Un bon vieux scotch, et une petite pilule bleue...

[le hall]

Il avait erré dans les vastes couloirs de l'institut à la recherche de ce que Malicia avait appelé sa chambre. Sagamore se sentait à l'étroit dans ces couloirs pourtant large où les tapis moëlleux donnaient l'impression d'être dans un palace. Ses épaules puissantes frottaient contre les murs, bon dieu de radiations, les chercheurs avaient faits de lui un monstre plus terrible qu'il était avant.

Il ne regrettait pas d'avoir accepté l'offre de Malicia, d'une part, la femme lui avait fait forte impresssion, c'était pas le genre à donner sa parole en l'air. D'autre part, il sentait confusément qu'il n'était pas loin de la piste de Jade... En grimpant l'escalier, il avait remarqué le manège de la petite rouquine qui était arrivé après lui. Elle avait fait surgir dans son dos des ailes membraneuses... Il se sentait proche d'elle et il comprenait l'idéal de l'institut. Le monde rejetait les gens comme eux tot ou tard, on les utilisaient, puis, on les jetaient comme des vieux mouchoirs. Il préferait ne pas se poser trop de question, seul, il s'en était sorti, les guerres contre les mutants, tout ça... Il avait regardé de loin sans se soucier, mais, si, Jade était atteinte, comme eux, alors, le monde devrait changé et en attendant, l'institut proposait un compromis parfait, il fallait qu'il retrouve cette gosse.

Pris par ses pensées, il se rendit compte qu'il était devant la porte qu'il cherchait. tout au fond d'un couloir sombre, au premier étage, il n'y avait plus que deux portes, la première donnait sur l'extérieur et par un escalier, elle descendait aux garages. L'idéal pour quelqu'un comme Sagamore O'Neil. Il entra par la deuxième, jeta un coup d'oeil aux meubles et au reste, beurk, ca allait changer vite fait si il devait s'installer là pour un moment.

Son sac se résumait simplement, trois futal de cuir noir faits mains, quelques débardeurs, et un jeux de clé anglaises. Enfin, et surtout, il sortit la bouteille de scotch 20 ans d'age qu'il se réservait pour une telle occasion. Il siffla la bouteille à demi et la reposa sur la table de nuit. Ca faisait du bien, maintenant, il avait faim... Soudain, un éclair de lucidité, pour pas que le monde tremble et que les rêves se mélangent avec la réalité, une petite pilule bleue ! Cadeau des scientifique de l'armée, il fit passer ça avec une rasade de scotch, une moitié de moitié.... Puis, jetant, unr egard, au lit une place. Il marmonna.

" Pas question que je dorme la dedans. Je déborde ! "

Puis, il sortit.

[Direction les couloirs.]

[Arrive du Hall]

Sagamore souffla fort en entrant dans sa chambre. Il retira son blouson de cuir, fendu à l'épaule où une croûte de sang s'était coagulée. En tirant, il rouvrit la plaie sans se soucier de la douleur, tout juste une piqure d'insecte, pas de quoi fouetter un chat. Il ouvrit le scotch avec les dents, crachant le bouchon à l'autre bout du cafarnaum qui composait sa chambre. Puis, il en versa une rasade sur sa plaie avant de torcher la bouteille d'un sifflement apréciateur.

Il jeta le blouson dans un coin, il était foutu. Se jetant sur le futon, il ferma les yeux un instant. Mais, la tête lui tournait, il était trop près de sauver Jade. il croyait pouvoir sentir son souffle... Putain, la fille de Joe, servant d'esclave à une bande de petits pervers sans fois ni lois ! Il y avait de quoi s'échauffer. Il sentait que les vannes menaçaient de rompre.

Il se releva et saisit son tube de médocs. la morphine marchait de moins en moins bien, pourtant les tremblements convulsifs se calmèrent rapidement. Il se déshabilla, nu, on aurait crut une espèce de statue grecque, mais surdimentionnée. Aussi large que haut, les muscles débordaient chez lui par paquets incomprehensibles. Et ses bras véritablement monstrueux, épais comme des troncs d'arbre laissaient entrevoir un réseau de veines épaisses et bleutée. une force de la nature vraiment terrifiante. il se jeta sous sa douche comme on part à la bataille.

