Une journée merveilleuse... ?

[priorité à Ksenia, mais les autres peuvent quand même venir Wink

]

Ce qu'il y a de bien quand on fait deux mètres quinze, que l'on porte des lunettes de soleil bleues pour cacher son regard, avec un costard noir et une écharpe blanche ; c'est que l'on semble suffisamment impressionnant pour être laissé en paix.

En paix ? Bon, c'était un bien grand mot. Parce que Jack n'avait pas l'air non plus d'être quelqu'un de bien sympathique, et que le fait qu'il marchait pieds nus intriguait les douaniers. Et alors ? Il ne supportait plus les chaussures depuis qu'il avait son pouvoir. Depuis plus de quinze ans.

L'Irlandais soupira une énième fois, suite à la nouvelle question ridicule, toute fraîchement trouvée par le policier qui ressemblait sensiblement à une machine à café -par sa carure, hein, pas parce qu'il avait des boutons et qu'il crachait des gobelets-.

-Pourquoi n'avez-vous que des livres dans ce sac ?

Giant Jack ne savait pas réellement quoi répondre... Il avait deux sacs, oui, un pour les vêtements et l'autre pour ses livres. Et pourquoi n'a-t-il que des livres dans son sac de livres ? C'était une question très intéressante.

-Je suis bibliothécaire.

Silencieusement, il se félicitait d'avoir aligné trois mots de suite, dans une phrase qui n'était pas impolie, et qui, en plus, répondait à la question posée. Ces humains l'horripilaient d'une manière assez impressionnante.

-Ca n'excuse rien.
-Je ne vois pas ce qu'il y a de mal à transporter une valise de livres, monsieur le douanier.

Là, le ton était tout de suite devenu plus sombre. Et quand un géant parlait d'une voix agressive, souvent, cela faisait mouche. Sauf que le douanier-machine à café ne quittait pas ses idées.

-Si, vos livres sont tous couverts de façon à ce que nul ne puisse lire les titres, ni les reconnaître.
-On peut reconnaître un livre que l'on a déjà lu.
-Ne vous moquez pas de moi !!! Avouez que c'est louche !

Ce qu'il avouerait volontiers, Jack, en cet instant précis, c'était qu'il était mal à l'aise. Tant de regards devaient se poser sur lui. Et il ne supportait pas que les humains le regardent. Tous ces gens faibles, sans pouvoirs... tous, qui le fixaient, parce que, simplement en transportant des livres, il bloquait la file d'arrivée à l'aéroport.

-Tout cela est ridicule. Ce sont des livres, tout simplement !
-Paige, distribuez ces livres à l'équipe. Ils doivent tous être lus, et détruits s'il comportent un contenu digne d'une quelconque répression.
-Touchez à ces livres, et je m'énerve.

Le regard de Giant Jack, derrière ses lunettes, se fit meurtrier. Si "Paige", la jeune femme en uniforme et à l'air un peu aguicheur, s'approchait d'un pas de plus, il n'hésiterait pas à... à faire quelque chose !

-Vous préférez avoir affaire avec la police ?
-Je préfèrerais qu'à notre époque, la notion de censure n'existe pas ! Ce sont des simples livres ! Vous n'allez pas me dire que Victor Hugo était un terroriste, non plus !
-Ce n'est pas à vous de décider !

Ca, c'était la meilleure phrase de la journée. Ce n'était pas à lui de décider si Victor Hugo était un terroriste. Se demandant s'il ne devait pas essayer de s'envoler par la première fenêtre ouverte qu'il trouverait -après tout, arrivé à un tel point, tout était possible ! -, il sortit une montre ancienne de sa poche, et observa l'heure. Cela faisait bientôt une heure qu'il bloquait involontairement le passage de la douane.

Lentement, il se tourna vers la jeune fille derrière lui, qui devait s'impatienter. Il la fixa, un court instant, ignorant royalement les appels de "Mr machine à café". Une esquisse de sourire, le voilà qui passait une main dans ses cheveux mi-longs. Elle avait de tels yeux qu'il était très simple de deviner qu'elle n'était pas "normale"... La voix sombre et grave du Mutant dit à la jeune fille :

-Excusez-moi, soeur Mutante, des désagréments commis par ma valise de livres.

Demi-tour vers le douanier, et, le coeur à moitié arraché par ses propres mots, teintés de douleur et de détresse, il annonça :

-Gardez-les, ces oeuvres pseudo-révolutionnaires. Je n'ai pas envie de gêner le monde plus longtemps.

Et le coeur blessé, il laissa Victor Hugo à sa révolution contre les Etats-Unis d'Amérique de 2030, en se disant que sa vie ici risquerait d'être bien difficile. Alors que l'attention déviait sur le douanier, Giant Jack se baissa un court instant, releva son ombre... et la mit sur ses épaules. Désormais sans ombre, bercé d'une aura un peu sombre, il prit place sur un banc, le regard blessé.

L'Irlandais se sentait nu, sans ses livres...

[HJ : les PNJ sont à tout le monde !]

[EDIT : le nom du sujet a été changé, pour éviter de faire quinze sujets différents, sous prétexte qu'ils visitent la ville]

Un retour bien froid, sans saveur, et triste pour Ksenia. A peine avait-elle posé un pied sur le sol Américain qu'elle se sentait déjà coupable d'avoir laissé son père loin là-bas, en Russie. C'était là qu'il avait été enterré.

Résidant à présent aux Etats-Unis, Ksenia aurait vraiment aimé pourvoir rapatrier le corps de son père à Boston mais elle n'avait pas eu le coeur d'arracher la dépouille de son père à sa patrie qu'il aimait et respectait tant. Alors elle l'avait laissé là-bas, elle l'avait abandonné. C'était du moins de cette manière que Ksenia voyait les choses.

En un mois, la demoiselle avait un peu poussé et son visage s'était affiné. Plus jeune femme que femme-enfant à présent, son regard s'était attristé, égaré. Elle portait une longue robe noire, signe de son deuil... Bon, d'accord, même avant cela, Ksenia s'habillait très souvent de noir mais cette robe avait quelque chose de particulier. On ne pouvait les voir car elle portait par dessus un long manteau noir, mais des initiales étaient brodées sur col de la robe : les initiales de son père.

Quoi qu'il en soit, sac en bandoulière sur l'épaule, c'était d'un air plutôt absent qu'elle s'était avancée dans la longue file d'attente de la douane. Ne prêtant pas attention aux regards qu'on pouvait lui lancer en raison de sa peau extrèmement pâle et de ses yeux qui avaient cette étrange couleur, elle attendait patiemment que ce soit son tour.

Ca n'aurait plus du trop tarder si un "incident" ne s'était pas produit.

Sortie de son "absentéisme chronique" (nous dirons que ce mot existe n'est-ce-pas) par la voix du grand homme qui se trouvait devant lelle, elle porta son attention sur le "géant"et sur le policier.

Il y avait apparament un souci avec l'un des sacs du "géant". Pourquoi? D'après ce que Ksenia avait pu entendre, parce que ce sac était remplit livres. Elle ne voyait pas là un crime, bien au contraire. Elle-même adorait lire.

Elle soupira et secoua la tête de gauche à droite. Les humains trouvaient finalement toujours le moyen de gâcher la vie aux mutants.

C'est alors que le "géant" s'adressa à elle pour s'excuser de l'attente dont il était responsable. Il était grant... Vraiment très grand... Très très grand... Elle fut obligée de lever le visage vers lui pour pouvoir le regarder. Sans même le connaître, juste en le regardant comme ça, il avait quelque chose de rassurant.

"Y'a pas de mal..."

Répondit-elle doucement.

"Ce n'est pas vous le fautif..."

Ajouta-t-elle tout bas en jetant un bref regard au douanier qui semblait vouloir distribuer les livres du "géant" à ses collègues. Une honte...

C'est alors que l'immense silhouette qui était devant elle s'éloigna. Il avait décidé d'abandonner et de laisser ses livres, sans doute pour éviter que les gens ne patientent encore. Un regard pour le douanier qui semblait satisfait.

Elle resta quelques instants là sans avancer tandis que le douanier refermait le sac. Elle regarda le "géant" qui semblait bien triste d'avoir laissé là ses livres. D'abors hésitante, très hésitante même, elle se décida finalement car c'était le moment ou jamais pour agir. Une minute de plus et il serait trop tard car le douanier aurait redonné le sac à sa collègue. Elle voulait récupérer les livres pour ce "géant" et devait donc trouver un moyen de faire diversion.

Elle ferma les yeux.

*Pardonnez-moi pour ce que je vais faire.*

Elle se retourna alors vers la femme qui se trouvait derrière elle et rouvrit ses yeux pour fixer cette femme droit dans les yeux. Etant en pleine forme, il ne lui fallut que quelques instants pour que la femme ne ressente des vertiges et s'effondre à terre, étant prise de nausées fulgurantes. Il ne lui fallut d'ailleurs pas longtemps avant de vomir sur le sol.

Quelques pas en arrière pour Ksenia, elle n'avait apparament pas été remarquée en train de fixer la femme, et les gens étaient déjà autour de celle-ci pour essayer de savoir ce qui lui arrivait. Ksenia était à présent dos au sac remplit de livres.

La fameuse "Paige", et le douanier s'étaient eux aussi précipités vers la femme et la foule qu'il y avait autour pour voir ce qu'il se passait. Elle était vraiment très pâle et quand elle pensait que les nausées étaient passées, cela revenait de plus belle.

Ca s'affolait autour de la femme, ça criait. Se sentant pour le moins extrémement coupable de s'en être prise à une innocente, Ksenia n'en perdit pas pour autant son objectif : récupérer le sac.

Elle vérifia que personne ne la regardait, et c'était le cas. Tout le monde avait les yeux tournés vers la femme malade à crever. Elle se tourna et doucement, elle vint se saisir du sac qui, il faut bien l'avouer, pesait quand même lourd. Normal : un sac remplit de livres n'a pas la légèreté d'une plume.

Mais ça n'avait pas d'importance. Il fallait qu'elle le ramène au "géant". Les deux mains tenant fermemant le sac, elle s'avança vers le banc où se trouvait le "géant", laissant tout les autres s'occuper de la femme malade. Elle posa le sac aux pieds du "géant" et esquissa l'ombre d'un sourire. Elle avait beaucoup de mal à sourire depuis la mort de son père la demoiselle.

"Il faut partir maintenant... Elle va bientôt retrouver son état normal et ils vont se rendre compte que le sac a disparu."

Un signe de la tête et elle s'éloigna vers la sortie, espérant que le "géant" allait faire de même, pour lui, et pour ses livres. Ksenia était contente d'avoir rendu les livres à un frère mutant, mais elle avait du s'en prendre à une humaine. C'était la première fois qu'elle faisait cela et c'était pour cela qu'elle ne se retournait plus. Elle ne voulait pas voir une nouvelle fois cette femme dans un état lamentable.

Ce n'était que passager et dans quelques minutes elle se sentirait déjà mieux, mais ça ne changeait rien à ce que Ksenia avait fait. Il lui faudrait en parler à Sagamore en arrivant à l'Institut.

A présent dehors, elle replaça son écharpe pour se protéger du froid, bien qu'ici le froid soit nettement moins violent et agressif qu'en Russie. Puis elle attendit qu'un taxi daigne bien vouloir la ramener "chez elle", ce qui ne semblait arriver de si tôt.

Il avait levé les yeux juste à temps pour voir ce qu'il s'était passé. Un instant plus tard, et il n'aurait pas compris. Il n'aurait pas vu que la jeune femme, la jeune Mutante, avait utilisé ses pouvoirs, et pris le sac. Il n'aurait pas compris comment elle avait fait pour récupérer ces quelques livres... Pour récupérer sa vie, ses enfants, ses protégés.

Elle lui aurait sauvé la vie, que cela ne lui aurait pas fait autant de bien. Le regard de Jack s'alluma, pour briller d'une reconaissance infinie. Et il l'observa plus posément. Elle portait... un deuil, apparemment. Ou alors, elle aimait bien le noir. Les deux solutions étaient possibles. Sauf qu'une personne portant la couleur qu'elle aime ne devrait pas avoir l'air aussi triste.

Très bien, elle lui avait rendu le sourire, et la seule chose qui dirigeait sa vie. Question d'honneur, il se devait de faire de même... Bien sûr, il ne l'aurait pas fait si elle était humaine. Elle était mutante, et cela la rendait bien plus belle, plus unique, et plus intouchable que ces greluches du genre de "Paige".

Une légère moue, et le géant se redressa, se leva, même, dans un geste qui paraissait bien lent, et accentué par cette taille improbable. Quelques pas, vers la sortie, et se retrouva à côté de la jeune femme, en quelques enjambées.

-Je vous dois quelque chose, je le crains.

Un léger sourire, moins timide que s'il n'utilisait pas son pouvoir sur lui, mais son Ombre était stimulée. Il ne laissait pas de trace sur le sol, malgré les lumières des réverbères. Un geste vague de la main, et le voilà, tête baissée pour fixer le visage de celle à qui il s'adressait, à murmurer :

-Vous ne pouvez pas savoir ce que vous avez fait pour moi... enfin si... mais c'est plus que ce qe vous ne pouvez penser... Ces livres... C'est un peu toute ma vie.

Petite moue désolée.

-Je m'exprime mal, peut-être. Mais devant vous, je vous jure que je ferai de cette journée une des journées les plus belles de votre vie... Pour vous remercier.

Giant Jack secoua légèrement la tête sur le côté, ses cheveux mi-longs suivant le mouvement, puis coupa directement toute objection possible.

-Ne refusez pas, je vous prie. C'est très important pour moi... Je m'appelle Jack Sullivan. Je suis Mutant, et je viens d'Irlande.

Et doucement, il prit la main à la peau si pâle de la jeune femme, et y déposa un baisemain, avec un sourire malicieux. Elle devait attendre un taxi, vu le panneau "taxi" posé àcôté de lui. Bon, et bien... au moins, le taxi, il pouvait commencer par le payer. Et la suite de la journée ? Il ne connaissait rien de la ville, mais quelque chose lui disait que pour posséder l'Institut Xavier, et la Confrérie, cette ville devait bien contenir aussi quelques attractions bien plaisantes. Surtout un jour de fête.

