Le choc des titans!XD

Ni l’un ni l’autre n’avait émis le moindre signe de protestation lorsqu’elle leur avait annoncé qu’ils continueraient malgré tout de chercher Deklan. Soit. C’est qu’ils étaient d’accord dans ce cas. Car toute personne censée renoncerait à trouver quelqu’un lorsqu’elle vient d’apprendre que cette dernière aurait tué trois personnes si elle ne tenait pas à être la suivante sur la liste. Oui, une personne censée ferait ça. Ou bien un lâche. Mais pas Samarah. Elle n’était pas une lâche. Et ses deux compagnons non plus apparemment.

"Ca va ? Vous êtes sûrs de vouloir continuer quand même ?" leur demanda-t-elle, pour être certaine qu’ils avaient fait leur choix en toute connaissance de cause, et non pas par peur qu’elle le prenne mal.

Ils quittèrent la cave en une file indienne, les deux humains ouvrant la marche, Brent encadrés par Ksénia devant et le barman par Yanis derrière. Samarah, quant à elle se tenait derrière, s’assurant un contact visuel permanent sur ses « victimes ». De cette façon, ils étaient sous bonne garde. S’ils tentaient de s’enfuir, ils seraient morts avant d’avoir pu faire le moindre pas de travers. Quand ils remontèrent, le sang ornait toujours les murs du couloir mais Samarah n’y prêta plus attention. Après les visions d’horreur dans la petite salle souterraine, ces quelques tâches n’étaient que des détails dans le paysage !

Bientôt, ils furent à la lumière de la lune qui commençait doucement à disparaître pour faire place à un pâle soleil. La nuit avait filé très vite et Samarah ne s’était pas rendue compte que l’aube était déjà si proche. Par contre, les températures, elles demeuraient toujours aussi glaciales. Le froid lui mordait les joues et devenait insupportable. Elle voulut rabaisser les manches de son sweat sur ses bras mais une douleur cinglante lui fit vite changer d’avis quand sa main effleura son bras droit. La jeune mutante grimaça mais ne dit rien de plus. Sa blessure lui était complètement sortie de la tête, sans doute trop occupée à se concentrer sur les hommes. Mais maintenant qu’elle s’en était souvenue, elle sentit des picotements et une douleur lancinante qui lui traversaient le bras, un peu en dessous de son épaule. Pour le moment, ça n’avait pas l’air trop grave mais si elle ne faisait rien, la plaie finirait par s’infecter.

*tant que je n’ai pas froid ni de la fièvre, ça ira…* pensa-t-elle pour se rassurer.

Seulement, savoir si elle avait froid n’était pas évident. Avec ce vent, bien sûr qu’elle avait froid. Mais ces frissons étaient-ils seulement le fruit des températures hivernales ? Ou bien est-ce que l’infection commençait déjà son travail ? Pas facile à dire. Mais la jeune mutante jugea que tant qu’elle serait capable d’aligner deux idées les unes derrières les autres, tout irait bien.

Et puis, ils se retrouvaient à nouveau face au même problème : Deklan demeurait introuvable, perdu quelque part dans Boston. Et si ces hommes disaient vrai, ce que Samarah commençait de plus en plus à penser malheureusement, il était en danger… Et un danger pour tous ceux qui croiseraient sa route. Mais malgré sa lucidité, Samarah refusait de croire cette histoire. Elle n’imaginait pas Deklan capable d’une telle chose, pas lui en tout cas… Il semblait si calme…

Vue de l’extérieur, leur procession ressemblait à s’y méprendre à la dernière marche de condamnés, éconduits par leurs bourreaux. Matt ne s’était jamais retrouvé dans une situation aussi humiliante durant toute sa vie. Se trouver ainsi aux mains de trois adolescents, mutants qui plus est ! Mais justement, toute l’importance de la situation résidait dans ce petit détail. En temps normal, il leur aurait déjà réglé leur compte à ces jeunes. Comme il le faisait à tous ces resquilleurs qui venaient encombrer son bar et faire fuir les clients potentiels…Là, c’était quelque peu différent. C’était elle, cette fille aux longs cheveux châtains qui lui réglerait son compte s’il tentait de s’enfuir. Sacré coup dur pour l’orgueil masculin complètement démesuré de Matt !

Ah ! Comme il la haïssait, elle et tous ses semblables ! Des créatures immondes, toutes encore pires les unes que les autres ! Ils ne méritaient pas de vivre ! Tant qu’ils seraient en liberté, les humains seraient en danger. Il n’y avait qu’à voir comment l’autre mutant avait pété les plombs et avait réduit en poussière ses amis. Très rassurant de savoir qu’à chaque coin de rue, vous risquez de vous faire tuer par un mutant enragé, sous prétexte que celui-ci n’est pas maître de ses pouvoirs ! Non, vraiment, la seule solution restait l’éradication… Même elle, la dénommée Samarah, derrière son apparence frêle de jeune fille inoffensive, se cachait une véritable menace. Il n’était pas mutant et heureusement, mais il y a des choses que l’on sent ainsi. Le regard qu’elle lui avait lancé dans le parc et maintenant dans la cave… C’était on ne peut plus clair, même si à première vue, la principale intéressée ne semblait pas s’en rendre compte ! Un tel potentiel frisait l’indécence !

Mais bon sang, qu’est-ce qu’il lui prenait de penser à tout ça ? Il le savait déjà ! Pour avoir failli mourir une fois par sa faute… Alors pourquoi n’essayait-il pas de faire quelque chose ? De tenter une fuite ?

Tout simplement parce que, tout au fond de lui, il avait peur. Il savait qu’il n’avait pas la moindre chance de faire le poids tout seul face à ses trois mutants. Il ne le reconnaîtrait jamais mais cette fille et ses deux acolytes l’effrayait, rien qu’à penser à ce qu’ils pourraient lui faire.

Et puis dans les deux cas, il était perdu. S’il s’enfuyait, elle le tuerait et s’il restait là sagement, aussi docile qu’un agneau, pareil ! C’en était fini de lui et de Brent…

A propos de Brent, on ne l’entendait plus depuis longtemps celui-là. Ce qui était à peu près normal, vu l’état dans lequel il se trouvait. Le terme second aurait été un euphémisme. C’était encore pire. Absent conviendrait mieux, son esprit désincarné de son enveloppe corporelle. Son corps avançait comme un automate. Droit devant lui, le regard vide d’expression. En toute franchise, ce n’était même pas sûr qu’il comprenne encore ce qui lui arrivait !

Les trois adolescents avançaient dans un silence, uniquement rompu par le bruit de leurs pas sur les dalles gelées. Il n’y avait personne dans les rues à cette heure matinale. Normal, qui aurait la stupide idée de se promener par un temps pareil ? A part nos trois amis… Mais ils y étaient un peu forcés s’ils voulaient retrouver Deklan !
De temps en temps, un frisson parcourait l’échine de Samarah et un petit nuage blanc sortait de sa bouche chaque fois qu’elle expirait.

*ce n’est … que le froid…le froid et le vent*

Cependant, la chair de poule commençait à la gagner sérieusement. Il lui était de plus en plus difficile de ne pas claquer des dents. Et son bras lui faisait vraiment mal maintenant. Engourdi par le froid, les picotements se faisaient de plus en plus difficiles à supporter sans broncher.
Elle se ressaisit en jetant un coup d’oeil aux deux humains. Ils étaient sages pour le moment. Trop sage, même… C’était louche. A moins qu’ils n’aient enfin compris qu’il était vain et sans espoir de se battre contre les trois membres de l’Institut.

*vraiment pathétique… ils profitent et font les malins tant que la situation est à leur avantage, mais dès que ça se complique, ce sont des vrais couillons !* pensa dédaigneusement Samarah

Il y avait des fois comme ça où le comportement des humains l’insupportait réellement. Et c’était dans des moments pareils qu’elle pouvait devenir dangereuse, comme les évènements du parc avaient pu le prouver précédemment…

Une part d’elle voulait s’en prendre à ces hommes, s’amuser avec eux et leur faire subir tout ce qu’ils avaient fait à Deklan. Elle devait se retenir pour ne pas les provoquer, car les achever comme ça d’un coup, sur le champ, n’avait rien de spectaculaire. Les sensations et la satisfaction qu’elle en ressentirait ne seraient pas les mêmes que si les hommes faisaient au moins mine de se défendre. Elle voulait les faire souffrir longtemps, rendre leur souffrance interminable… Les entendre la supplier d’arrêter, mais elle n’arrêterait pas. Elle continuerait encore et encore. Jusqu’à ce que la mort les emporte ! Cette folie meurtrière était contrôlée depuis tantôt par le bon côté de Samarah, celui qui raisonnait avec lucidité. Et non pas celui uniquement guidé par sa colère. Mais ça devenait de plus en plus difficile de lutter contre cette envie d’en finir avec ces humains…

Au bout d’une dizaine de minutes de marche, ils arrivèrent devant une petite place déserte. De vieilles bâtisses, plus minables les une que les autres, l’entouraient de part et d’autre avecleur façades toutes décrépies. Devant eux s’élevait une sorte de brouillard qui mangeait la moitié de l’endroit. Celui qu’on aperçoit parfois le matin en se levant et qui ne dure jamais longtemps. Ils étaient encore dans les quartiers mal famés de la ville. Et ce manteau duveteux ne faisait que renforcer l’impression d’insécurité que l’on pouvait ressentir dans de tels endroits.

Samarah scruta les environs mais il n’y avait rien à signaler.

Matt eut sans le vouloir le même réflexe que la mutante, repérer les lieux. Pas très rassurants certes, mais ce brouillard constituait peut-être son unique chance de s’en sortir vivant… D’après ce qu’il avait vu, son bourreau avait besoin de le voir pour pouvoir exercer son contrôle mental sur lui. S’il parvenait à se soustraire de son champ de vision, alors il serait sauvé. Elle ne pourrait plus rien faire. Il lui suffisait juste d’atteindre le manteau de brouillard. Juste. C’était plus facile à dire qu’à faire. Il n’aurait pas beaucoup de temps pour y arriver et qu’une seule occasion. En plus, on aurait dit que ses jambes refusaient de lui obéir. Comme si on les empêchait de bouger ! Soudain, il pensa à quelque chose.

*non ! elle serait quand même pas en plus capable de lire dans les pensées ?* s’interrogeait Matt, semblant soudain atterré.

Dans ce cas, il n’aurait vraiment plus aucune chance de s’enfuir. Si son ennemi devinait ses actions avant qu’il ne les mette en pratique ! Ca devenait mission impossible ! Il jeta un coup d’œil discret à la mutante, mais celle-ci ne semblait pas exercer son contrôle ailleurs sur lui qu’au niveau des chaînes qui le saucissonnaient depuis tout à l’heure. Non Samarah n’était pas télépathe. Du moins pas encore…

Mais alors pourquoi ne pouvait-il plus avancer ? Tout simplement à cause de la peur. Une fois de plus. Et peut-être à cause du froid aussi, qui s’infiltrait sournoisement dans ses membres et les paralysait petit à petit. Finalement, au prix d’un incroyable effort de volonté et de concentration il parvint à bouger sa jambe gauche et puis sa jambe droite. Il avait avancé l’air de rien d’un pas. Il fit mine de se secouer pour ne pas trop se refroidir et le brouillard se rapprocha encore d’un pas.

