Un crépuscule rouge...

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Un crépuscule rouge... C'est tout ce dont Kenjiss se souvint de leur trajet jusqu'a la Confrérie. Lui et Typhanie avaient traversés la ville sans aucun problème jusqu'a leur refuge. Aucun problème ? Si l'on exceptait leurs blessures diverses et variées, toutes douloureuses. Pour sa part, le jeune mutant était au bord de l'évanouissement. La douleur, le sang perdu, le choc, la perte de deux de ses doigts... Il s'arreta en face de la porte de la Confrérie, comme s'il hésitait à y rentrer. Et retira doucement son bras droit des épaules de Tyf. Il s'apercut alors qu'une longue estafilade lui barrait le poignet. Une blessure de plus... Peu importait. Sa tête tomba sur sa poitrine comme s'il n'avait su la retenir, entrainée par un poids pesant accroché à son menton. Il savait ce qu'il devait faire. Après avoir tué il en payait le prix. Il n'y avait pas d'autres solution... Deux de ses doigts...

Deux . Il ne pouvait plus rien faire avec cette main, à part manger des yaourt à la petite cuillère et encore... Kenjiss défit doucement le pull de Typhanie sur sa main, observant les moignons ensanglantés et ne put retenir ses larmes en voyant ce qui restait de ce qui ce matin encore pouvait tenir n'importe quoi. Il rendit doucement le pull à sa compagne, tandis que deux larmes achevaient de creuser des sillons sur sa joue, dans la poussière, dans le sang de ses nombreuses coupures... Lorsque les larmes quittèrent son visage, elles explosèrent sur le sol en une multitude de fragments rouges. Le regard hagard du mutant plongea dans celui de Tyf. Ses lèvres s'animèrent, formant des mots hachés par la douleur.

Merci pour tout... Merci d'avoir été la...

Et il se tu, se détourna d'elle, préférant à l'entrée de leur refuge l'herbe douce du parc. Il savait ce qu'il devait faire. Sans jeter un seul regard en arrière, le mutant disparu dans les fourrés, pour s'effondrer quelques pas plus loin, adossé à un arbre. Il n'eut pas la force morale de se relever. Il glissa simplement la main dans son dos pour en ressortir le poignard qu'il avait pris à un militaire. En tuant. Il prit cette lame en main, de sa main droite, et comptempla ce qui restait de la gauche. Et la pointe de l'arme vint tout naturellement se poser délicatement sur sa poitrine. Légèrement décalée sur la gauche. Un adolescent totalement fou, avide de sang et de meurtres, ne se controlant pas, entendant des voix et venant de perdre une partie de lui même devait il vivre alors que d'autres mettaient fin à leur jour pour un petit copain qui les lachait ou une mauvaise note à un examen ? Kenjiss fixa la lame, comme s'il s'attendait à une réponse. Au fond de lui, la réponse était toute trouvée. Mais oserais t'il ? Oserais t'il la laisser derrière lui alors qu'elle lui avait promis qu'elle l'aiderai ? Le regard fou du mutant fouilla les fourrés comme s'il s'attendait à une réponse. Ses yeux se posèrent sur sa main gauche, sanglante. Kenjiss pointa franchement le poignard et bomba légèrement le torse. La lame fendit sans difficultées le tissu. Se posa sur la peau.
Kenjiss eut un dernier sourire.
Un sourire de fou.
Le sourire de celui qui avait tout perdu.
Le sourire de celui qui a déja trop détruit.
Le sourire amer de celui ayant tenté de défier sa destinée.
Le sourire de celui qui savait qu'il sauverait en tuant. Une dernière fois.
Kenjiss raffermit sa prise sur sa lame.

Typhanie marchait sans y penser, en direction de la conférie, leur seul refuge. Kenjiss appuyé sur elle l'empaîchait d'aller vite, mais elle ne pouvait pas le laisser au milieux de ce carnage, surtout dans son état. Plus rien n'allait. Depuis qu'elle était arrivé plus rien n'allait. Il aurait suffit qu'elle dissimule son pouvoir, et elle aurait pu rester, mais il avait fallu que tout se passe différemment. Il avait fallu que quelqu'un meurt et qu'elle se fasse rejetter, pour enfin atterrir ici ou tout n'était aller que de mal en pire. Plus rien à faire, elle n'avait pas le moral et ce n'était pas ici qu'elle le retrouverait. Maintenant tout de suite, si elle n'avait été blessé et fatigué comme elle l'était, elle serait sans doute partie comme ça, sur un coup de tête. Mais elle était encore là...