Un retour bien étrange finalement.

Patientant toujours sur le trottoir, elle releva le visage vers le "géant" -car c'est ainsi qu'elle l'appelait dans sa tête ne connaissant toujours pas son prénom- lorsqu'il s'arrêta près d'elle et qu'il lui adressa ces quelques mots de reconnaissance. Il disait être redevable. Pourtant, ce qu'elle avait fait lui semblait normal dans le sens où c'était ce que son coeur lui avait dicté de faire.

"Vous ne me devez rien... Ils n'avaient aucun droit de faire ça."

Le "géant" souria alors, et quel sourire... Ksenia resta quelques instants à l'observer. Lorsqu'il s'abaissa pour se mettre à son niveau, ce qui ne fut pas chose aisée vu que Ksenia devait avoir au moins quarante à cinquante centimètres de moins que lui, Ksenia fut quelque peu surprise, et gênée. Elle n'avait pas l'habitude de tant de "proximité" avec quelqu'un dont elle ne savait rien.

Il n'y avait pas que l'attitude du "géant" qui touchait Ksenia. Ses mots troublaient la demoiselle. Il disait que les livres qu'elle lui avait rendu étaient un peu comme sa vie. Sa vie? Elle comprit alors pourquoi il disait être redevable. Apparament, ce qu'elle venait de faire était beaucoup plus important qu'elle n'avait pu l'imaginer.

Un nouveau maigre et timide sourire vint étirer les lèvres de la mutante. Cela lui réchauffait quelque peu le coeur de savoir qu'elle avait fait quelque de bien. Le fait qu'elle ait du faire du mal à une humaine paraissait un peu moins grâve alors.

Elle aurait pu garder ce petit sourire si le "géant" n'avait pas prononcé les mots qu'il prononça ensuite. Il voulait, pour la remercier, faire de cette journée la plus merveilleuse de toute son existence. La plus merveilleuse? Alors qu'elle avait la veille enterré son père bien aimé? Alors qu'elle l'avait abandonné loin, en Russie? Faire de cette journée la plus merveilleuse de sa vie?

Les yeux brillants, elle baissa le visage laissant ses cheveux glisser pour venir cacher celui-ci. Vieux reflexe... Les larmes naissaient dans ses yeux et elle devait respirer fort lentement pour contenir son émotion, contenir ce flot de larmes qui n'allait pas s'arrêter de si tôt si il recommençait. Oh, elle avait beaucoup pleuré. Encore, et encore... A en être complètement épuisée. Si elle craquait...

Mais la voix du "géant" l'empêcha de craquer. Allez savoir pourquoi. Peut-être parce que sa voix avait, comme son allure, quelque chose de rassurant pour Ksenia. Quoi qu'il en soit, lorsqu'il se présenta, elle releva doucement son visage vers lui. Elle avait réussi : elle n'avait pas craqué, et elle connaissait à présent le prénom et le nom du "géant" : Jack Sullivan.

Ce qu'il se passa ensuite l'étonna encore plus que lorsqu'il s'était baissé pour se mettre à son niveau. Jack venait de prendre la main de Ksenia pour y déposer un baisemain. Elle resta un moment sans rien dire, à nouveau troublée.

Une fois qu'elle eut récupéré sa main, elle resta un moment silencieuse, réfléchissant sans doute à la proposition de Jack. Elle regarda la route, au loin : le chemin vers l'Institut et toutes les questions qui l'attendaient là-bas. Etait-elle seulement prête pour ces questions?

A nouveau, elle se retourna vers Jack. Elle ne souriait pas. Son regard s'était encore un peu plus attristé mais...

"D'accord. J'ai bien envie de passer cette journée avec vous."

Qu'était-elle en train de faire? Etait-elle en train de fuir sa maison et les gens qui étaient ses amis? Etait-elle en train de sauter sur cette occasion pour essayer d'oublier et de trouver un quelquonque échapatoire? Oui, cela ne faisait aucun doute.

Mais après tout, après l'histoire avec Deklan, après l'attaque de l'Institut, et après la mort de son père, n'avait-elle pas le droit à cet échapatoire? N'avait-elle pas le droit à une journée où elle pourrait peut-être oublier les souffrances?

Jack Sullivan. Un étranger que le destin avait mis sur sa route. Tout cela n'était peut-être pas un hasard.

Elle se présenta à son tour.

"Ksenia Stanislovski, mutante, qui vient de Russie. Enfin, je n'y vis plus mais..."

Un moment de silence. Elle plissa doucement les yeux, fixant Jack.

"Vous êtes vraiment très très grand... C'est... Impressionnant."

Petite comme elle était, il ne faisait aucun doute que la grande taille de Jack pouvait être quelque peu déstabilisante. Non, pas déstabilisante mais juste impressionnante.

"Pardon."

Quelle idée de dire une chose pareille aussi! Elle-même avait souvent du subir des remarques sur son physique, et elle venait d'en faire une à celui qui avait promis faire de ce jour, le plus beau de sa vie. Méchante Ksenia...

"Je ne connais pas beaucoup d'endroits ici... Je n'ai pas vu grand chose mais on n'a qu'à demander."

Hop là, changement de sujet. Ni vu, ni connu, je t'embrouille. Parfois elle savait y faire la demoiselle. Elle passait par tout un tas d'émotions différentes pour le moins difficiles à gérer mais essayait de ne pas trop penser. Son coeur lui disait de suivre Jack, et elle allait le suivre. Elle allait passer le dernier jour de cette année, qui avait eu une fin pour le moins périlleuse voir même catastrophique, avec ce mutant qu'elle venait tout juste de rencontre, et peut-être, que grâce à lui, elle allait reprendre un peu goût à la vie.

Sourire autant qu'avant... C'était peut-être possible, qui sait?

Ksenia... elle avait des yeux d'enfant, mais un regard si adulte. Du moins, c'était ce qu'il voyait, du haut de son corps. Il y avait autant d'innoncence que de remords, dans cette jeune fille. Et plus il la regarait, plus il se disait que sa promesse serait difficile à tenir. Ou du moins, qu'elle serait quelque chose de bienvenu pour cette Mutante.

Ceendant, ses pensées furent rapidement interrompues par... par une exclamation assez surprenante, au niveau de sa taille. Qu'en dire ? ... Que faire de plus, que de rire, comme il le faisait, avec cet air agréablement étonné. Non, venant d'un petit bou de femme aux yeux vert-jaune, il n'allait pas prendre la mouche, et se montrer désagréable.

-Ce n'est pas grave. Mais de mon point de vue, vous n'êtes pas bien grande.

Ce qui n'était pas si faux. Si lui était grand par rapport à la normale, elle était plutôt petite... Mais n'allait pas faire plus de réflexions que cela sur la taille de la jeune femme.

Son air amusé demeura un moment sur ses lèvres. Un moment qui, pour lui, était anormalement long. Même avec ses pouvoirs pour le rendre plus certain de ses gestes. Même avec son ombre pour dissimuler la vérité de ce qu'il était... Décidément, peut-être qu'il pourait, sans même s'aider d'un pouvoir rassurant, remplir cette quête d'une journée de bonheur pour la jeune fille à ses côtés.

Acquiescement léger de la tête à l'idée que la femme à ses côtés ne connaisse pas réellement la ville. Il prit sa montre ancienne dans sa main. Une antiquité, semblerait-il. Lui donner un siècle serait assez aisé. Le bruit de l'aiguille des secondes résonnait dans le silence de la nuit encore présente sur eux. Et puis, sous cette lueur orangée du réverbère, elle annonça :

-Il nous reste encore une petite heure avant le lever du soleil. Profitons-en pour aller dans un salon de thé... un bon chocolat chaud et une pâtisserie seront les bienvenus pour ce petit-déjeuner !

D'accord, c'était un repas bien français, qu'il proposait là. Cependant, lui-même ne résistait pas à un chocolat chaud à l'ancienne. Encore fallait-il que cela se trouve à Boston.

Quelques pas dans la neige, pour voir si, au loin, un taxi ne viendrait pas. Giant Jack frissonna, et revint bien sagement sous le portique, à l'abri de la vilaine neige qui lui gelait ses pauvres pieds nus.

-Il y a des jours où je regrette de ne pas pouvoir porter de chaussures.

Et oui, marcher pieds nus dans quelques dizaines de centimètres de neige, ce n'était pas pratique, ni plaisant. Déjà, il avait la peau assez pâle, pour quelqu'un en bonne santé. Jack devait réfléchir à une solution immédiate pour ne pas attraper un vilain rhume, ou quelque chose de pire.

Le taxi arrivait. C'était une excellente chose. Il esquissa un sourire, fit un grand signe de la main au conducteur, puis ouvrit la porte à Ksenia, pour la laisser entrer en première. Attention pleine de galanterie. Mais le geste fut bien moins gracieux lorsqu'il se cogna, après être entré dans le véhicule. Son regard en disait long sur ses pensées : il serait temps de réhausser les toits des automobiles.

Recroquevillé sur lui-même, il adressa enfin la parole au conducteur de taxi.

-Pourriez-vous nous emmener dans un salon de thé qui ferait des chocolats chauds avec la méthode ancienne ?

Il était difficile de savoir si le conducteur savait réellement si cela existait. il haussa vaguement les épaules, puis démarra le véhicule, laissant le silence s'installer. Jack avait l'air d'être quelqu'un d'assez réservé. Et de très inquiet pour les livres qu'il avait placé dans le coffre, puisqu'il jetait des regards affolés sur la plage arrière... Plage arrière qu'il caressait du bout des doigts.

-Vous habitez dans cette ville, ou vous êtes simplement de passage ?

Et non, il ne comptait pas non plus tenter de rendre heureuse la jeune femme à ses côtés, sans lui adresser la parole. Il devait apprendre à la connaître, à savoir ce qu'était sa vie...

Mais le petit tour de voiture était terminé. Jack fit une moue légèrement embêtée, en voyant avec quelle politesse le conducteur d'adressait à lui pour lui demander de l'argent. Montrer le montant, et présenter sa paume de main... Soit cet homme les méprisait, soit il avait tout simplement oublié de se laver les dents depuis quelques mois.

Le taxi payé, et parti, le duo se retrouva avec leurs sacs devant un salon de thé.

-Allons-y, ou je vais littéralement geler.

Un sentiment de légèreté... Quelques instants passés en compagnie de Jack et Ksenia se sentait déjà plus légère. Comment faisait-il cela? Comment pouvait-il la détendre de cette manière? La réponse, reste pour l'instant inconnue.

Si elle, avait parlé de la taille impressionnante de Jack, lui ne s'était pas gêné pour parler du fait que Ksenia était particulièrement petite par rapport à la normale... C'est vache ça! Après tout, elle fait 1m62 maintenant. Elle a un peu grandit... Elle n'est pas si petite... Bon, si, elle est petite mais tout ce qui est petit est mignon après tout.

Bref, l'ambiance était légère, à la rigolade même, et c'était "réparateur" pour Ksenia. Beaucoup plus que Jack ne pouvait l'imaginer.

Elle n'avait pas réalisé qu'il était encore très tôt, complètement à la masse à cause du décalage horaire, et quand il proposa d'aller prendre un petit déjeuner apparament à la française, elle haussa les épaules avec un petit sourire. C'était sa façon de dire qu'elle était plutôt pour. Elle ajouta cependant quelques mots.

"Oui, pourquoi pas."

Ma foi, c'était mieux que rien. Elle observa Jack marcher pieds nus dans la neige et elle ne fut pas surprise de le voir revenir rapidement. Le froid devait être douloureux pieds nus, et cela pouvait se révéler dangereux. Engelures ou autres... Il fallait se méfier, surtout que la neige ne cessait de tomber, et que le vent ne cessait de souffler.

Ksenia observa un bref instant les pieds de Jack lorsqu'il fut revenu auprès d'elle et qu'il eut dit qu'il regrettait de ne pouvoir porter des chaussures. Elle ne fit aucune remarque, rien. Elle ne lui demanda même pas pourquoi il était pieds nus. Il n'était pas encore temps pour ce genre de questions. Cela viendrait, elle le savait, mais pas maintenant. Elle se contenta de relever son regard vers lui et de lui adresser un sourire... Et c'était un sacré sourire : doux, tendre.

Le visage de la Russe s'illumina lorsqu'elle souria de cette manière à Jack. Pourquoi un tel sourire alors qu'elle était encore amplit de tristesse? Pourquoi à cet instant là? C'était venu tout seul, naturellement, simplement. Elle se sentait sans doute bien, ou tout du moins, mieux.

"Merci."

Dit-elle tout bas à Jack lorsque celui lui ouvrit la porte du taxi afin qu'elle puisse y entrer en première. Très galant ce Jack. Très "tout" ce Jack en fait...

Elle ne voulait pas se moquer. Ce n'était pas dans ses habitudes mais elle ne put s'empêcher de laisser échapper un petit rire lorsque Jack se cogna contre le véhicule. C'était... Le voir ainsi tout courbé, c'était tout de même assez drôle. Mais en même temps, pour lui, ça ne devait rien avoir de drôle.

Ce tout petit rire -car il fut tout petit hein- passé, Ksenia observa Jack qui semblait s'inquiéter pour ses livres. Le regard de la Russe glissa sur les doigts du Géant. Elle resta quelques instants bloquée sur la main de Jack avant de relever son regard vers son visage. Il venait de lui demander si elle était juste de passage ou si elle habitait en ville.

"Eh bien... J'habite depuis peu à l'Institut... Un refuge pour mutants. Ils sont très gentils là-bas. Mon père m'y a envoyé. Ca lui fait plaisir..."

Elle se ravisa. Il lui fallait apprendre à parler au passé lorsqu'elle parlait de son père.

"Ca lui faisait très plaisir que je sois là-bas. Il était rassuré."

