A l'orée de la forêt

Invité

Après être sortis du manoir, Shal et Angel se dirigèrent vers la forêt. A l'orée de celle-ci, il y avait un banc en pierre. La jeune femme s'y assis et regarda son compagnon.

"Je croyais que tu avais fréquenté des mutants déjà. Alors pourquoi as-tu eu cette réaction tout à l'heure?"

La jeune femme avait même presque eu l'impression qu'il savait très bien où il l'emenait quand ils étaient allés explorer le couloir. Elle se demandait aussi s'il lui disait toute la vérité.

*Si j'apprends qu'il m'a menti, il va le payer cher...*

Angel et Shal arrivèrent dans le parc. Le jeune homme comme un enfant ouvrait de grand yeux, franchement admiratif.
"ouaaaaa c'est superbe,ça me plairait de vivre ici tous les jours."
Son regard soudain devint plus grave, comme s'il se rapellait de mauvais souvenirs."Ici la vie est belle, on a l'impression que tout va, on ne voit pas la vérité."
Il écouta la jeune fille et réfléchit avant de répondre.
"oui je connais des mutants, j'avais eu des petites démonstrations de leur pouvoir mais jamais comme ça et puis je t'avoue je ne fréquente pas les embuscades, avec des tireurs d'élite, des mitrailettes, des voitures et des motos en furie."
Il inspira profondement, fermant les yeux pour profiter de l'instant présent et du soleil qui amorçait sa descente sur le couchant.
"De chez moi, il y a une vue magnifique sur Boston. J'aimerais te faire voir ça. C'est magnifique. Je n'ai jamais invité beaucoup de monde chez moi, c'est mon repère, ma cachette de loup solitaire, mais j'aimerais pourtant te faire connaitre cet endroit."
De sa main droite, il frola la main de la jeune fille.

Invité

"Tu crois peut-être que moi j'ai l'habitude de vvre dans le luxe? Mes parents sont morts quand j'avais 2 ans dans un accident de voiture. Je suis la J'ai ensuite passé 8 ans dans un orphelinat. Je n'ai jamaiss été adoptée à cause de la couleur de mes yeux, rouge.
A mes 10 ans, des petits caïds ont voulu racketter celui que je considérais comme mon petit frère. Il a refusé et est mort sous leurs coups. C'est là que mes pouvoirs se sont révélés. J'ai enflammé l'orphelinat et j'ai été envoyée dans un asile psychiatrique dans lequel je suis restée 2 ans.
A mes 12 ans, je me suis enfuie et j'ai vécu dans la rue depuis à essayer d'empêcher d'autres enfants de vivre la même chose que moi."

Au fur et à mesure qu'elle parlait, des éclairs apparaissaient dans ses yeux. Angel pouvait voir un orage dans son regard de feu. Son ton se faisait plus dur, plus mordant. Le lac, pourtant à plus d'une centaine de mètres d'eux commençait à bouillonner. Elle ne parvenait pas à se calmer.

"La vérité, je sais ce que c'est. Nous, les mutants, nous sommes des monstres pour vous les humains normaux. Et pourtant, je ne peux pas vous en voulor de nous considérer comme tels. Je veux juste, vous faire comprendre qe nous ne vous voulons aucun mal et que l'on puisse tous vivre en accord."

Des larmes de rage brillaient dans ses yeux. Elle savait qu'après ça, Angel partirait en la laissant là. A moins qu'il ne soit pass comme tous les humains normaux.

Angel étendit son bras, la pris par les épaules pour la serrer contre lui.
"Je suis d'accord avec toi Shal. Tu as vécu de tels horreurs et tout ça aurait pu être éviter si.... si seulement ils avaient eu un peu de compassion et d'ouverture d'esprit. Je crois que cet Institut t'aidera beaucoup à trouver ta voix et à t'inserer dans ce monde. Il mène une entreprise louable bien que certainement utopique."

De sa main libre, il caressa son visage.
"Tu n'es pas un monstre pour moi Shal. Tu es une personne fabuleuse, nature, passionnée, vivante, pleine de compassion, tu es une femme merveilleuse."

Invité

La jeune femme se dégagea de l'étreinte d'Angel.

