune homme et elle remarqua enfin le pansement... cela n'enlevait pas grand chose à son charme. -.-"

L'institut n'était pas fondamentalement immense, et Ludwig beneficiant d'un assez bon sens de l'orientation, il eu vite fait de se reperer plus ou moins. Par contre les chambres pas encore trouvées. Un bruit attira son attention, et il releva legerement la tête, pour appercevoir la jeune fille du hall, qui se dirigeait vers lui sans trop le voir. Elle ne sembla s'appercevoir de sa presence qu'une fois devant lui.

"Ca c'est calmé la bas ?"

Demanda t'il avec un sourire charmant. Il rejeta quelques mèches blondes en arriere, se penchant vers Liliane, la main courbé sur la poitrine dans un petit salut discret.

"Je me nomme Ludwig. J'ai rejoint cet endroit depuis peu. Tout comme vous ?"

Amusée par le salut galant de Ludwig, Liliane, un pied en arrière de l'autre, plia légèrement et rapidement les genoux, dans une ébauche très ébauchée de révérence.

"Edouard _le majordome_ a submergé les trois adolescents sous le nombre et ils sont partis sans trop de casse, si ce n'est peut-être pour leur amour propre." répondit-elle courtoisement à la question.

*Ludwig ? Ca sonne bien, j'aime bien. Dis donc faudrait que je vérifie le taux d'hormones qu'il dégage... ou alors c'est les miennes qui se détraquent... toujours est-il que : 'couché les hormones'.*

Ne restant rien transmettre de son débat interne, Liliane sourit tranquillement au jeune homme en répondant.

"Enchantée." dit-elle selon une vieille formule de politesse qui trouvait toute sa signification quand on s'adressait à un enchantement-pour-les-yeux-sur-pattes. "Je m'apelle Liliane, et je suis arrivée ce midi. Je suppose que nous cherchons tous deux les chambres..."

Ludwig hocha legerement la tête, aquiescant, son esprit analysant comme toujours, dans un coin, le lieu et la personne en face de lui. Elle semblait assez jeune, et assez innocente. C'était mignon, vraiment. Presque meprisable en fait. Etre encore ainsi à cet age la ne pouvait être que la preuve d'une vie droite et reglée, ayant suivis des preceptes tels que ne pas fauter, et toutes ces petits choses...Ce n'était pas ainsi que l'on obtenait un bon être humain songeait il. Mais alors comment sinon?

"Je vois...Au moins, l'endroit est animé"

Il n'accorda pas une pensée de plus aux 3 jeunes gens, qui ne lui semblaient d'aucun interêt.Il tourna legerement, regardant au dehors, avant de reporter son regard clair sur Liliane, impassible.

"Nouvelle également? Pour quelles raison avez vous rejoint cet institut?"

Il glissa derriere son oreille une longue mèche qui avait glissé.

Pourquoi ? Pourquoi ? ... La question a 10000 dollars, et aux nombreuses réponses... pas une seule ne pouvant expliquer ce choix à elle seule, mais réunies ensemble...
Elle avait longuement hésité, et même aujourd'hui, bien que vaquant tranquillement à ses occupations (en l'occurence la découverte des lieux) elle hésitait...
Cela se vit sûrement sur son visage, cette expression pensive, méditative, pesant le pour et le contre, et les pourquois, qui la faisait un peu plus vieille (ou en tout cas qui lui donnait son âge vu qu'avant on la prennait presque pour une adolescente... >>).

"Mon père a été tué par des mutants prônant la supériorité des êtres génétiquement 'évolués' lors d'un attentat en Italie, il y a plusieurs années de cela." expliqua-t-elle finalement, car après tout, cet événement avait été le déclencheur de tous ses doutes... "Je ne considère pas comme supérieurs des personnes tuant sans sentiments ou hésitations des êtres incapables de se défendre. C'est lâche, totalement... je n'ai pas vraiment de mot tellement c'est stupide, comme l'ont toujours été les Hommes. Ils ont toujours prôné leur supériorité au monde animal ou végétal, ils les tuent, et ils se condamnent... Les mutants sont pareils, simplement à un niveau au dessus en ce qui concerne les possibilités de destruction." Elle s'arrêta, réalisant brusquement qu'elle s'était laissée emporter. C'était normal, c'était toujours ainsi quand on la lançait sur le sujet...
Elle revint néanmoins à l'essentiel de la question : "C'est peut-être inutile... non, c'est inutile... mais je veux faire quelque chose pour que cela change, même si c'est infime... Parce que sinon je n'ai pas vraiment de raison de vivre... et sans raison de vivre, nous, stupides Humains, sommes spirituellement morts. Et parce que je préfère mourrir en essayant, que vivre en regardant le monde se dégrader de jour en jour sans rien faire, c'est déprimant"
Elle inspira pour finir dans une conclusion beaucoup plus claire que toutes ses divagations : "L'institut est un moyen d'arriver à mes fins, voilà pourquoi je suis ici."

