La Fin

Banlieue de Boston, au bord d'une route peu fréquentée

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Tendu au maximum, Nathan tenait toujours son Desert Eagle, prêt à pointer et à tirer. C'était complètement surréaliste : il était au milieu de nulle part avec une star du rock qui prétendait être son frère... La situation le poussait presque à lui faire confiance tellement tout cela était fou. John paya le taxi, qui semblait pressé de repartir. Personne, en ayant entendu une telle conversation, n'aurait pu vouloir en savoir plus. Nathan se pencha par la vitre et lui "demanda" de faire un petit tour et de revenir dans dix minutes.

- Et maintenant ?

- Et maintenant, tu lâches ton arme.

S'il en avait eu le temps, Nathan aurait refusé. Mais John l'avait devancé, et en quelques mouvements qu'il lui fut impossible de prévoir, il lui prit l'arme. Et avec le sourire, en plus, salopard. Nathan fit mine de ne pas être surpris, mais ce qu'il y avait dans sa tête en disait long. Les rôles n'étaient pas inversés pour autant : la rivière coulait en bas, et le prétendu frère jeta le Desert Eagle à l'eau.

Nathan avala sa salive. Il faisait tout de même face à un mutant manifestement très puissant et l'intuition qu'il allait le tuer se faisait de plus en plus forte. Il retira sa veste.

- D'accord. Tu veux te battre à mains nues, c'est ça ? J'entraîne les petits Confréristes au combat. Si je te mets une pilée, tu me laisseras tranquille ?

- Ca n'arrivera pas.

Nathan essaya de frapper John au ventre ; la demi-seconde suivante, il embrassait le sol, avec une clé de bras dont il ne pouvait pas se défaire. Il cracha dans la poussière, se maudissant d'avoir... D'avoir quoi ? John avait tout fait. Rien n'aurait pu l'empêcher de se retrouver ici avec lui.

- Promets-moi de rester tranquille. Je m'en veux de te faire du mal comme ça, tu ne me facilites pas vraiment la tâche, Nathan. Maintenant laisse-moi gentiment entrer dans ton esprit et tu comprendras.

Nathan n'était pas décidé à le laisser faire. Pourtant il avait conscience de la force de son adversaire. S'il ne coopérait pas, il en pâtirait avant de mourir. Mais s'il coopérait, il serait une lavette.

- Je t'assure que tu n'as rien à craindre. Mais puisque tu sembles vouloir résister, Nath, je vais être obligé de te forcer. On a tous nos méthodes pour faire faire des choses aux gens... Je suis sûr que même toi tu le parfois fais avec répugnance.

Nathan poussa un long cri. Il sentait son esprit se distordre, se fondre, puis prendre la forme du moule dans lequel John le forçait à entrer. Il sentait aussi que cette intrusion ne lui laisserait pas de séquelles, mais comment en être sûr quand vos propres perceptions pouvaient être celles de quelqu'un d'autre ?

Au bout d'un moment, Nathan arrêta de crier. Et de penser.

Mort(e) Nombre de messages : 1579 Date d'inscription : 09/07/2005

Dans la tête de Nathan Bender, John Bender a écrit:: ___

Flashback : New York, 2011
Laboratoire de Recherche et Développement d'IBM
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John fut réveillé par une sensation de vide au fond de lui. C'était le milieu de la nuit, et tout le monde dormait autour de lui. Il recompta ses camarades chercheurs en herbe. Il y avait Peter, Warren... Manquait Nathan, son grand frère. Il avait douze ans, ce qui faisait six de plus que John, mais ils s'entendaient... comme deux frères. Nathan avait John sous son aile. Et quand John ne voyait plus Nathan dans les parages, alors il se sentait mal.

Le petit Johnny glissa doucement hors de ses draps, et descendit l'échelle. La porte de la chambre - une chambre austère, toute blanche, avec une caméra dans le coin que personne ne surveillait jamais - était entrouverte. Il sortit.