Petit sourire teinté de tristesse et les voilà qui étaient arrivés à l'endroit demandé au chauffeur de taxi, qui n'était pas aimable, voir pas du tout. Décidément, aujourd'hui Ksenia ne voyait que des humains méprisables. Etrange...

Quoi qu'il en soit, unee fois devant le salon de thé, sacs à la main, elle reprit la conversation laissé quelques instants plus tôt dans le taxi.

"Et vous? Vous êtes juste de passage ou vous aller vivre ici?"

Elle espérait qu'il n'allait pas être juste de passage. Elle n'avait pas envie qu'il reparte. C'est qu'elle était bien avec Jack. Et puis, c'était pour elle la première fois qu'elle se "liait" avec quelqu'un hors de l'Institut. C'était un grand pas pour elle. Il était certes un mutant, mais ça ne rendait pas la chose forcément plus simple.

Il avait l'air plus sombre, soudainement. Etait-ce l'Institut, ou ce sous-entendu au sujet de la perte de Ksenia. Elle avait perdu son père... Et de manière bien plus égoïste, il s'attachait à elle, alors qu'elle était membre de l'Institut.

L'Institut. Il en avait vaguement entendu parler. Non seulement parce que la guerre des Mutants contre le Cercle, à Boston, n'était pas tombée dans l'oreille d'un sourd, avec lui. Il s'était informé sur la Confrérie, sur cette coupure de courrant. Il avait son propre avis, sa propre détermination. Et si elle était dans ce qu'il restait de l'Institut, ils n'avaient pas du tout le même point de vue.

Elle avait perdu son père...

Après un air un peu ailleurs, il ouvrit la porte du salon de thé, pour laisser entrer la jeune fille, avec un léger sourire. Jack se répétait tout ce qu'il savait. Des robots destructeurs de Mutants, s'attaquant à un refuge pour jeunes... Révoltant.

Prenant place sur un fauteuil agréable, dans un salon plutôt intime, et calme, apparemment dirigé par une femme qui avait tout de la "mamie gâteaux", il reprit petit à petit son sourire habituel. Son visage s'illumina un peu, alors qu'il balançait la tête en arrière, pour se détacher petit à petit de son Ombre. Plus pâle, plus maladif, avec un regard un peu plus timide, il paraissait plus âgé, soudainement.

-Je... excusez-moi. Je vais peut-être vous surprendre, mais sachez qu'en aucun cas, je n'essayerai de vous faire dévier de votre chemin. En échange, je vous demanderai de respecter mon... choix.

Un peu étrange, comme début d'explication...

-J'ai entendu parler de votre Institut. Vaguement, je l'avoue, mais j'ai su qu'un groupe d'anti-mutants avait lâché des monstres de fer sur vous, pour... Enfin, j'imagine que vous avez eu quelques pertes. Loin de moi l'envie de remuer le couteau dans la plaie. J'ai été révolté, effrayé, même, par ce qu'il se passait ici. Cela m'a décidé à venir... et pourtant, je suis loin d'être quelqu'un de très puissant. Je ne peux rien contre les robots, ou les non-mutants. Je sais un peu me battre, mais c'est plus pour me défendre en cas d'agression qu'autre chose.

Vague froncement de sourcils.

-Enfin, j'ai décidé de m'installer ici. A la Confrérie... Parce que je pense que les humains nous ont littéralement déclaré la guerre, et que je me sens prêt à défendre la mémoire de ces jeunes... même s'ils n'avaient pas les mêmes idées que moi, ce sont des "frères"... Et puis j'ai déjà eu largement le temps d'être déçu par l'humain. Je crois que je commence à me faire vieux.

Un coup d'oeil sur la carte, face à lui, puis le voilà qui esquissait un nouveau sourire, plus franc.

-Excusez-moi, je vous déçois peut-être. Mais pour répondre plus clairement à votre question, oui, je m'installe ici. J'espère pouvoir prendre le métier de documentaliste au lycée du coin, ou être bibliothécaire... ou archiviste, qui sait. Je peux facilement faire les trois, j'ai tous les diplômes nécessaires.

Giant Jack commanda deux chocolats chauds, et deux éclairs a chocolat. Il ne savait pas si cela plairait à la jeune Russe, mais il prenait le risque. Pour une fois, il s'en sentait capable. Il retira sa veste, la déposa sur sa propre chaise, garda un instant les yeux clos, dans ce pull gris-bleu, sur laquelle demeurait son écharpe blanche.

Sans raison apparente, il quitta ses pensées sur l'Institut, la Confrérie, et cette différence si "importante", qu'il venait de découvrir entre lui et Ksenia. Différence qui, sans qu'il ne sache réellement pourquoi, le rendait un peu amer.

Jack ne savait pas trop comment, mais il se retrouva avec les mains de la jeune femme dans les siennes.

-Je ne vous connais pas encore réellement, et c'est certainement très maladroit de ma part de me prononcer à ce sujet, mais... j'ai compris, pour votre père. Je pense... que j'ai compris ce qu'il en est. Et vous me voyez, encore une fois, sincèrement désolé. Mais...

Ses mains, immenses, serraient doucement celles de la jeune fille. Lui, il n'avait pas la force de la regarder dans les yeux.

-Vous m'avez fait entendre votre rire. Vous m'avez... je... J'ai pu voir votre sourire, et croyez-moi...

Sa main droite glissa sur la joue à la peau si douce de Ksenia.

-Vous n'avez pas un visage fait pour pleurer. Et je suis certain qu'il serait d'accord avec moi...

Vivement, il retira sa main, puis sourit à la vieille femme qui arrivait vers eux avec un air gai.

-Excusez-moi, je dois vous paraître étrange.

Et la discussion dévia, la femme semblait ravie d'avoir deux clients aussi matinaux, et les gratifia d'un grand sourire. Jack, malgré ses idéologies radicales, n'avait apparemment rien à reprocher à cette dame... Comment pouvait-on avoir des convictions si sombres, et se montrer aussi heureux, face à une humaine... la réponse, il la donna lui-même.

-Elle a des mains qui racontent beaucoup de choses...

... murmura-t-il, une fois qu'elle s'était éloignée.

-... elle doit en conter, des belles histoires, à ses petits enfants.

Enfin, son regard croisait de nouveau celui de Ksenia.

Parfois, les choses changent tellement rapidement qu'on n'a pas le temps de s'habituer, de se faire à certaines idées, d'accepter certains évènements. La mort de son père, Ksenia ne l'acceptait pas encore. Mais apprendre ce qui allait suivre, elle n'allait pas l'accepter non plus.

Pourquoi Jack venait-il de prononcer ces quelques mots qui semblaient plus qu'étranges à Ksenia? La faire changer de chemin? Qu'était-il en train de sous-entendre et que voulait-il dire? Elle n'allait pas tarder à le découvrir.

La porte ouverte, elle pénétra à l'intérieur du salon de thé, ravie d'être enfin dans un endroit protégé de la neige et du froid. Elle suivit Jack et s'installa à son tour sur un fauteuil.

Elle retira lentement son manteau noir laissant découvrir une robe sombre, mais pourtant magnifique. Une robe en tissu noir, brodée de nombreuses dentelles, avec, sur le col, deux initiales brodées elles aussi en dentelles. Des lettres étranges, des lettres Russes.

Les doigts de Ksenia glissèrent furtivement sur les initiales qui étaient celles de son père.

Mais les mots qu'avaient prononcés Jack quelques instants plus tôt ne cessaient de fourmiller dans son esprit, encore et encore. Il lui tardait de savoir ce qu'il avait voulut dire.

Et les explications ne tardèrent plus très longtemps. Il avait apparament entendu parler de l'attaque à l'Institut. Elle-même avait vu des articles là-dessus dans les journaux pendant son séjour en Russie. Elle avait caché au mieux ces informations tragiques à son père pour qu'il puisse mourir en paix, sans être inquiet pour sa fille.

Et puis il fronça les sourcils avant de continuer et d'ajouter, qu'il avait décider de s'installer à la Confrérie.

Le coeur arraché, une nouvelle fois. Une sensation étrange et sans aucun doute complètement insensée puisqu'après tout, elle ne le connaissait pas et pourtant... Pourtant, c'était bien la dernière chose qu'elle avait envie d'entendre. Que Jack, que lui, il allait retrouver ceux de la Confrérie.

Elle resta silencieuse, à l'observer.

Le pire n'était pas dans les paroles que Jack prononçait. Le pire était dans l'impact que ces paroles avaient sur Ksenia. Il parlait avec tellement de naturel, sans rage dans sa voix, sans réelle colère que ces mots en devenaient plus faciles à entendre et plus faciles à comprendre. Le pire...

Là, son regard se perdit allez savoir où. Certaines images lui revinrent en mémoire : les tortures de sa mère, cette cave où Deklan avait subit d'horribles tortures... Tout cela, avait été fait par des humains. Il lui était déjà arrivé de douter de cette paix entre humains et mutants ayant toujours souffert du comportement des humains mais peut-être qu'elle avait besoin de cet espoir que le monde pouvait s'avérer être bon, meilleur, sans conflits. Peut-être qu'elle avait juste besoin de ça oui.

Le moment où elle abandonnerait cet espoir, elle deviendrait plus amer encore.

Lorsqu'il parla de la décevoir, elle reporta son regard sur lui. Elle secoua doucement négativement la tête.

"Vous ne me décevez pas du tout. Vous vous faites peut-être trop vieux et moi je suis peut-être encore trop jeune pour avoir foi en un monde meilleur où nous pourrions vivre en paix. Je suis peut-être aussi tout simplement folle."

Un petit sourire de la demoiselle alors.

"Je changerai sans doute de chemin un jour, sans que personne ne m'y force. Quand j'aurai perdu tout espoir en cette paix. Cela risque d'arriver..."

La conversation se fit ensuite plus légère pendant quelques instants lorsqu'il parla d'exercer un ou plusieurs métiers au lycée de Boston. Le sourire de Ksenia se fit alors un petit peu plus large.

"Si vous travaillez au lycée, je viendrai vous rendre visite dans ce cas. J'irai emprunter des livres et je vous verrai souvent."

Que venait-elle juste de dire là? Ils se connaissaient depuis moins d'une heure et elle venait de lui dire qu'elle avait envie de le voir plus souvent. Décidément, Ksenia avait bien changée. Il y a encore quelques semaines, elle n'aurait jamais parlé de cette manière. Mais c'était fait.

Jack commanda un petit déjeuner qui allait s'avérer être excellent, et Ksenia ne fit aucune objection, étant impatiente de boire un délicieux chocolat chaud et de déguster un éclair au chocolat.

C'est alors que Jack prit les mains de Ksenia dans les siennes. Elle fut d'abord surprise mais ne retira pas ses mains. C'était agréable. Jack était vraiment quelqu'un de très doux, du moins, c'était de cette manière que Ksenia le voyait.

Ce moment aurait pu être parfait si seulement Jack n'avait pas parlé de son père. Elle qui faisait des efforts pour essayer de ne pas craquer, il n'aidait pas. Même si il se voulait gentil, et compréhensif, il n'aidait pas vraiment sur le moment.

Ce fut quand il parla du fait qu'elle avait rit, et sourit qu'elle ne put se retenir de pleurer et, comme à son habitude, elle baissa le visage. Visage sur lequel, la main de Jack se posa dans la seconde. Alors... Alors, elle le redressa doucement pour le regarder. Il disait qu'elle n'avait pas un visage fait pour pleurer et pourtant...

Ces mots doux, gentils, touchants faisaient mal et en même temps, étaient très réconfortants.

Lorsqu'il retira sa main, elle en profita pour s'essuyer d'un geste rapide ses larmes, voyant que la vieille femme arrivait avec leurs chocolats et éclairs respectifs.

"Merci..."

Murmura-t-elle à la femme, en gardant le visage détourné pour ne pas montrer qu'elle venait juste de pleurer. La vieille femme avait sans doute vu toute la scène mais Ksenia refusait de la regarder.

Jack prononça quelques mots encore. Ksenia retourna doucement son visage vers lui et croisa finalement son regard. Elle ne put alors plus détacher son regard du sien. Les yeux de Ksenia étaient encore brillants de larmes et un sourire bien triste était présent sur son visage.

"Vous ne me paraissez pas étrange..."

Ce fut alors à son tour de poser ses fines et pâles mains sur celles de Jack.

"Et vous avez raison... Il ne voudrait pas me voir comme ça. Je dois apprendre à lui faire une place dans mon coeur et à continuer à vivre mais, ça viendra doucement, avec le temps..."

Un silence.

"Merci beaucoup Jack."

Elle retira ses mains de celles de Jack et les posa contre sa tasse avant de souffler doucement sur le chocolat chaud et de renifler doucement la bonne odeur du chocolat. Son regard se perdit à nouveau dans le vide. Elle devait une nouvelle fois s'être perdue dans ses pensées.

Elle souleva finalement la tasse pour boire une petite gorgée du chocolat chaud, qui était plus que chaud : il était brûlant. Et elle ne manqua pas de se brûler la langue. Elle se crispa un peu et fit une légère grimace sous la douleur. Ca n'est jamais agréable de se brûler la langue. Mais le chocolat était tellement bon que ça valait le coup de s'être brûlée.

"Je crois que c'est le meilleur chocolat chaud que j'ai jamais bu."

Elle était toujours perturbée par un bon nombre de choses. Son père, l'Institut, la Confrérie, Jack... Surtout Jack. Elle tentait de ne trop rien laisser paraître cela dit.

"Je ne suis jamais allé en Irlande... Comment est-ce?"

Elle voulait savoir à quoi ressemblait l'endroit d'où Jack venait. Elle voulait l'entendre parler de son pays. Le voir encore avec ce sourire qui lui allait si bien.

Jack déposa ses lunettes bleues sur la table. Autant parce que la chaleur du chocolat risquait très fortement de les embuer, que pour profiter de l'instant dans ses couleurs originelles. Il fixait Ksenia, sans détacher son regard d'elle, avant qu'elle ne le fasse d'elle-même. Un instant, il sentit comme une sensation l'envelopper, si douce, qu'il se demanda si son "ombre" n'était pas autour de lui.

