Fou de rage

Evan qui s'était précipité ; bouillonnant de colère, sa joue et son orgueil meurtris ; derrière Ashern quand celui-ci avait quitté le bâtiment, ne mit pas longtemps à arriver devant un grand hagard qui semblait servir de garage commun. Il ne prit même pas le temps d'observer les environs ou quoique ce soit d'autre, n'aspirant qu'à une seule chose, coller quelque chose - son poing de préférence - dans la gueule du yéti.

Le jeune homme pénétra dans le hangar et, les quelques secondes qui permirent à ses yeux de s'habituer à la semi-obscurité qui y régnait - Ashern ayant omis d'éclairer - lui fallures pour repérer la silhouette du mutant. Celui-ci lui donnait le dos mais Evan put apercevoir son propre reflet dans la vitre fumée de la voiture à laquelle il faisait face. Ashern savait qu'il était là. Et il ne semblait pas vouloir se retourner.

Evan s'approcha lestement de lui et attrapant violemment son épaule le força à se retourner, pour lui faire face. Se battre ne l'avait jamais répugné. Vivre dans les rue de L.A forgeait le caractère. Et les poings. Et, même s'il avait tendance à oublier que le pouvoir d'Ashern semblait bien plus développé que le sien, il savait qu'il pouvait tout de même lui faire quelques peu regretter son emportement précédent. Sauf si Ashern décidait de faire mumuse avec ses pics glacés.

"Je t'interdis de me toucher sale con !" grogna-t-il avant de lever son poing, sans pour autant lâcher l'épaule du mutant.

Le coup parti sans qu'il puisse vraiment y réfléchir. Et sans qu'il ne remarque les traînées bleuâtres qui s'étalait sur le torse de son coloc'.

Evan entra violemment en contact avec une surface froide et lisse. Il venait de faire connaissance avec un mur. Oh, ce n'était pas la première fois. Et pas la dernière. Le poing d'Ashern heurta une nouvelle fois son menton et le goût écoeurant du sang empli la bouche du jeune homme. Aveuglait par la rage, muscle tendu, il desserra l'emprise d'Ashern d'un coup de genoux qui lui heurta violemment l'abdomen. Se dégageant violemment, il administra à son adversaire un direct du droit avant de se jeter sur lui et de le heurter violemment de côté.

L'adrénaline d'une bonne bagarre courrait à nouveaux dans ses veines et Evan eut un mouvement, mû par l'habitude, vers la poche de son jean. Mais sa main s'arrêta en cours de route. Elle était vide, il le savait, le garde du commissariat ayant omis de lui rendre ses objets personnels. Connard de flic. Mais il n'en avait pas besoin.

Evan se redressa, le cou meurtris et la lèvre en sang. Un picotement familier courut dans ses doigts. Il jura intérieurement. ce n'était pas le moment. et même si son pouvoir semblait se réveiller à chaque fois qu'il éprouvait une vive émotion - ici la colère et la rage - il n'avait aucune envie de tester son efficacité sur un humain. Il l'avait déjà fait. une fois. Par accident. Et cela s'était mal terminé. Mais ce n'était pas comme s'il avait le choix à présent.

Le pied d'Ashern heurta le torse d'Evan avec une extrême violence que le jeune homme n'attendait pas d'un humain. Mutant certes, mais la glace n'avait aucun effet sur la force physique. Alors qu'est-ce que... et pourquoi le torse du yéti était colorée de bleu ?

Evan fut violemment projeter contre une des portière de la bagnole qu'observait Ashern quelques instants plus tôt. Une douleur cuisante le mordit au dos et à la poitrine, le laissant pantelant. Dans une semi-conscience, il se senti glisser contre le métal froid de la BM. Evan tenta de se redresser, sans succès, ne pouvant qu'esquisser une grimace de douleur. Sans oser toucher son torse et prendre connaissance des dégâts occasionnés par son adversaire, le jeune homme se pencha sur le côté et cracha sur le sol bétonné. Du sang. Cette fois la grimace fut de dégoût.

Se mordant violemment la lèvre, le jeune homme apposa ses mains sur le sol, tentant de prendre appuis pour se relever, ou à défaut s'écarter. Le contact froid du sol sur contre ses mains sembla provoquer une explosion de picotement dans ses paumes. Mais il était bien trop faible pour agir d'une quelconque façon sur le sol du hangar.