La mutante n’avait encore rien remarqué. Il prit alors un grand bol de courage et se précipita sans prévenir dans le brouillard. Tanpis pour Brent ! Avec un peu de chance il ne lui arriverait rien ! Ce n’était pas très pratique avec ses chaînes autour de lui qui le déséquilibraient, mais il espérait qu’une fois dans le brouillard et hors de vue de la mutante, le lien de métal se briserait.

Seulement il ne fallait pas prendre Samarah pour une imbécile non plus. Il ne se doutait donc pas que dans le cas où il commettrait une bêtise de ce genre elle aurait tout le temps de rattraper ? Non, bien sûr. Mais ne lui en voulons pas trop. Après tout ce n’était rien d’autre qu’un humain !

"TOI ! hurla-t-elle, TU…RESTES…ICI!"

Et aussitôt, le barman fut tiré en arrière par une force incroyable, comme si un lasso invisible l’avait attrapé, et il vint s’écraser aux pieds de Samarah qui lui jeta un regard noir

"IMBECILE ! J’avais pourtant dit, pas de bêtises ! T’espérais quoi comme ça ? T’enfuir de cette façon devant moi ? Mais tu rêves ! PAUVRE FOU !"

Cette fois, elle était vraiment énervée. Cet humain la narguait, ce n’était pas possible autrement. Il cherchait vraiment à mourir ! Dans un élan de rage elle le plaqua, lui et Brent au sol, la face contre les dalles gelées, coincés par son étau psychique. Il lui suffisait de peu pour les achever ici. En plus, elle en mourait d’envie, de leur asséner le coup fatal !

Matt jura encore et encore. Il avait une fois de plus raté son coup. Et maintenant, vu l’état dans lequel se trouvait la mutante, il lui faudrait beaucoup de chance pour s’en sortir vivant…

Le contact avec le froid semblait avoir soudain réveillé Brent. Il revint à lui après un long moment d’absence. Le sol gelé lui brûlait le visage et la douleur qu’il ressentait, comme s’il se trouvait écrasé par une voiture était insupportable. Sa voix, proche d’un râle, se fit soudain entendre, remontant du fin fond de sa gorge.

"Stop ! Arrête ! Par pitié ! C’est… c’est…insupportable ! ", gémit-il entre deux hoquets de douleur.

Mais Samarah ne l’entendait pas de cette oreille. Elle voulait continuer !

"Tais-toi ! Tu m’énerves à geindre comme un bébé! dit-elle sans aucune pitié. Yanis ? Ou Ksénia, peu importe faites-le taire !" finit par crier Samarah, complètement excédée !

Ils l’énervaient, tous les deux ! Ignobles résidus de la race humaine qu’ils étaient. Elle ne se douta bien sûr pas pas que ses deux compagnons étaient en droit de lui refuser ce qu'elle leur avait presque imposé comme demande!

"Quant à toi... ", dit-elle doucement d’une voix glaciale, qui ressemblait étrangement à celle qu’elle avait adoptée dans le parc.

Elle s’avança assez près du barman pour le dévisager.

"Toi… tu ne nous feras plus jamais de mal ! " conclut-elle, arrogante et à la limite démente.

Elle s’apprêtait à lui donner le coup de grâce. Elle s’en réjouissait déjà. D’ici dix secondes, cette pourriture aurait disparu de la surface de la Terre. Et il n’y aurait certainement personne pour le regretter.

Matt n’eut même pas le courage de la regarder en face. Il savait que c’était fini. Elle allait le tuer d’un instant à l’autre…

Quelle cible choisir ? Le cœur, les poumons ou le cerveau ? Hmmm. Difficile… Les unes comme les autre étaient intéressantes. Cependant, l’agonie serait plus lente si elle s’attaquait au cœur. Les informations véhiculant la douleur auraient le temps d’arriver jusqu’au cerveau, où une fois qu’elle y seraient traitées, il s’ensuiverait une souffrance insupportable… Allez ! Va pour le cœur ! Qu’elle l’achève comme elle l’aurait du la première fois !

Il n’avait plus qu’à attendre… Résigné car totalement impuissant

Cette fois, ça y était. Juste une onde. Une seule. L’onde apportant la mort. Et c’était fini. Pus de barman ! Lénah se concentra et…

*ça y est, cette fois je suis mort…*

…s’arrêta sans prévenir au milieu de son entreprise.

Elle releva alors la tête pour regarder devant elle. Il lui semblait avoir entendu des bruits de pas, très lents, dans le brouillard. Et maintenant, il y avait plus que des pas. Elle distinguait vaguement une silhouette qui se découpait à travers le manteau brumeux…

(j'espère que ça te va comme entrée Deklan, sinon j'éditerai!^^)

(Ca me va ^^)

Des paroles avaient résonné dans la ruelle et avait attiré apparemment une ombre errante. Celle-ci se mouvait lentement, laissant aller pas après pas, quelques petits bruits de chair tendue claquant sur les dalles glacées qui recouvraient le sol.

Au poignée de Samarah, il sembla l'espac d'unee fraction de seconde que le bracelet représentant le serpent protecteur venait de bouger. Ce même bracelet avait sans doute réagit à une présence familière...

L'ombre se rapprochait découpant l'air frais et la brume étouffante. On pouvait certes se demander qui marcherait de si bonne heure dans la rue sans grande visibilité et sans allure dénotant que la personne avait un but. Hélas l'être qui se présentait chercher quelque chose mais ne pensait pas vraiment le trouver immédiatement...

L'ombre parut plus clait et laissa apparaître le corps de Deklan. Celui tenait la tête légèrement baissée, juste assez pour que des mèches de cheveux tombent vers l'avant et viennent couvrir son regard de dément. Malgré le froid, il se trimbalait torse et pieds nus. Quelque chose semblait le recouvrir et couler goutte à goutte le sur le sol. Un liquide rougeatre et sentant vivement le sang...

Lorsqu'il fut plus près, on pouvait remarquer plusieurs blessures sur son corps et aussi sa peau n'était pas vraiment des plus normales. Quelques parties étaient faites de chair et d'autres légèrement sableuses... Il n'était effectivement qu'à demi-métamorphosé. Le sang coulait lentement le long de ses bras et venait s'accumuler sur ses doigts complètement déboités. Il avait même viré au bleu au niveau des articulations liant les phatalanges à la paume de la main.

Quelques pas de plus permirent de remarquer un très léger sourire... Celui-ci n'avait pas vraiment lieu d'être mais surtout vu le nombre d'hématomes sur le corps, la quantité de sang qui le recouvraient, le nombre de blessures et de côtes fissurées, les doigts déboités, et le froid qui osait mordre ce corps à demi-dévêtu.

L'errant sembla découvrir quelques personnes devant lui. Il leva légèrement la tête et derrière les quelques mèches de cheveux qui cachaient son regard aux lueurs de sang, il découvrit les personnes qu'il cherchait depuis quelques heures déjà...
Le sourire sur son visage s'agrandit lentement, lui rangeant la rage inlassable qui tiraillait un coeur corrompu par la haine. Seuls ses proies l'intéressaient et il n'avait même pas fait attention aux autres, comme ne les reconnaissant pas et c'était le cas. Une haine aveugle est irréprésible faisait de lui un animal qui ne reconnaissait pas sa propre meute... Appelez cela l'instinct de survie, l'instinct du prédateur, la soif de sang ou ce que vous voudrez, a ce moment là, l'ombre écarlate ne voyait plus qu'une chose : l'objet de sa colère.

Il reprit la marche lentement se dirigeant vers Matt et Brent, et passant une légère langue sur sa lèvre inférieur comme pour se remettre en bouche le goût du sang... Celui de ses victimes au trépas.

Le froid commençait à engourdir les doigts de Yanis. Lorsqu'il alluma une nouvelle cigarette, sans quitter des yeux l'homme dont il avait la charge, ses mains se réchauffèrent un peu quand la flamme de son briquet les lécha doucement. Qu'allaient-ils faire s'ils trouvaient Deklan ? C'était la grande question qui titillait le jeune mutant.

Un des humains tenta de s'échapper et la psychokinésiste le rattrapa aussitôt. Une réaction plus qu'étrange, ce qui ne fit qu'agraver leur cas aux yeux de Yanis qui était pourtant le seul à les avoir "défendus".

*Non....vraiment, ces types sont des crétins. Mais méritent-ils la mort ? Certainement pas.*

Soudain, une ombre se décolla d'un des murs de ce quartier pourri de Boston.

"Qu..."

Sa question resta en suspens devant la mine du jeune homme. Immédiatement, Yanis bloqua sur ses doigts. Ils semblaient plus que cassés, on aurait dit qu'ils étaient broyés, hachés, concassés. Le sourire de Deklan ne faisait que renforcer son côté complètement azimuté. Yanis tourna les yeux vers les deux humains.

"Chiens...qu'avez-vous fait ?"

Bien sur, cette question n'appelait aucune réponse. Mais fallait-il les tuer pour autant ? Non, l'avis du jeune homme n'était pas prét de changer....puis il fixa à nouveau les doigts de Deklan...il n'était plus sur à cent pour cent. La première chose que fit Yanis, c'est de se planter aux côtés de Ksénia et de tenter la même chose qu'elle: attraper le regard du jeune homme.

En faisant cela, il laissait la voie libre pour atteindre les humains...et tant pis. S'ils pouvaient l'arréter, le bain de sang serait évité. En même temps, la vie de ces deux êtres abjects ne valait pas grand chose...

"Samarah... Arrête... On est là pour retrouver..."

Les paroles de Ksénia ne furent pas très utiles pour arrêter Samarah dans son élan. Celle-ci avait déjà stoppé sa manœuvre mortelle. Et de toute façon, sa phrase aurait heurté un esprit qui ne l’aurait pas écouté. Samarah ne l’entendait pas. Ses yeux étaient rivés sur l’inconnu face à eux. Inconnu ? Non, pas tout à fait. Elle savait qui c’était. Elle l’avait senti…

Avant même que la silhouette ne se découpe avec précision dans la brume, Samarah su en effet qu’il s’agissait de Deklan. Comment ? Son instinct le lui avait soufflé. Et le bracelet, simplement confirmé. Car, elle le sentit tout d’un coup s’agiter autour de son poignet. Comme si le serpent avait détecté la présence de quelqu’un qu’il connaissait…. Et si cette hypothèse demeurait plausible, cette personne ne pouvait être que Deklan !