Puisqu'il n'alla pas jusqu'à le vérifier, la question demeura en suspens un instant, avant de disparaître dans le flot de pensées de Giant Jack.

Il l'avait déçue. Cela se voyait dans le regard de la jeune fille. Elle regrettait ce choix qu'il avait fait, pour la Confrérie. Mais en un sens, il se savait certainement trop têtu pour faire demi-tour, et ne regrettait pas de s'être engagé dans ce groupe. Et paradoxalement, les espoirs de Ksenia le charmaient. Elle lui semblait si innocente, dans son deuil, qu'il ne pouvait qu'en être touché.

Bien sûr, il n'avait aucune idée de ce à quoi elle pouvait penser. Bien sûr, il ne savait pas son histoire. Elle ne savait pas non plus à quel point la sienne était ridicule. A vrai dire, il se demandait parfois, lui-même, ce qui pouvait pousser un bibliothécaire tel que lui, à vouloir prendre les armes. Une sensation de fraternité, peut-être. Il y avait des Mutants pour rêver. Lui, il voulait combattre un cauchemar qui lui semblait trop proche de la réalité... Et elle ? Comment en était-elle arrivée ici ?

Il pensa à ses livres, aux histoires qu'il avait lues, et relues. A ces chemins qui se croisaient, toujours, et qui, aléatoirement, pouvaient renverser des vies, et des convictions. Renverser leurs convictions, à tous les deux, serait difficile. Renverser leurs vies... ?

Jack effaça cette pensée d'un geste un peu brusque de la tête, faisant tomber ses cheveux sur son visage. Alors qu'il songeait à un instant fatidique, où cette jeune fille serait face à lui, et qu'il faudrait faire un choix entre elle et ses "convictions", elle prononça quelques mots qui eurent la chance de le surprendre... Ne venait-elle pas de lui dire qu'elle était au lycée ? Si oui... il devait être presque deux fois plus vieux qu'elle. Il ne s'en était pas douté, jusqu'ici. Il la pensait plus adulte.

Alors la guerre, les idéologies, pouvaient briser une âme, à tel point qu'une enfant se retrouverait adulte ? Jack songea à son adolescence, à ses moments futiles, en pleine campagne, à faire du vélo entre deux troupeaux de moutons. Ksenia, elle, passait les derniers instants de son adolescence à l'Institut... C'était injuste.

Amertume mise à part, l'idée de la voir souvent était plutôt réjouissante. C'était pour cela que malgré sa compassion pour une enfance brisée, il souriait doucement.

Ce fut elle, qui, cette fois-ci, posa ses mains sur les siennes. Tout à ses songes, il avait remarqué avec amertume qu'elle avait pleuré, mais n'avait pas su comment réagir. Sa maladresse prenait parfois le dessus, quand il était avec quelqu'un. Et il pouvait faire tout ce qu'il voulait contre, il n'était guère plus qu'un homme sans défense, sans le voile rassurant qu'est son "ombre".

Un homme sans défense, avec les mains d'une jeune femme sur les siennes. Oui, une jeune femme. Ils avaient beau avoir des années de différence, c'était une femme qui se trouvait face à lui. Ksenia était même plus qu'une femme.

Ce qu'elle dit, bien sûr que cela ne le laissa pas de marbre. Mais tout était intérieur. Avec un grand corps comme le sien, on pouvait enfouir plein de sentiments. Il était triste pour elle, cependant, c'était certain.

Elle retira ses mains. Jack sursauta un peu, en la voyant esquisser un geste qui montrait parfaitement qu'elle s'était brûlée. Il était désolé. Mais il se ravisa, avant de le dire. Elle le trouverait un peu fou, s'il demandait pardon à la place d'un chocolat chaud.

L'Irlande. Un sourire un peu nostalgique se dessina sur les lèvres du Mutant, à l'idée de son pays natal. Il ferma les yeux, se rappelant de cette couleur verte si présente, de ces villages, de ces villes qui semblaient si petites, maintenant qu'il était en Amérique.

-L'Irlande... c'est...

Aucun mot ne lui venait réellement.

-... un pays meurtri. Par des siècles de guerre... Mais cette guerre ne se voit plus, désormais. Je ne pense pas qu'on soit en temps de paix, mais au moins, ça a le mérite d'y ressembler.

Très beau résumé politique...

-J'y ai tout perdu... c'est une des raisons pour lesquelles je suis parti. Il n'y avait plus que mon boulot, à vrai dire, là-bas... Mais... je crois que mon petit chemin pour aller bosse va me manquer. Je passais par le cimetière du village, pour saluer mes parents, et je coupais à travers les champs, en vélo, pour rouler un peu derrière les moutons...

Un léger rire de la part de Jack.

-Je sais, je suis un peu champêtre, des fois ! ... Enfin, bon... ce que j'aimais surtout, c'était cet esprit si proche des légendes...

Les yeux de l'homme brillèrent un instant. Puis il les ferma. Et il sourit doucement, en murmurant à Ksenia :

-Je ne peux pas faire des miracles, mais je peux peut-être vous aider... à ma manière.

Il but une gorgée du chocolat chaud, et se baissa, pour atteindre ses propres pieds, dans un léger craquement. Une fois redressé, sa main droite était enduite d'une matière noire, gluante, qui colait un peu à ses doigts.

-Ce n'est pas grand chose, mais je peux vous prêter mon ombre.

Vite, mieux expliquer, sinon, elle le prendrait pour un fou.

-C'est... mon pouvoir. Ca ne vous empêchera pas de mettre des chaussures, à vous, mais... si vous mettez mon ombre, ce serait comme si... comme si...

Comme si quoi, déjà ? Pourquoi avait-il tant de mal à expliquer ?

-Comme si un manteau rassurant se poserait sur vos épaules... mais chargé de ma présence. Un peu comme si je vous faisais un câlin.

Il sursauta à son propre mot, manquant de peu d'écraser l'éclair au chocolat qui se trouvait malheureusement dans sa main gauche.

-Mais... euh... non... mais c'est pas dangereux ! ... mes câlins non plus ne sont pas dangereux, mais... C'est pas ce que j'ai voulu dire, pardon ! Je... Bon, écoutez, je vais vous laisser réfléchir, si vous voulez de mon ombre pour un petit moment, moi je vais me taire, et... boire le chocolat, là...

Excellente idée, il valait mieux se taire que de continuer à dire des bêtises... Regard pour sa tasse de chocolat.

-Mince, y'en n'a plus !... euh... je vais manger !

Et hop, le voilà qui mordait dans le gâteau au chocolat qui avait survécu aux sursauts de Jack, et à sa panique apparente. Décidément, il ne pouvait pas demeurer calme face à un être féminin.

D'ailleurs... Ksenia ne serait-elle pas en train de devenir plus qu'une simple connaissance d'un jour ? ... Il ne réagirait pas ainsi, si elle n'était qu'une inconnue de passage.

Voilà... Il était là ce sourire qu'elle espérait bien voir. Le coeur de Ksenia bondissait lorsque Jack sourait ainsi. C'était la première fois qu'elle se sentait ainsi face à quelqu'un, face à un homme.

Elle l'écouta parler de l'Irlande en s'accoudant sur la table et en appuyant la paume de sa main contre sa joue, comme si elle buvait les paroles de Jack. Au départ, il parla de la guerre qui avait tant déchiré l'Irlande, puis des raisons qui l'avaient poussé à quitter son pays natal.

C'est ensuite qu'il parla d'une manière plus personnelle en mentionnant ses parents qui étaient tout deux décédés. Ksenia se redressa un peu. Pour elle, c'était comme si ses deux parents étaient décédés étant donné que sa mère ne voulait plus entendre parler de sa fille et qu'elle-même, refusait de revoir sa mère après tout ce qu'elle lui avait fait subir.

Lorsqu'il ria, le regard de Ksenia s'éclaira et un sourire se dessina sur ses lèvres. Jack était si apaisant, si charmant.

Puis, il ferma les yeux, et murmura quelques mots à Ksenia. Quelques mots qui lui firent plisser les yeux doucement. Il voulait l'aider à sa manière. De quoi parlait-il?

Elle l'observa se baisser en se demandant ce qu'il était en train de trafiquer. Lorsqu'il se redressa et qu'il lui présenta sa main entourée de cette étrange matière noire, elle fixa un petit moment sa main avant de relever son regard vers Jack en arquant un sourcil. Son ombre? C'était cela son pouvoir alors? Et c'était pour cela qu'il ne pouvait pas porter de chaussures.

Au moins, elle en savait plus sur le pouvoir de Jack.

Donc, il voulait lui prêter son ombre. L'air interrogateur, elle écoutait avec attention les explications de Jack. Apparament, cette ombre qu'il souhaitait lui prêter se voulait être comme un manteau rassurant qui aiderait Ksenia à se sentir mieux.

En portant cela, elle aurait l'impression de sentir Jack à ses côtés à tout instant, comme si il lui faisait un câlin.

?!

Elle sentit ses joues rougir d'un seul coup, et une partie de son cerveau grilla sans aucun doute. Blagues à part, cela l'étonna d'entendre Jack dire pareils mots et elle en était toute hum... Retournée oui. Il faut dire que c'était la première fois qu'un homme lui parlait de cette manière.

C'était maladroit, mais c'était très craquant. Et il essaya de se rattrapper ou de trouver une tournure différente à la phrase qu'il venait de prononcer ce qui fit sourire Ksenia. Un sourire qui en disait long et qui pouvait sans nul doute faire comprendre à Jack que ce qu'il venait de dire enchantait Ksenia.

Elle pencha doucement la tête sur le côté lorsqu'il changea brusquement de conversation et l'observa essayer de boire un chocolat chaud qui avait déjà été consommé. Il se tourna donc vers l'éclair au chocolat.

Ksenia reprit finalement la parole, son trouble paraissant quelque peu dans sa voix à ce moment-là.

"Je vous remercie de cette proposition mais je vais la refuser."

Elle marqua un silence avant de reprendre calmement.

"Je ne peux pas et ne veux pas accepter cette ombre que vous voulez me prêter car je dois m'en sortir seule. Ce que je vis, je dois le combattre à ma manière. Je veux me sentir mieux lorsque j'irai vraiment mieux. Et puis plutot que votre ombre, je préfèrerais vous avoir vous."

Une pause, encore. Elle n'était pas mieux que lui apparament. Vive la maladresse. Ses joues rougirent à nouveau et son coeur se mit à battre plus rapidement.

"Je veux dire que je viens de passer une heure en votre compagnie et que je me sens déjà plus légère. Alors... Je n'ai pas besoin de votre ombre, j'ai besoin de ces instants passés avec vous."

Un petit sourire se dessina sur ses lèvres. Il y avait beaucoup de tendresse à présent dans la voix de Ksenia.

"Mais j'avoue que... Ca me plairait de sentir votre présence à chaque instant avec moi une fois que nous nous serons quittés."

Sourire plus large, regard tendre. Elle avait refusé sa proposition pour certaines raisons, et aurait aimé l'accepter pour la raison qu'elle venait d'évoquer. Il était vrai qu'elle aurait vraiment aimé sentir la présence de Jack sans cesse auprès d'elle.

A son tour, elle dégusta l'éclair au chocolat avant de finir son chocolat chaud avec lequel elle ne se brûla pas cette fois. Quelques instants, quelques minutes de silence, de nombreux regards sur Jack, puis...

"Vous disiez vouloir me faire passer une journée merveilleuse... Ca veut dire que vous m'enlevez pour toute la journée jusqu'à la nouvelle année?"

Un étrange terme "enlever". C'était un peu cela. Jack, en lui faisant cette proposition l'avait finalement enlevée à la tristesse et la solitude quelle ressentait. Enlevée certes, mais avec le consentement total de la demoiselle.

Même si elle était un peu perdue, elle était sûre et certaine d'une chose : elle voulait plus que tout passer cette journée en tête à tête avec Jack plus qu'avec quiqonque. Jamais elle n'avait ressenti ce qu'elle ressentait lorsqu'elle le regardait, lorsqu'il souriait, lorsqu'il riait, lorsqu'il croisait son regard.

Elle n'allait pas perdre une seule miette de cette journée.

"Qu'avez-vous envie de faire? Peut-être découvrir Boston comme vous venez d'arriver."

Elle semblait songeuse. En fait, elle n'avait pas envie de partager Jack et n'avait pas envie de voir du monde mais il était normal qu'il veuille visiter la ville et si tel était son souhait, Ksenia l'accepterait et savourerait chaque instant passé en compagnie de Jack.

Jack était perdu dans l'observation purement scientifique du chocolat qui lui restait sur les doigts. Doigts qui collaient un peu, d'ailleurs. C'était fou, cette teinte sombre, presque dénuée de beurre de cacao. Il y trouvait un intérêt absolu, en comparant son Ombre qui lui restait dans la main droite, et les traces de chocolat. Non, son Ombre n'était pas du chocolat. Du moins, elle n'en avait pas la couleur. Peut-être devrait-il faire l'effort de goûter...

Ce qu'il pouvait penser comme débilités, quand il cherchait à changer le cours de ses pensées normales. Comment disait ce professeur de yoga qu'il avait rencontré, une fois, à la bibliothèque. Ah oui, pour vider son esprit, en méditation, alors qu'une pensée fugitive apparaissait, il fallait répéter "Neti Neti Neti".

Encore une fois, Jack jugea de l'inutilité de ses pensées, et décida enfin de poser son regard sur Ksenia. Ksenia qui souriait d'une manière qui le surprenait un peu. Il ne lui avait pas fait peur ? Et pourtant... il y en avait bien, des femmes, qui avaient fuit pour bien moins que cela.

Elle ne voulait pas de son Ombre. Giant Jack ne savait pas s'il était déçu, ou si, au contraire, il devait s'en réjouir. Il finit par s'en réjouir, pour elle... parce qu'elle avait la force de refuser ce cadeau dans lequel il n'avait su que s'enfoncer, dans ses moments les plus sombres. Il se souvenait de ses parents, qu'il haïssait pour leur côté humain. Mais ils étaient ses parents, et en un sens, il était un peu fier de ces humains qui avaient su lui apprendre à vivre... et à lire, à leur manière, en ayant une belle bibliothèque.