"Après ça, comment veux tu que je face confiance aux gens. Je ne te connais qu'à peine en fait... Qu'est-ce qui me prouve que tu dis bien la vérité? Rien... Et pourtant, j'ai envie de croire que tu me dis la vérité. Mais malgré tout, quelque chose dans ton attitude, depuis que tu sais que je suis mutante, semble, comment dire.... joué. Oui, c'est ça, on dirait que tu joues un rôle. Je veux la vérité Angel. Pas un de ces mensonges dont on m'a abreuvée toute ma vie..."

Elle planta son regard rubis dans les yeux du jeune homme et attendit sa réaction.

Angel prit une inspiration.
*je dois jouer carte sur table*
Il lui sourit mal à l'aise.
"Bien, je vais te dire la vérité."
Il se leva, marchant de long en large.
"Je..je...moi aussi je suis un mutant. Je suis désolé de ne pas te l'avoir dit plutôt, mais j'essaye de cacher...cette..cette erreur. Je ne supporte pas d'être comme ça, j'essaye d'oublier, de me persuader que je suis...normal. Je suis vraiment désolé de ne t'avoir rien dit Shal."

Invité

Le regard de la jeune fille s'adoucit soudain. Elle se rapprocha d'Angel et le prit dans ses bras. Elle était heureuse qu'il lui ait fait confiance, et se promit de taire son secret. Elle comprenait parfaitement ce qu'il pouvait ressentir.

"Tu sais, moi aussi je déteste mes pouvoirs. Et pourtant, il faut qu'on vive avec ça. Je suis ici justement pour apprendre à les contrôler, pour ensuite mener une vie normale comme si j'étais normale... En fait, il y a deux ans, j'ai déjà été contactée pour venir ici. Mais j'ai refusé. Cependant, récemment j'ai accepté parce qu'à cause de ma 'maladie', j'ai failli tuer un de mes protégés par noyade..."

Elle mit sa main sur la joue d'Angel et tourna le visage de celui-ci verrs lui. Elle dit en riant:

"Je comprends mieux les cinq 'morts' de la simulation..."

Elle lui sourit. Sa colère s'était envolée aussi rapidement qu'elle était apparue et le lac était redevenu calme et paisible.

Angel se laissa aller contre l'épaule de Shalimar, posant sa tête sur son épaule et la serrant dans ses bras.
"Merci Shal de ta comprehension, tu es vraiment extra."
Il attrappa sa main qui touchait sa joue.
"Comment j'ai fais pour rencontrer une fille aussi formidable, moi, le minable que je suis.."
Il frola sa joue.

Invité

"Si je suis aussi formidable que tu le dis, tu ne dosi pas être si minable que ça pour m'avoir rencontrée "

Elle lui sourit et resta immobile. Elle ne savait plus trop où elle en était, par rapport à ce qui s'était passé la veille. Mais peut-être avait-elle rêvé sa nuit...

Angel se mit à rire.
"Si tu le dis."
Il regarda sa montre.
"Bien, je pense que nous pouvons nous rendre la-bas, ça ne va pas tarder à ouvrir."
Il prit son bras pour la conduire jusqu'à la voiture.
"Viens ma belle Cendrillon, je promets de te ramener avant que ton carosse se transforme en citrouille et ton prince en grenouille."

Invité

Shal rit et suivit de bon coeur Angel.

"Alors allons-y mon prince, qu'attends-tu donc? Emmene moi sur ton beau cheval blanc"

Son humeur joyeuse était revenue. Elle se sentait à nouveau comme à l'arrivée du jeune homme.

Angel se retourna, se donnant un faux air snob.
"un cheval blanc....pour salir mon beau costume blanc. Non ma Princesse, les princes se sont modernisés et c'est en ferrarri rouge qu'ils vous emmeneront danser."
Ils arrivèrent pres de la voiture, Angel galant, alla lui ouvrir la porte du passager.
"Etes vous déçu belle Princesse? Si vous le souhaitez, lors de notre prochaine rencontre, je louerais ces deux blancs destriers et nous irons parcourir les campagnes les plus reculés."

Invité

"Déçue? Non, mais pourquoi pas une prochaine fois faire une ballade à cheval... Mais il doit y avoir pas mal de chevaux sous ton capot..."