Elle jeta un rapide coup d’œil au bracelet. Les yeux du serpent brillaient d’un éclat rouge vif tandis que celui-ci s’était mis à onduler doucement. Il fit le tour de son poignet une fois avant de s’immobiliser. La jeune mutante s’interrogea sur la couleur rouge des petits yeux en fente, mais elle en comprit bien vite l’origine. C’était son sang. Il coulait depuis tantôt depuis sa blessure, le long de son bras et il avait finit par atteindre son poignet où il avait souillé le cadeau de Deklan. Cela la contraria beaucoup ! Le seul et unique cadeau qu’on ne lui ait jamais fait, il fallait qu’il soit abîmé ! Et toujours par la faute des ses humains ! Ce qu’elle pouvait les haïr alors, ces deux-là ! Mais le moment n’était pas venu de se préoccuper de ça, maintenant.

Elle porta à nouveau son regard devant elle et lorsque l’ombre se matérialisa en la personne de Deklan un peu plus loin devant, Samarah ne fut pas surprise.

Il était en vie ! Comme elle avait toujours su ! Un sentiment de joie intense s’empara de la jeune mutante ! Elle était si heureuse de la voir là devant elle ! Ce cours instant de bonheur n’allait malheureusement pas durer. Elle se releva, déjà prête à aller vers lui.

Mais elle hésita tout d’un coup. Quelque chose n’allait pas…

Elle regarda son ami plus attentivement et cette fois, elle fut bel et bien surprise quand elle constata son état… Aucun mot ni aucune phrase n’aurait pu l’expliquer ! C’était tout simplement horrible. Vraiment horrible !

Samarah en resta bouche bée de stupeur. De dégoût. D’horreur !

"Mon Dieu..."

Mon dieu ! Oui ! Ksénia lui avait enlevé les mots de la bouche !

Comment pouvait-on se laisser aller à une telle expression de ses instincts primaires ? Faire tant de mal à une personne ? C’était tout simplement inhumain, perpétrer des tels actes… La dimension de l’horreur s’amplifiait encore quand on apprenait que ce n’était rien d’autre que l’œuvre de gens qui se voulaient plus humains que nos trois mutants… Piètre démonstration de l’humanité que ces tristes actions ! Elle tombait vraiment bien bas par moment. Et c’était encore peu dire !

Quelle horreur ! Le jeune mutant était méconnaissable. Il se promenait torse nu. Ses pieds également nus avançaient sur le sol gelé sans pour autant sembler souffrir du froid cinglant. Son corps, entièrement mutilé, en ferait fuir plus d’un ! Des hématomes se dessinaient ça et là, leur surface parfois hachurée par de longues traînées de sang, tant frais que séché. Son visage, à demi caché par des mèches de cheveux faisait peur. Et ses doigts… Comment le décrire ? Rien qu’à les voir, Samarah en eut des frissons dans le dos. On aurait dit qu’ils avaient tous été retournés, croqués dans tous les sens, comme de vulgaires bouts de bois ! Et puis… Il y avait ces espèces de traits, couleur sable qui traversaient son torse de part en part et qui lui donnait un aspect bariolé. Qu’est-ce que cela pouvait bien être ?

Si elle en avait été capable, Samarah aurait pleuré. Mais elle ne le fit pas. Trop de haine coulait dans ses veines maintenant. Et le simple fait de penser que le corps de son ami ne devait plus être à présent qu’une enveloppe de souffrance lui faisait extrêmement mal !

Samarah mit du temps à pouvoir parler. Et quand elle put enfin émettre un son, celui-ci ne put sortir entier de sa gorge.

"Dekl…"

Non. Ce n’était pas Deklan. Du moins, pas celui qu’elle connaissait. Enfin si, ça l’était. Mais sans l’être tout à fait non plus. Qui il était, ça elle l’ignorait complètement. Ce qu’elle savait en revanche, c’est que l’individu qui se tenait devant eux n’avait de Deklan que son apparence….

Celui-ci s’avança légèrement et Samarah pu apercevoir un ignoble sourire de dément se dessiner sur ses lèvres. Il continuait de s’approcher doucement, ne semblant avoir d ‘yeux que pour les deux humains, plaqués au sol depuis tout à l’heure. Il n’avait pas l’air d’avoir remarqué la présence des trois autres mutants.

Ksénia, cependant, devait elle aussi avoir remarqué que Deklan n’était pas dans son état normal. Car elle proposa bientôt à Samarah d’essayer de le neutraliser.

"Samarah... Si tu n'arrives pas à le raisonner, à le ramener...Si j'arrive à croiser son regard je pourrais peut-être réussir à le rendre inconscient..."

Le raisonner ? Sur le moment, cela lui parut tout à fait stupide. Mais elle fut bien obligée de reconnaître que la jeune Russe n’avait pas tort quand elle aperçut, un bref instant, briller deux lueurs rouges derrière le rideau de cheveux de Deklan. Elle ne l’avait jamais vu avec un regard pareil… Aussi terrifiant ! Elle n’avait déjà pas été capable de le faire rester à l’Institut alors qu’il était lui-même à ce moment-là. Alors essayer de le raisonner maintenant ! Ca n’allait pas être de la tarte !

Et puis, une question taraudait son esprit depuis quelques minutes. Si ce n’était pas Deklan, alors qui était-ce ?

Elle le jaugea encore une fois du regard de bas en haut. Il n’y avait pas de doute, ce n’était plus le garçon avec qui elle venait de passer trois jours à discuter !

"Mais… Qui es-tu ?" demanda-t-elle finalement dans un souffle, en tentant d’être le plus calme possible.

Garder son calme était loin d’être évident pour Samarah. Mais vu les circonstances, s’énerver n’aurait servi à rien. Elle le savait très bien. Cela n’aurait fait qu’aggraver la situation.

Cette question paraîtrait pour le moins étrange à ses deux compagnons. L’entendre dire ça alors qu’elle était censée connaître Deklan… Mieux qu’eux deux en tout cas…. Mais elle devait vraiment savoir à qui elle avait à faire. Car la jeune mutante n’avait pas la moindre envie de devoir utiliser ses pouvoirs sur Deklan. Elle se l’était promis. Maintenant, il est sûr que si la situation l’imposait, elle n’hésiterait pas. A contre cœur, certes. Mais elle le ferait. Elle s’en sentait parfaitement capable.

La jeune mutante semblait s’être quelque peu calmée. Il n’y a pas encore cinq minutes, elle était prête à abattre de sang froid deux hommes qu’elle avait maintenant complètement oubliés. Et vu le choc qu’elle venait de subir en voyant Deklan aussi amoché, elle aurait pu encore les oublier longtemps si Yanis ne lui avait pas indirectement rappeler leur présence en étalant ses pensées à voie haute.

"Chiens...qu'avez-vous fait ?"

Cette simple phrase reconnecta Samarah à la réalité et d’un geste brusque, elle fusilla du regard les deux hommes qui commencèrent à se tordre de douleur par terre. Elle hurla alors sans prévenir :

"ILS L’ONT TORTURE ! VOILA CE QU’ILS ONT FAIT ! ET A TEL POINT QU’IL EN A PERDU LA RAISON ! "

Cela ne servait à rien de s’énerver, Samarah.

Oui, elle le savait. Mais… Là, elle était réellement furax. Une rage qu’elle n’avait jamais connue prenait possession d’elle. Pire encore que le jour de l’accident et dans le parc. Ses yeux virèrent aux noirs. Et ça c’était un signe qui ne trompait pas ! Gare à celui qui aurait le malheur de se mettre sur son chemin maintenant !

"Qu’est-ce que vous lui avez fait subir comme horreur pour qu’il devienne comme ça ? Hein ?" continua-t-elle de crier en fixant de ses yeux froids les deux humains.

Au sol, Matt et Brent n’en pouvaient plus. La douleur était atroce. Le visage du barman se fendait en une horrible grimace. Seul Brent semblait avoir entendu la mutante hurler. Il tenta d’y répondre, se disant qu’après elle arrêterait peut-être.

"Ce n’est pas… On ne voulait pas… Il… il… a essayé de nous prévenir… Mais ils ont continué, Bill et Mike…ils n’ont rien voulu entendre ! Pard… pardon, nous ne voulions pas !"

Samarah l’écouta mais sans grande conviction. Il valait mieux qu’il arrête avant d’aggraver son cas ! Deklan leur avait demandé d’arrêter, c’est ça ? Et ils avaient continué ?
Ce n’était pas le genre de truc à dire à une mutante folle de rage, encore moins quand celle-ci se nommait Samarah !

"LA FERME ! Ignobles pourritures ! Il est trop tard pour regretter! Vous mériteriez que je vous tue !"

Et comme pour joindre le geste à la parole, elle souleva les deux hommes dans les airs et les fit se fracasser au sol à plusieurs reprises, un peu comme un caillou ricochant à la surface de l’eau. Les deux humains parcoururent bien deux ou trois mètres ainsi, accusant à peu près le même nombre de coups. Brent continua de la supplier d’arrêter et dans un terrible élan de violence, elle l’envoya s’écraser contre le mur sur sa droite. Celui-ci resta debout, immobile, une fraction de seconde, le regard hagard et se laissa tomber comme une masse à terre. Assommé. Il ne bougeait plus.

*au moins comme ça, il arrêtera de pleurnicher celui-là !*

Elle reporta son regard, noir comme l’ébène, sur le barman qui n’osait plus bouger, complètement terrorisé. Il s’étonnait d’être toujours vivant.

Et il n’avait pas tort, dans un sens. C’était un miracle que Lénah ne l’aie pas encore tué ! On pourrait se demander pourquoi d’ailleurs. En temps normal, elle l’aurait déjà fait depuis longtemps…

Peut-être avait-elle trouvé quelque chose de pire que la mort à lui faire subir ?

Ou bien, est-ce que malgré les apparences, son bon côté dominait encore la situation ? Et que celui-ci maintenait le barman en vie car il savait que tuer n’était pas la solution ?

Le regard de Deklan restait fixé sur les deux hommes à terre et même les paroles des quelques personnes autour ne vinrent même pas effleurer son esprit. Il était comme omnibulé par l'objet de sa haine qui ne faisait que s'intensifier... A ce moment là, il visualisait déjà le corps mourant de Brent et Matt gisant sur le sol dans une marre de sang qui ne cesserait de colorer les dalles glacées sur lesquelles il marchait.

Même les plans qui furent dis à haute voix et qui étaient censés devoir permettre de le maîtriser, ne parvinrent pas jusqu'à lui... L'instinct qui prenait ses droits dans le corps de Deklan restait étranger à toute forme de nuisance qui aurait pu le dévier de sa voie.

"Mais… Qui es-tu ?"

L'appel de son nom fut aussi inutile, comme un écho perdu en montagne et qui finirait par perdre d'intensité, s'estomper progressivement et finir par disparaître. Dans des conditions comme celle là, le raisonner devenait mission impossible... Seul peut être une action qui entraverait ses agissements permettrait de le faire réagir mais comme les victimes précédentes, ceux qui entamerait cette action finiraient sans doute par devenir une proie de l'esprit sableux.

