Arrivée d'Ananta

Ananta regardait le paysage défiler au travers de la vitre du taxi. La buée laisse à peine deviner les arbres engoncés dans leur manteau de neige qui surgissaient d'abord sporadiquement puis de façon de plus en plus fréquente, à mesure que l'automobile s'éloignait de la ville. Le jeune homme devinait ça et là des monticules blanchâtres et froids, parfois peut-être des bonhommes de neige. Tout était si normal, dehors, dans la nuit ! Et pourtant, lui se sentait palpiter, tout heureux de la liberté nouvelle qu'il venait de conquérir, en pensant à peine aux conséquences de son geste.
Le chauffeur n'était pas très causant. Le jeune homme, en fait, lui en savait gré. Qu'aurait-il eu à lui dire ? Il se sentait si éloigné, en ce moment, des causeries banales de la vie qu'il n'aurait voulu parler que de grandes choses. De grands idéaux ! N'était-ce pas pour cela qu'il avait fait ce qu'il avait ? Et puis, une crainte légère et plus prosaïque l'habitait, celle de n'avoir pas un bon anglais. Il se débrouillait très bien, lui avait dit ses professeurs, mais enfin, ici, c'était différent. Il ne s'agissait pas d'exercices, mais de la vraie vie.
Il était plongé dans ces réflexions un peu éthérées depuis une dizaine de minutes lorsqu'il sentit que la voiture s'arrêtait. En jetant un oeil dehors, il ne parvint pas à percer suffisamment l'opacité de la nuit pour savoir s'ils étaient déjà arrivés. Le chauffeur se tourna vers lui, le fixant avec ses petits yeux enfoncés dans une face rougeaude.

« Bon, euh, j'suis désolé, mais la route, là, elle est pas déblayée. Mon taxi n'est pas tout neuf, et j'pense que si j'continue, il tiendra pas le choc.
- Oh.
- Vous allez devoir faire le reste à pieds, j'crois.
- C'est encore loin ?
- Quatre cents, cinq cents mètres, p't'être.
- Bon.
- Bien sûr, j'vous fais un prix pour la course, là, étant donné les problèmes, tout ça.
- C'est gentil. »

Ananta régla le prix du trajet, sortit de la voiture. Le froid le saisit brusquement, mais sans le surprendre cependant. Il était habitué aux hivers russes qui n'avaient rien à envier en rigueurs à ceux de Boston. Le chauffeur l'aida à décharger sa valise, son autre sac et son étui violon. Quelques minutes plus tard, le jeune Indien était seul sur la route, dans une obscurité presque totale, encombrée par la neige. Il laissa échapper un léger soupir : les grands idéaux, ce serait pour plus tard, sans doute.
Il se chargea de ses bagages et reprit son chemin. Il imaginait les douleurs de pauvres Africains, Californiens et autres habitués aux climats chauds qui débarquaient pour la première fois ici. Un vent puissant lui battait le visage et il sentait qu'en lui, à mesure que l'air le fouettait, les grandes aspirations s'éteignaient, pour laisser place au pragmatisme. Pour une fois, ce n'était pas plus mal.
Au bout d'une bonne demi-heure de marche, il put enfin voir l'Institut se profiler devant lui, toute rayonnante, comme l'oasis de chaleur dans le désert sibérien. Il hâta le pas pour se retrouver bien vite devant le portail. Les bâtiments avaient quelque chose d'imposant, mais de cette façon intimidante qu'avait le centre russe de dire qu'il était là par la volonté de l'Etat. Non, c'était plutôt une présence paternelle qui le rassurait un peu.
Chargé de neiges et de sacs, il se fraya un chemin dans les allées enneigées du parc. Malgré sa bonne résistance au froid, il n'était pas sans grelotter un peu. Finalement, il gravit les marches de l'immense perron et pénétra dans le hall du bâtiment principal. Il se hâta de fermer la porte, en essayant de faire entrer avec lui le moins de neige possible, avec un succès relatif.
Il se mit à parcourir du regard le hall, en dévorant les détails des yeux. Il voulait tout connaître, pour avoir l'impression - enfin ? - de se sentir chez lui. Et puis il se disait que c'était une bonne façon de passer le temps en attendant que quelqu'un arrive pour lui dire où aller ensuite.

[Même chose qu'a Jared Bleed, ne fait pas attention à la longueur de mes posts, à force d'accueils, j'ai fini par perdre toute imagination à faire ça XD]

Le flegme presque légendaire d'Edouard fit encore ses preuves, nullement perturbé par la détresse du nouvel arrivant, il se contenta de proceder de la même manière que d'habitude.

Il ne nous est pas coutume de faire signer quoi que se soit aux élèves qui arrivent ici Monsieur Pândava, il est d'ailleurs tout à fait normal de vous sentir perdu ici, c'est assez déroutant la première fois.

Le vieil homme fouilla dans sa poche à la recherche d'une des nombreuses cartes magnétiques qui servaient de clé aux chambres. Il en tendit une à Ananta.

Voici la clé d'une des chambres de l'aile Ouest. Vous pourrez y déposer vos affaires et vous y reposer, si vous le souhaitez.

Si vous avez la moindre interrogation, n'hésitez pas à m'en faire part à moi, ou à un élève de l'institut qui se fera surement un plaisir d'y répondre. Comme je le dis toujours, il est souvent plus utile de leur demander à eux qu'à moi.

Après avoir déposé vos affaires, vous pourrez vous rendre avec d'autres élèves au bar du Saturday Night, il s'y organise une fete costumée et un concert, si vous souhaitez faire plus ample connaissance avec d'autres élèves. Madame Malicia y sera aussi.

Je ne peux hélas pas vous proposer de gouter au repas qui a été donné tout à l'heure, étant donné que messieurs Asakura et Turner ont littéralement dévoré tout ce qu'il restait.

[Tu peux, si ton perso n'a pas de question particulière, aller creer un topic à ton nom dans l'aile ouest des chambres ]