Sans vraiment savoir où il allait, John se laissa porter par les couloirs, errant à la recherche de Nathan. Il le trouva enfin aux toilettes, enfermé, et poussant des grognements.

- T'es constipé, Nath ? dit le futur Cerveau avec un gloussement.

Pour toute réponse, Nathan ouvrit la porte, laissant entrer le petit garçon. Nathan était effectivement assis sur le trône, plié en deux, se tenant le ventre.

- Ah ! Je me demandais quand tu allais venir, il est presque trop tard... Chut ! Ferme la porte.

John se rendait compte que ça ne sentait pas le caca. C'était une odeur chaude, un peu métallique, qui emplissait l'endroit. Les yeux de son copain, qui n'avait que douze ans, semblaient pourtant receler des souvenirs sans âge. Et enfin, le détail qu'un enfant de six ans ne pouvait remarquer que tard : son pantalon n'était pas baissé.

- Qu'est-ce qu'il y a, Nath ? Tu vas pas bien ?
- Johnny, écoute ce que je vais te dire, c'est très important. Si je suis ici, c'est pour te sauver. Tu ne vas pas comprendre ce que je vais te dire, mais un jour cela te reviendra, et ce sera au bon moment. Assieds-toi par terre.

Johnny obtempéra. Il n'était qu'un petit garçon, mais surdoué : il savait reconnaître les instants graves ; et celui-là en était un.

- Ce que je vais te dire, tu ne dois le répéter à personne, d'accord ? Fais-m'en la promesse, Johnny.
- D'accord, Nathan. Je te le promets. Alors c'est quoi ton secret ?
- Je suis un mutant. Et toi aussi, tu es un mutant. Maintenant tais-toi, et enregistre bien ce que je vais te dire, parce que je vais bientôt partir.

John se tut. Il regardait dans le vague, ouvrant grand ses oreilles.

- Moi, je peux voyager dans le temps, et toi, tu peux faire plein de choses incroyables. Tu seras un mutant très puissant et beaucoup de gens te respecteront. Tu seras si fort... Mais un jour, on te prendra par surprise et tu mourras. On t'endormira avec une drogue, et un peu plus tard, des robots te mettront en charpie. Mais il y a un moyen d'y échapper. Ce jour-là, tu auras déjà échappé à la mort une fois, grâce au Chevalier Blanc. Je le sais, parce que j'ai été dans tes rêves du futur.

Une grimace de douleur tordit le visage de Nathan. Mais il continua.

- Je ne sais pas plus que toi qui est ce Chevalier Blanc. Mais j'en suis persuadé, tu le sauras, toi, le moment venu. Ah ! Ce que ça fait mal !

Nathan écarta les mains. Son ventre était tout rouge ; ça pissait le sang. En dépassait un truc trop carré, trop acéré pour venir de son corps. Les yeux écarquillés, John se releva. Il allait crier, mais Nathan l'arrêta d'un seul regard.

- Tout ça, je l'ai fait pour toi, Johnny Boy, OK ? Tu es amené à faire de grandes choses, et moi, j'en ai vu beaucoup trop pour avoir envie de continuer. Maintenant je vais disparaître dans l'hyperespace, et cela va changer la trame temporelle, de sorte que je n'aurai jamais existé. Maintenant, enfouis ce savoir dans ta mémoire, au plus profond de toi, pour que les docteurs ne puissent pas aller l'y chercher et que malgré le paradoxe tu t'en souviennes ce jour-là. Oublie-le toi-même. Et souviens-t'en pour ne pas mourir.
- Nathan !

John se jeta dans les bras de son frère, sans tenir compte du sang qu'il avait sur lui. Son instinct lui disait que Nath allait mourir dans quelques secondes, et ça faisait tellement, tellement mal... Les larmes se mirent à couler à torrents sur le visage du petit garçon.

- Je t'aime, Johnny. Je t'aimerai toujours.
- Moi aussi je t'aime, Nathan. Ne me laisse pas, je t'en supplie !

