Petit déjeuner

- Alors on va le prendre où notre petit déj ?

- Je sais pas trop... Ce matin j'hésite entre l'aquarium et la baie vitrée.

- Plutôt baie vitrée, alors, suggéra Shawn.

Il avait fait le bon choix : sous la neige, Boston était vraiment magnifique. Ce jour de l'an serait faste.
John commanda un grand café avec des oeufs et du bacon, en double ; Shawn des biscottes et du Nutella.

- Il y a trois endroits où on peut faire notre coup sans avoir trop d'ennuis. J'ai été obligé de réduire un peu la liste à cause de cet inspecteur qui nous suit à deux ou trois délits derrière. Donc après réflexion on peut aller soit au Shark's Bay, soit au Gardel's, soit au Saturday. Sauf que si on veut continuer à faire des concerts au Saturday, mieux vaut éviter ce genre de conneries, non ? Même si c'est mon cher ami Sagamore qui le gère. T'en penses quoi ?

Le garçon apporta les plats. Shawn et John étaient carrément devenus des locataires ; les oeufs et le bacon étaient déjà coupés et mélangés, et les biscottes déjà tartinées. Quand on reçoit cinquante dollars de pourboire, on essaie de faire les choses bien.

- Bon, alors ce que je suggère, c'est de commencer par les deux autres. Si notre choix s'arrête sur l'un ou l'autre, on le prend, sinon on se rabat sur le Sat'.

John mangea aussi vite que le lui permettait la température de son repas ; en écoutant Shawn, il se rendait compte pour la énième fois à quel point un ami avec qui confronter ses idées valait toutes les personnalités secondaires du monde.

Tout en écoutant John, Shawn admirait machinalement le paysage au délà de la bair vitrée. Boston resplandissait vêtue de son manteau de neige. Le jeune mutant eu un pincement au coeur en pensant à son Maine natal. Le vie urbaine était sympathique, mais la campagne lui manquait quelque peu. Il se retînt d'expliquer ses sentiments à son ami et fît un immense sourire à la jeune femme qui lui apporta les biscottes. Directement, il s'en empara, admira quelques instants le nutella et commença à se l'enfourner dans le gosier. Shawn ne pu se retenir de répondre à John en crachant quelques miettes.

- Que tu as raison comme souvent. Le Saturday est un super endroit pour faire des concerts, il vaut mieux qu'on conserve le super acceuil qui nous y est réservé. De plus, Sagamore a des mains aussi grosses que des poêles à frire. Moi je veux pas me retrouver avec le cul tout bleu...

Shawn ricana en aspergeant un peu plus la table de miettes puis avala le tout et commanda une tasse de thé. Tout s'emparant d'une seconde biscotte, il pris un air grave en écoutant John faire ses suggestions. D'extèrieur, on aurait presque pu croire que leur conversation était censée et sérieuse mais il n'en était rien. Il s'agissait seulement des deux pires fêtards de la ville qui mettaient en place leur prochaine connerie. Dès que la biscotte fut à portée de bouche, Shawn commença à l'entamer et cette fois, déglutit avant de répondre.

- Okay, mais on fait le Gardel's en preum's. Si je me souviens bien, le Shark's Bay est légèrement plus petit. Il faut mieux le faire là où il y aura un max de monde pour nous voir...

Quand le garçon électrique releva son bras pour prendre sa tartine, il se rendit compte que cette maudite électricité statique venez encore de lui jouer des tours, cette fois, il avait une petite cuillère collée à la main. Il secoua le bras et voyant qu'elle ne voulait pas tomber, se concentra pour stopper le flux, faisant tout de suite chuter l'objet métallique en plein sur sa biscotte.

- Oh merde...

Il pris alors la cuillère nappée de nutella dans son assiette et la nettoya, sans gacher la pâte à tartiner aux noisettes et finit sa seconde tartine...

Hilare, John attendit que Shawn parvienne à décoller la cuiller de sa main. Il se permettait de rire de lui, mais il était bien le seul à en avoir le droit. Quiconque d'autre qui aurait ri de ce handicap aurait fait la connaissance du Double Face Cut de John et Shawn ; ce double coup de poing simultané devenait de plus en plus célèbre dans le milieu des bagarreurs de la ville.

- Le Gardel's en premier ? OK, c'est toi le chef.

La tasse de thé arriva prestement, accompagnée de la deuxième tournée d'oeufs-bacon ; John en profita pour commander un thé lui aussi. Un thé au guarana. Rien de tel pour avoir la patate toute la journée. Encore mieux qu'une grosse part de lion. La serveuse repartit, ajoutant cette nouvelle commande à la note. Puis John se figea, comme paralysé par un éclair.

*Whoaaaa !*

Son regard s'était vidé, indice révélateur d'une profonde exploration intérieure - Shawn avait été un peu surpris les premières fois ; maintenant il attendait juste que John sorte un truc bizarre. Au bout de quelques secondes, le Cerveau revint à la réalité présente et se pencha un peu vers son ami, un sourire angélique peint sur son visage.

- D'ici trente secondes, nous allons pouvoir assister à l'irruption de l'une des femmes les plus canon de la terre. Et tu sais pas encore le meilleur : elle va s'asseoir juste à côté de nous et peut-être même - à soixante et onze pour cent - nous adresser la parole. Aujourd'hui est notre jour de chance, mec.

(HJ : pour info c'est Jackie qui doit arriver... Eve, tu es jolie aussi mais si tu as prévu de venir petit déjeuner, attends que Jackie vienne avant, t'auras pas longtemps à attendre promis puisqu'elle est juste à côté de moi IRL...
PS : je sais, ça fait un peu téléphoné mais bon... RAF )

Jackie arriva un peu tard ce matin là. Elle n'avait dormi que quelques heures mais malgré cela, elle restait toujours aussi fraîche que d'habitude.
Elle trouva une place non loin de deux jeunes hommes. Ils étaient en pleine discussion. Elle n'y prêta pas attention. La serveuse arriva et lui demanda ce qu'elle souhaitait commander.

- Un Earl Grey s'il vous plaît. Oh, et puis rajoutez-moi quelques pancakes au sirop d'érable. Je vous remercie.

Il n'y avait pas grand-monde ce matin. La serveuse revint lui apporter son petit déjeuner. Jackie la remercia et sortit le Boston Daily News de son sac. Elle le feuilleta mais était bien trop absorbée par ses deux personnes.
Elle savait qu'ils étaient ses voisins mais Jackie n'arrivait pas à savoir pourquoi ces deux hommes l'intriguait autant...