Elle ne sortit de ses pensées que lorsqu'un poids s'ôta de ses épaules fatigués. Elle regarda Kenjiss s'éloigner en silence, regarda la porte, puis décida de le suivre. Le pull plein de sang qu'il venait de lui rendre termina dans la poubelle à côté, il était foutu de toute manière. Tyf s'arrêta en silence, laissant une distance suffisante entre lui et elle, tandis qu'il ne l'avait pas remarquer. Elle ne faisait que penser, pensées qui étaient d'ailleurs plus qu'incohérentes.
Lorsque le jeune mutant traversa les buissons, elle fit quelques pas dans cette direction, avant de tourner brusquement afin de contourner quelques arbres et de passer par l'autre côté. En arrivant, elle l'observa en silence... et ce qu'elle vit ne lui fit d'abord ni chaud ni froid...

Kenjiss, pointant un poignard contre lui-même... c'est lorsqu'elle vit la mystérieuse détermination qu'il avait dans les yeux qu'elle comprit, et s'avança, le visage impassible. La jeune fille s'adossa à un arbre...

« Alors vas-y. »

Elle le regardait, sans bouger, comme si, quoiqu'il choisisse de faire, cela lui était égal.

« Allez mais qu'est-ce que t'attend! »

Cette fois elle c'était légèrement emporté, un peu de colère dans la voix. Et elle en avait des raisons d'être en colère... mais il ferait ce qu'il voulait, ce n'était pas sa vie. Sa vie était ailleurs, mais pas à la confrérie. Ni sans doute à l'institut. Encore sous le choc elle ne pensait qu'à partir dans un droit où personne ne saurait de quoi elle était capable, et d'engager une nouvelle vie. Seule.

« Je tournerais pas de l'oeil, j'commence à avoir l'habitude quand même! »

Son ton était limite provocant, elle était fatiguée. Fatiguée de tout ce désordre, de tout ce qui se passait ici, de lui... pourquoi était-il toujours en train de tuer ou de vouloir se tuer ? Rien à faire... elle lui sauvait la vie et c'est ainsi qu'il la remerciait ? Non.

« T'es vraiment un enfoiré! »

Cette remarque lui avait échappé, après qu'il lui ai souhaité terminer en enfer avec lui. Non elle n'irait pas. De toute façon elle n'y croyait pas. Ni au paradis d'ailleurs... Dieu ? Et puis quoi encore! S'il avait été la un jour, il était sans doute déjà partie se créer un autre coin de paradis. Car ici c'était l'enfer. Ou alors il devait bien se marrer la haut... qui sait peut-être que Dieu est un sadique...
Le mutant levait la tête... alors il allait le faire. Kenjiss était désespéré à ce point ? Lui sauver la vie avait vraiment été une perte de temps. Seule elle aurait pu partir avant que tout ne dégénère au centre commercial!

« Très bien vas-y! »

Elle se retourna, hésita, mais finalement resta là à l'observer. Et même avec elle en spectatrice, il était décidé... rien à faire. Tandis qu'il s'apprêtait à agir, elle ne bougeait pas. Son geste partie... la lame fendit le T-shirt davantage et s'enfonça dans le torse du mutant, sans douleur...

« Tu ne me feras pas assister à tes funérails! Pour peu qu'il y'en ai eu... »

Son ton avait été froid, il n'y avait rien à ajouter à tout ça. Typhanie se releva, le poignard en main, et le phasa à l'intérieur d'un énorme tronc d'arbre, le rendant inaccessible. Sans jetter un regard en arrière, elle s'éloigna.