"Enfoiré..." grogna-t-il en plissant ses yeux, encore sonné pour essayé de voir ce que fabriquait Ashern.

Un horrible cris transperça les tympans d'Evan. Un cris de victoire ? Mais aucun nouveaux coups de venait. Evan se fit violence pour clarifier son regard. Serrant les dents il secoua énergiquement - le plus qu'il put du moins - et chercha du regard la silhouette d'Ashern. celui-ci se dressait devant lui. Le visage déformait par la douleur. La douleur ? Evan ne comprenait pas, il n'arrivait pas à comprendre ce qui était entrain de se passer.

Un sifflement étrangement proche et la vitre, à quelques dizaines de centimètres au-dessus de lui explosa en une pluie de débris de verre. Un nouveau cris vrilla le crâne du jeune homme. Un cri, cette fois il en était sûr d'intense douleur.

Il entrevoir la silhouette d'Ashern qui tombait à genoux sur le sol. L'écarlate agressif du sang attira son regard. Il se mêla bien vite à un bleu encre. Les deux couleurs se mélangeaient en se mêlaient en une rigole sombre qui s'écoulait doucement sur le sol bétonné et rugueux. Ashern semblait à bout de force et fou de douleur. Pourquoi Evan ne cherchait même plus à comprendre. S'efforçant d'oublier la douleur qui lui transperçait la poitrine il se redressa tant bien que mal, et s'assit, dos à la bagnole. Des pics de glaces transpercèrent le dos d'Ashern.

"Merde..."

Le jeune homme se mordit violemment la lèvre. il ne pouvait qu'assister, impuissant à l'étrange phénomène.

Evan jura entre ses dents. Il ne savait pas ce qu’avait bien put foutre ce con d’Ashern mais l’homme des neiges était à présent dans les vapes. Et profondément à première vue. Et il fallait dire que la flaque de sang qui s’étalait doucement sous lui, et qui formait de petites rigoles brunâtres sur le béton n’était pas rassurant. Encore moins l’espèce d’encre bleu qui se mêlait à l’hémoglobine et, sans vouloir, s’y mélanger, comme l’huile dans l’eau, formait d’étrange dessin en s’effilochant dans le liquide épais et rougeâtre qui continuait de s’écouler.

Mais ce n’était pas les premières occupations d’Evan. Bien que la situation lui emplisse le crâne d’une foule d’interrogation, il préférait plutôt s’occuper de son propre état avant de s’interroger sur l’étrange mal dont semblait pris Ashern. Miracle divin pour lui épargner une mort lente et douloureuse ? Il en doutait fortement. Mais calmant pour une fois sa curiosité, si on pouvait parlait de curiosité dans cet état, il préféra vérifier que, chez lui, tout marchait bien.

Après avoir rapidement tâté son torse, tout en grimaçant de douleur à chaque fois que ses doigts entraient en contact avec l’énorme hématome violet, tirant vers le noir, qui s’étalait sur sa poitrine, Evan put constater que, apparemment, tout n’allez pas si mal. Et même l’étourdissement qui l’avait pris s’effilochait, lui rendant les yeux et les idées claires. S’accrochant à la bagnole contre laquelle il était toujours appuyé, Evan se remit sur ses jambes. Essuyant d’un revers de sa manche la goutte de sang qui perlait à la commissure de ses lèvres, il fit quelques pas chancelant. Avec un peu de chance il ne paraissait pas trop amocher et pourrait regagner sa chambre sans trop attiré l’attention.

Fermant un instant les paupières, le jeune homme inspira longuement, chaque goulée d’air lui meurtrissant la poitrine. Saleté de yéti. Evan se dirigea lentement vers la sortie, en jetant à peine un regard au mutant étalait sur le sol. Mais, alors qu’il passait le chambranle de la porte il se retourna. La vision d’ashern, qui semblait doucement se vider de son sang lui arracha un soupir. Pouvait-il vraiment le laisser comme ça ? En temps normal il ne se serait même pas poser la question. Mais là… Tout en se maudissant, Evan s’approcha du corps allongé, tout en prenant soin de ne pas marcher dans le liquide noirâtre. Et maintenant ? Il faisait quoi ? Hum… Pas grand-chose.

"Merde… " Il se passa nerveusement une main dans les cheveux. S’accroupissant difficilement devant le corps du jeune homme, il le retourna sur le dos d’une poussée de la main.