Il y eut comme un flash bleuté, mais John ne s'en souvint pas. Il était dans les toilettes, assis sur le trône alors qu'il n'avait même pas envie. Son horloge interne lui disait qu'il était trois heures douze du matin. Et pourquoi la lumière était éteinte ? Il détestait être tout seul dans le noir.

Johnny descendit des toilettes et remonta son pyjama tout propre lavé d'aujourd'hui. Il regarda le siège immaculé, l'air hébété. Pourquoi tout était-il toujours d'un blanc si parfait dans ces locaux ? Tiens... Et pourquoi avait-il le visage mouillé ? Il s'essuya et retourna à son lit, non sans avoir recompté ses camarades de chambre. Il y avait Peter, Warren et Kirk ; tous dormaient paisiblement, et c'était très bien.

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John retira ses mains des cheveux de Nathan. Il avait lâché son bras dès le début de la transmission de cette vision, car son frère, absorbé qu'il était par sa contemplation, ne pouvait plus se débattre. Et comme si cette pensée commune était un baptême, il avait pris dans ses mains la tête de son frère sur lequel il était encore assis, l'oignant de ses propres larmes.

Il avait passé la scène à une vitesse normale, et Nathan n'était pas le seul à l'avoir ressenti comme s'il la vivait : pour John aussi l'expérience était traumatisante. Traverser la barrière que Nathan avait bâtie sur lui-même pour oublier cela était une épreuve difficile. Mais cela n'avait plus d'importance, car il ne voyait plus l'avenir devant lui.

John se releva, tournant le dos à son frère qui ne tarderait pas à se réveiller. Le froid de Boston était plutôt agréable en cette matinée du 31 décembre.

*Aujourd'hui est un jour spécial.*

- Oui, marmonna-t-il, s'approuvant lui-même. Ses yeux scrutaient la plaine, et la rivière gelée en bas. L'avenir était fait de secondes qui s'étiraient. Et quand Nathan se réveillerait... D'ici... Maintenant ?

- Mon frère...

Cette voix... Pleine de gratitude... Puis John entendit Nathan se relever, le crissement de ses chaussures sur le bitume. Il ne se retourna pas. Sa perception du temps... devenait de plus en plus difficile à contrôler. Et John comprit ce qui l'empêchait de lire dans l'avenir.

- Tu as retrouvé ton pouvoir de voyage dans le temps... Mais tu ne peux plus le contrôler...

Nathan n'entendait pas ce que disait John ; son cerveau était encore sous le choc. Mais il était capable de se lever et de prendre son frère dans ses bras. Son frère qu'il avait ignoré si longtemps, il n'y avait plus de doute possible. Il attrapa John, lui fit faire volte-face et ils se serrèrent... fort.

Nathan voyait cette nouvelle comme une lumière dans sa vie ; une lumière qui l'avait attiré ici, à ce point de l'espace et du temps, et qui montrait le renouveau que la connaissance de son frère lui apportait. Son agressivité, son désir de domination et sa perversité trouvaient leur explication dans ce sombre manque fraternel ; les ténèbres qu'il avait tant connues furent évaporées.

Car maintenant il se souvenait.

- C'est ça, hein ? Désolé de casser un peu l'émotion du moment, mais...

Nathan ouvrit les yeux, se sépara de son frère - nom d'une ..., c'était vraiment son frère ! - et essuya ses larmes. Il sanglotait encore, et à chacun de ses sursauts, il voyait des phosphènes au milieu de son champ de vision. Sa pensée était toute chamboulée, il avait encore du mal à revenir à la réalité. Tous ses sens fonctionnaient irrégulièrement.

- Non, Nath... pas des phosphènes... C'est ton... yage dans le temps... me rappelle de ça. Et toi aussi.