Elle lui fit un petit sourire taquin.

"Je suis sûre qu'ils aiment les calins d'ailleurs.."

Elle commença à caresser le cuir des sièges.

Angel sourit.
"Mais ta ceinture, ils sont assez nerveux."
Il dit une sorte de dérapage sur le gravillon de l'allée et sortit à toute allure, direction Boston Centre.

[reprise de vieux sujet]

(

Une nouvelle journée qui commence, dans la Cuisine )

-Quelle conne !!!

Ca, c'était dit. Seule, Ambre parlait de nouveau en français, sans aucun problème. Elle n'allait pas non plus faire l'effort d'écorcher les mots anglais de manière constante... enfin bon. Les yeux clos, là, assise sur le banc en pierre, elle ne pouvait pas faire grand chose.

En fait, sa colère ne se calmait pas, et n se voyait pas. Il fallait juste entendre ses deux mots, pour comprendre qu'elle n'était pas de merveilleuse humeur.

Quelle bêtise, ce pouvoir ! Etce qu'elle venait de dire. Un instant, elle n'avait plus parlé du Cercle, mais de ce côté qui la rongeait, qui la prenait d'assaut, en ce moment même.

Trojan avait mal. Elle souffrait. A son doigt, certes, mais, plus gênant encore, à cet oeil qui semblait s'aggriper à son système nerveux, pour la torturer. Elle porta sa main sur son oeil gauche, serra la mâchoire, et se demanda un instant s'il en valait mieux pas l'arracher.

Tout serait si simple, sans cette mutation. Elle reviendrait en France, et continuerait ses colloques et ses manifestations pour la faune et la flore. Mais elle ne pouvait plus... Elle était en train de se détruire à petit feu.

Sentant cette agression soudaine envers son propre oeil, qu'elle frôlait du bout des doigts, songeant effectivement à s'en débarasser, son corps fut parcouru d'une décharge, et, soudainement, un cable sorti de son crâne, pour faire un tour au dehors, et rentrer de nouveau à sa place, à l'intérieur de la jeune fille (cf l'avatar, au-dessus de l'oeil gauche d'Ambre, le trait un peu rougi).

Douleur insurmontable, surprise, et le sang qui lui coulait sur le visage. Elle s'évanouit, là, sur un banc de pierre. Devant la forêt... certainement à l'endroit unique où, bercée par ses idéaux, elle pouvait rechercher la tranquillité.

Heureusement pour lui, Ben n'était pas quelqu'un de prise de tête. Sans nul doute que sinon, il aurait eu avec lui-même et ce tout le long du trajet de longues discussions sur la folie douce qui l'avait poussé à quitter le doux cocon familial et sa tranquille petite vie. C'est vrai ça, pourquoi partir après tout ? Il s'entendait bien avec sa mère qui ignorait tout de son pouvoir et il aurait pu le cacher comme ça indéfiniment, choisir une grande université où il aurait fait de longues études de journalisme ... Ou peut-être essayer de se faire pistonner par sa génitrice aux nombreuses relations, il aurait fini par trouver une petite place de photographe dans une feuille de chou, avant de lentement prendre de la renommée et de devenir célèbre (on peut toujours rêver) ...

Mais non, il avait fallu qu'il s'embarque dans le premier train pour Boston avec un pauvre sac, en prétextant qu'il avait envie d'indépendance, droit vers l'inconnu et ce qu'il pensait être sa place. En pleine nuit, le jeune homme s'était vu jeté dans la gare, et il avait fait tout le chemin jusqu'à l'institut à pied, préférant pour demander son chemin s'adresser à des animaux qu'à des hommes. D'abord parce que ça lui évitait d'être catalogué trop vite, ensuite parce qu'il était aussi là pour développer le pouvoir qui était le sien, alors autant commencé tout de suite.

Enfin, après moultes péripéties et essais infructueux, il avait réussi à entretenir un semblant de communication avec un chien errant famélique, espèce animale sur laquelle il s'était le plus exercé et donc la plus facile à entretenir. En lui désignant l'endroit qu'il cherchait comme un lieu plein de ces êtres si proches des humains mais qui possédait une odeur si différente, il avait réussi à trouver un guide qui l'avait conduit par des chemins de traverse qu'aucun mutant n'avait dû jamais emprunter pour atteindre l'institut, débouchant finalement dans cette forêt.