*Arrêtes donc de les regarder comme ça, Jackie, ils vont finir par te remarquer!*

Elle reposa son journal et commença à déguster le premier repas de sa journée. Elle avait beaucoup à faire aujourd'hui, comme les achats de ses tenues de scène et de ville. Et puis il fallait bien qu'elle appelle son père, resté dans le Devonshire. Depuis qu'elle était arrivée à Boston, elle ne l'avait pas appelé une seule fois, sauf à son arrivée un mois plus tôt.

Elle avait presque fini son petit déjeuner quand elle s'aperçut que ces deux hommes assis à côté d'elle, en plus d'être ses voisins, n'étaient autres que les stars du moment du groupe The Untitled ! Elle prit son courage à deux mains pour aller leur parler. Elle allait peut-être les déranger mais se dit que dans une vie aussi courte, il ne fallait pas laisser une telle chance passer pour parler à ces personnes de grande notoriété. Et puis, il faut dire qu'elle les trouvait assez charmants tous les deux. Alors pourquoi pas tenter une approche...

- Excusez-moi de vous déranger messieurs, mais je n'ai pas de sucre pour mon thé, et j'aimerais savoir si vous pouviez me prêter le vôtre ?

- Bien sûr Mademoiselle, répondit celui aux cheveux longs - qui devait être John Bender - en faisant un clin d'oeil à l'autre, Shawn quelque chose. Ce dernier lui tendit le sucre avec un sourire.

*Quelle gourde tu fais, Jackie ! Tu n'es même pas fichue de leur demander autre chose que du sucre ! Retournes-y, ils ne vont pas te manger !*

- Pardon de vous déranger encore une fois... dit Jackie en souriant. Je crois savoir que nous sommes voisins, je me présente, je suis Jackie Hastings.

- Je t'avais dit qu'elle était sexy, dit John en regardant la fille repartir avec le sucre.

Il allait ajouter autre chose au sujet de son derrière mais elle revint aussitôt à la charge, sans même poser entre-temps le sucre sur sa table.

- Pardon de vous déranger encore une fois... Je crois savoir que nous sommes voisins, je me présente, je suis Jackie Hastings.

Elle tendit une main tremblante à John, qui la lui serra chaleureusement ; de même pour Shawn. Cette fille sentait bon, et son accent du sud de l'Angleterre était absolument délicieux.

- Enchanté. Shawn Cliver. Et voici John Bender.

John remarqua que sur la table de Jackie il y avait déjà du sucre... Le hasard n'existait pas. Elle les avait reconnus, en fait. Du coup, il faillit se lancer dans une réplique qui le réjouissait quand il la prononçait :

- Alors, quel effet cela fait-il de rencontrer The Untitled en chair et en os ?

Mais il s'abstint, prévoyant qu'elle ne saurait quoi répondre à une telle question ; et il voulait tout sauf l'embarrasser.

- Notre voisine ? Tiens donc... Je ne vous ai pourtant jamais remarquée, honte à moi ! Et cela fait longtemps que vous séjournez au Palace ?

Il ponctua sa réplique en adressant un clin d'oeil à la jeune femme, qui rougit un peu. John la bombardait de messages télépathiques subliminaux pour qu'elle s'assoie avec eux. Bien qu'il ait passé une nuit plus que sportive avec trois femmes, la simple vue de cette beauté fatale l'avait remis en appétit. Un souvenir d'Angela lui revint. En fait, cette Jackie Hastings était la seule femme qu'il ait vue et qui soit aussi belle qu'elle... Il voulait vraiment l'avoir à côté de lui quelques minutes. Continuant à tenter de lui donner l'envie de s'asseoir, il glissa un petit peu sur la banquette en direction de la baie vitrée.

- Notre voisine ? Tiens donc... Je ne vous ai pourtant jamais remarquée, honte à moi ! Et cela fait longtemps que vous séjournez au Palace ?

- Je ne suis ici que depuis seulement un mois, et je n'ai pas pris le temps de faire connaissance avec les gens de cette ville, répondit Jackie.

En effet, depuis son arrivée, Jackie n'avait pas rencontré beaucoup de monde. Elle se dit que l'occasion de faire de nouvelles rencontres comme celles-ci pourraient être intéressantes. Et puis, ils avaient l'air d'être sympathiques.

- Puis-je me joindre à votre table ? Nous pourrons, si vous le souhaitez faire plus ample connaissance...

John se glissa sur la banquette et fit signe à Jackie de s'asseoir. Ce qu'elle fit.

(Suite 110: M. Deklan Fanel)

Deklan arriva accompagné de son petit chiot husky à l'entrée du resto. Heureusement que l'animal était encore petit car il n'était pas sûr qu'il le laisse entrer sinon. Le jeune homme au poignée entouré par une laisse rouge qui sautillait de partout à cause de la boule de poil au bout, s'avançait assez lentement avec un regard perdu dans le vague... C'était presque naturel déjà chez lui mais avec les médocs en prime cela donnait du beau résultat.

Les réflexes allant du 0 au 2 à l'heure, il chercha une table du regard. Il en vit une de libre près de la fenêtre... Son choix se fit sur la vue : la neige, c'était la première fois qu'il en voyait depuis toujours.



La pelote friponne blanche et grise tenta de résister à l'avancée du jeune homme mais comme jouant il sauta en avant pour rejoindre son nouveau maître par de petits bonds. Décidément leur état actuel à tous les deux étaient complètement différents, l'un amorphe et l'autre débordant d'énergie...

Deklan arriva à la table où il s'installa. Il fixa immédiatement son regard vers l'extérieur. La neuge blanche recouvrait les routes et les voitures... La vitre semblait glacée malgré la chaleur de l'hotel et il pensa qu'une petite balade après ne serait pas de refus. Il pourrait un peu prendre l'air et le husky pourrait dépenser son énergie en trop.

Le jeune homme sembla se perdre dans un lointain inatténiable jusqu'au moment ou un serveur vint l'interpeler. Deklan mis un léger temps avant de réaliser... Encore les médocs. L'homme lui demanda ce qu'il voulait prendre et il eut fallu quelques secondes avant d'avoir une réponse claire. Le serveur s'en alla ramener la commande.

Le jeune homme reporta son regard sur l'extérieur mais soudain il eut comme une sorte de migraine... Plongeant sa main dans sa poche, il en sortit des comprimés qu'il avala. ces maux de tête revenait depuis qu'il avait "repris conscience".

Ill attrapa finalement la tasse à café bien chaude pour la ramener à ses llèvres...

*Tiens tiens... Deklan...*

John avait vu avec quelques secondes d'avance le petit marchand de sable entrer dans la salle. Ainsi lui aussi logeait à l'hôtel... A croire que Thorn voulait faire de cet endroit un annexe à l'Institut !
John fut momentanément tenté d'aller à sa renctontre lui dire un peti bonjour, mais...