Yage... Voyage dans le temps ? Il se souvenait maintenant, en effet... Quand il était gamin, il avait la capacité de voyage dans le temps... Et il s'était fait oublier cela pour ne plus avoir envie d'essayer de changer le passé... Ces flashes bleutés... Ce n'était donc pas des phosphènes. C'était lui qui les émettait !

- Je... C'est... Va-t-en John ! Vite !

Mort(e) Nombre de messages : 1579 Date d'inscription : 09/07/2005

Les flashes bleutés, qui faisaient comme une colonne dans le ciel, n'étaient accompagnés par aucun bruit, avaient une luminosité faible mais croissante et apparaissaient toutes les trois virgule six cent cinquante-deux secondes, une fréquence correspondant à celle simulée par un tout petit amas cellulaire dans le lobe cervical gauche de Nathan. C'était entre autres ce petit tas - de seulement cinquante-neuf cellules très complexes - que John avait réveillé en donnant cette vision à son frère.

Les flashes duraient environ six millisecondes. Quand ils dureraient trois virgule six cent cinquante-deux secondes - c'est-à-dire quand la lumière serait continue - Nathan et tout ce qui se trouvait dans un rayon de cent mètres disparaîtrait dans une faille spatio-temporelle parce qu'il ne contrôlait pas suffisamment son pouvoir.

C'était donc pour cette raison que John ne pouvait lire dans l'avenir : parce que cette faille dans le futur perturbait l'avenir et le passé, et non parce qu'il allait mourir et ne pouvait voir l'avenir au-delà de sa mort.

John se rendait bien compte de tous ces faits, mais cela ne changerait rien. Il ne pouvait pas empêcher Nathan de déclencher ce pouvoir, sauf en le tuant, chose qu'il en ferait pour rien au monde, lui qui avait déjà coûté une vie à son frère.

- Hors de question. Tu sais, avec tout ce temps, moi, j'ai acquis des capacités vraiment fabuleuses. Je gagnais tout le temps, tu aurais été fier de moi. Je ne l'ai jamais fait, mais je peux rendre les gens fous ou les tuer d'une seule pensée. Mais le pire de tout : je peux lire dans l'avenir. Marchons un peu, tu veux ? Il ne neige pas.

John voulait simplement éviter de couper la voie express en deux quand le pouvoir de son frère se déclencherait. Ils se dirigèrent vers la rivière, la main dans la main. Peut-être qu'un type les klaxonnerait en les traitant de pédés. John ignorait si ça allait se produire, mais il savait qu'il rigolerait si ça se produisait.

- Alors tu vois dans l'avenir ? Et l'avenir ne te dit-il pas...

- Que je vais mourir ? Pas besoin de lire dans l'avenir pour savoir ça. Mais je me sens tellement bien ! Ta présence est un puits temporel, je ne peux pas faire usage de ce pouvoir quand tu es là. Tu n'imagines pas le poids que ça m'enlève... Et puis, je préfère profiter de mes derniers instants avec mon frère. Moi aussi Nathan, moi aussi je viens de combler un vide. Je ne veux plus me séparer de toi, même si cela va me coûter la vie.

La rivière était à plus de cent mètres. John se demandait où et quand ces deux hommes, plus ces centaines de tonnes de terre, d'herbe et d'eau gelée réapparaîtraient, pensant aussi avec soulagement qu'il ne pouvait pas le savoir. Il y avait moins d'une chance sur un milliard de milliards de milliards pour que ce soit ailleurs que dans le vide astral. Prépare ton scaphandre, Johnny. A moins qu'ils ne soient téléportés hors de l'Univers et de l'espace-temps ? Que se passerait-il alors ? Ou bien...

Les flashes duraient maintenant quatorze millisecondes... Ca montait vite, exponentiel.

*Ah, et puis merde... Je laisse tomber tous ces calculs à la noix...*

- Nathan !