Sac bandoulière léger battant contre sa hanche, le jeune homme resserra un peu son manteau. Il portait des mitaines, une écharpe et même un bonnet, mais le froid restait mordant. De plus, cela faisait de longues heures qu'il marchait, et depuis un bout de temps dans cette forêt, et il commencait à s'inquiéter. La neige atténuait-elle l'odorat de son compagnon de route ? Il lui avait donné le peu de nourriture qu'il possédait pour que la pauvre bête ne tombe pas en route, mais il était si maigre ... Pourtant il continuait vaillament.

"Dit donc mon pote, t'es sûr que c'est par là ?"

Le jeune homme n'espérait pas de réponse, mais le chien tourna vers lui ses grands yeux marrons et le garçon décida de lui faire confiance. Grand bien lui en fit car il déboucha quelques minutes plus tard près d'un banc de pierre d'où il pouvait voir un bâtiment imposant qui devait être ce qu'il cherchait ... Avant de s'apercevoir de la présence d'un corps étendu, prêt à glisser dans le manteau blanc. Sans plus de réflexion, le jeune homme se précipita.

"Hey ! Mademoiselle ! Et oh !"

Délicatement, il l'avait soulevé par les épaules et avait aperçu le sang. Sans trop savoir que faire, il avait jeté un coup d'oeil au chien qui s'était assis, haletant légèrement. Ce n'était pas lui qui l'aiderait. Peu soucieux de ses vêtements, il essaya d'essuyer le sang puis retira sa veste pour la poser sur les épaules de la jeune fille, elle lui semblait glaciale.

"Vous m'entendez ?"

CUISINE =>

La réaction d’ambre, malgré ses excuses, confortaient Selen dans sa philosophie silencieuse.

*Si c’est pour se faire gueuler dessus, je préfère me taire …*

S’en suivit une circulation dans la cuisine assez impressionnante, si bien que Selen en perdit le fil. Tout le monde entrait et sortait de la cuisine, et Selen, lui, regardait son casse croûte.

*Mouais …*

Selen se leva et, en silence, balança le reste de son sandwich à la poubelle avant de sortir en silence de la cuisine. Il se dirigea vers l’extérieur, se moquant de la morsure du froid. Il s’assit sur les marches de l’escalier menant à la porte d’entrée, celles-ci étant déneigées, ruminant des pensées noires. Était il vraiment à sa place ici ? Finalement, comparé à ces autres mutants géants et avec une super force, il n’était pas grand-chose. Le regard dans le vague, il constata des traces dans la neige menant à la forêt.

*J’aurais peut être besoin de faire un tour aussi …*

Il rentra dans l’école, et retourna chercher son manteau.

"Une balade en forêt me fera du bien."

Il se mit à marcher dans les traces de l’inconnue, et s’enfonça dans la forêt. Se retrouver seul ainsi, c’était comme s’il s’était échappé de la réalité. Il pouvait réfléchir à sa guise, sans influence. Était il vraiment fait pour vivre dans le monde des mutants. Même s’il avait oublié vite fait bien fait le court épisode des robots, mais rien n’était fini. Cela prendra le temps qu’il faudra, mais le cercle reviendra et tout recommencera. Il fallait qu’il y réfléchisse maintenant. De toute façon il n’arrivait pas à oublier ces goldoraks armés de canon à plasma et ne pensant qu’à réduire en cendre chaque mutant du pays. Car ce n’était pas qu’à Boston que les mutants étaient en danger, mais dans tous les États-Unis. Était il prêt à se battre ? Était il prêt à risquer sa vie ? Le pouvait il ? Il était partagé entre sa droiture qui lui imposait de rester ici et de se battre pour la cause mutante, et sa timidité qui lui disait qu’il valait mieux pour sa peau qu’il rentre chez lui et se fasse tout petit en attendant que ça passe.

