Commissariat Central de Boston [Fermé]

- Central de Boston.

- Inspecteur EID Bender. Matricule 373153.

- Analyse faciale ?

Nathan mit son visage bien en face du visio.

- Merci. Je vous les passe, dit le robot.

L'Environment Infiltration Department avait été créé en 2014, pour empêcher des groupuscules politiques de se muer en activistes. C'était l'une des choses qui permettaient le maintien de la paix... En général.

- Nathan ? Vous passez au rapport ?

- Ouais, J'arrive dans une dizaine de minutes. Je prends un taxi, là.

- Des précautions ?

- Faudrait voir par satellite si je suis pas suivi. J'ai eu des emmerdes récemment.

Dès qu'il était à nouveau dans sa peau de flic, Nathan rendossait evec elle une personnalité de brute au vocabulaire limité mais ayant choisi de servir la Loi. Si ces poulets de seconde classe l'avaient entendu converser avec Iaroslav quelques minutes plus tôt à peine... Mais cela n'arriverait jamais.

Ensuite, il passa un petit coup de fil à Jack - un autre ! - Sullivan. Ce bon vieux Sullivan, comme il aimait l'appeler en se moquant de lui, comme le ferait un père avec un fils indigne. Il monta dans le taxi, et laissa un message.

Il ne se sentit pas suivi au cours du trajet, mais avec un tel trafic, c'était impossible d'être sûr de quoi que ce soit. Et puis de nos jours, on n'avait pas besoin de vous voir pour pouvoir vous suivre... Il entra dans le commissariat, prit l'ascenseur et monta au troisième. Là, il se rendit au bureau de Jack Upshaw, le commissaire principal de Boston.

Jack était le meilleur contact - hors Confrérie - dont disposait Nathan. Il lui avait greffé - et fait oublier - tellement d'ordres conditionnés que le pauvre homme n'était plus qu'un pantin. Un pantin qui s'ignorait. Bender ouvrit la porte en grand, sans que cela fasse de bruit ; mais le geste était tout de même violent.

- Ah ! Nathan. Vous...

- Ta gueule, vieux pruneau.

Et en voilà un, d'exemple d'ordre conditionné. Lorsque Bender disait cela à Upshaw, ce dernier se taisait, et ne pouvait qu'attendre qu'on lui parle ; le tout sans qu'il ait à lui expliquer tout ça à chaque fois. Le mieux dans tout ça, c'était qu'Upshaw, terrorisé qu'il était en ce moment, se demandant pourquoi il n'arrivait pas à parler ni à bouger, aurait tout oublié dans dix minutes... Diabolique, certes. Mais diaboliquement efficace.

Il fallait quelques mois pour faire d'un homme un légume comme celui-ci. Le reste du temps, Upshaw vivait comme tout le monde, ignorant que Bender avait conditionné son subconscient à lui faire obéir au moindre mot.

Upshaw parlait, et Bender écoutait, tranquillement. C'est à ce moment qu'un son affreux lui vrilla les tympans. Il se tenait la tête, tout tortillé, au sol.

La douleur ne venait pas de ses oreilles. Il s'en rendit compte quand il constata qu'il entendait toujours Upshaw débiter son résumé de la semaine. Chose heureuse : le chef de la police de Boston n'avait pas profité de l'occasion pour échapper à son pouvoir. Avec un tel conditionnement...

Il s'agissait donc d'une attaque mentale. De faible puissance, mais quand on était surpris... Qui pouvait lui faire ça ?

~C'est John, ton frère...~

La vrille avait disparu pour laisser place à cette voix qui semblait venir de très loin.

*Je n'ai pas de frère, l'ami ! Sors de ma tête tout de suite !*

~Pas question, Nath. Et inutile d'essayer ton pouvoir par télépathie, je ne lis pas directement tes pensées dans ta tête. Je suis ton frère, je suis John Bender, et si tu me résistes je te scierai le mental comme on scie un rondin en balsa.~

Bender avait réussi à se relever, maintenant que la vrille avait terminé son oeuvre. Il s'attendait à une nouvelle petite touche pour la menace, mais non. Apparemment, John avait compris que Nathan coopèrerait. La voix était toujours lointaine, mais il l'entendait clairement.

~N'oublie pas de démagnétiser Upshaw. ~

Nathan s'exécuta et fit son possible pour sortir rapidement du commissariat. Que signifiait cette histoire ? Etait-ce le Cercle, grâce à une de ces machines télépathes qu'ils avaient retrouvées dans un appartement désaffecté, qui le poussait vers la mort ? Ou... John Bender... à part le fait qu'il y ait son nom dedans, cela lui rappelait quelque chose...

~Te fatigue pas, frangin. Tu sauras la réponse bien assez tôt. Prends un taxi et va dans la ruelle juste à gauche du Boston Palace. Et pendant qu'on y est : ça fait trois semaines que le Cercle a laissé tomber ta trace, alors reste tranquille...~

Dans le taxi, Bender vérifia que son arme était chargée. Il savait qu'on le regardait faire, mais mieux valait quand même faire comme ça. John - si c'était son vrai nom - ne manqua pas de lui dire que cette arme était inutile, qu'il n'aurait pas envie de s'en servir quand il arriverait.
Rien à foutre. Il allait lui coller une balle dans le ciboulot et ce serait vite réglé.

Vers La Fin