- Je ne suis ici que depuis seulement un mois, et je n'ai pas pris le temps de faire connaissance avec les gens de cette ville. Puis-je me joindre à votre table ? Nous pourrons, si vous le souhaitez, faire plus ample connaissance...

Mais... il ne pouvait se priver de cette compagnie si charmante dont il voulait profiter au maximum. De plus, maintenant que Deklan était entré dans le restaurant, traîné par son petit chien, il ne donnait pas du tout envie à John d'aller lui parler. Son air lunatique ne faisait pas joli à voir. Il n'avait même pas remarqué Le Cerveau en entrant, alors qu'il s'était assis à peine trois tables plus loin. Se souvenait-il encore de lui ? Pas sûr... En tout cas, pas de doute, il était toujours sous antidépresseurs. John voyait dans sa tête l'Univers entier, en pré-direct ; il avait assisté à la déchéance de ce jeune homme. Il n'y avait pas pensé en profondeur jusqu'à maintenant, et il était triste pour lui.

*Mieux vaut ne pas lui rappeler l'Institut, ni cette altercation qu'il a eue avec Sagamore... Tout ça plus la suite, les carnages et le self-copntrol qui aprt à la dérive... N'ayons l'air de rien. En espérant que la visite de son père l'aidera à retrouver la paix.*

John s'écarta un peu plus pour laisser la place à Jackie, sous le regard de Shawn, qui ne pouvait la quitter des yeux. Il se disait sûrement que ça faisait encore une prise pour John, mais ce dernier ne prévoyait pas de l'attraper facilement, celle-là. Malgré sa tenue affriolante (affolante même !) et ses airs de croqueuse, Jackie n'était pas à ce point une fille facile.

- Bien sûr Jackie, prends donc place. Je peux t'appeler Jackie ? lui répondit-il, sûr que ce serait oui, en envoyant à son ami un autre clin d'oeil - mais mentalement cette fois. Par contre, tu as laissé ton repas sur ta table.

Le problème fut vite réglé. Il appela un serveur, qui apporta le déjeuner de Jackie.

- Vous mettrez cela sur ma note, merci.

Cette femme était vraiment délicieuse. Il n'avait pas besoin de poser les yeux sur elle ni de la déshabiller pour voir son corps dépouvu d'artifice, et bien que la contempler à travers la Vue Universelle revenait un peu à se mentir à soi-même, il ne s'en privait aucunement. Après tout, qui le saurait, et qui pourrait se permettre de lui dire quoi faire de sa tête ?

Ce fut Shawn qui entama la conversation. Avec une question plutôt banale. Quoi de plus normal ? Ils n'allaient pas commencer par l'inviter à dîner ! Mais c'est la réponse qu'elle allait donner qui fit bondir son coeur. Une telle coïncidence ne pouvait être le fruit du hasard. Même si John englobait par la pensée toute la dimension causale de ce monde, il ne pouvait s'empêcher parfois de réagir comme un ignorant.

- Alors Jackie, que fais-tu dans la vie ?

John sourit. L'accent de paysan du Maine de son quasi-siamois avait presque totalement disparu. Un mois avait suffi à le transformer en Bostonien, même s'il clamait parfois son mal du pays. Ca lui passerait. Plus on était célèbre, et plus on perdait sa personnalité ; c'était une bonne chose car cela aidait à progresser dans le monde du show-business, mais il ne fallait pas se laisser submerger trop vite. John avait une vie intérieure si riche qu'il pouvait continuer dans cette voie jusqu'à l'infini ; mais qu'en était-il de Shawn ?

- Alors Jackie, que fais-tu dans la vie ? lui demanda Shawn.

Elle fut gênée par cette question, mais après tout, il valait mieux y répondre franchement, Jackie se produisait au Saturday, et il se pourrait qu'un jour ou l'autre, qu'ils la voit danser.

- Hmm, je suis danseuse... Enfin, oui et non. A dire vrai, je suis stripteaseuse au Saturday, répondit-elle timidement.

Jackie était troublée à tel point qu'elle se demandait maintenant ce qu'ils allaient penser d'elle. C'était un boulot comme un autre certes, mais stripteaseuse, quand même... Tant pis !

- Et vous ? Enfin... J'ai déjà la réponse... Vous êtes bien le groupe du moment The Untitled ? Je dois dire que je suis une de vos plus grandes fans !

Deklan resta plongé dans ses pensées et détacha son attention du petit animal... Le regard porté au dehors, il était comme perdu dans des contrées lointaines ou trop ralenti par les chaînes du tranquilisant dont les comprimés faisaient déjà effet.

Le chiot farceur s'éloigna alors quelque peu de son maître et sembla chercher quelque chose d'un museau levé et reniflant. L'objet de sa quête n'était pas vraiment difficile à trouver... La pièce était emplie de cette odeur de petit déjeuner.

Il arriva finalement au niveau de la table d'un gros monsieur dont l'embonpoint pourrait en dire sur ce qu'il avait avalé dans sa vie. Le chiot le regarda un instant, assis mais le mangeur ne lui porta pas véritablement attention... Quelques secondes suffirent avant que l'homme deigna détourner son attention du repas et l'opportuniste bondit au niveau de la table choppant par la même occasion un croissant faisant de même tomber la corbeille qui en contenait d'autres.

L'homme regarda immédiatement mais notre filou avait filé sous la table, faisant un léger détour avant de venir déguster son trésor près des pieds de Deklan. Quelques clients qui avaient remarqué le chien virent la scène mais ne dirent rien, se contentant de seulement de rire doucement. Le bandit avait réussi son affaire au dépend du déjeuneur qui se demandait encore ce qu'il s'était passé...

Une odeur de croissant vînt titiller les narines du jeune homme à la fenêtre. Des bruits de mastication passaient la nappe rouge de la table, attirant par la même occasion l'attention. Le maître regarda alors perplexement la canaille se contenter avec joie du croissant avant de lacher une paire d'yeux innocents...

"C'est pas vrai... T'as recommencé.", dit le jeune homme mornement.

Finalement il leva la main et appela le serveur pour commander quelques croissants. Il en fila un à la boule de poil en espérant que cet estomac sans fond serait enfin rempli.

Au bout de quelques instants, le husky arriva près de son maître et sauta patte avant sur les genoux de celui-ci. Il le regarda d'un air de reconnaissance ce qui après petite fixation, attira un maigre sourire au jeune Deklan ainsi qu'une caresse de sa part que la belle gueule velue.

L'animal bien que capricieux se révélait attaché au garçon somnolent, lui apportant peut être un peu le réconfort de n'être pas totalement seul et de divertissement par ses pitreries incessantes.

La main tendue, un léger détail se fit voir, un bracelet de couleur marron claire, presque sableuse, à la forme d'un cobra enroulé... Il ressemblait à quelques détails près comme la taille et le type de serpent à celui qu'il avait offert à Samarah il y avait plus d'un mois maintenant...