*Mais ça ne passera jamais. Ils seront toujours là si on attend qu’ils viennent nous chercher.*

Il releva la tête et, se mit à suivre avec son pouvoir le chemins emprunter par les pas. Ils avançaient tout droit dans la forêt, jusqu’à … la femme qui avait arrachée un porte d’un placard de la cuisine évanouie dans la neige et un homme apparemment dans une confusion totale ne sachant que faire, accompagné d‘un chien. Bizarrement, alors qu’il était encore à plus d’une centaine de mètre de la scène, il s’arrêta, étant lui aussi au prise à la confusion, comme s’il y était.

*Mais bouges toi crétin !*

Il se mit alors à courir aussi vite que la neige le lui permettait. Et oui elle lui arrivait presque au genou ! Aussitôt arrivé, essoufflé par sa course, brève mais intense, il s’adressa au jeune homme.

"Qu’est-ce qu’elle a ? Il faut la ramener à l’école avant que sa température chute trop !"

Sa voix était pleine de panique. C’est vrai quoi, tout le monde sait que l’hypothermie c’est mortel, comme les champignons de Samantha (désolé c’était trop tentant).

Ambre était un être plus compliqué qu'il n'y paraissait. Comme tout le monde... Tout d'abord, ce sourire gravé sur ses lèvres, était un sourire habituel, qu'elle possédait quasiment tout le temps. Toujours à sortir des énormités qui pouvaient désespérer bien des personnes, surtout dans les occasions où il ne fallait pas en srtir, elle tentait de se cacher derrière cette bonne humeur... ou plutôt de se l'approprier.

Et puis il y avait son corps, plutôt petit par rapport à la normale. N'importe qui, à ses côtés, pouvait paraître grand. Et par une volonté plutôt exceptionnelle, elle tentait de cacher cette différence qu'elle avait, ce corps qui lui avait valu, plusieurs fois de suite, le sobriquet de "Naine".

Mais tout cela, c'était bien avant cette mutation... cet enfer qu'était devenu sa vie, depuis qu'elle devenait ce qu'elle détestait, et que, ironie du sort, cela la faisait peu à peu disparaître.

Les Sentinelles, elle s'en souvenait. Et pas comme tout le monde, puisqu'en elle demeuraient des informations, des messages, des ordres qu'elle avait parfois interceptés. Son combat à l'intérieur même de ce grand robot était comme un choc émotionnel... Peut-être qu'elle garderait pour le restant de sa vie cette poussée d'adrénaline, mais aussi de pouvoir, qu'elle avait ressentit, lorsqu'elle était arrivée à son but extrème... Et cette impression gardée dans les moindres partielles de ses souvenirs, et de ses fichiers archives, seraient teintés de cette voix machinale, qui scandait "autodestruction".

Et ce décompte qui lui avait presque donné la mort.

Après, elle s'était battue, pour tout oublier. Ce pouvoir, elle le haïssait, elle le rejetait, elle n'utilisait presque plus son ordinateur, à part grâce à la souris et au clavier. Entrer dans un système informatique lui semblait presque... de l'indiscrétion. Pourtant, il y avait comme un manque qui se créait. Et là était le vif du problème : elle avait besoin de ces composants informatiques.

Qui n'aurait pas eu peur, à sa place ? Qui n'aurait pas craint de se voir noyer, là, par un pouvoir qu'il ne contrôlait absolument pas ? Elle avait résisté à la tentation... même si, parfois, elle hésitait à en parler à Léon... ou à Evolo. Le premier la conseillerait, le deuxième la comprendrait.

Rien n'avait été fait, mais une crise, comme une autre, ce genre de bugs qu'elle vivait régulièrement, avait eu raison d'elle. Chacun ses limites, les siennes avaient été atteintes. Et pourtant, pas d'évolution de son pouvoir. Rien n'avait changé au fond d'elle. C'était juste une punition, un rappel, son corps l'appelait, après tout.

C'était ainsi, qu'elle s'était retrouvée là, inconsciente, un jour de neige, de froid, sur ce banc de pierre. C'était pour cela qu'elle saignait dangereusement...

Etait-elle réellement en danger ? Difficile à savoir, car si le côté humain d'Ambre était hors service, certaines fonctions assuraient encore leur travail. Comment le savoir ? ... cette lueur, blanche, infime, qui passait par ce cable, sur son front. Une fois, deux fois, et puis cela se calma.