" T’as pas l’air con comme ça toi…’tain… "

Evan se recula, tout en se redressant, et observa le jeune homme reprendre connaissance. Celui marmonna d'abord quelques syllabe incompréhensible, ou les oreilles d'Evan crûrent déceler une insulte. Mais après tout, il n'y avait que lui pour proférer de pareille paroles dès le réveille.

Ashern se leva. Bizarrement, il ne sembla pas remarquer la présence d'Evan. Celui-ci se releva et s'appuya contre le mur de béton, le plus nonchalamment qu'il put. Le jeune homme semblait vachement défoncé quand même. N'empêche, il était pas banal le coloc'... pourquoi les cinglés psychopathe tombaient toujours sur lui ? C'était une bonne question. sûr que l'administration faisait exprès tient.

Ashern glissa doucement au sol, contre la voiture, à quelques mètre de là ou lui même était quelques minutes plus tôt. l semblait a bout de force. Peut être aurait-il dut s'en aller sans faire d'histoire de pseudo-pitié envers un fou agressif et associal.

- Dis moi, Evan, c'est quoi exactement tes capacités ? souffla le fou en question.

Oh dieu soi loué, on s'était enfin rendu compte de sa présence. Il s'en serait bien passé. Et puis, que croyait-il le yéti, qu'il allait lui venir en aide avec le sourire, pour l'amour la paix et l'amitié ? Qu'il aille se faire foutre... Il avait qu'à se vider de son sang tout seul.

" A part me faire attaquer par un psychopathe possédé ? Je vois pas..."

Evan se cala contre le mur, observant pensivement Ashern. Celui-ci, encore dans les vapes à premières vue, souriait tout seul. Hum... il était un peu cinglé aussi ? Mieux valait éviter de lui poser la question. D'ailleurs le pauvre yéti avait semblé déçu de sa réponse. il avait vraiment cru qu'il allait faire comme si rien ne s'était passé et se précipité à son aide - chose qu'il n'aurait d'ailleurs pas forcement fais dans son état normale. Après tout, si cette crise étrange n'était pas survenue, il serait mort à l'heure qu'il est. et Ashern ne se soucierait pas le moins du monde de ses 'capacités'. Il ne fallait tout de même pas oublier que, quelques minutes plus tôt, ils se tapaient encore dessus.

"Une petite question me taraude... tu comptes rester assis jusqu'à ce que quelqu'un vienne te chercher ?" lâcha-t-il, l'ombre d'un sourire - moqueur - naissant sur ses lèvres encore rougies de sang.

Oui. Bon. Lui aussi n'avait pas l'air de bouger. Mais, de toute les façon, il n'avouerait pour rien au monde que le hall lui semblait loin tout d'un coup et que, chaque pas lui tirant une grimace, il préférait patienter un petit peu. N'empêche... Et puis, quoique pouvais s'imaginer le yéti, même s'il le voulait il ne pourrait lui être d'aucune aide. Son pouvoir ne faisait ni dans la lévitation, ni dans l'apparition de brancard autonome. En faite, ce que n'avait pas du bien comprendre Ashern, c'est que, dans la plupart des situations, son pouvoir ne servait strictement à rien. Et on appelait ça un don ?

Evan leva le nez vers le jeune homme. Batifoler ? Il en avait de drôle idée... Peut-être que sa brève inconscience avait eu des effets néfastes sur son esprit. Il n'empêche que rester là, alors qu'il avait Boston a découvrir, n'était pas une de ces priorités. Mais en même temps, se lever et regagner tout de suite le bâtiment, en risquant de croiser les autres dans le hall et de devoir leur fournir des explications qui ne les regardaient pas... Et puis, il n'était pas pressait.

"Je ne voudrais pas te laisser te vider de ton sang tout seul. Tu comprends, si tu rechutais, on serait capable de me mettre ça sur le dos." Il lui dédia son plus beau sourire, moqueur à souhait.

"Peut être le fait qu'agoniser sur le béton n'a jamais plut à beaucoup de gens." répondit-il en haussant légèrement les épaules.

Après tout cela ne le regardait pas. Ashern faisait ce qu'il voulait de sa vie. Après quelques secondes de silence, Evan ajouta, curieux, plus pour faire passer le temps qu'autre chose :

"Pourquoi tu m'as sauté dessus ? C'est pas parce que je t'es pas appelé par ton nom complet que je suis l'ennemie numéro un. Pas étonnant qu'avec une agressivité comme ça tu te retrouves aux JT..." lachat-il.

