Et ça commence... (Totalement libre)

La neige... Pour les adultes c'est un synonyme de gêne, pour les enfants de joies.
Pour Aden c'était bien plus que cela. C'est une myriade de souvenirs.
Retour à la maison pour prendre ses affaires, et fermer la porte une dernière fois. C'est certain il ne reviendra pas, jamais, trop déçu...
Les rues étaient désertes à 6 heures, il n'y avait que le vent glacial sur la peau du jeune homme qui pouvait le déranger.
Un frisson le pris dans tout le dos. Et s'il avait fait le bon choix ?
Même là bas avec les autres mutants, est ce qu'il sera compris ?
D'un côté Béni, de l'autre Maudit, il aurait adoré se fondre dans la masse, devenir quelqu'un de respectable menant sa petite vie, trouver une femme et écouler des jours heureux.
Mais Dieu si il existe ou la nature en a décidé autrement.
Il s'arrêta un instant. Un moment de doute comme il en a souvent, un de ces moment ou plus rien autour n'a d'importance, où on est seul à seul avec ses pensées.

*Vivre seul même si je le voulais est impossible... Je suis pris au piège comme un rat. C'est décidé, je vais à cet Institut... Je dois continuer*

Aden continua avancer dans le froid jusqu'a son appartement.
Le temps de ranger quelques biens de valeur dans un sac, il abandonna les lieux.
Il tapa un numéro à son téléphone portable. Il laissa un message au propriétaire de son domicile.
La prochaine étape la moto qui l'attendait au garage...
Il posa le sac entre ses jambes, mit son casque, demarra et fonça dans la nuit. Il répétait sans cesse l'adresse de l'Institut dans sa tête, comme un aventurier observant à chaque instant sa boussole pour ne pas perdre sa route.
Tout à coup un tremblement dans le bras gauche, un symptome bien connu du jeune homme.
Immédiatement il s'arrêta sur le bord de la route, près d'un bar.
Il tourna à l'angle d'une ruelle déserte et retira le haut de ses vêtements.
La migraine obscurcisait ses pensées, mais il avait pris l'habitude de ne plus crier sous les assauts répétés de la douleur.
Du sang était présent sur tout le haut de son corps, mais restait là, comme collé. Un masque sanguin avait également recouvert son visage.
Il tomba à genoux, et resta là durant de longues minutes.
Ses crises arrivaient de plus en plus fréquemment...
Après un instant de concentration, les traces du carnage disparurent.
Aden remis son manteau, et avança le pas chancelant.

*Hum... C'est n'est pas prudent du tout de reprendre la route... Je vais me poser un moment dans ce bar, histoire de récupérer.*

Il avança sa moto à l'abri et entra dans le bar...
Très peu de clients, surtout des habitués autour d'une table à jouer aux cartes.
Aden s'asseya sur un des tabourets, face au bar, et demanda au barman :

- "Un thé s'il vous plait..."

Le barman regarda un peu de travers ce drôle d'oiseau qui commandait un thé dans son bar... Il haussa les épaules puis s'affaira à la préparation de la boisson.
Aden, était à présent persuadé qu'il fallait qu'il aille dans cet Institut, pour sa sécurité mais surtout pour celle des autres...

...vous comprenez ?

Ouais ouais, il comprenait... Ce mec était juste un généticien licencié pleurant sur son sort. N'empêche qu'il avait un peu de thune sur lui, suffisement pour se payer un taxi et faire plein de tours dans Boston sans véritable objectif. Le chauffeur, lui, s'en foutait, il c'était son client qui raquait pour tous ces kilomètres inutiles. Le seul point gênant, c'est qu'il arrêtait pas de déballer sa vie. Mais, en dehors de ça, ce client là était plus sympathique que les autres, avec sa mine joyeuse, malgré tous ses déboirds au niveau du boulot. Enfin, au moins il n'avait pas besoin de répondre, le gars à l'arrière de la banquette parlant pour deux. Tout deux tournèrent pendant quelques heures comme ça, en ville. Finalement, le chauffeur se permit de couper son client, au milieu de son récit d'enfance.