Jack se serait certainement perdu dans ses pensées quant à sa jeunesse, si la jeune fille face à lui n'avait pas... fait le même genre de maladresse que lui.

L'Irlandais n'était pas vraiment du genre à rougir. Pour la simple raison qu'il n'en avait que rarement l'occasion, et qu'en règle générale, il méprisait la plupart des êtres de cette planète. Ils n'avaient pas son Ombre, comprenez-le. Ils avaient peur du noir, alors que lui prenait tant d'assurance dans ce monde un peu ténébreux... Cependant, ce jour-là, une faible teinte demeura un instant sur ses joues. Faible, certes, mais si quelqu'un avait connu Jack, si ce quelqu'un s'était présenté à cet instant, et l'avait regardé, il aurait dit clairement que le géant rougissait.

Elle se reprit. Cela n'arrangeait pas les choses. Il ne savait plus s'il était content qu'elle se sente mieux, ou s'il était content qu'elle se sente bien avec lui. Certainement des deux. Jack était un peu égoïste sur les bords, des fois.

Il fixa ses lèvres, son sourire, il entendit cette voix tendre, referma ses mains sur la table, ce qui n'était pas forcément une bonne idée, puisque l'Ombre lui coulait désormais des doigts, avant de revenir dans sa main, comme si elle était un peu caoutchouteuse. C'était peu ragoûtant, certes, mais il ne regardait plus cette zone d'ombre qui le caractérisait si bien. Il regardait Ksenia.

L'homme ne savait pas s'il devait prévenir Ksenia que si elle se trouvait loin de lui, le manque de son Ombre risquait de rendre le Mutant tout particulièrement maladif. Il décida de le lui dire... quand le moment serait venu. S'il venait.

Etant donné qu'il préfèrait soudainement ne rien dire, plutôt que de sortir une énormité incroyable telle le coup du câlin, il se baissa, pour remettre son ombre à sa place, et croisa un des nombreux coups d'oeil de la Russe. Il lui répondit par un sourire franc, et amusé, puis haussa vaguement les épaules, en s'essuyant les mains de manière plus maniaque qu'autre chose, puisqu'à part la main gauche, il n'avait plus rien.

-Oui, je comptais effectivement vous enlever pour la journée... Et jusqu'aux douze coups de minuit... Après, ce sera à vous de décider quoi faire.

C'était proposé un peu comme un... jeu. Et il possédait la main...

-La ville... Peut-être, oui, mais je voudrais avant voir quelque chose... Excusez-moi.

Il se leva, s'avança jusqu'à la femme au comptoir, et lui parla dans l'oreille, avec quelques coups d'oeil à la jeune fille. Désormais, c'était à elle de lui faire confiance. Et il allait tout mettre en oeuvre pour qu'elle continue à sourire... pour que cet air tendre reste gravé en elle...

Il revint, avec un air content de lui. Jack avait payé, au passage, les consommations. Il prit sa veste, puis montra une carte de la ville, qu'il avait désormais dans la main.

-Je vais vous faire sentir aussi grande que moi, pour un court instant.

Il avait une idée derrière la tête, cela se sentait. Giant Jack sortit du salon de thé, attendit que Ksenia le rejoigne. Il avait sensiblement l'air de moins craindre le froid... certainement grâce à la présence de Ksenia. Non, mais qu'était-il en train de penser ? Il secoua la tête négativement, puis se ravisa : s'il avait moins froid, c'était cette poussée d'amusement, à l'idée de faire une surprise à la jeune fille.

Dans les deux cas, c'était fortement lié à elle. Il soupira, puis posa les yeux sur sa main droite. Depuis quand tendait-il la main à la Ksenia, lui ? Cette révélation le fit rougir, toujours de manière subtile, mais il ne retira pas sa main. Les dés étaient jetés, en un sens.

-Il va nous falloir passer un peu dans les rues, avant d'en arriver à ce que je voudrais vous montrer... Qui est au centre-ville, d'ailleurs.

Il sourit...

[ H.J : J'suis fatiguée (même épuisée) par le boulot, mais me revoilà! J't'aime ma Déesse ^^ ]

Qu'était-il donc en train de manigancer? Jack.. Il avait une idée derrière la tête, c'était sûr et certain, mais qu'était-ce? Il avait l'intention de rester avec Ksenia jusqu'aux douze coups de minuit. Il précisa ensuite qu'après, ce serait à Ksenia seule de décider quoi faire et elle savait déjà ce qu'elle désirait : ne pas se séparer de Jack.

Lorsqu'il se leva et alla parler à la femme qui se trouvait au comptoir Ksenia plissa doucement les yeux. De temps en temps, Jack avait un regard pour Ksenia ce qui voulait dire qu'il parlait bel et bien d'elle à cette femme. Les observant d'un air pour le moins interrogateur, elle attendit à la table que Jack revienne la rejoindre une fois qu'il eut finit sa conversation avec la femme du comptoir.

Il avait l'air assez content de lui et lorsqu'il prit sa veste, Ksenia se redressa à son tour, avant de remettre son manteau.

"Merci beaucoup."

Un petit sourire de la part de la Russe. C'était la première fois depuis qu'elle avait dîné avec son père il y a de cela un moment que quelqu'un l'invitait. Elle en était très heureuse.

Lorsqu'il lui montra la carte de la ville qu'il possédait à présent et qu'il lui avoua l'idée qu'il avait derrière la tête qui était de faire en sorte que Ksenia se sente aussi grande que lui, son sourire s'élargit doucement alors qu'elle arqua un sourcil.

"J'ai hâte de voir comment vous allez faire ça."

Elle le rejoignit ensuite au dehors et replaça son écharpe noire autour de son cou. Elle regarda autour d'elle avant de reporter son attention sur Jack qui semblait avoir un peu moins froid.

Et puis plus rien. Elle resta sans bouger, sans parler, les yeux fixés sur la main que Jack venait de lui tendre. Surprise? Oui. Heureuse? Sans aucun doute possible. Mais il lui fallut quelques instants pour se faire à l'idée qu'un homme tel que Jack voulait lui prendre la main. Et en public qui plus est puisqu'il venait de lui dire qu'ils allaient devoir marcher dans les rues.

Après ces quelques instants d'adaptation dirons-nous, le sourire de Ksenia s'élargit et elle s'approcha rapidement de Jack avant de glisser sa main dans la sienne. Ses fins doigts entrelacèrent ceux de Jack : un geste sans doute inattendu, et un geste qui vint naturellement, sans y penser. Se rapprochant de Jack, la demoiselle passa son autre main autour du large bras de Jack histoire d'être encore plus près de lui.

Qu'il était étrange ce "couple". Lui très grand, elle très petite. Mais ça n'avait aucune importance car finalement, ce que les autres pouvaient en dire ou en penser ne comptait pas.

Ksenia se sentait bien, et si l'espace de cette journée elle pouvait ne serait-ce qu'un peu oublier les derniers évènements, elle n'allait certainement pas s'en priver. D'ailleurs, c'était bien parti. Mine de rien, elle avait retrouvé le sourire et le moral. Qui plus est, Jack arrivait à lui faire penser à autre chose qu'à son père.

Elle s'en voudrait certainement par la suite mais après tout, il ne fallait pas qu'elle s'arrête de vivre parce que son père l'avait quitté. Et ça, elle allait finir par le comprendre : son père serait sans doute très heureux là où il était, de voir sa fille sourire et profiter de la vie, quelle qu'elle soit.

Etant donc tout près de Jack, pour ne pas dire carrément collée à lui n'est-ce-pas, elle regarda brièvement autour d'elle avant de lever son joli minois vers le grand Jack.

"Alors... Allez-vous me dire où nous allons ou est-ce-que cela doit rester une surprise jusqu'à ce qu'on arrive?"

Les yeux de Ksenia étaient brillants d'impatience. Tout dans son regard et dans son attitude montrait qu'elle était heureuse d'être en compagnie de Jack. En fait, il pouvait l'emmener n'importe où que ça lui importait peu. Le principal était qu'elle reste à ses côtés.

Jack souriait, un peu rêveur, depuis que la jeune fille s'était rapprochée de lui, et qu'il la sentait contre son bras. Bon, cela faisait bien longtemps qu'il ne s'était pas trouvé dans une telle situation, mais il ne refuserait pas non plus une telle attention. Il était heureux, voilà tout, et ceux qui voulaient le lui reprocher n'auraient même pas l'espérance d'être entendus...

Quoique, le portable de Jack se mit à chanter "The Wild Rover", faisant sursauter l'Irlandais, qui prit l'engin, pour le décrocher. Le répondeur, c'était le répondeur... bizarre, il avait reçu un appel sans l'entendre. Décidément, il était bien concentré sur son rôle de chevalier servant.

Bonjour Sullivan, c'est Mr Bender. Comment va notre bon vieux Sullivan ? Quelle que soit votre décision quant à la discussion que nous avons eue vous et moi la semaine dernière, vous ferez partie de l'équipe Alpha. J'espère que je me suis fait comprendre ? ... Allez, bonne journée, Sullivan.

Jack racrocha, après avoir suprimé le message. pas de doutes, il était tendu, désormais, presque énervé. Il ne savait pas si, au final, il était heureux d'une telle situation. Et ce Nathan l'exaspérait à un point assez extraordinaire, à le prendre pour le dernier des imbéciles. Mais il n'y avait rien à faire : Jack n'était pas quelqu'un de très autoritaire, et avait un mal fou à donner son point de vue sur certaines choses.

Alors qu'il se demandait quel genre de message il pouvait envoyer pour laisser comprendre qu'il avait reçu l'ordre qui lui était donné, sans pour autant montrer réellement sa tension à la jeune fille près de lui, Giant Jack sentit quelqu'un le bousculer avec force, et se rendit compte que peu de temps après, il n'avait plus de téléphone portable.

Froncement de sourcils, et une voix sombre, tout à coup, alors qu'il fixait le jeune voyou qui le narguait :

-M'en occupe, restez là.

Et voilà Jack partit, canne en main, pour s'occuper de l'adolescent qui lui faisait un pied de nez. La course poursuite, assez vive, et peu compliquée pour quelqu'un qui avait des enjambées telles que celles de l'Irlandais, prit fin dans une ruelle.

-Rends-moi mon téléphone, je n'adhère pas à ton humour.
-Crève, Mutos !

Etrangement, Jack n'avait jamais supporté ce sobriquet, ou plus exactement cette insulte donnée aux Mutants, dans le seul et unique but de les rabaisser. En fait, l'homme se mettait bien souvent en colère pour ce simple mot.

Il pointa l'adolescent de sa canne, et fondit sur lui, en la balançant derrière sa propre épaule, pour ensuite profiter de cet élan pour asséner un violent coup sur la tempe du gamin.

Se battre avec une canne rappelait pour beaucoup les gestes nécessaires au combat de sabre, sauf que la canne était -et est toujours- considérée comme étant un sport de combat de nobles, données en supplément de la boxe française. En effet, les aristocrates, pour échapper à d'éventuels combats de rues, avaient mis en place leur propre système martial. A noter qu'en règle générale, un homme avec une canne était plus souvent considéré comme étant faible, que comme quelqu'un qui pouvait s'en servir comme si c'était un sabre.
[HRP : non, je n'invente rien]

L'adolescent était allongé à terre, le sang avait giclé, sous les nombreux coups, sur les murs. La canne se laissa essuyer par un mouchoir blanc. Et Jack tira son téléphone de la main brisée de l'adolescent auquel il venait de fracturer le crâne -qu'il survive lui était sincèrement égal, désormais-.

-Je crois que vous avez fait le bon choix, je serais... honnoré... de faire équipe avec des hommes de force tels que vous.

Il raccrocha, espèrant que le message soit reçu par son nouveau chef d'équipe. Et puis il sortit de la ruelle, remit en place sa veste, et s'avança d'un pas assuré vers l'endroit où il avait laissée Ksenia. Si ce n'était le regard bien plus sombre de l'homme, il n'avait aucune trace de la bataille sur lui. Et oui, il prenait un soin incroyable à vérifier s'il était toujours propre.

-Mille excuses, je me suis laissé déborder...

Bon, il fallait l'avouer, il avait vraiment un regard de tueur...

[HRP : ce n'est pas grave, repose-toi... Je t'adore, ma Prophète !]

( H.J : Musique d'ambiance ma Déesse : Tragedy Enjoy =] )

Ah que la journée commençait bien... Etre aux bras de Jack était véritablement très plaisant. Elle se sentait... Oui, plus femme. C'était la première fois qu'elle se tenait ainsi aux côtés d'un homme. D'un seul coup, Ksenia prenait un petit coup de vieux et c'était très bien comme ça. Elle souriait bêtement, rêveuse...

Elle fut sortie de sa rêverie lorsque le portable de Jack laissa entendre une mélodie. Elle releva le visage et observa Jack. En entendant ce qui devait être apparament un message, l'expression de Jack changea déjà quelque peu. Rien qu'en tenant sa main et son bras, elle pouvait sentir qu'il était désormais tendu.

Qu'est-ce-que ce message pouvait bien raconter pour que Jack change ainsi? Elle était sur le point de lui demander lorsqu'il fut bousculer par un jeune homme. Surprise, Ksenia observa le jeune homme en question puis Jack. Puis encore le jeune homme qui filait déjà. Il avait prit le portable de Jack, mais ça, Ksenia ne s'en était pas rendu compte.

La voix de Jack qui s'éleva doucement alors était bien différente de la voix qu'elle avait entendue jusqu'à présent. Il lui demanda de rester là où elle était.

Puis il se mit à la poursuite du jeune homme.

Ksenia resta quelques secondes sans bouger le moindre cil avant de se mettre à leur poursuite. Elle courait bien moins vite que Jack, c'était certain, mais il était hors de question qu'elle reste ainsi en retrait. Hors de question!