Elle appuya son épaule et sa tête contre un mur près d'une fenêtre. Jusque là son regard était perdu dans le paysage verdoyant dehors, mais finalement, elle reposa son regard sur Ludwig pour terminer, renvoyant l'ascenceur:

"Et vous-même ?"

Elle sembla hesiter avant de repondre. Normal, c'était souvent comme cela. Expliquer une decision, alors que cela se fait plus au feeling que par la raison? Mais finalement, on trouve toujours une raison valable pour expliciter les choses.

Ludwig évouta patiemment le discours de la jeune femme. Un père tué par des mutants? Ce genre d'histoire devait aller à foison par ici...C'était donc de la vengeance ?Elle disait que c'était tout autre chose. Son discours lui semblait en fait assez embrouillé, un mélange d'utopisme et de denis de l'humanité assez classique et prononcé...Stupides humains? S'estimait elle assez pure et bonne pour pouvoir juger ainsi les autres? Elle ne l'était plus si sa bonté la rendait meprisante de ses semblables.
Et Ludwig alors? Il ne meprisait personne, il observait de loin, detaché. Il considerait tout de façon neutre.

"...Et bien, que d'images agressives..."

Ludwig eu un soupir infime. Il avait mal à la tête, et se serai volontier reposé. Neamoins, il n'allait pas fausser ainsi compagnie à la jeune femme. Il avait decidé de se forcer à frequenter plus de personnes, alors il le ferai, se mettant ainsi lui même au centre de ses reflexions.

" Moi? Simple envie de changer d'air, de frequenter d'autres personnes presentants des mutations..."

Repondit il, evasif.

Lililane écouta silencieusement les réponses de Ludwig, son regard dériva ensuite dehors sans vraiment se fixer sur quelque chose en particulier.

Ludwig, cet homme était un brin mystérieux, mais surtout, en faisant abstraction de l'aspect physique enchanteur du jeune homme, la mettait un peu mal à l'aise. Sa nonchalance et son détachement couvraient en réalité un traitement des données minutieux : tout ce qu'elle avait dit avait été enregistré et analysé pour donner une ébauche de sa personnalité, or quelque chose lui disait que ça n'était pas forcément flatteur.
Elle resta quelques instants silencieuse, méditant sur les paroles et les actions de Ludwig. Fréquenter des mutants... simplement pour établir des relations sociales ? elle en doutait fort.

*Observation, analyse, conclusion... aussi rigoureux qu'une étude de documents de biologie... avec la différence que ce sont les Hommes mis sous la loupe...*

Et après tout qu'importe ? Elle n'était pas parfaite, elle n'avait jamais prétendue l'être. La perfection n'est pas de ce monde. Heureusement ? malheureusement ? Qu'en savait-elle ? Que savait-elle de ce qui ce serait produit sur Terre si l'Humanité n'était pas apparue sur ? Rien...

Il était dur d'avoir raison avec Ludwig, mais ça ne la mettait plus mal à l'aise. Ce jugement qu'il semblait porter sur elle, tout le monde faisait ainsi ; son analyse était simplement plus poussée et objective, et donc sans doute plus réaliste. Mais elle n'y prêtait plus attention. Elle changerait de toute manière, elle savait qu'elle serait obligée de changer, d'abandonner ses illusions, ses idées toutes faites... Elle se voulait une personne raisonnable et mature... mais elle avait encore du chemin à faire, des leçons à apprendre. Et il fallait passer par une vie société, pour apprendre des autres, comme elle venait de le faire avec Ludwog.

*Finalement, tout ce que je lui ai raconté n'était qu'un tissu d'idées plus ou moins fausses.* se fit-elle la réflexion ironique. *Bah, c'est pas comme s'il m'avait beaucoup éclairé sur son cas non plus.

Toute sa réflexion n'avait pas duré longtemps mais peut-être assez pour ennuyer Ludwig, car à première vue, il n'avait qu'une hate : trouver sa chambre. Mais bien sûr, il était trop poli pour s'esquiver en vitesse.
Liliane lui sourit tranquillement, se décollant du mur contre lequel elle était appuyée. Elle lui offrit l'excuse pour qu'ils partent tout deux de leur côté :

"Finalement, ma chambre attendra, je vais continuer la visite des lieux. Au plaisir, de vous recroiser."

Elle s'éloigna tranquillement dans la direction d'où venait Ludwig. Sans se retourner elle lâcha un "Merci." Qu'il entende ou pas, qu'il comprenne ou pas, peu importe.

Salon

Ludwig apperçu differentes émotions passer dans les yeux de la jeune femme, avant qu'elle ne lui fausse subitement compagnie, partant visiter, le laissant seul de façon evidente. Ludwig eu un sourire amusé, il mettait les gens mal à l'aise lorsqu'il se comportait trop naturellement. Finalement cela vallait peut être mieux quand il était factice et recoltait confidences et rires des autres, y prenant part, mais jamais du fond du coeur, toujorus spectateur et observateur.

"...Je vous en prie"

Il n'entendit cependant pas le " merci" de la jeune femme, ayant déjà detournée son attention. Il se massa la tempe, un peu fatiguée, et repris son chemin vers le dortoir.

Suite : Chambre.