(merde, c'est déjà à moi ? LOL)

Le Cerveau savoura cet instant : Shawn qui roulait des orbites, et la ravissante danseuse qui rougissait. Lui restait impassible, invulnérable dans l'armure que constituait son contrôle mental. En feignant un peu d'indifférence, il espérait s'attirer les faveurs de la jeune Britannique.

Les autres ne l'avaient même pas vu faire, mais John avait déjà terminé son petit déjeuner.

- Allez Shawn. On a du pain sur la planche. Mange donc, au lieu...

*De bayer aux corneilles devant les splendides courbes de notre nouvelle amie ? Nooon...*

- ... de rester là à rien faire. T'as envie de jouer, pas vrai ? Ca se voit dans ton langage corporel. Tu vas brûler vif si on ne s'occupe pas vite fait de ce concert.

Il sourit à Jackie, sans cesser de la harceler d'injonctions subliminales pour qu'elle finisse un jour dans son lit. Mais ce n'était pas sa seule motivation. L'analogie avec Black Widow était trop forte pour qu'il puisse laisser passer une telle chance de retrouver une relation durable. Peut-être faisait-il un rapprochement un peu hasardeux en croyant que leurs personnalités seraient elles aussi semblables. Mais il connaissait tous les liens de cause à effet de l'Univers et toutes les corrélations qui pouvaient exister entre toutes choses... Et cette fois la Vue Universelle lui laissait présager que ses efforts avaient des chances d'être récompensés.

- Je vous laisse finir tous les deux... Je dois remonter à la chambre chercher quelques affaires. Quand je reviens, tu as fini, Shawn.

John se leva de son siège, prenant délicatement Jackie par les épaules pour qu'elle lui laisse le passage. Son parfum était un poison pour le coeur.

Lissant sa chemise, il se dirigea en direction de la sortie, ou plutôt vers Deklan, mais faisant mine de passer à côté de lui par hasard. Puis après l'avoir dépassé de deux pas, il se retourna, disant :

- Deklan ! C'est toi !

Oui, il avait changé d'avis. Le fait de lire dans le passé et l'avenir comme dans un livre ne lui permettait pas de savoir comment les gens allaient, même s'il pouvait déduire leurs pensées de leur comportement. Et puis, le jour où Deklan aurait besoin d'aide, il valait mieux que le jeune homme ait déjà conversé quelques fois avec John, et constaté que ce dernier s'intéressait à lui et à son état de santé. Aussi il ne prit même pas le temps d'attendre que Deklan lui adresse la parole pour s'asseoir face à lui et ébouriffer la tête de son chiot, qui - détail qui amusa Le Cerveau - n'avait pas encore reçu de nom de la part de son maître. Mais ce dernier lui en donnerait-il un un jour, dérangé comme il était ?

Deklan qui s'apprêtait à reprendre une gorgée de café je vis alors interpelé par une personne qu'il ne reconnut pas. Apparemment celui-ci le connaissait déjà. N'eut-il le temps de répondre que l'homme s'était déjà assis et avait ébouriffé la tête du chiot qui sautilla dans tous les sens comme à son habitude...

Le jeune homme regarda le plus agé avec un air incompréhensif essayant par la même occasion de se remémorer le visage qu'il avait en face de lui. Ses traits lui paraissaient légèrement familiers mais il n'arrivait à mettre le doigt dessus et avec les médocs ralentissant la caboche sableuse, cela représentait un sacré effort.

Le mois qui venait de s'écouler avait effacé la plupart des tourments du jeune homme, tout cela maîtrisait en partie par les séances du Mister Freudien et ses tranquilisants pour animaux sauvages. En effet, la dose qui lui était prescrite était assez exagérée à cause de la nature de ses cellules qui phasaient à petit nombre et étaient moins aptes à recevoir les chaines chimiques... Le garçon en avait pris l'habitude maintenant mais chacun espérait à ce qu'il n'en devienne pas dépendant. Une larve à vie? Le cauchemar !

Deklan se gratta la tête, signe que les neurones encore éveillés s'étaient mises à bosser comme la nature leur avait donné l'ordre. Mais rien de concret ne lui vînt à l'esprit, pas même un léger flash ou une voix lointaine...

Reposant sa tasse de café d'un léger tremblement de main, il regarda l'homme en fronçant un peu les sourcils.

"Oui... En effet, c'est bien moi. Vous êtes?"

Il prononça ces quelques mots avec un léger ralenti, preuve de son état presque aphasique... On voyait tout de suite que quelque chose n'allait pas, et certain pourrait dire qu'il avait l'air d'un drogué. Ca en prime sur le CV ça pardonne pas...

Se taisant après ceci, il attendit une réponse. Il était évident qu'il le connaissait et que ce n'était pas une coïncidence. Combien y avait-il de Deklan sur Boston? Si peu. L'homme lui rappelerait surement certains souvenirs mais cela est-il vraiment nécessaire après tant d'efforts pour les oublier?

Cain descendit de sa chambre et décida d'aller prendre un bon petit déjeuner digne de ce nom. La neige recouvrait les trottoirs de la ville et il lui faudrait beaucoup d'énergie pour rester en forme toute la journée, et peut être même la nuit... Ses rondes duraient assez tard le soir surtout pour un garçon de son âge mais son maître n'était pas tout à fait un tendre avec lui alors cela l'avait forgé à la dure labeur.

Arrivant au niveau du petit restaurant, il était habillé d'un pantalon et d'un gilet noir, d'une chemise blanche avec autour du col un ruban rouge en forme de noeud papillon, d'un grand strench coat marron clair et d'un berret gris clair plongé vers l'avant. C'était la mode assez londonnienne d'il y avait quelques années mais il ne pouvait s'en défaire. Le garçon esquiva le serveur qui s'adressa à un autre homme plus baraqué que lui... Il lui jeta un regard juste pour voir son visage puis se dirigea vers une table situé juste à côté de celle où un jeune homme déjeuné avec une demoiselle plus que sublime.

S'asseyant, il enleva son beret et le déposa sur la table avant qu'un serveur ne deigne venir prendre sa commande.

"Une dizaine de pains au chocolat, une tarte aux fraise, cinq pains aux raisins et une part de cake s'il vous plait. Et euh... Un grand bol de café et le journal d'aujourd'hui aussi si vous avez."

Le serveur le regarda étrangement mais bon le client était roi. Il lui apporta rapidement ce qu'il voulait et Cain put commencer son délicieux petit déjeuner... Il engloutit la moitié des viennoiseries avant de reprendre le journal et de lire les nouvelles du jour... Au bout de quelques minutes, il se fixa sur un article et il renversa sans faire exprès la tasse de café... Se reculant brusquement, il resta les sourcils froncés et le regard figé sur le journal. L'article signalait...