"ILS L’ONT TORTURE ! VOILA CE QU’ILS ONT FAIT ! ET A TEL POINT QU’IL EN A PERDU LA RAISON ! "

La vérité était bien là... Une torture morale et physique l'avait conduit à laisser échapper l'être qui se terrait en lui depuis... depuis si longtemps que l'on aurait pu penser qu'il était né ainsi, et c'était peut être le cas. Chaque être détient en lui un côté obscur qu'il sait maîtriser et museler jusqu'à un certain point. Ce moment apparaît lorsque les limites de la tolérance s'écroule, lorsque l'on est pas assez fort pour résister à la tension qui nous assaille...

Deklan avait prévenu les humains pourtant. Une bête été resté terrer en lui et seul sa volonté la gardait étrangère au monde réel. Mais hélas, ils avaient tout fait pour diminuer cette volonté. Ils l'avaient affaiblis en lui infligeant des tortures insoutenables et des brimades inqualifiables. Mais ce fut la totale lorsqu'ils rajoutèrent que tout ce qu'il lui avait infligé, le serait aussi pour Samarah avec plus d'intensité...

Pouvait-il laisser cela se faire? Devait-il rester lâche et abandonner celle avec qui il avait noué des liens et qui ne s'était pas encore éloigné de lui? Résigné, il avait pactisé avec le démon et laissé déferler sa haine contre ces humains inhumains. Bien grand paradoxe que voilà mais c'était la réalité de ce monde où la peur prenait place et aspirait à l'obscurité des âmes...

Pas après pas, voilà que l'être au corps strié de sable s'avançait. Une légère brume sortait de ses voies respiratoires tandis que le corps restait de couleurs en contraste entre le teint très pâle dû au froid et aux multiples blessures et le rouge du mélange de son sang avec de celles de ses victimes...

Un instant suffit et les deux humains se retrouvèrent finalement plaqués contre le mur par Samarah. L'un d'eux perdit connaissance, Brent, l'autre resta aux aguets après avoir reprit ses esprits... Jetant un regard vers l'être qui continuait à avancer à petits pas vers lui, Matt ouvrit grand les yeux... La lueur rougeâtre qui transperçait à travers les mèches désordonnées de Deklan semblait transcender son corps. Il se sentait regardé comme de la chair fraîche, comme une proie, comme un animal traqué... Cette sensation lui était insoutenable et il haïssait ce qu'il voyait.

Matt : "Enfoiré ! Je t'enverrais en enfer !! Crois-moi ! J'vais te saigner et tu paieras pour ce que t'as fait!"

Il termina sa phrase en crachant le plus près possible de Deklan. La haine qui l'avait envahi lui avait fait oublier que Samarah tenait sa vie dans la paume de sa main. Sur le moment, peu importait la situation, il haïssait le mutant et il voulait bien qu'il l'entende...

Deklan ne cessa de sourire en continuant d'avancer. Un loup s'attardait-il sur les gémissements de sa proie? L'arpenteur continua à avancer lentement, les striures de sables prirent alors plus de territoires et enveloppaient même certains membres... Deklan se transformait entièrement en sable et lorsqu'il devînt l'être sans chair, il observa celui qui allait faire les frais de sa colère.



Matt le regarda alors avec un regard de surprise et de frayeur. C'était la première fois qu'il voyait une chose pareil. Ses yeux s'écarquillèrent à la limite de s'exorbiter avant qu'il ne lâche quelques mots...

Matt : "Enfer et damna...tion... Comm... Comment?"

Le sable à la base de Deklan finit par se mouvoir sur les rainures du sol. Doucement il s'effritait telle une statue de sel prenant l'eau... Chaque grain prenait un chemin différent mais se rejoignait au même endroit : les pieds de Matt. Celui-ci hurla de frayeur...

Matt : "Non, laisse-moi, reste loin de moi !!! Qu... non, non, NOOON !!!!"

Le sable se mit à grimper et envelopper Matt entièrement. Les grains passèrent sous les vêtements alors que l'humain restait fixé contre le mur et tentait de trouver une échappatoire...



Doucement le sable arriva au niveau de sa gorge. Il se sentait quelque peu étouffer. Sans doute une de ces claustrophobies qui interviennent dans des moments comme celui là. Personne n'aurait aimé être à sa place, c'était sûr car à présent il se faisait ronger par cette chose qu'il n'osait qualifier...

Sa jambe finit par se plier à l'envers et un cri effroyable retentit dans la ruelle... Des bruits de vertèbres se firent aussi entendre comme jalouse d'avoir trop longtemps gardé le silence. L'homme jeta son regard sur les autres mutants qui semblaient un tontiné plus compréhensif que Deklan et dans un espoir de pitié il leur dit avec une voie haletante...

Matt : "Aidez-moi... Je vous en prie... J-je ne mérite pas de finir comme ça... aahhhhhhhhhhhh"

Le sable conquit plus de territoire et recouvra entièrement la tête en s'infiltrant même par les voies orales... L'homme cherchant un quelconque moyen de survie tendit encore sa main vers Samarah, Yanis et Ksénia, les suppliant de lui venir en aide.



Hélas même si les mutants auraient essayé quelque chose, le sort en était jeté... L'homme tentant de se diriger vers Yanis et Ksénia, termina sa vie dans un craquement de nuque. Sa tête fit trois tours autour d'elle même avant de se relâcher et tomber vers le bas... A ce moment là, un rugissement de bête sauvage se fit entendre, provenant du sable. Le prédateur avait achevé sa proie et cela lui procurait une extrême jouissance... Il continuait de se mouvoir autour de lui, lui broyant les os et le dépeçant sans pitié.

Délaissant le corps mort quelques peu, la forme sableuse prit lentement une forme humaine et continuait de donner des coups de poings en direction de la tête du trépassé... Deklan était devenu comme fou. Chaque coup lui attirait un rire presque démoniaque. Il semblait s'amuser à bousiller la mâchoire carré du mastodonte à terre... Plus il frappait et plus des giclées de sang jaillissaient dans tous les sens. La forme que prenait le sable était celle de Deklan mais avec une différence assez remarquable. Sur la moitié du visage se tenait une sorte de masque qui poursuivait un sourire des plus destabilisant…


Les poings de sable n'avaient de cesse mais doucement ils perdirent de leur intensité, comme fatigué. Quelques morceaux de chair réapparurent par ci par là, Deklan reprenait forme humaine... Ses doigts reprirent leur allure désarticulé mais il continua de frapper, frapper et encore frapper. La douleur était intense à chaque coup mais il ne s'arrêtait pas de rire... Un coup, et il criait à cause de la souffrance... Un coup, et il criait emporter par la haine qui s'était estompé à cause de la satisfaction que la Bête venait d'avoir, pour laisser place à une joie incommensurable, un coup il terminait celui qui l'avait torturé comme un jouet, encore un coup pour en finir pour toutes les personnes impliqués et passés au trépas. A chaque coup, les cris de douleur transcendait la brume mais le rire se faisait toujours entendre...

Deklan termina dans un coup de coude dans le visage de sa victime avant de s'arrêter. Sans doute assez épuisé par la nuit et par le froid qui mordait son corps, il resta là, à genoux à côté du corps sans vie... Ses cheveux continuait encore à cacher son regard mais la lueur rouge persistait... Il resta immobile, silencieux, la respiration haletante et laissant de nouvelles brumes jaillir d'entre ses lèvres. Un petit ricanement persistait au travers d’un sourire incompréhensible. Seul l’être à genoux pouvaient comprendre ce sentiment de liberté… La liberté d’avoir assouvi quelque chose d’important.
Ses mains étaient plaqués sur le sol, soutenant un corps à moitié dénudé et affaibli. Des frissons parcoururent sa peau, laissant la chair de poule remonter en surface et menant son teint à devenir plus pâle... Sur la moitié du visage non masqué, une légère larme coula le long de la joue. Cela contrastait avec le sourire mais peut être était-ce la manifestation intérieure d’un regret…

Etait-ce terminé? Il en restait un pourtant, Brent. Pour le moment, l'arpenteur s'était figé mais que se passait-il vraiment à ce moment là?

Tétanisé par l'apparence de Deklan, Yanis ne pouvait plus bouger. Qu'allait-il faire ? Les tuer tous ? Non, apparement il ne voulait que se venger.

"ILS L’ONT TORTURE ! VOILA CE QU’ILS ONT FAIT ! ET A TEL POINT QU’IL EN A PERDU LA RAISON ! "

*Merci, j'avais deviné...*

La voix de Samarah fut comme un coup de fouet, et le sang du jeune homme se réchaufa un peu. Ses doigts reprenaient un peu de leur mobilité, puis ses bras se dégourdirent...

Le sable attrapa Matt, l'Algérien savait que c'était fini pour lui. Que faire ? A cet instant, un deuxième frisson d'angoisse parcourut son échine. Il était de nouveau bloqué. Quelques secondes qui lui semblaient interminable passèrent, puis un bruit...un claquement sec, des os qui cèdent sous la pression du sable.

C'en était trop pour le jeune mutant, il était resté sans rien faire pendant trop de temps. S'il perdait la vie, au moins il aurait cru jusqu'au en ses idéaux: la justice, la paix et toutes sortes de choses grandiloquentes qui régissaient sa vie.

Lentement, il descendit la fermeture éclair de son long manteau. Toujours avec une lenteur extrème, il rejeta sa mèche rebelle en arrière. Puis il se plaça entre Deklan et le dernier des humains. Ses intensions étaient clairement belliqueuses, mais son pouvoir agirait-il sur un homme de sable ? Il n'en avait aucune idée, mais il ne perdrait pas le dernier de ces enfoirés. En plantant ses yeux dans ceux de Deklan, il parla calmement.

"Laisse-le partir. Cet homme a vu tous ses amis mourir devant lui, il n'est plus un danger..."

C'était tout ce qu'il voulait, sauver cet homme qui embarqué par d'autres crétins de son espèce avait commis des atrocités sur un mutant. Mais à présent, Yanis était déterminé et il se sentait bien. Son mal de crâne n'était qu'un loingtain souvenir. Il était temps de se prouver quelque chose à lui-même.

Peut-être avait-elle trouvé quelque chose de pire que la mort à lui faire subir ?
Ou bien, est-ce que malgré les apparences, son bon côté dominait encore la situation ? Et que celui-ci maintenait le barman en vie car il savait que tuer n’était pas la solution ?

En fait, non. Aucunes de ces deux possibilités n’étaient la bonne. Il aurait été impossible à dire à cet instant si Samarah raisonnait encore. Partagée entre ses deux côtés et hésitant quant auquel choisir, conviendrait mieux. Et elle n’avait rien trouvé non plus de pire que la mort à leur faire subir. Elle désirait plus que tout les voir crever comme des chiens ! Juste retour des choses pour ce qu’ils avaient faits à Deklan. Même si leur imposer une vie entière aux côtés de mutants aurait été une bien meilleure punition ! Qu’existait-il donc de pire que d’endurer la présence de ses pires ennemis ? Mais sa haine demeurait aveugle à une décision réfléchie et prise avec sagesse. Hélas…

Si elle ne les avait pas encore tués, c’est uniquement parce que son attention restait portée sur Deklan en même temps qu’elle contrôlait les deux hommes à terre.