Malgré cette course, elle fut incapable de les rattraper. C'était du moins ce qu'elle croyait puisqu'elle ne les voyait nulle part. Cependant, elle entendit du bruit un peu plus loin, qui semblait venir d'une ruelle, et cela attira l'attention de Ksenia. Elle se mit alors à marcher d'un pas extrèmement rapide vers cette ruelle. Plus elle se rapprochait, plus son coeur battait vite, sans même qu'elle comprenne pourquoi.

Les bruits sourds qu'elle avait entendu... Cela lui faisait froid dans le dos et elle appréhendait ce qu'elle allait voir.

Arrivée au coin de la rue qui donnait sur la ruelle, elle se stoppa net car elle entendit la voix de Jack. Elle s'adossa contre le mur, restant ainsi non visible pour Jack.

Citation :: -...de faire équipe avec des hommes de force tels que vous.-

C'était tout ce qu'elle avait pu entendre avec clarté. Des hommes de force? De qui parlait-il? Des gens de la Confrérie? Et ce jeune homme qu'il avait poursuivit, qu'était-il devenu? Des questions qui faisait battre le coeur de Ksenia encore plus vite.

Elle se détacha du mur et commença à avancer dans la rue, dans la direction opposée de la ruelle.

Elle fut ensuite rattrapé par Jack qui fut sans doute surpris de la voir aussi près, étant donné qu'il lui avait demandé de l'attendre bien sagement, ce que Ksenia avait bien entendu refusé de faire. Une fois qu'il fut arrivé auprès d'elle, elle se retourna et leva son regard vers Jack.

Elle fut surprise du regard que lui avait à présent. Et si lui, avait un regard de tueur, le regard de Ksenia s'était fort refroidit. Elle avait ses deux mains plaquées contre sa poitrinne et le fixait.

"Débordé..."

Son regard glissa ensuite vers la ruelle. Jack pouvait voir à vue d'oeil que la respiration de Ksenia s'était accélérée.

"Je ne pouvais pas rester là-bas à vous attendre toute seule alors j'ai couru moi aussi pour vous rejoindre... Et j'ai entendu des bruits..."

Contournant Jack, elle fit quelques pas vers la ruelle, doucement. Il fallait qu'elle en ait le coeur net. Accéllerant le pas, il ne lui fallut que quelques instants pour rejoindre cette ruelle. Après tout, ils étaient juste à côté.

Elle s'arrêta...

C'était comme si elle était plongée quelques semaines en arrière, quand Deklan était devenu fou et qu'il avait massacré ces hommes sur cette place. Elle resta un bref moment sans bouger avant de s'avancer lentement dans la ruelle. Et au fur et à mesure qu'elle avançait, les images de ces horribles souvenirs se superposaient aux images qu'elle était actuellement en train de voir.

Le garçon à terre -l'homme prisonnier de Deklan transformé en sable-, le sang sur les murs -le sang giclant quand l'homme se fait broyer-, le garçon dans un état plus que grâve -la tête de l'homme qui se détache de son corps et qui roule à terre-.

Mais Deklan lui s'était fait torturé de manière effroyable et c'était pour cela qu'il avait complètement pêté les plombs et qu'il s'était laissé submergé par la colère. Mais ce garçon n'avait rien fait de bien méchant. Du moins d'après ce qu'elle, elle avait pu voir. Alors pourquoi? Pourquoi le mettre dans un tel état?...

Elle n'y comprenait rien. Pourquoi tout cela était-il en train de se passer? Cette journée qui se devait être si merveilleuse se transformait en cauchemard et ça, ça détruisait Ksenia. Ne pouvant quitter des yeux le garçon gisant au sol, elle éleva la voix pour s'adresser à Jack, persuadée qu'il l'avait suivi dans la ruelle.

"Pourquoi?... Il n'a rien fait de... De mal... De grâve..."

Sa voix tremblait. Elle se retourna vivement vers Jack, les larmes aux yeux.Ce qu'elle venait de voir lui faisait bien plus mal parce que c'était de Jack dont il s'agissait. Lui qui était... Pour elle...

"Pourquoi Jack?!!! Pourquoi tu as fait ça?"

Elle venait de le tutoyer. Allez savoir pourquoi, mais elle l'avait fait. Peut-être parce qu'elle en avait assez de la distance qui découlait du vouvoiement. Ce n'était sans doute pas le moment. Ou peut-être que si. Ca avait été, de toute façon, instinctif.

Elle s'avança vers lui et de ses petites mains, elle attrappa le manteau de Jack. Elle le fixait droit dans les yeux. Elle souffrait la demoiselle. Tout s'était écroulé en quelques secondes.

"POURQUOI?!!"

Hurla-t-elle avant de poser son front contre Jack, se mettant à pleurer, une fois encore, une fois de trop. Ses poings serraient le manteau de Jack et ses épaules tremblaient. Sans s'en rendre compte, elle vint se blottir dans ses bras. Elle n'ajouta rien. Peu importe l'explication que Jack allait fournir. Rien, si ce n'est une véritable menace, ne pourrait justifier un tel acharnement sur un humain.

La question était de savoir maintenant ce qui allait se passer. Quoi que Jack allait dire, tout allait dépendre de Ksenia et de sa capacité à accepter qu'il soit capable de commettre de tels actes. Allait-elle le rejeter ou l'aimait-elle assez pour l'accepter? Oui... Elle l'aimait déjà énormément ce grand Jack.

[ H.J : AH! Un peu de tragédie! Ne sommes-nous pas sadiques ma chère Déesse? =] Dans un sens, je n'ai pas tenu compte de la fin de ton post pour la partie où tu dis que Jack rejoind Ksenia là où il l'a laissé. Après tout, tu croyais vraiment qu'elle allait pas bouger? Sérieusement? Laughing

Donc, j'espère que ça t'ennuiera pas. C'était pas amusant sinon ^^ ]

[HRP : Niark, à vrai dire, je me disais bien qu'elle allait être un peu curieuse... donc non, cela ne me dérange absoulment pas, si nous pouvons changer un peu de registre... Twisted Evil

]

Jack ne s'attendait pas à ces yeux, ni à cette réaction. Et d'un autre côté, il ne savait pas ce qu'il espérait, à penser à autre chose. Ksenia nétait pas non plus une simple, c'était une jeune fille en laquelle il pouvait avoir confiance, une jeune fille qui avait sauvé des vies.

Et lui était un tueur, alors, dans un sens, il fallait se demander ce qu'ils faisaient là, à passer une journée ensemble.

Jack ne prit pas le temps d'y réfléchir. Il pensait au regard blessé de lajeune fille qu'il devait protéger de la tristesse. Deux mains gauches, il avait deux mains gauches, quand il evait toucher un être vivant... Enfin, il fallait qu'il s'avance, il devait la rejoindre. Et il se retrouva à ses côtés, dans la ruelle.

Silencieux, il laissa le temps s'écouler, les souvenirs affluer en Ksenia, sans se douter de quoi que ce soit. Pour lui, il y avait une victime de ses colères, et il prenait cela avec un détachement qui lui semblait habituel, comme à chaque fois qu'il s'attaquait à quelqu'un. Giant Jack n'était pas bien habitué aux remords, comme ceux qu'il ressentait maintenant, à l'idée d'avoir fait du mal à Ksenia.

Elle lui parlait, d'une voix forte. Elle le touchait, et c'était autant d'épées qui se plantaient en son sein, parce qu'il avait failli à sa tache la plus noble, parce qu'il ne savait apparemment pas agir comme il le devait. Il l'avait déçue...

Et pourtant l'Irlandais ne refusait pas l'étreinte. Il la laissa se blottir dans ses bras, et l'enlaça. Sans un mot, sans une réponse aux questions. peut-être n'y avait-il simplement rien à dire. Peut-être ne pouvait-elle pas comprendre, tout comme lui était hermétique à toute cette tristesse... Non, il était hermétique à l'incompréhension. La tristesse, il la ressentait à la perfection, et s'en blâmait d'autant mieux, à l'idée d'être un rustre.

... un rustre qu'elle avait tutoyé, en brisant bien des distances, alors qu'elle le blessait au fond même de son existence. Comment pouvait-il comprendre ces gestes, ces mots, dans un cas pareil ?

-Parce que c'est ainsi que mes idéologies agissent.

Mort aux anti-mutants, se répétait-il, au fond de lui. Il ne pouvait pa sse permettre de fléchir. Il ne pouvait pas. Jack était venu pour combattre le mal, et il allait le faire. Il allait leur montrer qu'un Mutant avait besoin d'être des plus respectés, qu'il devait être le progrès, à lui seul.

Sullivan doutait, cependant, de sa façon de faire. Il suffisait d'une jeune fille en pleurs, et il n'était plus le même. Il aurait presque envie de demander pardon.

-Non, je ne peux pas vous demander pardon, même si je le voulais. Je suis venu ici, et j'ai été accepté, pour ce que je viens de faire.

Oui, il était là pour se batre, pour tuer, et pas pour.. pour... Non, ne pas y penser.

Il déserra un peu leur étreinte, puis prit la main de la jeune fille, pour y déposer un baiser, et seredressa :

-J'ai failli, à vos yeux.

Et sans autre explication, le regard bien plus doux, maintenant, bien plus triste, il se leva, et se dirigea vers la sortie de la ruelle. Il jugeait qu'il ne pouvait plus être digne de ses sourires, maintenant qu'il l'avait fait pleurer. Jack pensait que Ksenia serait mieux sans lui.

Blottie dans les bras de Jack, et enlacée par celui-ci ensuite. Si seulement cette étreinte avait pu arriver dans un tout autre contexte, à un tout autre moment : tout aurait été véritablement parfait. Mais en même temps, rien n'est jamais parfait et Ksenia n'aurait pas du croire comme une idiote qu'elle pouvait laisser les sombres souvenirs derrière elle.

Lorsque la voix de Jack s'éleva doucement, ses épaules tremblèrent un petit peu moins. Rien qu'entendre sa voix lui faisait un bien fou. Malgré ce qu'il s'était passé, sa voix avait toujours le même effet sur Ksenia. Mais aucune réelle explication, rien. La seule chose qu'il daigna lui dire c'était qu'il avait simplement suivit ces idéologies.

Doucement le visage de Ksenia remplit de larmes se releva vers lui. Elle l'écoutait sans l'écouter, l'entendait sans l'entendre, le voyait sans le voir. Il ajouta qu'il ne lui demanderait pas pardon car il était venu ici pour se battre. Certes, et Ksenia le savait. Elle avait fait l'autruche...

Elle commença à se calmer quand tout à coup, Jack desserra leur étreinte. Non.. Pourquoi il faisait cela alors qu'elle avait plus que jamais besoin de ses bras autour d'elle? Et puis pourquoi lui la vouvoyait toujours?... La distance... Qu'était-il en train de se passer là?

Un baiser sur la main... Failli à ses yeux? Mais non, ce n'était pas ça. Pourquoi disait-il ça? Elle ne comprenait pas une telle violence mais il ne lui devait rien à elle de toute façon alors...

Un regard doux, triste, et il lui tourna le dos. Non, pas ça... Ksenia resta quelques instants clouée sur place, laissant Jack s'éloigner un peu. Le temps qu'elle comprenne, qu'il y ait ce déclic dont elle avait besoin.
Elle ne voulait pas qu'il s'en aille, elle ne voulait pas qu'il lui tourne le dos de cette manière.

Alors avant qu'il ne puisse sortir de la ruelle, Ksenia courut pour le rattrapper et cela fait, elle le stoppa comme elle put en lui tenant le bras qu'elle entoura des siens, avant d'y poser son visage. Quelques larmes vinrent à nouveau couler sur ses joues mais elle était plus calme. Sa voix, aussi faible soit-elle s'éleva doucement.

"Ne me tournes pas le dos comme ça s'il te plaît... Et ne pars pas..."

Ca avait le mérite d'être clair. Qui était-elle pour le juger lui? Si elle avait réussi ne serai-ce qu'un peu à comprendre Deklan, elle pouvait essayer de comprendre Jack, et puis même si elle ne le comprenait pas, était-ce bien grâve? Lui avait accepté le fait qu'elle ait des idées différentes alors...

"Je suis désolée."

Ajouta-t-elle doucement.

"J'ai été choquée oui mais je n'ai pas le droit de demander..."

Elle marqua un silence. Elle cherchait les mots justes pour exprimer ce qu'elle ressentait. Restant collée à son bras (si, si, elle en profitait bien) elle reprit doucement.

"Tu m'as dis pour quoi, pour qui tu étais venu plus tôt, au salon de thé et je n'aurais pas du l'oublier. Tu n'as... Tu n'as pas failli à mes yeux et tu n'as pas à me demander pardon. Pas à moi..."

Ses bras entourant toujours celui de Jack, elle releva doucement son visage vers lui.

"Nous sommes différents, je le sais... Mais je sais aussi de quoi les humains sont capables. J'ignore ton passé, tout comme tu ignores le mien. La voie que tu as choisi, je sais que tu l'as choisi en toute connaissance de cause, tout comme moi. Mais je n'ai pas envie que ça nous sépare comme ça... En respectant tes idées et tes actes, c'est toi que je respecte."

Les paroles de Ksenia la faisait étrangement paraître bien plus vieille qu'elle n'y paraîssait. C'était sincère. Cela venait du coeur et cela se sentait.

"Si toi tu es capable de respecter mes choix, je suis capable d'en faire autant. Je n'ai pas à te juger. "

Elle esquissa alors un petit sourire, qui se voulait bien triste car elle avait peur que Jack ne change pas d'avis et la laisse là, en lui tournant une nouvelle fois le dos. Tout était encore chamboulé dans l'esprit de Ksenia.

Ce qu'elle venait de voir, de vivre ou plutôt de revivre lui avait fait comme un électrochoc, mais grâce à Deklan et Samarah, sans qu'ils le sachent, elle avait compris que les sentiments que l'on pouvait ressentir pour quelqu'un dépassait de loin les actes que cette personne pouvait commettre.