Tous les élément étaient présents pour dénoncer une autre abomination dans le coin. Il regretta fortement de n'avoir pas été là pour défendre les victimes de ce crime. Il resserra vivement le journal, tachant de déceler chaque indice et chaque lieu qu'il devrait visiter pour retrouver la trace de la marionnette, si ça en était vraiment une... Il devait savoir, c'était son devoir. Cain resta un moment fixe devant l'article, le lisant et le relisant sans cesse... Il était évident qu'il chercherait en premier lieu à savoir qui était présent dans l'église.

(Les rues de Boston... attention, ça va chauffer )

Quand Joshua lui répondit, Samarah eut la confirmation de ce qu’elle pensait. Il ne lui disait pas tout. Le mutant avait certainement du vivre des moments forts peu agréables durant les années précédentes, qu’il n’était pas désireux de partager avec la jeune mutante. Pourquoi ? Elle n’en avait rien, mais elle respectait son choix. Et puis comment pourrait-elle lui en vouloir ? Elle était bien la première à vouloir cacher des pans entiers de son passé. Joshua confirma aussi qu’il était bel et bien né dans Boston. Au moins, avec lui comme guide, elle ne risquait pas de se perdre dans ce cas !

"Hmm… Chacun son passé…", se contenta-t-elle de dire alors que le Boston Palace se dessinait au loin.

Sa phrase était plutôt explicite. Samarah avait bien comprit que le mutant lui cachait des choses, et en disant cela, elle lui faisait comprendre que peu lui emportait ses actes passés. Tout comme elle s’en foutait de ce qu’il penserait d’elle s’il apprenait un jour ce qu’elle-même avait fait étant plus jeune. Quoique l’on fasse, on doit apprendre à vivre avec notre passé, n’est-ce pas ?

Cette fois, le Boston Palace se dressait fièrement devant. L’hôtel était immense et surtout très impressionnant. L’entrée principale n’était faite que de verre. Et devant cet étalage de vitres, des gens installaient minutieusement le tapis rouge. Pour qui ? Pour quoi ? Aucune idée. Peut-être pour une réception qui devait se tenir là en l’honneur de la fin de l’année ce soir. Ou peut-être encore pour le groupe de musique à la mode en ce moment. D’après ce qu’elle avait compris, plusieurs membres de l’Institut en étaient les vedettes et ce sont elles que Joshua voulait venir voir ici. Samarah n’étant pas très portée sur la musique et les boysband en général, elle ne pouvait pas vraiment comprendre l’engouement que manifestaient parfois ces groupies, complètement fan de musiciens, à entendre parfois des heures leur place d’entrée à un concert. Un concert… Voilà bien un endroit où vous ne verrez jamais la jeune mutante. A moins que vous ne désiriez la faire mourir d’angoisse, bien entendu…

Au fur et à mesure qu’elle approchait de l’hôtel, sa nervosité remonta d’un cran, mais ça allait encore. La situation était gérable. Et quand Joshua s’inquiéta de son état, elle lui répondit par l’affirmative. Pour le moment, point de goutte de sueur à l’horizon…

Les deux mutants s’engouffrèrent dans l’entrée et une fois à l’intérieur, Samarah ne put que constater le luxe et le faste qui y régnait. Dalles et bureau d’accueil en marbre. Colonnes décoratives en marbre aussi. Eh bien, il y en avait qui ne s’embêtait pas à Boston…

Joshua devait certainement savoir où retrouver les membres de l’Institut car il se dirigea instantanément vers le restaurant. Samarah, toujours dans son sillage, se contenta de le suivre, jetant de temps en temps un coup d’œil à gauche et à droite. Elle ne vit pas non plus arriver le maître d’hôtel vers eux et ne prit pas la peine de prendre la parole. Joshua se débrouillait très bien tout seul. Ce dernier s’approcha d’une table où Samarah reconnut vaguement un membre de l’Institut, en compagnie d’une jeune demoiselle, à la beauté pour le moins éblouissante.

Tout en s’approchant à son tour de la table, son regard fit le tour de la pièce et soudain, Samarah s’arrêta net comme un automate figé dans un dernier mouvement. Aussi peu discrètement d’ailleurs que Joshua s’en rendit compte tout de suite.

Surprise, hein… Et encore, c’était peu dire. Ses yeux venaient de se poser sur la dernière personne qu’elle s’attendait à croiser ici. Quelqu’un qui avait disparu de la circulation depuis près d’un mois et qui ne s’était jamais manifesté pour donner des nouvelles. Même pas histoire de dire que tout allait bien pour lui et qu’elle ne devait pas s’en faire. Mais bon dieu de bon sang de bonsoir, que pouvait-il bien faire ici ?

Deklan.

Alors là, impossible de savoir précisément ce que ressentit Samarah sur le moment. La colère, le soulagement, la frustration peut-être, ou bien encore l’énervement. Une chose était néanmoins sûre : une fois remise de sa surprise, son sang ne fit qu’un tour dans ses veines.


"DEKLAN !" hurla-t-elle pour tout le restaurant


Elle n’entendit même pas la question du mutant qu’il l’accompagnait. Non, au lieu de ça, pour toute réponse, elle abandonna ce dernier sur place et se précipita branle bat de combat vers la table où se trouvait son ami. En chemin, elle se mit à hurler, inconsciente qu’elle allait probablement créer un scandale, mais que voulez-vous, quand la colère s’exprime, elle fait souvent fi des conséquences :

"NON... MAIS... JE PEUX SAVOIR CE QUE TU FICHES ICI ? CA T'EST JAMAIS PASSE PAR LA TETE DE ME DONNER SIGNE DE VIE DEPUIS TOUT CE TEMPS?"

Et n’allez pas croire qu’elle s’arrêta une fois près de lui. Au contraire, elle continua de plus belle, complètement hors d’elle. A tel point, qu’elle ne remarqua même pas la présence de John assis en face de Deklan.

"EST-CE QUE TU AS LA MOINDRE IDEE DU SANG D'ENCRE QUE JE ME SUIS FAIT POUR TOI?"

Ouh là là…. Quel radical changement d’attitude en quelques minutes, la voilà passée d’un calme relativement olympien à une rage sans précédent… Y en a qui devait être en train de se demander si la jeune mutante ne s’était pas métamorphosée en furie… Mais bon, il fallait la comprendre aussi. Samarah était vraiment fâchée. Pire encore. Elle était furieuse contre Deklan. Ca faisait plus d’un mois qu’elle était absolument sans nouvelles de lui, se demandant même s’il n’avait pas été tué lors de l’attaque des Sentinelles. Et le voilà qu’il était de retour à Boston, à supposer qu’il ait jamais quitté la ville un jour. Et vous pensez qu’il songerait à venir lui dire ‘mais ne t’inquiètes pas Sam, je vais bien, ne t’en fais pas’. Eh bien non, même pas ! Elle savait le jeune homme étrange, mais il y avait des limites quand même !