Nathan reçut l'accolade de son frère. Il avait retrouvé ses perceptions, mais il avait peur. Impossible de contrôler ce pouvoir qu'il venait d'acquérir à nouveau, paniqué qu'il était à l'idée de ne pouvoir rien faire, à l'idée qu'il ne pouvait même pas sauver son entêté de frère. Mais John l'avait rassuré. Au moins, il ne mourrait pas seul.

La lumière qu'il émettait était de plus en plus forte ; elle entourait les deux frères d'un nimbe bleu. On devait la voir à plusieurs centaines de mètres maintenant. Des gens arriveraient... C'était pour ça qu'il avait fallu venir ici...

- Oh, John...

Mais si John n'avait pas décidé de lui rendre sa mémoire, il n'aurait pas déclenché ce processus inexorable qui les menait tous deux à leur perte. D'où venait ce choix de sacrifier sa vie pour connaître quelques instants avec lui ?

Bien sûr. L'utilisation de cet ancien pouvoir provoquait des perturbations dans toutes les directions de l'espace - les flashes bleutés -, mais aussi dans toutes les directions du temps. Le simple fait que ce voyage dans le temps ait une probabilité non nulle de se produire dans le futur avait forcé le passé à se diriger vers cette solution. Et ce malgré John. D'un point de vue extérieur au temps, Nathan comprenait. Et son jeune frère, qui sanglotait dans ses bras, comprenait aussi, certainement.

Nathan pensa à s'ordonner à lui-même d'oublier à nouveau ce pouvoir, mais cela signifiait oublier John, ce qui revenait à remonter de cinq minutes dans le passé, à se battre contre un inconnu qui prétendrait être de la famille. Et cela, il ne pouvait plus l'accepter comme il l'avait fait à l'âge de douze ans. Parce qu'il ne pourrait pas faire oublier quoi que ce soit à John. Et le laisser seul dans la tristesse était hors de question.

Les émissions de lumière se faisaient de plus en plus longues ; ce n'étaient plus des flashes. Nathan clignotait comme un gyrophare de police. Pas besoin de voiture pour cette fois, pensa-t-il avec un mélange de cynisme et de détachement. La fin était très proche. Il pleura encore un peu.

- John, arrête de pleurer... ça me tue.

La phrase se voulait un peu humoristique, mais Nathan ne parvenait pourtant pas à sourire. A croire que même après ça, le bonheur n'était pas possible. Allez, un petit effort. Il regarda John dans les yeux et lui sourit. Ce dernier fit de même, tel un reflet. La rivière gelée en bas et la neige qui la bordait renvoyaient maintenant la lumière. Il regarda en l'air, sentant la colonne cérulée se prolonger à l'infini dans le ciel. Pas besoin d'être John Bender pour savoir que demain, les tabloïds publieraient des photos du faisceau et du cratère qu'il allait bientôt créer dans le sol.

Ca y était. cette fois il voyait distinctement la lumière, il ne faisait aucun doute qu'elle était là. C'était comme si un gamin jouait avec un laser pointant vers le ciel... Mais bleu. Le Félin avait fait confiance à son sens de l'orientation et ce dernier ne s'était pas trompé. La Bugatti avançait gentiment sur River Street quand il se rendit compte qu'il aurait pu se gourer et venir par l'Expy, ce qui lui aurait fait faire un...

*Nom d'une pipe...*

Si ses yeux ne le trompaient pas, c'était John Bender qui marchait dans la neige, en compagnie d'un grand type. Un grand type qui clignotait. C'était donc de lui que venait cette lumière...

Au fur et à mesure qu'il s'approchait d'eux, Le Félin sentait ses poils se hérisser sur son corps. Mauvais signe... Mais si John était dans les parages, il n'y avait a priori rien à craindre. Mais on ne savait jamais. Son intuition, qui l'avait amené ici, lui hurlait maintenant de repartir aussi vite que possible ; mais cette fois, c'était l'homme pensant et courageux qui avait repris le dessus. Il fallait bien aider John s'il était dans le besoin...