- Hem, vous voullez aller quelque part ? Nan parce que ça va vous revenir à cher, pour quelqu'un qu'a perdu son job...
- Vous savez où il y a une balançoire ?
- Heu... ouais... j'vous emmène à la plus proche.

Un type bizarre vraiment... En plus, il s'emmèlait dans ses récits d'enfance, il parlait de deux trucs différends c'était bizarre. Des fois, il parlait de ses bêtises avec une grande nostalgie et, juste après, annonçait un autre évènement comme si c'était hier, avec le regard pétillant de plaisir ou alourdit de remord et un sourire mutain aux lèvres. Bah, un dingue de plus dans cette ville. Le parc pour gosses le plus proche de leur position était dans un coin plutôt paumé, accessible par deux ruelles. Le chauffeur décida de s'engager avec son véhicule dans l'étroit couloir, entre deux immeubles, avant de s'arrêter. La balançoire attendait là, derrière les barrières nécessaire au parquage des gamins. Pas un chat. D'ailleurs, à cette vue, le client s'était tut aussi, contemplant avec un plaisir anticipé ce manège pour gosse. L'expression de fascination sur son visage était telle que le conducteur du taxi n'ôsa pas le rappeller à la réalité tout de suite, se contentant d'observer. Un gars propre sur lui, avec une barbe et une chevelure parfaitement taillées, avec deux yeux verts luisant d'une joie enfantine, à la blouse blanche immaculée. Le taxi-man toussa.

Revenant du pays des songes, son client le regarda son interlocuteur l'air surpris. Il prit ses lunettes et commença à les nettoyer sur sa blouse, tout en s'exprimant de la voix pompeuse de l'homme qui déballe sa science.

- Vous savez, machin...
- Edward monsieur...
- Vous savez Edward, avant de mêtre spécialisé dans la génétique, j'ai d'abord fais des études de médecine classique, vous voyez ? Et en médecine, on apprends des trucs bien comme l'anatomie... voyez ? Et l'anatomie c'est très utile, on apprend par exemple, que les cervicales de l'homme est une zone très fragile. Un torsion de gauche à droite, ou d'avant en arrière, peut être fatale.
- Pourquoi me dites vous ça ?
CRAC
- Parce que j'ai faim.

Lâchant la tête pendante du chauffeur, Parasite s'évertua à le tirer avec lui sur la banquette arrière. Mathodiquement, il lui fit les poches, prit son portefeuille, les bricoles qu'il pouvait avoir, puis commença à le déshabiller. Une fois que le bonhomme un peu enveloppé fut nu, une substance verte foncée, visqueuse, se mit à s'écouler des narines et de la bouche de l'hôte de Parasite, pour le recouvrir quasi-totalement. Une fois changé en monstre, il ouvrit une gueule béante, sertie de nombreux crocs effilés, se léchant les babines d'une langue démesurément longue, puis se pencha sur le cadavre encore chaud...
...
...
...
L'avantage de manger en forme symbiotique, c'était de pas tâcher ses fringues. Notre dévoreur aurait bien fait un peu de balançoire, mais avec le taxi retapissé en rouge de l'intérieur, c'était pas vraiment discret. Longeant les ruelles, l'homme s'éloignait de l'endroit, redevenu le gentil petit scientifique qu'il était auparavant. Ce gars là était un peu gras, mais très goutu... Bref. Parasite se demandait bien quelle occupation il pourrait se trouver dans cette ville, à part manger les trucs plein de viande qui s'y balladaient partout. Le jour commençait à peine à se lever, en cette matinée d'hivers et notre ami Parasite se trouva attiré par la lumière d'un bar quelconque. Une petite bière après un chauffeur de taxi, voilà qui ne lui ferait pas de mal. Peut être même qu'ils avaient des glaces...
Il entra.
A l'intérieur, pas grand monde. Faut dire que la veille du nouvel an, c'était rare de trouver des bars ouverts, avec des gens dedans. S'avençant vers le comptoire, le scientifique infecté s'assit finalement sur un tabouret juste à côté d'Aden. Avec sa blouse blanche, sa chemise bleue et son jean, il faisait l'archétype du parfait scientifique. Réajustant ses lunettes, il héla le barman avec un sourire très bright, très blanc.