"UN MOIS! CA FAIT UN MOIS QUE TU AS DISPARU SANS LAISSER DE TRACES !PLUS DE NOUVELLES! RIEN! "

Et ça continuait. Samarah ne pouvait plus s’arrêter. Elle déversa sur le jeune homme toute l’angoisse et la crainte qui lui avait tiraillé le ventre et rempli ses nuits blanches durant ce dernier mois. Pendant qu’elle se demandait vainement pourquoi il avait quitté l’Institut, où est ce qu’il se trouvait et s’il allait bien.

"J'AI BIEN CRU QUE TU ETAIS MORT A CAUSE DE... CES TRUCS-LA... DE... DE CES AFFREUX BIDULES QUI ONT ATTAQUE L INSTITUT!"

Elle était tellement énervée qu’elle n’avait pas encore remarqué que Deklan n’était pas tout à fait dans son état normal. Etrangement fatigué et l’air vague, il semblait un peu absent. Mais pour le moment, Samarah était loin de faire un topo sur la santé physique de son ami, elle était bien trop occupée à essayer de résister de toutes ses forces à l’envie grandissante de se jeter sur lui pour lui en coller une dont il se souviendrait encore dans 10 ans.

"TU... TU MERITRERAIS QUE JE TE...."

C'est à peine si elle ne s'étranglait pas de rage. Il fallait vraiment qu'elle se calme.

Doucement, Samarah. Inspire, expire, inspire.

Le pire dans tout ça, c’est que si vous lui demandiez pourquoi elle se mettait dans un état pareil, elle aurait bien été incapable de vous répondre…

(HJ : bon pour cette fois, tu y échappes encore ... Sam est qd meme encore trop gentille)

- Oui... En effet, c'est bien moi. Vous êtes ?

- Si tu ne me reconnais pas, ce n'est pas grave, Deklan... Je voulais juste te dire quelque chose avant qu'elle n'arrive...

Deklan n'aurait su dire à quel moment John avait sorti cette carte. Mais elle était là, entre deux doigts du Cerveau, qui la posa sur la table devant Deklan.

- John Bender. Nous étions tous les deux à l'Institut, et nous l'avons tous les deux... mis de côté. Si tu te souviens de moi et que tu as des ennuis, appelle-moi. Garde-la, on ne sait jamais.

Sans plus d'artifice, John se leva et croisa Samarah, lui faisant un signe à la fois poli et amusé de la tête. Il savait ce qui allait se passer dans quelques secondes. Il prit Joshua à part ; ils étaient à quelques mètres du petit couple qui ignorait toujours son interdépendance. Il dit à son co-Untitled de se diriger vers la table de Shawn et Jackie et de l'attendre là ; décidément, cet hôtel devenait un vrai repaire de mutants. Ou était-ce depuis que John et Shawn s'étaient installés ici ?

Samarah se mit à beugler à l'encontre de son alter ego. Pas de panique, ça allait passer tout seul. John s'éclipsa à cet instant-là, un instant entre deux instants.

~ Bonjour, Miss... ~

Elle ne le voyait pas, mais savait que c'était lui. John était déjà en train de régler l'addition quand il commença à envoyer de petites pensées à Angela. Là, elle arrêtait de ricaner en se moquant de son ami, subjuguée qu'elle était par cette ambiance mentale au-delà de la perception normale.

~ Il est amusant que nous nous croisions à nouveau... Serait-ce le destin ? Croyez-vous au destin, Miss S. ? ~

Il ne pouvait pas entendre sa réponse, mais elle ne le savait pas. Et le but n'était pas de la faire réfléchir. Il s'agissait plutôt d'une sorte de mise en garde. Il ne se doutait pas vraiment de ce que cette femme faisait ici, mais comme il venait de le dire à Deklan quelques secondes plus tôt : on ne sait jamais.

~ Et d'après vous, qui doit obéir au destin de qui ? ~

L'ascenseur s'ouvrit, laissant sortir une jolie brune en robe d'hiver. John la regarda passer, douce et fraîche. Il monta seul, se positionnant très exactement au centre de la cage. Quand les porrtes se refermèrent, il ne pouvait plus lui parler. Mais il avait fait passer l'essentiel de son message : il était là, et il surveillait.

Suite 70

Deklan attendait sagement la réponse de l’homme en face de lui, mais celle-ci se fit un peu curieuse.

- Si tu ne me reconnais pas, ce n'est pas grave, Deklan... Je voulais juste te dire quelque chose avant qu'elle n'arrive...

- Elle ?

Il ne voyait pas de qui il voulait parler car il lui semblait qu’il ne connaissait aucune personne féminine à Boston, à part les passants qu’il voyait mais à qui il ne parlait jamais. Cela attira un peu plus l’attention du jeune homme qui écouta la suite de ses dires…

- John Bender. Nous étions tous les deux à l'Institut, et nous l'avons tous les deux... mis de côté. Si tu te souviens de moi et que tu as des ennuis, appelle-moi. Garde-la, on ne sait jamais.

John Bender ? Ce nom ne résonnait pas dans sa tête même si ses traits lui rapportaient quelque chose. Qui était-il ? Deklan attrapa la carte sur la table mais n’eut-il le temps de répondre un mot que l’homme se leva rapidement et s’en alla sans avoir son reste. Il se demanda sur le moment si leur rencontre était une coïncidence et que c’était une personne qu’il avait croisé à l’hôpital psychiatrique ou bien s’il l’avait connu belle et bien.

L’homme passa à travers plusieurs personnes, leur délaissant à chacun quelques mots. Parmi ces là, les plus proches étaient un homme d’âge mur et une jeune fille qui l’accompagnait. Celle-ci le fixa étrangement mais ses traits lui rappelaient aussi quelque chose. Il ne savait dire où il l’avait croisé mais c’était la même chose que pour John, il se dit qu’à un moment ou à un autre, cela reviendrait. L’homme à côté de la jeune fille ne lui rappelait strictement rien en revanche…

Ce qui se déroula par la suite, fit comprendre au jeune homme pourquoi il avait détalé si vite, la queue entre les jambes. La jeune fille s’avança à la table et se mit à lui hurler dessus comme si elle le connaissait. Le jeune homme se recula sur le côté s’accolant même à la vitre froide de la fenêtre à côté de lui.