Elle s'était souvenu du soutien de Samarah sur cette place. Jamais elle n'avait tourné le dos à celui qui était son ami, jamais elle ne l'avait jugé, jamais. Et Ksenia venait de le faire alors qu'elle aimait Jack déjà bien plus que comme un simple ami. Elle avait honte, tellement honte... Et elle s'en voudrait toute sa vie si jamais il partait à cause de ça. Elle refusait de le perdre, lui.

La pression qu'elle exerçait sur son bras montrait bien qu'elle ne voulait absolument pas le lâcher et qu'il s'en aille. Et ses paroles ne pouvaient que confirmer son envie qu'il reste avec elle et qu'ils continuent leur journée merveilleuse ensemble.

"Non, je n'ai pas le droit de te juger et je te demande pardon de l'avoir fait, ne serait-ce que cette fois là qui est une fois de trop. Tu..."

Sa gorge se noua quelque peu ainsi que son estomac. Ce qu'elle allait dire, elle en avait peur car c'était s'ouvrir un peu plus, ouvrir un peu plus son coeur au risque qu'il soit mit en miettes.

"Tu es trop important pour que je puisse te juger et tout mettre par terre."

Oui mais tout c'était quoi exactement? Elle n'en savait trop rien finalement. Ce qu'ils avaient partagés et pouvaient encore partager sans doute. Elle rabaissa son visage pour le reposer contre le bras de Jack et ferma les yeux. Elle ne pleurait plus à présent, et était d'un calme incroyable paradoxalement à tout à l'heure.

"Pardonnes-moi... Ne pars pas..."

Que dire de plus à présent? Ils avaient encore beaucoup de choses à se dire, beaucoup à expliquer l'un à l'autre, et Ksenia avait peut-être été maladroite dans ce qu'elle lui avait dit, mais là, sur le moment, elle ne pouvait rien ajouter de plus. C'était à lui de décider de la suite.

Jack n'était pas venu ici pour des raisons bien personnelles. Il était là pour entamer la révolution pour la mutanité, au centre même des combats qui avaient lieu un mois plus tôt. Il était venu pour comprendre, pour agir dans un endroit encore bien sombre, et torturé par ses anciennes blessures. Et il ne fallait pas être bien intelligent pour se dire qu'avec le siège de la Confrérie et celui de l'Institut au même endroit, les problèmes ne tarderaient pas à revenir.

Sa spécialité n'était pas le combat, il voulait entamer une révolution intellectuelle, secouer les savoirs, et les intelligences. Peut-être qu'il y avait des humains, moins bêtes que les autres, dont il pouvait se servir pour inviter peu à peu l'humanité à courber le dos face aux Mutants... et le reste suivrait. La suprématie par une naissance plus juste, et parfaite.

Cependant, il n'était pas bête : pour entamer une révolution, mieux valait savoir se défendre. Il avait appris à le faire, à tuer, jusqu'à ce que les meurtres lui soient presque égal. Il était devenu un de ces héros de livres qu'il admirait.

Sauf que dans son histoire épique, il ne s'attendait vraisemblablement pas à cela. Pas à ce que la jeune fille qu'il était en train de quitter ne le rattrape, et ne lui prenne le bras.

Dans un sens, ils devaient avoir l'air étrange, tous les deux. Lui, avec sa taille immense, et elle, toute petite, qui serrait son bras contre elle, comme si elle ne pouvait pas prendre quoi que ce soit d'autre... enfin, d'un côté plus objectif, il était vrai qu'elle devrait avoir du mal à l'enlacer.

Les yeux rivés sur les bâtiments devant lui, il ne baissa pas la tête, en écoutant la jeune fille, malgré toute son attention. Il la laissa faire, parler, sans la couper un seul instant, sans même y songer. Juste en se demandant comment il devrait réagir, désormais. Comme si, pour la première fois, le sentiment d'être sur le point de faire une bêtise terrifiante se profila.

Ils étaient là, si proches l'un de l'autre, dans un endroit dissimulé. Elle était en train de lui parler, et ses mots... ses mots... bon sang, il avait assez étudié les lettres pour savoir à quel point les mots qu'elle utilisait, ses silences, étaient forts.

Mais quel pouvait être le poids des mots d'une jeune fille blottie contre son bras, face à celui de ses pensées ? S'il lui répondait, ne risquait-il pas de la mettre en danger, de l'exposer à une quelconque rivalité entre l'Institut et la Confrérie ? Parce qu'après tout, ils étaient censés se haïr, tous les deux... Se détester à un point assez impressionnant, même.

Le destin ne les avait apparemment pas voulu ainsi, et il devait bien s'avouer que la sentir près de lui avait quelque chose de rassurant, quelque chose de fort... C'était le début d'une chute bien paradoxale. Pouvait-il prendre la décision de la mettre en danger, tout en tentant de la rendre heureuse ?

D'un battement de paupières, il chassa ses pensées, et se détacha un peu de l'étreinte si forte autour de son bras. Puis il s'agenouilla, une de ses articulations craquant au passage, pour se mettre à la hauteur de Ksenia...

... sauf qu'il tomba à la renverse, pour se retrouver le postérieur à terre, et le chapeau roulant sur le sol, laissant ses cheveux bouclés voleter sous un léger courant d'air. Peut-être pour la situation, peut-être suite à un moment de tension, les nerfs de Jack lâchèrent, et il se mit à rire de sa propre chute, d'un rire doux, et rassurant, qui cachait merveilleusement sa capacité à tuer de sang froid. Il n'était pas tueur par choix, mais par obligation... d'où, peut-être, un côté bien déterminé dans ses actes.

Cependant, le temps n'était plus au meurtre, Giant Jack riait.

-Décidément, dès que je perds quelques centimètres de hauteur, je n'ai plus aucun équilibre ! Je me suis toujours demandé pourquoi les gens plus petits que moi ne tombaient pas...

Parfois, il était plus sage de ne pas dire ce que l'on pensait. Mais l'Irlandais ne savait apparemment pas fonctionner par sagesse, quand il se retrouvait dans une situation pareille.

Il se redressa, épousseta sa veste avec un air maniaque, et récupéra canne et chapeau, non sans nettoyer les deux au passage. S'il prenait autant de temps pour prendre soin de sa toilette dans chaque mission, il n'en aurait pas finit de jouer le maniaque !

Jugeant que se baisser n'était pas une bonne idée, il s'approcha de Ksenia en ne faisant que courber le dos, et déposa ses mains sur les joues de sa jeune fille. Il souriait, sans une seule trace de rancune dans ses yeux. Et puis sa main droite se détacha de la peau de la jeune fille, et prit un mouchoir de tissu dans la poche de la veste de l'homme, pour ensuite essuyer consciencieusement les larmes sombres de la demoiselle.

En deux ou trois mouvements vifs, le mouchoir fut plié et rangé à sa place. Et lui, il souriait toujours, sans quitter des yeux Ksenia. Et enfin, enfin, il prit soin de la prendre dans ses bras, en évitant de l'écraser avec ses grands bras.

Bon, maladroit comme il était, il ne savait pas trop quoi dire, et se disait qu'il devait continuer à protéger la Russe de sa présence. Après tout... après tout, c'était très plaisant. Il se sentait bien, ainsi. Il se sentait heureux.

-J'espérais que tu désires me garder auprès de toi...

Jack glissa sa main dans les cheveux de Ksenia, et ferma les paupières. Il se laissa un instant plonger dans des songes lointains, puis, un peu gêné, et très peu habitué à une telle proximité avec qui que ce soit, il reprit ses sourires amusés, se détacha de l'étreinte qu'il avait lui-même proposée, et s'avança vers la sortie de la ruelle.

-Et je n'accepte jamais de pardonner les gens qui n'ont aucune raison de s'excuser. J'ai un trop mauvais caractère pour faire tout ce que l'on me demande !

Non, aucune rancune envers elle. Il fit quelques pas, et se retourna, pour tendre sa main à la jeune fille :

-Partons d'ici, je ne veux pas te mettre en danger de quoi que ce soit, police y compris.

Tout ça était passé très près de la catastrophe. Bien trop près. Fort heureusement, apparament, l'heure n'était pas au drame, et c'était très bien comme ça.

L'espace de quelques secondes, Ksenia ressenti un frisson de frayeur lorsque Jack se déssera de son étreine. Il allait partir... Mais non en fait. Il s'agenouilla face à elle et ne manqua pas de tomber en arrière. Ksenia fut, il faut bien l'avouer, surprise.

En voyant Jack ainsi, elle ne put s'empêcher de sourire. Et quand il se mit à rire, elle l'accompagna, se détendant un peu de cette manière. Lorsqu'il parla de sa grande taille et des gens petits, Ksenia haussa doucement les épaules.

"Moi j'ai toujours voulu être bien plus grande et encore plus maintenant..."

Encore plus maintenant car elle avait fait la connaissance de Jack. Note pour plus tard : mettre des talons quand elle verrait Jack afin de paraître plus grande.

L'ambiance avait changé. La légèreté et la douceur avaient reprit leurs places initiales. Elle regarda Jack se relever et se courber afin de se mettre un peu plus à la hauteur de Ksenia. Lorsqu'il vint poser ses grandes mains sur les joues de Ksenia, elle souria avec tendresse. Ce contact était d'une douceur infinie.

Il sortit ensuite un mouchoir afin d'essuyer son visage des larmes qui avaient coulées. Que de tendresse. Ksenia ne disait pas un mot et regardait Jack. Oui, elle ne le quitta pas du regard un seul instant et lui non plus ne la quitta pas du regard d'ailleurs.

Il rangea le mouchoir et la prit dans ses bras. Une étreinte que Ksenia partagea en glissant ses bras autour de Jack. Les mots qu'il prononça ensuite furent tellement bons et doux à l'oreille de Ksenia que son sourire s'élargit tandis qu'elle soupira de soulagement. Il avait espéré qu'elle ne le laisse pas partir. Il avait souhaité qu'elle veuille plus que tout le garder près d'elle.

Puis il glissa sa main dans les cheveux de Ksenia qui ferma doucement les yeux, en même temps que lui en fait. Un autre doux et tendre contact. La demoiselle se sentait étrange.

Encore une fois, c'était la première fois qu'elle ressentait ce genre de sentiments pour quelqu'un. Des sentiments qui, mine de rien, étaient arrivés plus vite que l'éclair. Etait-ce cela que les gens appelaient "coup de foudre"? Peut-être...

Après cet instant de silence et de tendresse, Jack relâcha son étreinte. Dommage... Franchement, elle aurait pu rester des heures dans ses bras rassurants.

En entendant les mots qu'il dit ensuite, elle comprit qu'il n'avait absolument aucune rancune envers elle. Il ne lui en voulait pas de l'avoir jugé de cette manière et d'avoir réagit ainsi. Tout allait donc pour le mieux. Finalement, chacun avait fait en sorte de comprendre l'autre pour que tout s'arrange.

Elle l'observa faire quelques pas et lui tendre la main ensuite. En fait, lorsqu'il lui parla, elle ne l'entendit presque pas. Elle était perdue dans ses pensées, son regard figé sur cette main qu'il lui tendait. Il ne lui tournait pas le dos cette fois, il l'invitait à la suivre et à lui reprendre la main.

Rien n'allait être facile. Ce qui était en train de naître entre eux allait sans doute les conduire plus d'une fois dans une impasse mais elle avait décidé de s'accrocher. Elle ne renoncerait pas. Malgré les larmes, malgré les drames à venir, elle ne renoncerait jamais à lui.

Un sourire étira les lèvres de la Russe avant qu'elle ne s'avance vers Jack. Elle glissa sa main dans la sienne ensuite et comme plus tôt, passa son bras autour de celui de Jack et y posa sa tête.

Son regard se perdit quelques instants dans le vide.Elle n'oublierait jamais ce qu'il s'était passé dans cette ruelle. Elle n'oublierait jamais ce garçon qui avait périt sous les coups de Jack. Il lui faudrait faire pénitence pour avoir accepté les actes de Jack. Elle l'assumait pleinement.

Après ces quelques instants de perdition, elle releva son regard vers Giant Jack en lui souriant doucement.

"Allons dans cet endroit qui va me faire sentir plus grande..."

Reprendre le court de cette journée : c'était ce qu'il fallait faire. Accrochée ou plutôt collée au bras de Jack, elle attendit donc qu'il reprenne la marche étant donné qu'elle ignorait complètement où il souhaitait se rendre.

Jack comprit, en sentant la tête de Ksenia contre son bras, que tout était déjà bien trop avancé pour qu'il se permette de faire marche arrière... si jamais il avait seulement voulu le faire.

Le mal était fait, en quelque sorte, et il continuerait à pêcher autant de temps qu'il le pourrait. Après tout, il sentait qu'il allait être heureux. Quitte à devenir le vilain petit canard de la Confrérie. Après tout, chacun sa façon d'agir. Ksenia était une Mutante, et cela mettait fin à beaucoup de problèmes.

Il fallait qu'il se l'avoue, il n'avait plus envie de se prendre la tête pour ce genre de futilités, désormais. Il avait envie de penser à autre chose, de voir cette ville, de rester avec la jeune Russe. Oui, la jeune, parce que plus de dix ans les séparaient, et déjà, cela pouvait le mettre un peu mal à l'aise. C'était une enfant. Et il ne regrettait aucun de ses gestes.

Un sourire, en l'entendant parler, et demander à reprendre le cours normal de la journée. En fait... en fait, il savait parfaitement que ce qu'il s'était passé ici ne s'oublierait pas. Il y aurait toujours des ruelles sombres, des combats, des morts qui les sépareraient. Il tuerait, et elle chercherait à sauver ceux qu'ils blesserait. Cela serait difficile, mais pas impossible. Il fallait bien des tensions entre les gens, aussi, pour pouvoir les rapprocher.

Lentement, il reprit la marche. Enfin, c'était plutôt lent pour lui, parce qu'il cherchait à mettre ses enjambées sur le même rythme que celles de Ksenia, et ce n'était pas très simple.

Au bout de quelques minutes, il entra dans un gratte-ciel de Boston, dans la partie économique de la ville. Le portier lui sourit, il devait vraisemblablement être au courant de quelque chose. Et puis il les conduisit à un ascenseur...