Un Deklan plutôt inquiétant, il fallait le préciser. Maintenant elle en était sûre, il n’avait d’yeux que pour ses prisonniers. Comme si le simple fait de les regarder lui apportait l’idée de sombres desseins à leur réserver. Et, ce qui inquiétait le plus Samarah, c’est qu’il n’avait pas répondu à son nom… Comment cela se pouvait-il ? Etait-il à ce point perdu dans sa folie meurtrière qu’il n’avait même plus connaissance du monde qui l’entourait ? Elle le craignait fortement, en effet. La preuve en était qu’il ne leur avait encore jusque-là prêté aucune attention, à elle, Yanis et Ksénia. Son regard aux étincelles rouges flamboyantes accompagné de son sourire menaçant ne visait que les humains.

Samarah surveillait Deklan du coin de l’œil tout en s’occupant des hommes. Elle devinait ses intentions mais n’était pas très sûre de vouloir l’empêcher de mener à bien ses envies meurtrières. Le jeune mutant voulait les tuer. Ca, c’était une évidence, claire comme de l’eau de roche. Mais l’en empêcherait-t-elle ? Rien n’était moins sûr. Elle aussi voulait les voir mourir…

Bientôt, elle relâcha sa vigilance sur Brent. Il était assommé et ne ferait plus de mal à personne pour le moment. Elle se concentra uniquement sur Matt, toujours au sol mais pas pour autant prêt à se résigner. Et en même temps, elle tenait toujours Deklan à l’œil. Il pouvait passer à l’action à n’importe quel moment…. Et à ce moment-là, il valait mieux qu’elle soit prête à intervenir.

Intervenir ?

Elle dévisagea Matt. Celui-ci n’était plus aussi fier qu’au début de la soirée, quand il avait commencé sa petite séance de torture. Elle le fit relever pour qu’il se tienne sur ses genoux et le mit en garde :

"Si j’étais vous… à partir de maintenant… je ne m’amuserais plus à me faire remarquer… et encore moins de bouger"

Mais pourquoi voudrait-elle intervenir d’abord ?

*tu es folle…*lança une petite voix

Matt la regarda et sembla soudain reprendre un peu du poil de la bête. Il s’énerva. Même menacé de mort, cet homme n’était pas prêt à en découdre. Coriace. Vraiment. Ou totalement stupide…

"Et pourquoi ça ? Sale mutante ! J’ai pas envie de crever ! Et je bouge si je veux ! J’en ai rien à faire de ce que tu me dis !"

Et il cracha aux pieds de Samarah. Celle-ci, répugnée, lui lança son regard le plus noir possible mais arriva à se contrôler. Et cette fois, le barman eut la chance de ne pas se retrouver cloué, la face contre le sol !

"Justement, si vous tenez à votre vie, restez tranquille ! lui souffla-t-elle méchamment, c’est un conseil !"

*qu’est-ce qu’il te prend ? tu vas le laisser s’en tirer comme ça ? pour qu’il recommence encore la prochaine fois ? Sur toi ou un autre mutant ?* continua la voix

Elle avait raison de s’interroger, cette petite voix. Pourquoi donc Samarah s’évertuait-elle soudain à garder en vie le barman ? Il y a encore cinq minutes à peine, elle voulait les voir morts et enterrés, rongés par une bande d’asticots.

Oui mais, entre temps, la jeune mutante s’était rendue compte d’une petite chose qui avait toute son importance. Même si elle voulait voir mourir ces deux types, pour ce qu’ils avaient fait à Deklan, elle ne voulait en aucun cas qu’ils meurent de sa main. Car cela l’amènerait à commettre d’autres atrocités qu’il pourrait regretter par la suite. Elle ne pouvait pas laisser faire ça. Et elle ne pouvait pas les tuer non plus… Elle s’en rendait bien compte, malgré l’envie qui la rongeait.

*comment ça ?* s’emporta la voix

*tu m’as bien entendu ! je ne peux pas les tuer… il y en a déjà eu assez comme ça !*répliqua vivement Samarah

*non ! tu ne peux pas faire ça !*

Trop tard ! C’était fait ! Au placard la petite conscience perfide.

Miracle.

Samarah se calmait. Doucement, mais sûrement, elle refoulait la petite voix aux tendances meurtrières. Elle comprenait que cela ne servirait à rien de les tuer, sauf à soulager une colère sourde qui bouillait dans ses veines. Ce qui, il fallait quand même le reconnaître, lui ferait un grand bien sur le moment, mais après ? Comment se sentirait-elle ?

Elle y était presque parvenue, lorsqu’elle aperçut Deklan qui s’avançait. Elle vit qu’il avait toujours l’air aussi menaçant, ses yeux cachés un rideau de cheveux et ces étranges lignes claires sur son torse… Samarah s’interrogea encore sur leur nature quand elle comprit tout d’un coup de quoi il s’agissait. Ces lignes n’avaient pas que la couleur du sable, elles étaient en sable !

Ce n’est qu’un aperçu de ce que je peux faire…

Les paroles de Deklan lui revinrent en mémoire. Il lui avait dit ça quand ils discutaient tous les deux dans la cuisine, le soir de leur arrivée à l’Institut. Sur le coup Samarah n’avait pas fait attention mais maintenant… elle comprenait tout leur sens. Deklan ne se contentait pas de manipuler le sable. Il se transformait également en sable ! Il lui avait caché cette partie de son pouvoir. Volontairement… Elle ne lui en voulait pas. Deklan était encore libre de faire ce que bon lui semblait. Mais elle se demanda cependant pourquoi il ne lui avait rien dit. A moins que…

Un début d’explication germa dans l’esprit de Samarah mais elle comprendrait plus tard. En effet, elle vit Deklan s’approcher dangereusement du barman. Ce n’était plus vraiment Deklan, tant au point de vue psychique (ça elle l’avait maintenant compris, au sinon il aurait répondu quand elle l’avait appelé) qu’au point de physique. A chacun de ses pas, une partie supplémentaire de son corps faisait place à un peu plus de sable. Et cette prise de territoire continuait inlassablement. Bientôt, il n’y eut plus un seul bout de chair. Son corps n’était plus que sable. Et semblait tout aussi fluide et insaisissable que ces petits grains dorés qui le constituait

Samarah assista impuissant à cette transformation. D’un côté stupéfaite. De l’autre, pas très rassurée. L’être qui se tenait devant eux n’allait pas être des plus faciles à raisonner. Aveuglé par une haine qui ne serait rassasiée qu’une fois ces hommes morts, Deklan était devenu un véritable danger public. Et le caractère fort du jeune garçon, dans son état normal, n’arrangerait sûrement pas les choses ! Si l’individu de sable demeurait aussi têtu que le Deklan normal… C’était pas gagné, comme on dit ! Et Matt en faisait de même, que pouvait-il faire d’autre ? A par peut-être tenter de sauver le peu de dignité qu’il lui restait en évacuant sa haine…

Matt : "Enfoiré ! Je t'enverrais en enfer !! Crois-moi ! J'vais te saigner et tu paieras pour ce que t'as fait!" cria-t-il rageusement

Soudain, Ksénia se fit entendre.

"Taisez-vous!!" lui ordonna-t-elle derrière Samarah.

Elle devait elle aussi avoir compris que c’était une très mauvaise idée de continuer à narguer le jeune mutant. Mais apparemment Matt n’en n’avait cure car il cracha aux pieds de Deklan comme il l’avait fait pour Samarah. Sa haine viscérale pour les mutants l’aura vraiment tenu jusqu’au bout. Il était déjà prêt à recommencer lorsque son visage se figea dans une expression de terreur, ses yeux fixés sur le mutant de sable.

Voyant cela, Samarah reporta son attention sur Deklan. Il était maintenant totalement métamorphosé et l’être de sable toisait de toute sa hauteur Matt. Celui-ci osa à peine soutenir son regard.

Matt : "Enfer et damna...tion... Comm... Comment?" bégaya-t-il

C’est alors que tout commença. Lentement, des fines bandes de sable émergèrent du mutant, un peu comme les racines d’un arbre et se faufilèrent telles des serpents en direction de Matt. Quand elles arrivèrent à sa hauteur, elle se mirent à l’envelopper. Doucement, sournoisement mais irrévocablement, elles prenaient de plus en plus de territoire sur le corps du barman. Comme quand Deklan s’était transformé lui-même.

Matt : "Non, laisse-moi, reste loin de moi !!! Qu... non, non, NOOON !!!!"

Le barman hurla. Ce furent ses derniers cris avant qu’une bande de sable ne vienne s’infiltrer dans son nez et sa gorge afin de l’étouffer ! Il suffoqua et contre toute attente, eut une réaction plutôt surprenante. Il se retourna vers nos trois mutants et les supplia d’intervenir ! Il les supplia… Son heure devait vraiment être proche pour qu’il accepte une telle ignominie. Quémander de l’aide à ses ennemis !

Matt : "Aidez-moi... Je vous en prie... J-je ne mérite pas de finir comme ça... aahhhhhhhhhhhh"

Samarah n’avait pas quitté des yeux Deklan. Elle le regardait accomplir sa sinistre besogne, sans bouger. Elle aurait voulu faire quelque chose mais quelque part une sombre présence l’en empêcha, bientôt satisfaite de voir s’accomplir ce qu’elle aurait du faire dès le premier jour.
Maintenant, le barman ne fut plus lui aussi qu’un être de sable. Cela aurait pu s’arrêter là et il serait mort asphyxié. Mais sa jambe afficha soudain un drôle d’angle avant d’émettre un craquement sonore, synonyme d’un os broyé ! Le barman hurla de douleur. Ce ne fut cependant pas le plus terrible. Une bande de sable vint s’enrouler autour de son cou et sans prévenir, le croqua avec violence. La tête de Matt effectua une petite danse funeste avant de se laisser tomber sur son torse. Il était mort.

La jeune mutante ne fit que contempler la scène. Elle ne savait pas quoi penser. D’un côté, elle était contente d’avoir vu mourir cette ordure, mais d’un autre côté, elle se sentait triste Triste car il y avait déjà eu suffisamment de morts, triste car elle n’avait pas pu empêcher Deklan de commettre un crime de plus…

Deklan quant à lui semblait bien loin de tant de considération. Il continua de s’acharner sur le corps de Matt, en lui donnant des coups de poings rageurs sur le visage. Et il hurlait lui aussi. Samarah l’aurait sans doute laissé faire, qu’est-ce que ça pouvait bien avoir encore comme importance, il était déjà mort, si elle n’avait soudain pas entendu Ksénia gémir dans son dos. Elle se retourna et vit la jeune russe s’écrouler à terre, se retenant comme elle le pouvait à un lampadaire. Elle disait quelque chose, mais Samarah ne comprenait pas.

"Папа... Папа..."

Du russe. Elle parlait sûrement en russe. Et malgré qu’elle ignorait ce que cela pouvait bien dire, le ton de Ksénia était suppliant. Elle demandait de l’aide. Sans doute la mort de Matt fut-elle la goutte qui fit déborder le vase. Ce fut l’émotion en trop de la soirée pour la petite fille.