Son index droit, témoin de sa mutation, se plia. Elle était en vie, mais, apparemment, souffrait. Besoin de soins. Vite.

Cette fille ... Cette fille était vraiment étrange. Tandis que désemparé, Ben levait une fois de plus les yeux vers la batisse qu'il apercevait, il se rappela où il se trouvait. Bien sûr que cette fille était étrange, elle était comme lui. Elle possédait des choses qu'un humain ordinaire ne pouvait pas comprendre, ou difficilement. Le garçon n'était pas un grand spécialiste de la question, mais malgré sa confusion, il se rendit vite compte des étranges marques que lui avait laissé la mutation ... Une nouvelle fois, il tenta d'essuyer le sang et de réanimer la demoiselle en lui tapotant les joues, en vain.

Ce fut à cet instant que surgit le jeune homme. Ce n'était pas le moment pour des présentations et Ben dans la précipitation du moment supposa simplement qu'il s'agissait également d'un jeune mutant, et qui en conséquent devait connaître et la fille, et l'endroit. S'il était généralement d'humeur insouciante et exubérante, le photographe savait pourtant prendre des responsabilités quand il le fallait.

"J'en sais rien, elle était comme ça quand je suis arrivé. J'vais la porter, montre moi le chemin je connais pas."

Enroulant la jeune fille dans son propre manteau, qu'est-ce qu'on se les pellait quand même, Ben la souleva. Il était loin d'être quelqu'un de très impressionnant, mais cependant suffisament robuste pour porter le petit bout, ce qu'il fit le plus délicatement possible. D'un regard, il fit signe à son compagnon à quattre pattes que non, il ne l'avait pas oublié et qu'il pouvait suivre si le coeur lui en disait, ce que le canidé eut l'air d'accepter puisqu'il se remit debout, s'approchant en jappant faiblement, tête tournée vers l'inconsciente demoiselle.

Le jeune homme, sous la pression de la situation, ne souhaitait pas s’épancher dans des présentations embarrassante. Tant mieux. Selen se tourna vers l’école qu’on pouvait distinguer d’ici. Il utilisa son don pour trouver le chemin le plus court possible. Dommage que ça ne colle pas exactement avec les traces qu’il avait laissé, ça aurait été trop facile. Selen ne fit même pas attention à la communication silencieuse régnant entre le jeune homme et son ami à 4 pattes. En même temps ce n’était pas le moment de faire des hypothèses dur le donc de cet inconnu, si c’était un mutant bien sur. Quoi que cela devait être le cas s’il traînait dans le coin. À moins que …

*Arrêtes de rêvasser et montres le chemin.*

"Suis moi."

Il se mit en marche et ouvrit la route. Il ne se mit tout de même pas à courir. Premièrement ce serait trop fatiguant, deuxièmement l’inconnu portait l’inconsciente sur ses épaules, alors il était sûrement dans l’incapacité de faire un sprint. En plus avec la neige …
Enfin il fallait faire vite. Comme il avait de l’avance il se retourna et cria à l’autre.

"Suis mes traces !"

Il se remit en route, essayant de laisser des traces aussi profondes que possible. À vu d’œil, il leur faudrait encore 5 bonnes minutes à sautiller dans la neige avant d’arriver à destination.

Porter le silence comme un manteau, et oublier. Oublier jusqu'à ce que l'on était, ce que l'on aurait aimé être. Elle se voyait représenter faune, flore et planète toute entière à des colloques écologiques. Elle n'était rien de plus qu'un ordinateur.

Des images sombraient avec elle, dans cette inconscience. Malicia, qui prenait son pouvoir. Et cette fierté de pouvoir servir à quelque chose, d'apporter le bien... ou du moins de pouvoir aider, de pouvoir soutenir les membres de son groupe.

Quelques entrainements, aussi. C'était bizarre, elle ne voyait que les instants fatidiques où elle tuait quelqu'un. Elle ne voulait pas les tuer, elle n'avait jamais voulu éliminer qui que ce soit, mais...