- Une bière, la moins chère, s'il vous plait.
...
Vous avez des glaces aussi ?

Le dit barman le dévisagea à instant, avant de lui servir une bière. Aucun commentaire sur la glace. Après un soupire, Parasite porta le liquide à ses lèvres. Le gout amer sur ses lèvres contrastait admirablement avec le gout de la viande saignante. Sans regarder son mutant de voisin, il se laissa à quelques paroles amicales.

- Vous faites quoi dans la vie ?

Aden tachait de récupérer de sa crise.
Sa main tremblait encore un peu sur sa jambe.
Sa respiration n'était pas régulière, il devait faire un effort considérable pour remettre ses idées en place.
Le barman lui avait servi son thé depuis quelques minutes sans qu'il s'en rende vraiment compte.
Il inspira profondément, en fermant les yeux et souffla.

*Ca va aller... Calme toi Aden, ça ira.*

Les tremblements de sa main cessèrent. Sa respiration revint peu à peu à la normale. La crise était passée.
Il prit la tasse devant lui et bu quelques gorgées du liquide ambré qu'elle contenait.
La chaleur du thé faisait merveille dans son corps, peu à peu il reprenait des couleurs.
A côté de lui un homme vint s'assoir.
Un barbu, pas très âgé avec un drôle d'air... Pas très naturel.
Il commanda une bière...

*Hum, en voilà un qui commence bien la journée... Dès 6 heures du matin, première bière... Encore un sale pochtron... Il a pas dû dormir de la nuit, et il vient se finir ici...*

Un regard pour le drôle de type à côté de lui.
Aden n'avait jamais pris une goutte d'alcool. C'est pas très recommandé quand on est un peu "spécial" au point du vue physiologique...
Il buvait lentement son thé, prenant bien son temps pour récupérer.
Un autre coup d'oeil à son voisin... Il est vêtu d'une blouse et porte des lunettes.
Aden renonça à comprendre ce que faisait une espèce de scientifique dans un bar à 6 heures du matin, et surtout à siroter une bière.
Quelques mots de l'homme à la blouse vinrent briser le silence pesant.

*C'est à moi qu'il parle ?*

Aden leva les yeux et regarda au bar. Le barman était parti.

*Effectivement, c'est probablement à moi... J'ai toujours eu beaucoup de chance... Je les aligne les emmerdes ces derniers temps. En plus je suis pas d'humeur à taper la causette*

La voix d'Aden s'éleva :

- "C'est bien à moi que vous parlez ? Je regrette mais je n'ai pas souvenir de vous avoir croisé..."

*Attention Aden, tu risques de t'attirer des emmerdes... Ne le regarde surtout pas, et tout se passera bien...*

[HRP : Worg, tu postes quand tu veux ]

Quelle mesquinerie ! Monsieur snobbait notre aimable parasite, en faignant de n'avoir rien compris à ce qu'il disait. C'était d'un manque d'éducation tel que le scientifique en bouillonnait intérieurement. Peut être que c'est ce jeune blanc bec qu'il aurait du manger, au lieu de ce charmant chauffeur de taxi qui écoutait patiemment tout ce qu'il disait... la perte pour l'humanité aurait été moins grande. Aden pouvait constater que, même sans le regarder directement, car nous apprenons rapidement que la vision humaine est à 180°, le visage auparavant jovial de notre type en blouse blanche se changeait en une expression renfrognée de gamin mécontant. Il posa sa bière sur le comptoire, gardant sa main refermée dessus, l'air sombre.

- Voui, c'est à vous. Mais si j'dérange, hein, faut me le dire...

Et hop, une petite rasade du liquide amer. Pas de glace et des voisins de tabourets mal polis, la journée s'annonçait pas sous le meilleur jour... Parasite avait pourtant jugé les habitant de Boston délicieux, mais juger sur ce seul chauffeur était une erreur, visiblement. Quelque chose se mit à gouter d'une narine de l'hôte, comme s'il saignait du nez, mais du sang vert foncé plutôt qu'écarlate. S'en rendant compte rapidement, la scientifique alcoolique se comprima rapidement la narine pour faire cesser cet écoulement douteux, l'air visiblement gêné. Oubliant le grief précédant, Parasite arbora un nouveau sourire amical, pour reprendre sa question première, sous le regard suspiscieux du barman.