Le blond posa l'arrière de sa tête contre le béton froid du mur.

Evan leva le menton, durcissant le regard. C'est pas qu'il était méchant, mais le yéti commençait sérieusement à lui taper sur les nerfs. Il n'avait pas l'habitude de s'énervait rapidement - bon, okay, ce n'était peut être pas la vérité, il prenait très facilement la mouche - mais il ne fallait pas pousser non plus. Il n'était pas con et n'était plus un gamin. Des durs il en avaient connus autant que l'aut' enfoiré et n'avait aucun besoin qu'on lui face la leçon. Surtout venant d'un connard comme lui. Il se prenait pour quelqu'un le yéti en plus ? Mais il n'en avait rien à foutre de sa vie, lui.

"Petit ? Mon gars va falloir que t'arrête de te prendre pour le héros-martyre de service. Et la balle, ce que je vais en faire ne te regarde absolument pas. Pour le moment. Et savoir si oui ou non tu allais le remarquer était bien le dernier de mes soucis." cracha-t-il.

Evan esquissa un rictus méprisant. Il détestait se faire juger, et encore moins par quelqu'un comme Ashern, certain d'être unique en son genre. Super excité ? Effectivement, sortir de taule et retrouvait le soleil plaisait à tout le monde. Mais, il ne fallait pas pousser.

"Mais tu sais quoi ? J't'emmerde." L'ombre d'un sourire désabusée plana sur ses lèvres et Evan hocha la tête, dégoûte.

Le jeune homme s'appuya d'une main sur le mur et se releva, plus normalement qu'il ne l'aurait cru. Le temps et la colère aidant, ce n'était après tout, qu'un bleu. Gros. Certes. Mais pas de quoi en faire un plat. Evan passa une main dans ses cheveux, plus pour se retenir de mettre son poing dans le visage de son coloc' que par soucis de son apparence.

Ashern ricana. Le blondinet commençait à s'échauffer ... C'était drole à voir, lui qui donnait plus l'impression de rester passif à toute occasion. Aurait-il atteint sa limite ?

"Ah ah, finallement, on pourra peut-être s'entendre ..."

D'une brève salutation de la main, il s'en alla, sans grande peine, la plupart de ses maux guéris. Enfin ses maux physiques, pas mentaux ... Il passa devant Evan et sortit du garage d'un pas leste. Dehors, le soleil tapait à plein peau sur la sienne, et c'était assez désagréable pour lui. Il grimaça lorsque les rayons de l'astre réchauffèrent sa peau, normalement si froide, presque glacée. Il pressa un peu le pas, vu que le climat se voulait à son désavantage. Il traversa rapidement l'allée de gravillons blancs, et monta les marches du Hall d'un rythme sportif.
Les portes étaient grandes ouvertes, et il les passa nonchalament. Il prit la direction des cuisines, l'estomac un peu vide, et il fallait le reconnaitre, la petite accroch' avec Evan lui avait ouvert l'appétit.

==> Cuisine

Evan jeta un regard glaciale au jeune homme et l'observa quitter le garage. Le jeune homme fit un rapide tour sur lui même, jetant un dernier coup d'oeil dans la semi-obscurité au hagard poussiéreux. Mis à part la flaque brunâtre qui séchait doucement sur le béton, rien n'attira son regard. Quelques bagnoles plus ou moins intéressantes, une vielle honda de quelques dizaines d'années d'âge, des pièces détachés en vrac... Rien d'intéressant. Bien qu'il y a quelques années, cela eut suffit à faire son bonheur et celui d'un bon acheteur. Comme quoi les temps changeait vite.

Le blond fit machinalement craquer ses articulation, et plissant les yeux, jeta un coup d'oeil à la sortie qui se découpait dans le contre-jour. Il s'y dirigea d'un pas aussi vif qu'à son entrée. Il n'avait aucune envie de s'abîmer à la contemplation de l'obscurité comme de ses pensées peu réjouissantes. Avec un peu de chance, il trouverait quelque chose de pas mal dans les rues de Boston, et, avec son sens de l'orientation hors du commun, peut-être même trouverait-il ce fameux Saturday night. Pas qu'il est grande envie d'y aller, pour retrouver les jeunes de toute à l'heure - il n'avait aucune envie qu'on lui demande ce qu'était devenu Ashern - mais il avait envie de s'amuser et de voir du monde. Mais encore faudrait-il qu'il le trouve.