Tandis qu'il levait la lame, les yeux fermés, elle s'était avancé brutalement et avait attrapé le poignet de Kenjiss, faisant phaser la lame avant qu'elle n'atteigne sa chair. Pourquoi est-ce qu'elle avait fait ça ? Dur à dire. Le moins qu'on puisse dire c'était qu'il était ingrat. Elle ne le laisserait pas partir comme ça. C'était trop facile.
Maintenant, il avait eu droit à son geste de suicide. Il y avait échappé de justesse, mais s'il décidait de remettre ça, elle ne serait plus là pour le sauver. L'aider, ok. Le sauver, ok. Mais l'empêcher de se suicider... rien que ce qu'il avait voulu faire montrait qu'elle avait tout fait en vain. Ça n'avait servit à rien. C'était sa dernière chance, et s'il ne l'acceptait pas, alors il n'avait qu'à mourir. Elle partie, le laissant seul.

Jsui un enfoiré ? Je sais on me le dit souvent... Au moins j'évite de te tuer c'est déja pas mal non ? Une vie pour une autre.

Et voila que tout foirais... Il s'aperçut qu'il ne sentit ni la morsure du poignard sur sa peau, pas plus qu'il ne vit les ténèbres libératrices s'abbattre sur lui. Tyf avait fait phaser sa main. Et la brune mutante plongea son poignard dans un arbre, à un endroit ou il ne pouvait pas le récuperer... Et merde. Mais pourquoi ? Pourquoi ne pouvait il pas mourir ? Il faisait ça pour elle, pour eux, pour les mutants, pour leurs victoire ! Il devait se tuer pour qu'ils en réchappent. Pour qu'elle en réchappe peut être aussi ? Kenjiss secoua la tête alors que Tyf s'enfuyait. Voila, il ne pouvait plus rien faire maintenant... Le tatoué se redressa brutalement et fixa longuement ses doigts ensanglantés. Et il trouva ce qu'il pouvait faire. Il ne pouvait pas se suicider ainsi, il n'avait plus rien pour le faire... A part se taper la tête contre un arbre. Et puis quoi encore ? Autant dire qu'il était fou !

Kenjiss secoua une fois de plus la tête. Non ce n'était pas la solution. Elle ne voulait visiblement pas qu'il meurt... Même si elle était partie, il n'allait pas trouver le moyen de se suicider dans un coin alors qu'elle semblait encore tenir un minimum à lui non ? Non. En revanche maintenant il devait les trouver. Et les éliminer. Et ainsi détruire la volonté meurtrière et psychopathe qui flottait en lui. Et alors il serait libre. La seule pensée le fit sourire. Libre... Traqué comme une bête comme tous ses semblables, forcé de se battre pour leur survie et il appelle ça libre ? Oh oui bien plus libre qu'a présent en tout cas. Kenjiss releva la tête. Un sourire de fou s'inscrit sur son visage. Et il se mit à marcher, ignorant la douleur, ignorant la peur, ignorant la tristesse. Ses doigts n'étaient plus qu'un élancement diffus dans son corps. Aussi discret qu'un fantôme, le tatoué fit un détour par sa chambre et récupéra son bozar tout en se nettoyant rapidement. Il redescendit par la même fenêtre et passa le mur d'enceinte de la Confrérie pour se retrouver dans la rue. Les pupilles argentées de Kenjiss brillèrent une dernière fois tandis qu'il observait le batiment qui avait été son foyer pendant ces quelques jours. Il murmura quelques mots dans son communicateurs avant de laisser tomber l'appareil et de l'écraser. Une transmission fila vers un communicateur bien précis.

Tyf ? Ouais toujours en vie, jsai pas si c'est une bonne nouvelle ou pas. En tout cas c'est pour dire que je pars, qu'on essaye pas de me chercher, vous me retrouveriez pas. Salut à tous. Et merci.

Voila il avait au moins dit qu'il partait. Il ne pouvait plus rester ici, pas avant de les avoir trouvés. Et il les trouverait. Il le savait. Sa force était sa haine. Sa vengeance était son sang. Et il se vengerait. Il se libérerait. Les pupilles du tatoué flamboyèrent une dernière fois dans le crépuscule rougeatre annonciateur d'une nuit calme. Les passants de Boston purent voir passer un étrange tatoué balafré et portant un étuit de guitare sur son dos traverser la ville.

La vengeance était son moteur.
Sa force était sa haine.

[Hop la, un mois d'éllipse temporelle et Kenjiss reviendra vous en faites pas... Juste pour le fun les ptits effets XD ]