Samarah prit alors une grande inspiration et cria :

"Deklan ! Arrête ! Il est mort ! C’est bon comme ça ! Tu fais du mal à Ksénia !"

Mais rien n’y fit, il continua encore et encore.

Les coups tombèrent peut-être encore pendant deux ou trois minutes. Derrière elle, Samarah entendait Ksénia pleurer. Elle était prête à intervenir maintenant pour calmer Deklan.

*tanpis je n’ai pas le choix*

Lorsque la violence du jeune homme sembla se calmer d’elle-même. Encore un dernier coup de poing et puis il n’y en eut plus. Le jeune homme se laissa glisser à côté du cadavre. Son corps tremblant dans le froid et sa respiration haletante ponctuée de petits nuages blancs.

Soudain Yanis se plaça entre lui et le dernier homme vivant, toujours assommé contre le mur. Il planta son regard dans celui de Deklan et dit :

"Laisse-le partir. Cet homme a vu tous ses amis mourir devant lui, il n'est plus un danger..."

Samarah devinait qu’il voulait le maîtriser, derrière l’attitude calme qu’il affichait, sinon il n’aurait pas cherché son regard, mais elle s’interposa entre les deux mutants et dit à Yanis :

"Yanis, attends s’il te plait… Avant de tenter quelque chose, attends… Laisse moi d’abord essayer…"

Si c’était encore possible de le raisonner avant d’en arriver aux mains, seule Samarah pouvait y arriver !

Elle s’approcha doucement du mutant. Elle ne pouvait pas voir la larme qui venait d’humidifier sa joue, par contre elle devinait encore la présence de cet horrible masque, comme un pantin, divisant son visage en deux, tel le reflet de son âme.
Quand elle arriva à sa hauteur, elle posa délicatement sa main droite sur l’épaule de Deklan, un des rares endroits qui n’était pas encore tuméfié et demanda timidement :

"Deklan ? Est-ce… est-ce que c’est toi ?"

Pendant une fraction de secondes, Deklan, si c’était bien lui, n’eut aucune réaction. Puis, il redevint sable avant de se retourner lentement et de projeter son regard dans celui de Samarah. Malgré sa surprise, elle ne cilla pas. Et ne laissa rien paraître. Chose qu’exécutait la jeune mutante assez facilement. Toujours dissimuler, cacher au regard des autres. Le choc fut quand même rude. Elle ne s’était pas encore habituée à voir Deklan en sable ! Mais elle se ressaisit en moins de temps qu’il n’en fallait pour le voir.

Jamais elle n’avait vu un tel regard. Flamboyant de haine et de colère. Ce n’était pas celui de Deklan. Le sien était certes pénétrant, parfois sombre mais pas violent comme celui-ci, prêt à vous sauter à la gorge au moindre faux pas ! Et ce masque ! Hideux reflet de l’âme noire de la Bête ! Absolument terrifiant !

Soudain, elle sentit le contact, doux et froid, du sable sur sa main et elle en frissonna. Celui-ci se mit à avancer et à gagner du terrain jusqu’à son poignet où il s’arrêta mystérieusement. Semble-t-il bloqué par le serpent dont les yeux se mirent à rougir de nouveau. Les millions de petits grains commencèrent alors à serrer entre leurs mailles les doigts, la main et le poignet de Samarah. C’était douloureux car ils ne ménageaient pas leurs efforts dans leur tâche destructrice, mais la jeune mutante ne broncha pas. La douleur qui la tiraillait à son épaule depuis tout à l’heure était pire encore.

*surtout ne panique pas, reste calme… il ne te fera rien*

Ses maigres pensées l’encouragèrent à continuer. Ce ne serait pas facile mais il le fallait. Elle ne pouvait pas laisser Deklan comme ça !

Elle aperçut alors une ligne de sable se former sournoisement autour d’elle. Ce n’était pas normal mais elle ne bougea pas. Samarah comprit bien vite que la première erreur à faire face à cet être serait de faillir et de lui montrer sa peur. Elle reprit alors son regard habituel, froid et distant. Celui qu’elle avait peu à peu fait disparaître lorsqu’elle était en compagnie de Deklan. Et le plongea à son tour dans celui du jeune mutant.

"Apparemment non » constata-t-elle simplement d’un ton sans expression. Tu n’es pas Deklan…"

Les grains de sable continuèrent à s’agiter près de ses pieds mais elle ne paniqua pas. Elle devina sans mal qui leur suffirait d’un seul ordre de leur « maître » pour lui réserver le même sort qu’aux humains. Cependant, Samarah était confiante. Mais était-ce suffisant ?

La scène devait paraître assez étrange vue de l’extérieure. Deklan, créature de sable exhalant sa puissance meurtrière, face à Samarah dont l’unique arme pour lutter contre le démon qui hantait l’âme de Deklan n’était rien d’autre que sa propre âme. Sa psyché. L’un tenait prisonnier l’autre par des gardiens de sable. L’autre cherchait à atteindre le cœur et la véritable conscience de son « bourreau ». La jeune mutante pria tout d’un coup pour que Yanis n’intervienne pas. Même si la position dans laquelle se trouvait Samarah n’était pas des plus sûres, pour le moment elle ne se sentait pas en danger. Or, le moindre mouvement brusque pouvait déclencher une cascade de catastrophes. Qui ne pourraient être que regrettables par la suite.

Plongée dans le silence et dans un duel dont le dénouement ne se ferait que par le regard, fenêtre de l’âme, sa main coincée dans un étau de sable, Samarah prit calmement la parole :

"Si j’ai jusqu’ici échappé à la mort certaine que nous réservait ces humains… ce n’est pas pour venir mourir entre tes mains, Deklan… tes grains de sable ne me feront pas de mal parce que tu ne leur en donneras pas le loisir… je le sais !"

Elle dévisagea d’un œil critique l’être sableux et continua tout en prenant soin de détacher chacun de ses mots :

"Alors… qui que tu sois, écoute moi bien : je n’ai pas peur de toi et je n’ai ni l’intention ni l’envie de te nuire. Si tu veux t’expliquer, vas-y, je t’écoute ! Mais si tu ne sais t’exprimer qu’au travers de la violence je serai obligée de te neutraliser…"

Elle devait parler tant qu’elle le pouvait en espérant que cela le fasse réagir. Entrer dans son jeu d’influence, sans qu’il ne s’en aperçoive, pour mieux l’atteindre. Par moment, il lui semblait que le rictus démoniaque se faisait moins intense. Deklan tentait-il de se faire entendre ? Etait-ce là le signe d’une lutte interne ?

"Je sais que le vrai Deklan, celui que je connais, est là quelque part et qu’il m’entend ! Je sais aussi qu’il ne cautionnerait pas une telle attitude. Nous avons assez discuté sur ce sujet-là, lui et moi. J’espère que tu t’en souviens, Deklan. J’ignore qui tu es mais… je devine ton identité… Tu es né de sa colère. Colère qui n’a plus lieu d’être car toi-même ici présent, viens d’éliminer notre cher ami le barman !"

Elle s’arrêta, juste le temps de se retourner vers Brent avant de revenir sur Deklan.

"Quant à lui, reprit-elle, c’est un vrai pleurnichard ! Yanis a raison, il n’est plus un danger pour nous. Et crois-moi, ça ne sert à rien de le tuer, il a été suffisamment puni comme ça ! Il a vu mourir ses amis. Cela lui fera sûrement passer l’envie d’aller encore chercher misère à des mutants. Peut-être même qu’après t’avoir vu, toi, il comprendra quel calvaire cela peut-être pour certain d’être un mutant. Et s’il est assez humain, comme il le prétendait il n’y a pas encore si longtemps, il fera passer le message !"

Long silence. Lourd d’attente et d’incertitudes. Le temps pour que ses paroles atteignent le vrai Deklan, perdu quelque part dans les méandres obscurs de son âme, à la recherche de la lumière. Sa lumière. Sous quelle forme se manifesterait-elle ? Une pensée, un souvenir, un idéal ou peut-être une personne. Samarah n’en savait rien, mais il était vital qu’il la trouve avant que cela ne tourne mal !

"La violence ne résout rien, Deklan, tu le sais, tu me l’as dit toi-même, mais si je dois mourir pour te faire revenir alors tanpis, je périrai ! De toute façon, personne ne m’attend !"

Toute sa volonté résidait dans cette simple affirmation. Puisqu’elle n’avait aucune attache, elle était prête à tous les sacrifices. Et il fallait absolument ramener Deklan à la raison. C’était primordial, tanpis si cela encourait des risques ou des pertes. Elle ne pouvait pas laisser une créature aussi dangereuse en liberté ! Elle était une menace pour tous les êtres vivants, tant humains que mutant !

La créature de sable ne réagissait toujours pas. Samarah espérait que ses paroles atteindraient Deklan, où qu’il soit et qu’elles ne seraient pas absorbées par le mur de sable qui la séparait de son ami.

"Il n’y a pas si longtemps…Tu m’as fait une promesse, Deklan, souviens-t’en …," conclut-elle sur une voix en peu moins sûre qu’au début.

*ne m’oblige pas à te faire du mal…* pensa-t-elle alors tristement

Quelque part derrière elle, Yanis se mit soudain à parler :

"Hé, reviens avec nous à l'Institut. Les médecins te soigneront, et tout ça ne sera qu'un lointain souvenir. Sinon, on devra se battre....et je t'assure que je suis coriace."

Ses paroles étaient calmes et dépourvues d’agressivité mais elles étaient cependant claires. Si Deklan ne coopérait pas, il pourrait en venir à se battre ! Et ça il fallait l’éviter autant que possible. Car quelque chose disait à Samarah que s’ils devaient se battre, l’individu devant eux serait lui aussi de nature coriace !

Il ne fallait pas que Deklan se sente agressé. Sinon, ce serait le meilleur moyen de déclencher à nouveau sa colère alors que celle-ci semblait s’être calmée !

*tais-toi, Yanis, s’il te plait ! n’en rajoute pas…il ne faut pas le provoquer à nouveau* pensa si fort Samarah qu’un télépathe prendrait ces pensées pour un hurlement s’il se trouvait dans les environs !

Cela ne servait à rien, elle le savait. Jusqu’à preuve du contraire, la jeune mutante était psychokinésiste, pas télépathe !

Jusqu’à preuve du contraire…

Mais on pouvait toujours espérer un miracle. Ou que Yanis soit bien inspiré et qu’il ne cherche pas trop à provoquer la colère de Deklan, même de façon involontaire

Maintenant, il n’y avait plus qu’à attendre une réaction de la part de l’être de sable. Une larme, synonyme de paix et de victoire ou un sourire, signe d’échec. Signe que Deklan n’aurait pas été capable de refouler l’individu qui dormait en lui. Samarah avait affronté le démon, maintenant c’était au tour de Deklan d’affronter ses propres démons. Samarah lui avait ouvert les portes de l’arène, il devait faire le reste. Le combat se déroulerait dans son âme entre lui et sa colère. Il était le seul à pouvoir renfermer la bête dans son antre et refaire surface… S’il n’y arrivait pas, alors personne n’y arriverait !