La jeune fille l’accusait d’avoir disparu sans donner de nouvelles depuis un mois, parlant de mort, de bidules, d’institut, d’attaques, etc. Enfin c’était ce qu’il avait pu décrypter au milieu des hurlements, mais une chose traversa l’esprit du jeune homme : Qui était-elle ?

Deklan resta scotché devant elle, ne savant réellement que dire tandis qu’elle l’assommait d’accusation… Elle avait prononcé son prénom, elle ne s’était donc pas trompé de personne. Même le petit prit peur et resta sous la table derrière les pieds de celle-ci. C’était dire…

Le garçon aurait voulu lui dire « Du calme, mademoiselle… » mais il sentit qu’une parole pourrait déclencher un acte inconsidéré que la demoiselle tentait de retenir. Le regard incompréhensif et quasiment méfiant, il recula sa chaise histoire de prendre un peu de distance. Oh oui de la distance, il fallait en prendre…

Il resta un instant muet, histoire de calmer un peu les choses. Tout le monde les regardait dans la salle comme si un meurtre venait d’être commis. Lorsqu’elle eut terminé, un long silence plana et Deklan ayant pris un bon mètre de distance, prit la parole en espérant que cela ne se retourne pas contre lui. Il garda le ton lent et presque relaxe que lui obligeait les médicaments présents dans son sang.

« Vous êtes qui vous encore ? Ca… vous arrive souvent ? »

L’idée de lui prêter ses tranquillisants lui traversa l’esprit. Elle en avait grandement besoin d’après lui. Piquer une crise là, devant tout le monde, et lui il n’avait aucune idée de qui elle pouvait être… Le « calme » revenu, l’husky bondit de sous la table et commença à japper comme voulant faire autant de bruit que la jeune fille.

Alors que Cain était profondément concentré sur l'article de journal, une voix dégomma le léger chahue de la pièce. Levant le regard, il aperçut une jeune fille hurler à plein poumons sur un garçon d'à peu près son âge. Celui-ci semblait véritablement perdu au milieu de cette "attaque" verbale et avait un air des plus surpris.

Vu les propos de la jeune fille, il semblait que la personne assise avait disparue pendant un moment sans donner de nouvelles. C'était étrange... La plupart des gens qui avaient succombé à la tentation devant le Créateur, disparaissait quelques temps. Cain se concentra un peu plus sur le jeune homme mais son oeil gauche resta tel quel. Aucune apparition ne vînt troubler sa vision... Fausse Alerte !

Comme si le cas ne lui était plus important, et surtout ne voulant pas être pris dans ce qui semblait plutôt maintenant une affaire de couple, Cain se redressa, laissa un peu d'argent pour payer... Les sourcils froncés il mit son beret sur la tête puis se dirigea vers la sortie puis soudain, comme ayant oublié quelque chose, il revînt sur la table, attrapa deux croissants et fourra un troisième dans la bouche. "L'énergie était décisive, surtout dans mon cas!", pensait le jeune homme aux cheveux blancs.

L'estomac ou plutôt le bras-estomac sur patte avait été rassacié, enfin jusqu'à ce que le prochain repas se prononce ou que le jeune homme doive utiliser son bras. L'affaire se montrait plus qu'importance vu les 5 personnes victimes de l'affaire de l'Eglise. Plus vite le boulot serait fait, et plus tranquilles seraient les humains de cette ville...

De par son expérience, il remarqua quelque chose qui lui titilla l'esprit. Chacune des personnes présentes à part les serveurs, semblaient avoir un lien avec une ou plusieurs autres présentes dans le restaurant. Etait-ce un hasard? Peut être pas mais comme c'était un hôtel, il se dit qu'un voyage organisé en était la raison. Hypothèse logique enfin d'après lui...

(Rues de Boston)

- Je suis désolé je dois aussi vous laisser. Ce fut un plaisir de vous rencontrer mademoiselle Hastings, j'espère que nous nous reverrons très bientôt.

- Le plaisir était pour moi monsieur Cliver ! Je vous souhaite une bonne journée. Répondit-elle enchantée.

Jackie recommanda un deuxième thé et plongea son regard vers la vue de Boston enneigée.

* Belle matinée tu ne trouves pas Jackie ? *

* C'est vrai. Ca change de chez nous. Toute cette pluie ! *

Jackie aurait aimé converser avec Jacklyn plus longuement. Elle ne s'étaient pas parlé depuis longtemps. Faute de temps. Elle se promit intérieurement qu'elles se verraient ce soir, dans "leur" suite.

Son thé arriva. Elle y versa un nuage de lait froid et porta la tasse à ses lèvres. Délicieux.

Un homme fît son apparition à sa table. Il n'était pas grand, - un mètre soixante dix, ou quinze à tout casser - mais il était assez pas mal, s'avoua Jackie. Il se présenta à elle.

- Bonjour mademoiselle. Je suis Joshua Morgan, One pour les intimes, guitariste rythmique des Untitled. Pourrais-je connaitre votre nom afin de savoir si il était aussi beau et enjôleur que votre plastique?

* Aussi beau et enjôleur que votre plastique... Et bien ! Quelle approche ma chère Jackie. *

- Bonjour monsieur Morgan. Enchantée. Je suis Jackie Hastings. Ne me dîtes pas que tous les membres de votre groupe séjourne dans cet hôtel ? Dit-elle en prenant son plus beau sourire. Si tel est le cas, j'en serai ravie.

Cela faisait longtemps qu'on ne l'avait pas abordée comme cela. Ca la faisait rire. Mais bon, Ce Joshua Morgan était aussi charmant que ses deux compères des Untitled. Et puis, il fallait bien qu'elle fasse connaissance avec les habitants de cette ville, et Jackie adorait faire de nouvelles rencontres, surtout quand elles étaient intéressantes comme en ce moment.

Samarah ne se rendait même plus compte de l’état de fureur qu’elle devait afficher en ce moment même. Dire qu’elle était à présent hors d’elle, aurait été un euphémisme. Mais ça, tout le monde l’avait incontestablement remarqué ! Elle, qui d’habitude ne supportait pas d’être le centre d’intérêts, ne faisait même plus attention aux regards qui la dévisageaient maintenant sévèrement. C’est à peine si elle aperçut John lui sourire en coin au moment où il passa près d’elle. Encore moins si elle vit qu’il entraîna Joshua avec lui, le plus loin possible d’elle. Non, sur le moment, il n’y avait plus qu’elle, la table en face et Deklan, qui la regardait l’air totalement effaré, dans le restaurant. Pour être honnête, elle avait même presque oublié qu’elle s’était rendue jusqu’ici en compagnie de Joshua d’ailleurs…

Je le gifle, ou je le gifle pas ?