Le dernier étage, ou plutôt le toit de l'immeuble, était vraiment très haut. Jack sourit doucement, en sentant le vent sur son propre visage, à cette hauteur. Ils étaient arrivés juste à temps, le soleil se levait sur Boston, pour se refléter sur les fenêtres, et jeter des éclats de lumière et de couleurs dans le ciel.

Il s'assit sur le toit, déposa son chapeau à côté de lui, de peur de le perdre avec ce vent, et murmura, comme pour éviter de briser une telle ambiance donnée par l'aube :

-Non, je ne suis pas aussi grand que ça. Mais... à cette hauteur, quelques centimètres ne changent pas grand chose, non ?

Il fit signe à Ksenia de s'asseoir à côté de lui, près du bord du toit, mais à une distance raisonnable pour éviter de tomber.

-Cela m'aurait fait mal de ne pas voir un lever de soleil dans ma nouvelle maison... Je trouve que c'est assez intime...

[Et voilà mon premier post depuis un petit moment... J'ai du mal à me remettre dans le bain mais j'espère que ce ne sera pas trop médiocre ^^"]

Qu'il était étrange ce couple qui s'avançait dans les rues de la ville. Le matin n'était pas encore tout à fait là et il n'y avait donc que peu de personnes dans les rues, mais ces quelques personnes qui croisaient Ksenia et Jack les regardaient d'un air pour le moins troublé et interloqué. Il était très grand, elle était bien plus petite. Il semblait être un homme d'âge mur, et elle avait le physique d'une jeune femme.

Mais en réalité, ces regards, Ksenia ne les remarquait même pas.

Pour la première fois de son existence, elle ne se souciait pas du regard des autres et mieux encore, elle ne les sentait même pas sur elle. Elle était trop bien pour cela, trop sereine, trop heureuse d'être aux côtés de cet homme qu'elle connaissait à peine mais pour qui elle avait déjà des sentiments profonds.

Franchement, il fallait être aveugle pour ne pas remarquer les sentiments de la jeune femme. Son regard qui était d'habitude si vide était là remplit de tendresse. Et ce sourire... Ce petit sourire qui ne quittait pas ses lèvres.

Jack la conduisit donc jusqu'à un gratte ciel dont on ne voyait pas le bout : il devait y avoir de nombreux étages. Arrivés en bas de l'immeuble, Ksenia releva son visage afin d'en observer la hauteur et laissa échapper un petit "Whoua" de surprise et d'admiration. C'était immense.

Elle salua brièvement le portier lorsqu'il entrèrent dans l'immeuble et suivit Jack dans l'ascenceur. Elle était silencieuse et en fait, impatiente d'arriver en haut. Une seule chose lui faisait un peu peur : qu'elle ait le vertige. Oh, elle avait déjà pris l'avion mais se retrouver sur le toit d'un immeuble à de nombreux mètres du sol était une toute autre affaire. Elle allait de toute façon être rapidement fixée.

Une fois arrivés au sommet du gratte ciel, Ksenia prit une grande bouffée d'air frais et apprécia le vent qui lui balaya le visage. A cette hauteur, le frois était plus saisissant qu'au sol et cela lui rapellait le froid de son pays natal.

Elle laissa Jack s'avancer en premier et le suivit ensuite à petits pas. La vue était... Carrément saisissante! Le soleil se levait sur Boston et donnait à la ville une beauté incroyable. La neige en devenait même éblouissante. Ne souffrant finalement pas de vertige (Merci mon Dieu), elle s'avança vers Jack. Ce qu'il dit ensuite fit sourire Ksenia. Il avait raison : à cette hauteur, quelques centimètres n'avaient pas d'importance.

C'était sans doute l'effet voulu...

Elle vint s'assoir ensuite à côté de lui et lui prit doucement la main tout en lui souriant avec cette tendresse qui lui allait si bien.

"Ca aurait été dommage de manquer un tel spectacle, oui."

Elle posa sa tête contre l'épaule de Jack et reporta son regard sur l'horizon.

"C'est magnifique. Merci de m'avoir emmené ici."

Et puis vint le silence. Cet instant magique ne pouvait être brisé par des mots et n'avait pas besoin de mots de toute façon. Le silence était bien plus agréable et en même temps bien plus éloquent.

De nombreuses minutes passèrent ensuite. Combien? Ksenia aurait été dans l'impossibilité de le dire. Le temps passait à la fois si vite et si lentement. Ils étaient là, en train de regarder la ville, l'horizon, et le soleil était déjà un peu plus haut dans le ciel.

Ce qui rapella Ksenia à l'ordre fut, et c'est loin d'être très classe, son estomac : elle avait faim! Elle... Ksenia avait faim, ce qui était assez hum, rare. Enfin disons qu'elle avait prit l'habitude de peu se nourir : à croire que Jack avait su réveiller l'appétit de la demoiselle.

Du coup, les deux mutants quittèrent le gratte ciel pour aller manger un morceau dans un petit restaurant intime. Un restaurant d'ailleurs bien vide : tout le monde était en train de préparer la soirée du nouvel an sans doute.

Une fois le déjeuner passé, Ksenia fut celle qui prit en main l'itinéraire de l'après midi. Elle emmena Jack dans quelques endroits qu'elle appréciait particulièrement, comme le parc où elle avait trouvé un coin tranquille bien à elle pour réfléchir et profiter du silence. Elle voulait partager cela avec Jack.

Ce qu'elle voulait également partager était sa passion pour la musique et elle l'emmena dans un magasin de musique, assez petit et intime, mais Ksenia adorait ce magain. D'ailleurs le patron la connaissait bien puisque c'était ici qu'elle achetait tout ce dont elle avait besoin pour son violoncelle.

Après que le patron lui ait prêté un violoncelle, elle joua quelques morceaux de sa composition à Jack. La demoiselle était très à l'aise et lorsqu'elle jouait, une étrange "aura" se dégageait d'elle. Elle était plus douce, plus sensuelle, plus femme. Elle avoua ensuite à Jack qu'il s'agissait là de ses propres compositions et qu'elle aimairait, un jour, pouvoir vivre de sa musique.

Quoi qu'il en soit, l'après midi passa à une vitesse fulgurante et le monde ne cessait de croître. Les gens se dépêchaient de faire les dernièrs achats pour la soirée du nouvel an et la foule grandissait, encore et encore. Cela dit, en étant au bras de Jack, Ksenia n'avait plus peur de cette foule.

Au fur et à mesure de la journée, la demoiselle se livra un peu plus à Jack en lui racontant quelques histoires sur elle et son père et sur son arrivée à l'Institut. Elle lui parla de Léon son grand frère de coeur, de Sam, de Wes, de Deklan, de Sagamore qui était comme un second père pour elle (Il faudrait qu'elle lui dise ça d'ailleurs), de Thorn. Bref, de ceux qui étaient devenu sa famille. Quand elle en parlait, son visage s'illuminait : elle les aimait tellement.

Elle avoua aussi à Jack qu'elle avait été très heureuse de le rencontrer et de passer cette journée avec lui. Enfin, en toute logique, la journée était encore loin d'être terminée, et elle en était ravie.

Où veux-tu aller maintenant Jack?"

Lança-t-elle au coin d'une rue.

"Tu as décidé pour ce matin, j'ai décidé pour cette après-midi, c'est donc à nouveau à ton tour de décider."

Elle lui laissait le choix. Ce serait donc à lui de décider de l'endroit où ils allaient passer la soirée ainsi que le passage à la nouvelle année. Les gens les regardaient, encore et toujours mais Ksenia ne perdait pas son doux sourire et souriait même aux gens qui leur lançaient d'étranges regards. Elle était heureuse et fière d'être avec Jack, et le montrait sans gêne. Il était incroyable de voir à quel point être avec Jack avait un effet libérateur sur la jeune Russe.

Jack avait cette capacité à cacher ce qu'il ressentait, qui revenait pendant que la jeune fille était proche de lui. En réalité, il commençait à être en manque de la protection que lui conférait son propre pouvoir. Cette impression de force, de calme, que son Ombre lui apportait, était devenue une drogue, presque, pour l'Irlandais. Ce fut pour cela qu'en haut de cet immeuble, le regard porté au loin, il pensa brièvement à se détacher de l'étreinte de Ksenia, et à faire un tour ailleurs, dans un coin sombre, pour se ressourcer.

Cette idée fut brève, pourtant, et l'homme tourna rapidement la page : il était bien, ici. Ce n'était pas la même sensation qu'avec son Ombre. Il ne se sentait pas plus fort et plus sûr de lui... non, là, il était plutôt nu, sans aucun artifice. Il redevenait simplement ce bibliothécaire un peu passionné, qui aspirait à un monde plus calme. Oui, celle qu'il avait contre lui pouvait calmer ses ardeurs, et Giant Jack échangea sa solitude emplie de pouvoirs, contre quelques instants de douceurs avec une jeune fille.

Elle eut faim. Il lui paya son repas, dans un petit restaurant désert. Même avec elle, il parvenait à éviter d'être trop souvent avec des foules compactes. L'Irlandais préférait connaître les gens, plutôt que de les croiser dans la rue. Ce n'était pas pour rien qu'avant de s'allier à la Confrérie, il avait demandé quelques informations sur ses potentiels compagnons à Nathan Bender... Le bibliothécaire était plus manipulateur qu'il en avait l'air. Et il s'était attaché au premier imprévu de sa vie.

Ksenia lui montra la ville. Découvrir Boston par les yeux de sa protégée, il devait s'avouer que cela n'avait pas de prix. Chaque mot, chaque ton qu'elle employait, le passionnait : il la découvrait, la voyait d'un autre visage. Et, chose rare, il se laissait guider, sans beaucoup parler. Enfin, elle n'était pas des plus bavardes, elle non plus. Pour un homme vivant dans le silence depuis plusieurs années, cela n'était pas bien dépaysant.

Dans le parc, il avait observé bon nombre de plantes. Il y avait quelques mois, désormais, il avait aidé quelqu'un à faire des recherches à ce sujet, donc il avait gardé quelques informations dans un coin de sa tête... Et puis il la suivit au magasin de musique. Là, il n'y connaissait pas grand chose. Mais il était un être pourvu de sentiments, et, lorsqu'il entendait quelques notes harmonieuses, il savait reconnaître la beauté des sons.

Pourtant, ce qu'il ressentit, quand il entendit Ksenia jouer, et quand il apprit que ces morceaux de musique étaient d'elle, c'était bien plus qu'une harmonie. Jack avait passé quelques heures avec elle, et à part son manque croissant donné par son gêne X, il se sentait bien. Et il était fier qu'elle soit aussi douée. Pourtant... pourtant, il ne la connaissait pas réellement. Oui, il y avait déjà songé : elle était le premier imprévu de sa vie. Cette jeune fille remettait tout en cause, et le forçait à voir ses choix autrement. Et... Dieu qu'elle était belle, en jouant ! Le cœur de l'Irlandais alla jusqu'à se serrer, en fixant les gestes de cette femme.

Toutes les bonnes choses avaient une fin, pourtant, et ils repartirent dans les rues de la ville. Jack commençait à se faire au monde, à serrer la main de Ksenia avec un bonheur visible, et des pensées qui s'attachaient parfois à cette sensualité qu'elle avait dégagée en jouant... Il apprit la vie de Ksenia à l'Institut. Bon, le fait qu'elle vive à l'Institut le gênait, mais il ne voulait pas l'enlever. Après tout, ils avaient dit qu'ils n'étaient ensemble que pour une journée... Une journée ?! Le regard de Giant Jack s'égara sur la main de Ksenia, un peu perdue dans la sienne. Il voulait plutôt... la garder auprès de lui.

Très peu habile avec les mots, quand la jeune file lui confia qu'elle était contente de passer la journée avec lui, il lui décocha un tel sourire, qu'il aurait été difficile de ne pas comprendre qu'il adorait être avec elle. Leur rencontre était une chance.

Et puis vint l'instant où il reprenait la direction de leurs pas. Pour les dernières heures de la soirée.

- Attends, je vais regarder mon portable...

Son téléphone dans sa main, il l'alluma, puis... En fait, il se sentit presque enfoui sous les nouvelles, plus ou moins bonnes. Il avait été accepté comme bibliothécaire du lycée... mais d'un autre côté, il n'avait pas de réponse de Nathan. Un SMS envoyé, l'accusé de réception non reçu : jamais Nathan n'éteignait son téléphone, surtout dans l'attente de nouvelles d'un membre de son équipe. Donc... donc il y avait un problème. La disparition de Marcus, aussi, n'était pas une chose excellente... mais il pouvait retourner la situation à son avantage...

Les yeux clos, il éteignit son portable, et fit le tri des informations :

- Il y a un repas prévu à la Confrérie, pour ce soir. J'aurais aimé y être, mais comme je ne sais pas si ta venue serait acceptée... Enfin, si tu penses pouvoir venir, j'accueillerai cette nouvelle avec une joie immense. Ensuite... il semblerait qu'il y ait une soirée costumée au Saturday Night.

L'homme sourit, visiblement amusé :

- Je ne vais pas avoir l'air de grand chose, à part d'un vieux débris au milieu d'une troupe de jeunes qui dansent... mais j'ai... enfin, je sais danser le rock n'roll.

Très bien, cela, il aurait pu éviter de le dire : plus personne ne dansait cela, non ? Il allait apparaître plus comme un dinosaure qu'autre chose !

- Par contre, je n'ai pas de déguisement, ni de tenue de soirée...

Pour la tenue de soirée, tout était relatif. Il se promenait en costard-cravate depuis le début de la journée, avec une veste impeccable, un jean -certes- parfait... et un chapeau haut de forme. Autrement dit, il semblait s'habiller uniquement comme s'il allait sans cesse à des soirées ou au travail. Ceci dit, l'idée de voir le géant en tenue de sport, par exemple, pouvait paraître plutôt comique.

- Nous allons réfléchir à tout cela en buvant un peu. J'ai besoin de m'asseoir, je ne me sens pas très bien.

Et en disant ces mots, il ouvrit la porte du Saturday Night...

[

En attendant la fiesta, au Sat' ]