Samarah nageait en pleine incertitude. Elle avait déjà tenté de raisonner une fois Deklan, sans succès hélas. Qui pouvait certifier que cette nouvelle tentative serait plus fructueuse ? Personne. Néanmoins, Deklan était de son côté cette fois. Il ne s’évertuait pas à vouloir défendre à tout prix son point de vue. Lui aussi devait avoir envie de faire partir cette créature, issue de son inconscient. Lui et Samarah étaient alliés et se battaient pour la même cause. Il devait le comprendre avant d’accepter son aide pour le raisonner.

*tu peux le faire Deklan…je sais que tu peux y arriver ! Tu en as la force et le courage !*

Mais si Samarah devait un jour choisir la fois où elle eut le plus peur dans sa vie, ce serait cet instant. Une crainte insupportable dans l’attente de l’issue de ce combat mental s’insinuait en elle. Car si l’identité du vainqueur n’était pas la bonne, les conséquences seraient terribles…

Derrière elle, Ksénia venait de s’évanouir sur les dalles glacées. Mais comme la jeune mutante lui tournait le dos, elle ne s’en aperçut pas. Elle ignorait que tout comme elle, la balle avait traversé son épaule...

Seul Yanis pouvait encore le voir. Et dans un sens, c’était mieux que Samarah ne s’en rende pas compte tout de suite. Car elle aurait été bien incapable de faire quelque chose pour aider la jeune Russe… Toujours coincée dans l’étau de sable, aux tendances meurtrières, son instinct lui soufflait de ne pas faire de mouvements brusques tant qu’elle se retrouverait dans une telle position. Et cela commençait à devenir vraiment difficile. Doucement… tel un traître, le froid prenait possession d’elle aussi. Sa blessure entamait lentement ses ravages…

[ L'Institut]

Alex déambulait dans les rues, ne sachant pas quoi faire de sa journée il décida de partir à la recherche de Ksénia et Yanis, qui étaient censés être partis à la recherche de Samarah, bref. Autant dire que c'était un beau cafouillage et qu'en gros, il cherchait les trois.

Mais Samarah n'était-elle pas allée chercher Deklan ?

*Mouarf, vraiment ...*

Le téléporteur déhanbulait donc à travers Boston, il s'aida de son communicateur et de la position de celui de Samarah et de Ksénia, qui faisaient toutes deux parties de son équipe. Si il ne leur était pas arrivé quelque chose, bien sur. Cette pensée fit trésaillir Alex, mais il se reprit vite pour se concentrer sur ses recherches.

Au bout de longues minutes, peut être des heures ? Alex repéra quelque chose, au niveau d'une place que le jeune homme connaissait bien pour avoir longtemps vécu à Boston, il y résidait toujours d'ailleurs.

De loin un spectacle troublant s'offrait à lui, une silhouette était plongée dans une sorte de ... tourbillon ?

Alex s'approcha, courra presque. Aucun doute désormais, son communicateur indiqua que c'était Samarah, et Ksénia n'était pas loin. Il sembla un instant avoir des hallucinations mais elle était entourée d'une sorte de tourbillon, il avait du mal à voir les traits de la jeune fille mais celle-ci semblait déterminée à quelque chose.

Le regard du téléporteur se posa sur Yanis qui ne semblait pas pouvoir agir, il ne vit pas Ksénia et était à l'heure actuelle préoccupé par ce qu'il se passait ici. Sans un bruit il resta à l'écart, plus comme une sorte de spectateur muet ...

La créature sableuse restait presque immobile tandis qu'elle essayait de passer la protection que Deklan avait donné à May contre lui-même. Même si cela n'était pas évident, une bataille se déroulait entre lui et l'ancien Deklan... avant qu'il ne sombre.

Les paroles de Samarah et de Yanis ne semblèrent pas atteindre l'être mouvant qui broyait la main de la jeune fille. Tous les grains de sable se déplaçait dans un cercle parfait et parfois une vague se levait comme si quelque chose s'y cachait.

Les yeux de Deklan luirent d'une lueur rougeatre qui s'intensifiait de plus en plus. Le sourire toujours prononcé, il semblait sûr de lui... Quelque part les paroles de Sam et Yanis parvinrent jusqu'au véritable Deklan mais celui-ci ne pouvait réagir contre la Bête et puis quand on est au fond du puit, il est d'autant plus difficile de remonter.

Le périmètre autour d'eux semblait sécurisé par le sable qui s'attaquerait à quiconque tenterait s'approcher... La Bête aurait-elle voulu montrer à l'ancien Deklan qu'elle pouvait le battre quoiqu'il tente?

Il jeta un regard finalement sur la jeune fille aggripée à son lampadaire. celle-ci s'écroula et baignait dans son sang. Une image pour le moins des plus tristes mais qui n'attira aucun sentiment à l'être sableux. La pitié ne semblait plus dans son vocabulaire et son coeur avait disparut.

Le regard rougeatre se posa finalement sur l'humain. Il paraissait faible, pleurnichard, écoeurant et désespérant... Ce n'était plus qu'une loque survivante et sa mort n'apporterait rien de bien satisfaisant. L'écraser pourrait sembler à braser du vent et la Bête la raya de sa liste... pour l'instant.

Le bouclier qui semblait protéger Samarah était assez résistant... Le bracelet de sable était la seule représentation de son ancienne volonté. Celle qui empêchait le sable obscur de s'infiltrer jusqu'à la jeune fille. Alors qu'un sourire augmenta sur ses lèvres, le sable commença à tournoyer de plus en plus vite, se levant et prenant l'espace aérien autour de Samarah. peu à peu c'était une tornade qui naissait et qui tentait de franchir la protection.

Les yeux du serpend au poignée de Samarah se mirent à luir de plus en plus... Deux puissances étranges semblait s'affronter mais finalement une craquelure s'infiltra sur le bracelet. Que se passait-il? La Bête aurait-elle réussi? Le sable se rapprocha de plus en plus et lorsque le serpend tomba en miette, le sable attrapa directement Samarah à la gorge pour la plaquer contre le mur...

La créature se reforma peu à peu et un sourire angoissant persistait encore sur le visage à demi-masqué. Le regard rougeâtre fixait la jeune fille dans les yeux et semblait voir à travers elle... Il resta alors immobile la fixant sans agir. Finalement il ouvrit la bouche et une voix assez caverneuse se fit entendre...

"Xer wej hotep... tw keni... wej swerd mes kiw wej swred aw tw"

Des paroles étranges furent prononcer et cela ne ressemblait en rien à de l'anglais... La voix caverneuse était loin d'être celle de Deklan et cela pouvait sans doute paraître étrange surtout pour les gens qui le connaissait. Qui était-il vraiment? Que voulait dire ces paroles, si cela en était réellement? Seul lui le savait... ou peut être aussi Deklan, le vrai.

Le sable relacha Samarah et un léger rire se fit entendre toujours avec le même ton... Un regard se posa sur le reste des mutants, un regard hautain et dédaigneux. Il fit alors quelques pas en arrière et alors que son sourire se maintenait, la lueur dans ses yeux commença à s'atténuer... Au bout d'un instant, il sembla faiblir légèrement. Une hésitation se perçut en lui puis le sourire disparut en laissant des yeux avec une toute petite lueur mais assez surpris. Il serra les dents et redevenant complètement humain, ses mains parvinrent jusqu'au masque de sable. Elles l'agrippèrent et tentèrent de le retirer de toute leur force... Le masque semblait bien résister mais finalement il se cassa puis se désagrégea en des milions de grains de sable.

Deklan tomba à la renverse. Il resta un instant immobilepuis se redressa en se tenant la tête... La lueur dans ses yeux venait de disparaître mais ceux-ci restèrent écarquiller. Lêtre au sol ramena ses mains devant lui. Elles étaient sanglantes... Son corps tout en entier était recouvert de sang. Son regard fut alors à la limite de l'exorbitation. La douleur était lanscinante et attira un rictus de douleur. La fièvre continuait de monter et son corps était maintenant brulant malgré l'air glacée...

Il jeta un regard autour de lui et que voyait-il? Ksénia au sol, Yanis le regardant étrangement, Samarah près du mur en piteuse état et recouverte de sang, un des humains rampant sur le sol, entre la vie et la mort, et un corps complètement broyé et qui laissait échapper une flaque de sang arrivant jusqu'à ses pieds.

Deklan resta figé alors.

"Qu... I... IL... IL...."

Il venait de comprendre ce qu'il s'était passé. La mémoire un peu enbrumer, il se souvînt encore de ces moments où il se réveillait dans des endroits avec le même genre de scène. La Bête avait apparemment refait surface et le regard que les autres lui portaient lui faisaient comprendre qu'il avait tout cela.

*Je n'ai pu encore... Et tout ça...*

Il se mis à imaginer ce qui allait se passer maintenant. Sans doute allait-on lui en vouloir... Et puis qui voudrait laisser quelqu'un comme lui encore en vie? Il s'imagina divers scénarios en moins d'une fraction de seconde et c'est finalement l'instinct de survie qui reprit le dessus...

Marchant à quatre pattes tout d'abord, il finit par se relever et à courir le plus loin possible. Il devait fuir sinon il pensait que la mort l'attendait... Il courrut le plus rapidement possible même si ses forces étaient grandement diminuées. que pouvait-il faire d'autres dans de telles circonstances... Mais lorsqu'il tourna à la deuxième ruelle sombre, il trébucha sur une dalle alors que son orteil se retourna et tomba dans les poubelles.

"Non, il faut que... j... j... j..."

Son regard commença à se troubler. La vision s'obscurcissait encore plus qu'elle ne l'était... Il sentit quelques gouttes venir tomber sur sa peau dénudée. La douleur lanscinante s'atténuait peu à peu alors que ses membres étaient complètement engourdis. Il ne pouvait plus bouger et pourtant il le fallait...

"...fuis."

Deklan s'évanouit finalement dans cette ruelle sombre à l'odeur nauséabonde. Sa fièvre continuait d'augmenter et son corps avait perdu beaucoup de sang. Le nombre d'hématome était significatif et son corps transparaissait désormais entre le blanc et le bleu. La Bête avait renoncé au corps pour uen quelconque raison... sans doute car le corps était devenu trop faible ou peut être pour autre chose. La conséquence était que Deklan ne pouvait plus rien faire maintenant. Serait-ce sa fin?

Pourquoi fallait-il donc que Deklan soit un garçon aussi borné ? C’est le seul reproche que la jeune fille pouvait lui faire jusqu’à présent. Même si elle s’attendait à une pareille réaction, cela l’embêtait fortement. Le mutant de sable ne semblait pas prêt à coopérer, malheureusement. Tout ce que Samarah avait pu dire n’avait fait que buter sur sa carapace de sable !

Pire encore, la situation semblait s’empirer ! La ligne de sable qui l’entourait se mit lentement à bouger et former des vagues qui prenaient sans cesse de l’ampleur. Pour finir, les vagues formèrent un tourbillon de sable qui entourait maintenant Samarah et Deklan, les enfermant tous les deux dans une bulle infranchissable. En tournant sur lui-même, le tourbillon créait un courant d’air assez violent.