C'était Trojan, c'était une partie d'elle qu'elle ne contrôlait pas, qui disait des vérités parfois difficiles, et qui... qui...

Selen. Elle l'avait presque insulté. Et elle le voyait, là, dans ce délire prenant. Rapidement, il fut remplacé par une Sentinelle. La Sentinelle. Et le décompte avant l'autodestruction...

N'y aurait-il donc pas de fin à tout cela ? Elle revoyait des visages. Des amis. Hilaéra et ses couleurs. Léon, Sebastien... Elle était mise à l'épreuve par son propre pouvoir... et bien le problème, avec Ambre, c'était son côté têtu.

Une pression sur l'épaule de Ben. Elle ne savait plus où elle était. Dommage, en un sens, parce qu'elle aurait été le meilleur guide des trois, si elle en avait eu l'occasion. Bon, en même temps, elle n'aurait pas pu transporter un de ces deux jeunes hommes...

Elle était inconsciente, oui, mais elle voulait revenir. Cette impression soudaine de liquide, tout autour d'elle. Ce liquide si... dangereux. Si sombre. Elle nageait, mais elle se sentait de plus en plus affaiblie. Elle se noyait... non, elle allait reprendre de l'air. Elle allait... quitter ces affreuses visions cauchemardesques, et...

-Attention à l'autodestruction...

Un murmure, un souffle, avant de replonger dans le gouffre... à corps perdu.

Sans rechigner, Ben avait emboîté le pas au petit brun qui n'était finalement pas beaucoup plus petit que lui. Un instant, il se demanda quel pouvait bien être son pouvoir à lui, mais ne s'attarda pas sur ses interrogations existencielles.

Manquant de trébucher dans la neige profonde, il préféra se concentrer sur son fardeau. Elle n'était peut-être pas lourde, mais c'était toujours beaucoup à porter, surtout par ce temps. En plus, elle racontait des choses bizarres oO. Rééquilibrant la jeune fille dans ses bras en essayant de la secouer le moins possible, il répondit :

Autodestruction ? Meuh non miss ... Aucune raison de s'autodétruire ou quelque chose s'autodétruise ou que ... enfin, t'as compris quoi.

Il lui avait semblé lire, il y a longtemps, que faire la conversation aux évanouis pouvaient les aider à retrouver le chemin de la conscience. Il s'employa donc tandis qu'il avançait difficilement dans la neige à entretenir la conversation avec Ambre, ou plutôt un monologue. Le sujet de l'autodestruction ne l'inspirant pas des masses, il lui raconta que cette putain de neige s'était bien joli mais que pour avancer à deux dedans, ce n'était pas pratique. Et qu'il faisait bigrement froid, mais qu'elle devait le sentir vu qu'elle était elle-même glacée. L'institut se rapprochant toujours aussi lentement et le petit brun qui le guidait étant loin devant, il embraya sur lui-même et son voyage en train chaotique, sur la difficulté qu'il avait eu à trouver l'endroit et sur son estomac qui criait famine, ainsi que ses jambes qui marchaient depuis longtemps et qui se seraient bien posées.

Finalement à cours d'idées tandis qu'il rejoignait Selen près du perron de l'imposant bâtiment, il lui présenta le chien qui le suivait toujours sagement, expliquant à la jeune fille que c'était son premier pote ici alors qu'il pouvait pas le congédier comme un vulgaire employé ayant rempli son usage. Le moins qu'il pouvait faire, c'était bien de lui prodiguer un peu de chaleur si son copain poilu en voulait.

Comment il arrivait à la hauteur de son guide, Ben s'arrêta de bavarder et sourit légèrement en se mordillant la lèvre, conscient qu'on devait le prendre pour un fou :

"Je lui faisais la causette, il paraît que ça aide à rester conscient ^^. Y a une infirmerie ? Tu crois qu'il y aura quelqu'un pour s'occuper d'elle ? En tout cas, elle sera au chaud ..."

Inconsciemment, ses yeux se levèrent vers l'Institut. C'était ça, sa nouvelle maison ? Pas moche. Un frisson le traversa et il rectifia mentalement. Pas moche, et surement chauffé en plus. Raison de plus pour entrer.