Quand il fut au plus près d'eux, Le Félin descendit de la voiture, ferma violemment la porte et se mit à leur poursuite. Que pouvait bien signifier tout cela ? John et un inconnu, sans moyen de transport, au milieu de la neige... Cette lumière à la fois effrayante et fascinante, qui s'intensifiait chaque seconde... Il ne fallut pas longtemps au chat pour les rejoindre. Quand il fut à une dizaine de mètres d'eux, il s'arrêta : John venait d'enfouir son visage dans la poitrine de l'autre, en pleurant. Ce dernier tournait le dos au Félin, si bien qu'aucun des deux ne l'avait vu arriver. Pars, quitte cet endroit, lui disaient tous ses sens. Mais sous le coup de la curiosité proverbiale des chats, il ne pouvait que regarder et attendre. Ce n'était plus des flashes de gyrophare maintenant. Le grand type - à moins que ce ne soit les deux ? Ils étaient trop proches l'un de l'autre pour qu'on puisse le dire - émettait une lumière continue, entrecoupée de temps en temps de passages d'ombre. La lumière était devenue très forte, Le Félin dut mettre son bras devant ses yeux pour ne pas être ébloui. Il attendait qu'ils arrêtent de se câliner pour dire quoi que ce soit. Est-ce que Johnny était gay ou quoi ? Il éviterait de lui poser la question : c'était de mauvais goût.

- John, arrête de pleurer... ça me tue, dit l'inconnu.

Enfin, il pouvait leur parler. Il n'allait pas se gêner.

- Qu'est-ce qu'il se passe, John ? Des ennuis ?

Les dix secondes qui suivirent ne s'étaient pas imprimées dans la mémoire du Félin. Maintenant, il était là, John et Nathan - comment savait-il son nom ? - derrière lui, et galopant comme un fou pour échapper à quelque chose qu'il ne comprenait pas. Mais il était bien trop tard : même lui ne pouvait courir le cent mètres en trois secondes.

Mort(e) Nombre de messages : 1579 Date d'inscription : 09/07/2005

Quand John libéra son frère de l'étreinte, il vit Le Félin, planté là, sans raison apparente. Il avait dû être attiré par le faisceau qui montait dans le ciel. Mais peu importaient les raisons qui l'avaient poussé à venir ici. Il ne fallait pas qu'il reste à côté, ou il passerait à la trappe avec les frères Bender. Les yeux plissés par l'éblouissement, il tenta de regarder dans les yeux du chat recruteur, mais ne parvenait pas à les trouver.

- Le Félin ! Pars d'ici si tu tiens à la vie ! Fais-moi confiance, cours !

Pas le temps de lui expliquer. Dans quelques secondes, ils allaient disparaître dans un maelström d'énergie quantique. Il dit à son frère de sauver son ami. Nathan réagit au quart de tour.

- Fais-le partir, Nathan.

- Cours, mec ! Vite !

La voix de Nathan fut plus que nécessaire pour que Le Félin obéisse à son instinct. John, espérant qu'il aurait le temps de fuir, vit vaguement sa silhouette faisant volte-face, puis ses perceptions furent instantanément écrasées par un afflux d'informations dépourvues de sens : les champs électromagnétiques présents empêchaient le cerveau de fonctionner normalement. Impossible même de formuler la simple pensée que c'était fini. Dans leurs derniers instants, les frères Bender ne purent que se jeter l'un dans les bras de l'autre.

Puis ce fut terminé.

Un peu plus tard, le taxi passa à nouveau. Il fut content de ne pas revoir les deux passagers qu'il avait amenés dans cet endroit. Ils étaient vraiment trop glauques. Avant de repartir, il remarqua le cratère, qui formait dans le sol une parfaite hémisphère sur laquelle se casseraient les dents de nombreux adorateurs d'énigmes scientifiques durant des années.

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Et voilà, game over pour la famille Bender, j'espère que vous avez apprécié ^^ J'ai même réussi à éviter de tout détruire comme un grosbill Wink

Amusez-vous bien Smile