Hmm, cruel dilemme, n’est-ce pas ? Mais cette seule question résumait assez bien ses préoccupations actuelles

La jeune mutante tremblait de tout son corps. Et cela se voyait. Des tremblements de rage comme elle n’en n’avait, pour ainsi dire, jamais connu. Du moins, si on parle de colère sciemment provoquée, pas simplement due à une provocation, comme cela avait été le cas dans le parc. Non, ici, Samarah avait, en quelque sorte, elle-même déclenché sa colère. Car elle avait une bonne raison d’être furieuse. Et dans un sens, cela expliquait pourquoi, elle n’avait pas encore perdu le contrôle… au profit de sa sombre conscience. La situation était volontaire et n’avait pour but que de faire réagir Deklan… qui ne semblait pas l’avoir compris, malheureusement.

Au plus, Samarah s’emportait, au plus son ami reculait contre la vitre du restaurant. L’air complètement… voyons… terrorisé ? Oui, en effet. Il y avait des chances que ce soit bien le cas… Vu l’état de la mutante, celle-ci devait être assez effrayante à voir.

Malheureusement pour lui, le fait qu’il ne dise rien, n’était pas pour arranger les choses puisqu’elle attendait justement une réaction de sa part. Son mutisme n’était pas pour ainsi dire la bonne solution.

"MAIS ENFIN, DIS QUELQUE CHOSE ! REAGIS BON SANG !"continua-t-elle, toujours emportée dans son élan de colère.

Mais pas moyen de le faire parler. Le jeune mutant se contentait de la regarder bizarrement, presque comme une étrangère ! Pire encore, son regard trahissait une profonde interrogation. Il regardait la jeune mutante, comme s’il la regardait pour la première fois ! Qu’à cela ne tienne, elle continua encore !

"QU’EST-CE QUE TU AS FOUTU PENDANT UN MOIS ? OU T’AS DISPARU ?"

Comme pour se protéger davantage de sa soudaine agressivité, Samarah surprit Deklan qui reculait encore plus loin d’elle, emportant avec lui sa chaise. La situation aurait pu être comique si elle n’était pas en train de devenir aussi tragique !

En effet, la jeune mutante aurait pu s’attendre à n’importe quoi comme réponse ! Qu’il lui dise qu’il ait décidé de faire le tour du pays, qu’il se soit retrouvé en prison ou encore qu’il ait décidé de faire une escapade dans le désert pour faire le Paris-Dakar… Tout ! Absolument tout! Mais pas ce qu’elle allait entendre dans moins d’une seconde…

Vous êtes qui vous encore ?

Le choc. Un seau d’eau glacée qui vous coule lentement dans le cou. Un mauvais rêve ou une farce de mauvais genre. Le temps qui se fige soudain.

*qu.. quoi ?*

Surprise par une telle question, Samarah se calma quasi instantanément. Toute sa colère retomba, flétrie par le poids d’une telle révélation. La jeune mutante fixa Deklan dans les yeux, pour le moins étonnée, si pas choquée.

"C... comment ça, qui je suis ? Tu… te fous de moi ou quoi ?" articula péniblement l’adolescente d’une voix d’outre tombe, mais en tout cas calmée.

Alors là ! Elle n’en revenait pas ! Feindre l’ignorance pour échapper à son sort. C’était la première fois qu’on lui faisait un coup pareil ! Il fallait oser quand même ! Etait-ce possible qu’elle se soit trompée à ce point sur le compte de Deklan ? Que celui-ci ne mérite en fin de compte pas plus d’intérêts qu’elle n’en n’avait manifesté à toutes les personnes qui avaient croisé son chemin, jusqu’à présent ?

Non. Elle savait qu’il était différent. Depuis le début, même.

Certes, une telle réaction, c’était bas. Trop bas même pour que Deklan puisse s’abaisser à une attitude aussi lâche… Cette fois, Samarah était calmée pour de bon. Sa fureur avait disparu aussi vite qu’elle était apparue. Pour faire place à l’étonnement, très certainement, mais aussi l’interrogation. Pourquoi donc ne se souvenait-il pas d’elle ? La jeune mutante n’était quand même pas aussi insignifiante que ça, non ?

Un silence pesant s’installait doucement, seulement rompu par le bruit des couverts aux tables voisines. Les gens, certains du moins, osaient en effet recommencer à manger et faire comme s’ils n’avaient jamais vu une furie venir interrompre leur petit déjeuner, avec ses cris de rage intempestifs.

Elle plongea son regard dans celui de Deklan et à ce moment-là seulement, Samarah comprit que quelque chose n’allait pas. Le jeune mutant demeurait amorphe, complètement à côté de la plaque. L’air vague, les yeux mornes et le regard absent, le moindre de ses gestes semblait ralenti et lui coûtait manifestement un sérieux effort de mobilisation musculaire. Elle se sentit presque honteuse de s’être emportée aussi vivement, alors que visiblement, Deklan n’avait pas l’air dans son assiette !

Mon Dieu. Houston, we have a problem, comme diraient certains

Savait-il encore seulement qu’il se trouvait à Boston ? S’il ne se souvenait plus de Samarah…

A présent, totalement désemparée, la jeune mutante se rapprocha, brisant ainsi la distance qu’il avait tenté en vain de mettre entre eux et s’assit en face de lui, silencieuse. Elle le scruta lentement, du bout de ses cheveux à la moindre particule de fibres de ses vêtements. Et pour une fois, ses yeux trahissaient légèrement ses émotions.

"Mais qui t’as fait ça ?" demanda-t-elle finalement, horrifiée, se rendant compte que son ami était à présent à peine plus vaillant qu’un zombie.

Elle était tellement sous le choc, qu’elle oublia de lui préciser à nouveau son identité (il finirait peut-être bien par s’en rappeler tout seul, non ?) et quand Deklan reprit la parole :

Ca… vous arrive souvent ?

Elle ne put que bafouiller assez maladroitement:

"Euh…je… non, je ne crois pas…"

Comme si elle s’énervait souvent, elle ! Non mais ! Enfin, quoiqu’en y réfléchissant bien… oui peut-être un peu. Mais là n’était pas le problème ! Elle se rattrapa comme elle le put en lâchant vivement :

" Et puis arrête de me vouvoyer, j’ai horreur de ça ! "

Au moins, même si lui ne la reconnaissait pas, elle était sûre d’avoir à faire à la bonne personne. Il n’y avait que Deklan pour vouvoyer les gens ainsi. Il l’avait fait lors de leur première rencontre…

Soudain, elle vit surgir de sous la table un petit chien qui commenca à aboyer à tue-tête. Il était mignon et encore tout petit, or elle n'avait jamais vu Deklan avec un chien auparavant.

"Il est à toi?" demanda-t-elle doucement, d'un ton qui contrastait maintenant de manière évidente avec celui, emporté, qu'elle avait utilisé pour aborder le jeune homme.