La douche avait calmé ses nerfs. il se sentait mieux, près à bouffer du lion pour sauver Jade. Les mutants qui l'avait enlevée, ils avaient l'air bien organisés. Le coréen et Karl avaient l'air convaincus qu'on ne passerait pas comme ça. Cela serait dure, voir très dure. Mais, Sagamore était pas du genre à s'en faire quand il fallait agir. Dans les jungles de Colombie, à New-York quand il montait des coups, personne n'avait réussi à lui faire mordre la poussière.

Il n'avait perdu le contrôle qu'une seule fois. Le jour ou Joe et Suzie avaient pris une balle tandis que lui Sagamore, protégeait Jade. La petite avait perdu ses deux parents le même jour, Sag était sa seule famille à présent. Il ne pouvait en vouloir à personne qu'à lui même de ce qui était arrivé. Les flics avaient faits leur boulot. Mais, le géant avec toute sa force n'avait pas réussi à protéger les trois seuls êtres qui comptaient pour lui.

Et aujourd'hui, la gosse vivait l'enfer, enchaînée comme une esclave. Des mutants utilisaient son pouvoir pour perpétrer leur crimes. Il n'était plus qu'à quelques heures de délivrer Jade... Il lui fallait une vraie équipe pour la sortir de là, un commando rapide et discret, habitué à bosser ensemble. hélas, il n'avait pas assez de temps pour ça. Il allait devoir faire avec ce qu'il trouverait, mais il se trouvait dans une école, bourrée de sales gosses tous juste sortis de l'enfance. Résigné, il se décida à battre le rappel des troupes. Y avait toujours Blackie... Splendide créature...

[Direction le Hall.]

[ salle à manger...]

Sagamore venait de quitter Racquel devant sa porte. La fatigue se révélait sur les traits du colosse. Il venait de vivre une de ces journées brutales où le sang et la mort avait envhis le décors. Pour sauver Jade... Cette discussion avec la femme féline et amnésique avait sorti Sag du tourbillon de violence et de mort. Pourtant, en retrait derrière ses orbites, la douleur sourde qui pulsait... Saloperies d'expériences militaires. Dire qu'il voulait venir en aide à une amnésique quand son cerveau ressemblait à une lame de fond qui menaçait de l'entraîner dans la folie.

Il s'endormit sur son lit, tout habillé. Fin de nuit peuplée de rêves qui versaient vers le cauchemard. En fond, une galerie de visages, des femmes, Almarita, la femme condamnée à vivre dans un corps d'enfant, Jade, visage émacié, Racquel et sa cicatrice... Des phrases sans suite qui viennent percuter le géant comme des coups de poings... Et puis, l'entrepot qui s'éffondreun charnier de cadavres... Et au sommet, Sagamore dressé, yeux rouges fulgurants, frénésie meurtrière...

Il se réveilla tard, vaseux... Pourtant, son corps de mutant portait tout juste les stygmates de la veille. il prit une bonne douche et le monde repartit.

L'eau sur le corps de pierre du géant eut l'effet bénéfique de le tirer de son brouillard. Mais, loin de l'avoir détendu, cette nuit fiévreuse lui laissait la migraine cartabinée dont il souffrait déjà. Dans sa tablette de nuit, il trouva son tube de comprimés bleus, foutus médicaments qui lui permettaient de tenir après les expériences de l'armées. Stabilité mentale ? tout juste.

Il étira sa grande carcasse, son visage buriné et mal rasé dans la glace. il hocha la tête, pas le jours de lui briser les meules ! Il avait pas mal de choses à faire. Et surtout, une rencontre qu'il avait reporté la veille mais qui ne pouvait plus attendre. Jade devait s'être réveillée à présent.

Sagamore regarda l'heure, midi, soit Racquel dormait encore, soit, elle errait dans les couloirs à la recherche de la cuisine. De toute façon, Le colosse voulait parler seul avec Jade. Il enfila un vieux jeans délavé, ses bottes à bout carré, et un vieux débardeur crasseux qui révélait les cicatrices et les marques de la nuit de bataille sur les docks de Boston. Puis, il sortit d'un pas ferme...