- Vous m'avez pas dit... ce que vous faisiez dans la vie.

*"Si je vous dérange il faut me le dire"... C'est fou comme j'ai envie de le lui dire justement... Mais bon, je suis encore un garçon bien élevé...*

Aden regarda l'étrange homme...
Une odeur familière au jeune mutant émanait de son voisin.
Du sang... Cet homme empeste le sang humain.

*Après tout, avec sa blouse, il est probablement medecin...*

Une autre gorgée de thé pour avoir les idées au clair.
Le scientifique semble assez nerveux, mieux vaut pas contrarier ce genre de type.
Il pourrait très bien découvrir mon secret, et c'est justement ce dont j'ai pas besoin...
Après tout un petit mensonge n'a jamais fait de mal à personne...

- "Si vous insistez... Je doute que cela vous interresse mais je suis étudiant... En seconde année de médecine, ici à Boston."

C'était encore la vérité... il y a quelques mois.
Aden n'allait pas lui dire qu'il va se présenter à un institut douteux sans rien savoir de ce qui l'attend.
Et si le type est observateur il aurait vu que le jeune homme avait un sac à ses pieds.
Une autre gorgée de thé...

*Il n'est pas mauvais ce Ceylan.*

Tasse terminée.
La dernier gorgée descend lentement le long de sa gorge et achève de réchauffer son corps.
Un sourire légèrement amusé, Aden ajoute alors à l'encontre de son voisin :

- "Inutile de vous demander votre job... La police scientifique non ?
A moins que la blouse soit pour se donner un air d'expert..."

Petit air provacateur... Il va peut être finir par comprendre qu'il ne risque pas de devenir l'ami de comptoir d'Aden...

*J'espère qu'il est pas du genre sangsue, à coller à la peau et à pomper l'air.
Bon, encore quelques minutes et c'est décidé je me barre...*

Worg ouvrit la porte du bar et la maintint pour faire entrer ses loups en les regardant. Il releva la tête et chercha le patron du regard. Lorsqu'il l'aperçu il lui fit un signe du menton et s'adressa à lui :

"Ils peuvent rentrer ? Ils sont muselés."

Le barman observa la scène incrédule et plissa les yeux en hochant la tête négativement. Worg lui adressa un regard dédaigneux et maintint le porte juste le temps de faire sortir ses compagnons. Il se retourna vers le bar et fit tomber la neige aglutinée sur son pantalon puis il vint s'assoir juste aux côtés de Parasite. Il adressa un regard rapide à tous ceux qui étaient accoudés au comptoir et les salua de la tête.

"Apporte moi un café chef je suis pressé !"

Tandis que le barman s'affairait à le servir le chef de meute sortit un paquet souple de cigarette et en fit glisser une à l'extérieur. Il la tendit à parasite.

"Un cigarette ?"

Devant le mutisme de son voisin de comptoire Worg avala son café et sortit du bar pour retrouver ses amis.

*Cette fois c'est décidé... Sans moi*

Le scientifique a le nez sur son verre.
Parfois y a des gens inhibés, un peu comme Aden, mais parfois des types clairement imbibés...

*Mieux vaut le laisser, on sait pas ce qui peut arriver.*

Un étrange homme était entré pour repartir peu de temps après.
A part ça, rien n'avait bougé dans le bar.
Seules les allées et venues du barman rompaient la monotonie étouffante des lieux.
Un silence pesant brisé par les bruits de pas et les respirations.
Aden à repris des forces.
C'est suffisant pour se rendre à l'Institut, ce n'est pas trop loin.
Pas de danger pour reprendre la route.
2 dollars cinquante pour le barman.

- Au revoir messieurs.

Tout en sobriété, cordial et poli. Même si c'est pas l'envie du jeune homme.
Il quitte les lieux sans tarder, enfourche sa moto.
Cette fois c'est parti.
Le bruit du moteur semble être le rugissement d'un fauve qui brise le silence de la rue enneigée.
Casque en place, il trace la route...