[Hall]

Selen, étant en avance sur son camarade, ne put entendre les tribulations suicidaires involontaire de Wonder woman. De même pour le monologue tenu par le preux chevalier à sa belle au bois dormant. Ils atteignirent enfin le perron de l’école, symbole s’il en est d’une des meilleurs inventions de l’homme : le chauffage central. Ben le rejoignit finalement. Il lui avait parlé durant leur voyage au pays du yéti.

"C’est-ce qu’il se dit. Euuuh je dois avouer que je ne sais absolument pas ou est l’infirmerie *Y en a une ?!*. Mais bon on parlera de ça à l’intérieur, c’est pas encore la période des canicules."

Sur ce il ouvrit en grand les portes pour que Ben, qui portait toujours Ambre, enfin je crois, puisse entrer. C’est bizarre comme le fait de faire un pas et de fermer de simples portes peut provoquer chez vous un réconfort incommensurable. Selen se débarrassa de son épais manteau qui était trempé de neige en pleine fonte. Il se sentais tout à coup comme chez lui ici, alors que pendant tout ce temps il s’était vainement forcer à le penser. Bon, retournons aux choses sérieuses. Selen était évidemment très curieux à propos de l’invité surprise et plusieurs hypothèse sur la raison de sa présence dans la forêt lui étaient venues à l’esprit. Plus ou moins farfelues. Et comme sa mère lui avait apprit ce qu’était le tact, il était assez bien élevé pour ne pas demandé ça directement et attendra que le fil de la discussion avance.

"Tu vas pouvoir la porter jusqu’à ce que trouve l’infirmerie ? Ou on peut rester là jusqu’à ce qu’elle se réveille."

*J’espère que la chaleur va suffire à la ramener …*

Quand on en arrivait au point où l'on risquait sans cesse de tuer quelqu'un, ne serait-ce pas mieux, pour tout le monde, de se laisser mourir ? Ambre ne devrait-elle pas, à cet instant précis, noyer dans l'inconscience ?

En même temps, il y avait comme une voix, comme quelqu'un qui parlait, au-dessus de l'eau. Une voix... qui lui racontait des choses. Comme toutes les voix. Quoique, il y avait toujours des gens qui parlaient pour ne rien dire.

Soit, tout humour déplacé mis à part, Ambre sentait une présence, une chaleur, près d'elle. Source de chaleur, donc être vivant. Ou radiateur. Mais les radiateurs ne parlaient pas, même si, en quelque sorte, elle en comprenait certains. En bref, elle se rendait bien compte que quelqu'un était là, pour la transporter. Pour l'emmener... à l'intérieur ?

Oui, en quelque sorte, c'était ça. Elle était à l'intérieur, ou devait l'être. Il faisait un peu plus chaud, dans cette eau sombre.

Son oeil gauche s'ouvrit, subitement, ensemble de rouages et de bouts de métal remplaçant un iris qui aurait pu être envoûtant, au lieu d'être inquiétant. Trojan sembla faire une mise au point, sur le plafond, puis sur le visage de Ben, puis sur Selen. Son corps ne réagissait toujours pas, à cet apparent réveil. Normal, son oeil était totalement détaché de la volonté dont elle pouvait faire preuve.

Une lumière blanche parcourut le cable qui transperçait le front d'Ambre, et, soudainement, elle se mordit la main gauche, à en faire couler du sang. Un sursaut traversa le corps en entier, et la voilà qui grognait sous sa propre douleur.

-Désolée... et merci...

Et puis tout semblait prendre peu à peu une autre dimension. Selen. Elle l'avait presque insulté, peu de temps auparavent, et il était là. Elle avait un mal de crâne digne des pires cauchemars, aussi. Et elle était dans les bras d'un... inconnu.

Non, pas si inconnu que cela. Elle pourrait presque mettre une voix sur ce visage. Et pourtant, elle ne le connaissait pas. Du moins, elle en avait l'impression. Rien que des impressions... Elle devait avoir eu un léger problème...

-Je... euh... il faudrait... aller à l'infirmerie... Je m'expliquerai là-bas.

Oui, il lui fallait encore un peu de temps pour réfléchir... penser. Réunir ce qu'il lui restait de souvenirs. Et calmer cette douleur au crâne...