[Direction l'Infirmerie ]

(Salle des dangers )

Sag entra dans sa chambre. Il faillit s'éttoufer. Depuis dix jours qu'il était parti. il n'aurait jamais cru que quelqu'un oserait. Edouard avait rangé et nettoyé sa chambre. Dieux de dieux, quand il attraperait le vieux majordome !

Au moins, le colosse trouva immédiatement ce qu'il cherchait. il tronait sur le breau en formica, un ordinateur portable brillant comme un sous neuf. Faut dire que Sag s'en était jamais servi. Le géant n'était pas spécialement doué pour ses machines démoniaques et ses gros doigts n'étaient pas idéaux pour tapotter sur un clavier.

Il ouvrit l'appareil comme on fourre sa main dans un piège à loup, avec apréhension. A l'intérieur, un mot d'Edouard où était inscrits les principaux codes secrets qui perméttaient d'accéder aux fichiers mémoriels de Cérébro. Sag entra les codes.

Il pianotait comme un gendarmes avec les petits doigts pour ne pas faire des fautes de frappes. Les fichiers défilaient, tous les pensionnaires de l'Institut, leurs pouvoirs détaillés d'une façon hallucinante. Même sans télépathe, l'ordinateur du professeur Xaviers compulsait et mettait à jours les fichiers des habitants de l'Institut d'une manière fabuleuse.

Sag feuilleta cela une heure. Mais, la banque de donnée était si impressionnante et précise. Le géant avait les yeux qui lui faisaient mal et un mal de crâne à se frapper la tête contre les murs. Deux heures ! Depuis qu'il avait délivré Jade, les crises s'espaçaient. Mais aujourd'hui, elles semblaient revenir, comme si le fait de repartir en guerre réveillait le monstre en lui. Il grommella en attrappant une bouteille de scotche sur sa table de chevet, pleine. edouard avait aussi du bon.

Sag sortit son tube de pilules, bientôt vide. Il lui faudrait se réaprovisionner très vite. Il avait presque oublié ces derniers jours la sensation de la folie qui grimpait et le goût des métabloquants dans sa bouche, pouah. Il décida de s'octroyer une petite pause, sortir, se détendre. Malgré l'exitation des évènements qui se précipitaient, il avait envie de sentir au calme un moment. Se ressourcer.

Si, il se souvenait bien, il y avait ce petit salon d'hiver, une grande verrière au bord de la piscine. Avec un peu de bol, il n'y aurait personne.

( Direction : La piscine )

( Infirmerie)

Le géant avait mal partout, la baston de la gare lui restait en travers de la gorge. Tout tournait dans sa caboche douloureuse. Il fonça vers sa douche pourtant avec un sourire affamé. Il pensait malgré tout à son rencart avec Thorn.

nom de dieu, la demoiselle l'avait envouté. Sous la douche, l'eau apaisa les élancements de son corps. C'était bizarre d'avoir été soigné par la petite nouvelle, comme si il avait ses yeux et son corps n'étaient pas d'accord. Il aurait du avoir bien plus mal. Il mit du temps à s'habiller, courbatures et douleurs se mélangeaient. Et dans un coin de sa tête, continuait de tourner tant de choses : Les X-men, l'enlèvement de Malicia, La folie de Marcus et de ses Confréristes.

Tout se mélangeait, et jusqu'à Thorn, dont l'adorable visage le hantait. Cette petite française, il ne la connaissait que depuis quelques heures, mais leur étrange rencontre à la piscine avait fait chavirer le géant. il savait qu'il aurait du y aller à pas prudent. Mais, il se sentait étrangement de mieux en meiux. Surement sa constitution de brute, mais, il savait qu'il y avait autre chose. La môme Cybèle était un vrai tison ardent dans le bordel de son corps fatigué et de ses pensées.

Question habillage et préparation, Sagamore prenait rarement plus de dix minutes. il enfila un de ses éternels fut de cuir noir, un vieux pull en laine gris et attrapa son blouson. ainsi, fringué, il jeta un oeil au miroir. Mal rasé, tuméfié malgré les soins d'Alia, il se faisait le même effet que d'habitude, l'air d'un tueur en attente. Il sortit en haussant les épaules. Allez comprendre quelque chose aux femmes. Le vieil ours avait quand même du mal à arquer les jambes.

( Direction le hall )