Hong-Kong, départ précipité...

Le drapeau chinois flottait au-dessus de l'île depuis une trentaine d'année, mais, les façons n'avaient pas beaucoup changé depuis le temps du gouvernorat anglais. Pirates, trafiquants d'opium, prostitution, Hong-Kong, carrefour des mers asiatiques, drainait tout ce qui se faisait de plus sale et trafiqué à des centaines de kilomètres à la ronde.

Dans ces eaux troubles, le russe en exil nageait comme un poisson. Depuis que l'affaire de Honduras avait tristement capoté, il profitait d'un repos bien mérité. Du moins le croyait-il. Hélas, son train de vie ne lui permettrait pas de continuer bien longtemps. Il avait monté une affaire avec les triades, mais, les Dragons étaient durs au mal, ils avaient senti le vent tourné. Il se pressait de rejoindre un point de rendez-vous avant que cela ne tourna mal.

Il était grand, d'une maigreur inquiétante, et portait un pardessus sombre. Le seul signe ostentatoire de richesse qu'il arborait se situait au pommeau de sa canne. Un diamant énorme et d'une pureté parfaite, souvenir de l'Afrique du Sud. Il boitait affreusement, nul doute que sans sa canne, il n'aurait pas fait grand chose. Son visage aux traits aigues avait quelque chose d'indéfinissable, dans ses yeux légerement en amandes, on pouvait reconnaître ses ascendances des steppes d'asie. Il avait un regard noir, froid... Il portait sous le bras un grand paquet carré enveloppé d'une mauvaise toile de goudron.

Sur les quais, il se dirigea vers un vieux sampan qui ne payait pas de mine. Dans cette partie des docks, les sampans servaient autant de maisons aux autochtones que d'outils de travail, pêcheurs, pirates, des familles entières s'entassaient dans une seule barquasse. Il régnait là un beau désordre, chacun se harangant d'un sampan à l'autre.

Il évita la foule et grimpa sur la passerelle étroite avec précaution. Pourtant, son esprit en alerte fouilla les pensées sur le bateau... quatres marins, le Vieux Wong et ses deux femmes, une ribambelle d'enfants. Le russe était un mutant, télépathe de surcroit... On le surprennait rarement. Pour l'instant, rien n'était défini dans l'esprit de ces gens, tout se jouerait selon la tractation, à l'asiatique.

Sur le bateau, un grand chinois torse nu, visage patibulaire, le fit rentrer dans la cabine du capitaine, la caverne d'Ali baba, recouverte de tenture et de tapis, la vaisselle d'or et les bibelots de Jade... Rien n'aurait laissé supposer l'opulence du maître des lieux. Le "Vieux Wong " était assis sur des coussins, entouré de ses femmes.

" Colonel Gorky... "

" On ne m'appeles plus comme ça, vieux loup de mer... Tu peux m'appeller, Gorgorine, mais les gens préfèrent me nommer Mentat. "

Les femmes servirent le thé, et on bavarda de choses insignifiantes comme si de rien n'était.

* Foutue protocole chinois... * Songeait Mentat. * A ce rythme, les dragons des triades m'auront retrouver avnt que j'ai réussi à quitter le pays. Et ce vieux singe qui croie que je vois pas qu'il compte me la mettre profond. *

Décidé à faire accélerer les choses, Mentat se montra cavalier et grogna énervé.

" Vieux Wong, on ne va pas tourner autour du pot... Vos triades veulent me faire la preau et je dois très vite quitter le pays. Je sais que tu disposes d'un avion sonique privé à Macao. Je veux que tu m'emmenes là bas, avec ta barquasse et que tu me loues ton avion. J'ai de quoi payer. "

Le colonel gorky déchira rapidement la mauvaise toile de son paquet révelant un tableau de belle facture, un Modigliani, à se demander ce qu'il faisait à Hong-Kong. Wong secoua la tête, faussement dégouté. Derrière se petits yeux rusés, il calculait combien, il pourrait tirer de l'oeuvre d'art. D'un geste, le vieux chinois chassa les femmes. Ce genre d'affaire devait se traiter entre hommes. Les européens ne connaissaient vraiment rien aux bonnes manières. Ce que Wong ignorait, Gorgorine lisait dans son esprit... Il y lisait qu'une fois en mer, les trafiquants le jetteraient sans hésitation par dessus bord pour garder le tableau. Des hésitations, Féodor Dimitrievitch Gorgorine n'en avait jamais connu... Sauf peut-être une fois sur le toit de la cathédrale de St Pétersbourg. Mais, il n'avait alors que douze ans.

Le vieux chinois n'avait gardé avec lui que le grand balèze qui l'avait accueilli au début et qui était aussi son flis aîné. Une erreur grossière que Mentat exploita sans attendre, même si il savait que derrière une tenture se cachait un deuxième fils armé d'un coupe-coupe. Toujours assis, d'un calme olympien, Gorgorine propulsa son esprit comme une machoire mortelle sur celui du grand Chinois, lui broyant les synapse, vitesse instantanée, les avantages de la psychée. Dans la même seconde, il dégainait son beretta équipé d'un silencieux, à bout portant dans le visage de Wong, la mort assurée. Le vieux chinois s'effondra dans ses coussins. lachant, une de ses modernes petits pistolets lasers qu'il tenait dissimulé dans sa main. Mentat ricana, il n'avait pas bougé de son coussin...

" Rusé, le vieux singe... Mais, on a pas un Prince Russe comme ça ! "

Au même instant, surgissant de derrière sa tenture, le deuxième fils armé d'un coupe-coupe, le chargeait. Tombé à terre celui qui avait subit son attaque mentale se remettait. Mais talonné par le premier, le Colonel Gorky ne pouvait pas maintenir la pression. Il tira à l'instinct, trois plocs dans le foi du sanguinaire surgit de la tenture. L'autre, lui tomba dessus, étendu pour le compte. Se relever était difficile pour Gorky, mais, le premier fils retrouvait ses esprit. en ralant de colère, Mentat, s'extirpa de sous le cadavre. L'autre se tenait à quatre pattes. Gorky en boitillant se placa au dessus de lui en rebalançant une rafale psy à faire sauter quelques neurones. Puis, il tira deux balles dans la nuques et rechargea son arme, un sourire cruel sur le visage. Finalement, il garderait le tableau.

Après, ce fut l'affaire de quelques minutes, les enfants et les femmes, claquemurés dans la cale, les deux marins qui restaient en joue, et vogue la galère jusqu'à Macao. Quelques jours plus tard, il embarquait à bord du super sonique personnel du vieux Wong sans que personne ne lui demanda rien. Un jours, certainements, il s'interrogerait sur le fait qu'il devait toujours partir de cette triste façon... En laissant derrière lui une file de cadavre... Mais, pour l'heure, il avait autre chose à faire, un rendez-vous avec un certain Marcus, et sa Confrérie de Mutant, un bien beau et vaste programme. Ah, l'amérique, pays de toutes les libertés, le rêve réalisé...

( Les Rues de boston...)