Prisonnière, Samarah ne bronchait toujours pas. Elle ne le devait pas ! Sous aucun prétexte. Mais ça devenait compliqué ! Le vent risquait de l’arracher du sol. Elle devait lutter pour ne pas s’envoler ! Devant elle, la lueur rouge dans les yeux de Deklan ne faisait que s’intensifier !

"Ne fais pas des choses que tu regretterais, Deklan ! cria-t-elle pour que sa voix puisse passer au dessus du bruit que faisait le vent en dansant avec le sable, je sais que ce n’est pas toi… Que tu ne le veux pas !"

Rien n'y faisait!

Soudain, elle vit que le regard de l’être sableux se dirigea vers l’humain avant de se poser sur Ksénia, qui – Samarah venait de s’en rendre compte- gisait par terre, dans une marre de sang !

*Mon dieu*

La jeune mutante percuta en moins d’une seconde. La balle ! Dans la cave ! Elle avait aussi été touchée ! Elle ne voyait pas d’autre explication ! Mais elle ne pouvait rien faire ! Absolument rien ! Si seulement, elle l’avait vu plutôt !

Un instant, elle crut qu’il allait s’en prendre à eux. Mais, mystérieusement, il n’en fit rien ! Pour quelle raison ? Aucune idée. Quoiqu’il en soit, elle remercia le ciel que l’âme sombre de Deklan les épargnait !

Cependant, s’il ne s’en prenait pas à eux, c’était pour mieux focaliser toute son attention sur Samarah. En effet, quand il reposa son regard sur elle, celui-ci était encore plus effrayant ! Samarah fut tentée de se défendre, d’utiliser son pouvoir. Mais elle se retint encore un peu. Juste au cas ou… Il y aurait encore moyen d’éviter d’en arriver là !

Elle sentit bientôt que le sable resserra encore son emprise et broya sa main de plus en plus. Mais elle ne cilla toujours pas ! Et elle n’était pas le prête à le faire ! Elle savait que Deklan, le vrai, ne lui ferait pas de mal ! Elle plongea son regard dans le sien et le soutenut.

*arrête ! arrête tant qu’il en est encore temps… ne me provoque pas !* pensa Samarah pour elle-même, presque suppliante.

A son poignet, le bracelet semblait lutter lui aussi. Ses yeux luisaient de la même couleur que ceux de Deklan. Il tentait de la protéger. Tant qu’il y parviendrait, elle ne risquait rien. Mais combien de temps tiendrait-il face à la puissance destructrice qui habitait maintenant Deklan ?

Plus très longtemps, malheureusement… Le bijou de sable ne tarda pas à se fendiller. Ce n’était pas grave… Ce n’était qu’une fissure… Il pouvait encore tenir… Samarah tentait de se rassurer.
Coincé par le bracelet, le sable s’énervait et la tornade qui les entourait s’intensifiait d’avantage.

Finalement, le bracelet se fissura malgré tout. Samarah ne put qu’assister, impuissante à sa destruction. Seulement à ce moment-là, la jeune mutante sut qu’elle était dans une mauvaise posture…

Et en effet, à peine la barrière protectrice fut-elle rompue, qu’un « bras » de sable se jeta sur Samarah. Il l’empoigna et la projeta violemment sur le mur. Sur le coup, Samarah fut très surprise de cette soudaine agressivité. Elle n’avait pas vu le coup arriver. Elle reprit rapidement ses esprits. Sentant déjà qu’elle garderait de cette petite attaque une bosse sur son crâne, elle tenta néanmoins de garder son sang froid et attendit… Voir quelles seraient les autres intentions de Deklan à son égard. Elle ne voulait pas encore utiliser son pouvoir contre lui, là où elle n’aurait pas hésité à le faire depuis déjà longtemps sur quelqu’un d’autre…
En tout les cas, elle était prête à intervenir… Enfin, elle l’espérait du moins…

Celui-ci se mit alors à la fixer. Simplement. Son regard rouge la traversait de part en part, comme s’il cherchait à la sonder. C’était un sentiment étrange. Désagréable. De se sentir ainsi dévisagée de haut en bas. A la recherche de… De quoi en fait ? Que cherchait donc à savoir la Bête ?
Déjà qu’elle n’aimait pas qu’on la regarde de trop près, en règle général… Et pour ne pas changer, l’être de sable arborait toujours son sinistre sourire. Tout d’un coup, il parla. Mais d’une voix vraiment, vraiment étrange. Ce n’était pas la voix de Deklan. Et en plus… Samara écouta ce qu’il dit mais n’en comprit pas un mot !

*qu...?*

Elle ignorait dans quelle langue la créature s’exprimait, mais une chose demeurait certaine, ce n’était pas de l’anglais. Peut-être de l’Egyptien ? Après tout, il était probable que Deklan puisse parler l’Egyptien…

Toujours est-il qu’elle ne savait toujours pas ce que ça voulait dire…Elle s’apprêtait à tenter de lui demander une traduction quand soudain, le sable la lâcha. La créature continuait de rire mais les yeux de Deklan reprirent peu à peu leur couleur normale. Lentement, le masque de sable disparu. Deklan l’arracha d’un geste de la main. Le visage démoniaque fit lentement place à celui de Deklan. Un Deklan, surpris, un peu ahuri aussi. Et surtout un Deklan prenant conscience de ses blessures et donc de la douleur !

Son regard se posa autour de lui et sembla découvrir une vision d’apocalypse. Il prenait lentement conscience de ses actes.

Samarah s’arracha au mur et s’approcha de lui.

"Deklan ? osa-t-elle, c’est vraiment toi cette fois ?"

Bien sûr que c’était lui. Elle voulait simplement en être certaine. Cependant, elle ne put l’approcher plus car soudain, il se releva, comme effrayé et voulut s’enfuir. La jeune mutante mit quelques secondes à réagir :

"Eh ! Mais reviens ! Pourquoi tu fuis ?"

Samarah commença à trembler. Elle courut néanmoins elle aussi pour le rattraper. Elle n’eut pas loin à aller. Heureusement, sinon ses jambes ne l’auraient pas supporter ! Mais la raison, elle, n’en n’était pas heureuse. Elle ne dut pas courrir plus longtemps car Deklan s’était évanoui dans la rue suivante. Elle s’approcha de lui, lentement, redoutant déjà le pire et s’agenouilla avant de poser sa main sur son front.

Bouillant. Mais il était toutjours en vie!

*ouf* Soulagée.

Le sien aussi. Mais ce n’était pas étonnant.

Vu de si près, ses blessures étaient encore plus effrayantes. La vision la rendit malade. Toute la pression de la soirée venait de la quitter d’un coup. Elle se sentit alors vidée.

Sa tête lui tournait.

Derrière, Yanis s’occupa de Ksénia et elle l’entendit vaguement s’adresser à quelqu’un. Encore un danger ? Une menace ? Non, par pitié. Elle n’en pouvait plus ! Elle n’avait pas vu le téléporteur arriver mais il tombait bien.

Samarah voulut éponger les blessures de Deklan, mais elle fut incapable. Sa main refusait obstinément de quitter le sol. La nausée. Le froid, glacial et mordant. Et cette impression d’être soudainement attirée par la gravité. Elle sentit les dalles s’approcher dangereusement de son visage. Le contact fut froid et brutal.

Yanis s’approcha d’eux. Elle rouvrit les yeux, avant de les refermer, et puis de les rouvrir péniblement. On n’aurait put croire qu’elle commençait à délirer, à cause de la fièvre.

"Institut… même si… il… pas d’accord… il faut… Institut" parvint-elle à dire

Mais ses paroles reflétaient encore bien ses pensées.

C’étai fini. Ils avaient retrouvé Deklan. Il était sain et sauf. Enfin presque. Elle avait lutter pour ne pas s'effondrer. Elle avait tenté de tenir bon, de faire face à l'être de sable, de ne pas s'écrouler devant lui. Maintenant qu'il était parti, elle pouvait se relâcher… Elle eut alors l'impression de tomber dans un puit sans fond, lentement attirée par les ténèbres.

De loin, de très loin même, elle sentit que Yanis se penchait sur elle. Fatiguée. Elle n’eut pas la force de riposter. Il épongea le sang sur son bras. C’était douloureux. Mais elle n’eut pas la force de broncher. Il murmura alors quelque chose :

"j'ai été très heureux de te rencontrer...Miss Lemington."

Samarah fit un effort pour ouvrir à nouveau un œil et murmura légèrement.

"Pareil…pour…moi… Yanis"

Cette fois, elle délirait pour de bon ! Elle n’aurait jamais dit une chose pareille en temps normal !

Et elle sombra à son tour dans l’inconscience.

Alex s'approcha, Deklan avait courru comme un déjanté plus loin, Samarah aux talons, et Yanis.

*C'est une course poursuite ou quoi ?*

Il fut heureux de voir que c'était loin d'être le cas, samarah et Deklan étaient allongés sur le sol, crevés comme deux pneux à plat. Ksénia était également un peu plus loin, elle aussi completement épuisée ou blessée.

Yanis s'adressa à lui, il voulait qu'il ramène tout le monde à l'Institut.

Les trois ?

Il jeta un oeil aux blessés, il n'avait jamais essayé trois personnes, déjà une de plus sa distance de téléport se divisait par deux, sans parler de la fatigue.

Non je ne peux pas, l'Institut se trouve bien trop loin et trois personnes c'est bien trop. Mais attend, j'ai une autre solution.

Alex releva sa manche et dévoila le communicateur qu'il avait au poignet, il pianauta sur l'écran tactile puis releva la tête.

Ils sont bien amochés ces saligos. Les Edouard devrait pas tarder, t'inquiete pas, mais tu peux m'expliquer ce qu'il s'est passé ??

Alex n'avait rien compris à ce qu'il s'était passé, il était venu chercher Ksénia et Yanis, qui avaient retrouvé Samarah qui avait -selon totue vraissemblance- elle aussi retrouvée Deklan, sauf que, il y en avait qu'un qui avait l'air de pouvoir marcher.

Le temps que Yanis lui explique la situation -si il l'avait bien fait- Edouard déboula d'une rue adjacente, un énorme bolide noir dévala la rue et s'arreta près des blessés, plusieurs Edouard sortirent du véhicule -4 ou 5- et s'occupèrent de faire monter à bord les blessés, un autre Edouard s'approcha de Yannis et Alex.

Monsieur Turner, qu'avait vous donc encore fait ?

Mais rien ! Pour une fois.

Tout va bien Mr Karkouri ?

Les trois compères montèrent à bord du bolide avec les blessés et les autres Edouard et partirent aussi vite qu'ils étaient venus du lieu de l'affrontement.

[ HRP - Hésitez pas à poster après, si vous avez des trucs à dire de particulier^^. Je laisse celui qui le souhaite creer le sujet à l'Institut - HRP]

[ Institut - Garages]