Un aveugle tentant de trouver son chemin

La nuit tombait doucement sur la ville de Boston. Mais cela ne faisait aucune différence pour Wesley. Le jeune aveugle était assis sur un banc d'un parc publique. Il savait que c'était un parc car il avait entendu les cris d'enfant, le bruissement des feuilles, les jappements des chiens. Et une discussion sur l'état du parc et des actions de la mairie aussi. Mais au vu de la température qui chutait, la nuit devait arriver. Il toucha sa montre spéciale pour vérifier et effectivement il se faisait tard. Et cet endroit n'était pas approprié pour un aveugle. Ni pour un valide d'ailleurs.

Mais en plus de son handicap Murdock devait faire attention à sa mutation. Il ne la contrôlait pas et il avait peur qu'elle se déclenche au moment le plus inopportun. Pour l'instant elle n'avait affecté que des parties isolés. Mais peut être que sa peau entière pouvait se transformer. Car c'était ça son pouvoir: sa peau imiter ce qu'il touchai. Un aveugle aurait préféré un troisième oeil, un sens radar, mais non il avait fallut que cela ne lui soit d'aucune utilité...

Pestant encore contre sa condition il se leva pour sortir du parc. Il devait trouver l’institut, mais il avait trop peur de demander à quelqu’un. Il fit avancer sa canne devant lui et suivit les graviers pour trouver la sortie. Ce ne fut pas le chemin le plus court, mais il n’en savait rien. Sur son passage il entendait les gens faire silence, il sentait le poids de leurs pitié. Il n’avait jamais pu s’y faire depuis 3 ans. Il entendit enfin le bruit caractéristique du goudron sous se pas lorsqu’une masse le percuta de plein fouet. Surpris par le choc il recula et manqua de perdre l’équilibre.

« Il y a quelqu’un ? »

Il devait avant tout vérifier ou était la personne, quelle était ses intentions. Serrant encore plus sa canne contre lui. C’est alors qu’il sentit le picotement devenu caractéristique. Sa main ! Sa main devenait peu à peu plus rugueuse. Il devenait le bois poli de sa canne ! il s’affola encore plus et ne savait plus quoi faire.

"Euh…"

Une voix forte, rocailleuse et assez étrange venait de se faire entendre pour le jeune aveugle, et celui-ci dû certainement avoir un léger mouvement de recul vu le ton très difficile et très peu humain qui venait de s’élever près de lui.

"Désolé…"

Ben venait de se retourner vers Wesley, ne l’ayant évidemment jamais rencontré jusqu’ici, et ne le connaissant bien sûr pas. Vêtu de baskets sombres normales, d’un jeans bleu foncé et d’un pull à capuche gris-noir, il n’avait qu’un simple sac de sport en bandoulière, alors que sa capuche était posée sur sa tête, recouverte elle de son casque qui protégeait les autres de lui-même, mais l’excluait aussi, en même temps.

"Je vous ai pas vus…
Mais apparemment vous non pl..."

Le jeune homme n'alla pas plus loin.
Dans la nuit noire, avec sa capuche qui recouvrait la majorité de son visage et de son champ de vision pour qu'on ne puisse pas le voir, vu la grande honte qu'il éprouvait à avoir ce casque en présence d'Humains "normaux", il n'avait pas pu se rendre compte que l'être en face de lui était aveugle, même si il aurait dû s'en douter à cause de la présence de la canne et des lunettes noires sur son visage.

"Euh...
Désolé, encore...
Je...Je voulais pas être...enfin..."

Foster avait du mal à parler, et sa voix était donc assez fragile et faible. Cela venait d'abord de la honte qu'il avait de n'avoir pas remarqué le handicap du jeune homme devant lui, mais aussi de sa gêne par rapport à son casque et à la voix que ça lui donnait : ne ressemblant déjà plus à quelqu'un de "normal" depuis la mort de sa mère, qui le fait toujours culpabiliser d'ailleurs, le ton de ses mots était beaucoup plus grave maintenant, et il essayait donc de parler le moins possible vu qu'il ne se sentait plus comme les autres.

"Désolé, quoi..."

Le Mutant commença à approcher ses mains de son crâne pour passer ses doigts dans ses cheveux, mais il se ravisa au dernier moment : même si ça faisait bientôt deux ans que sa mutation était apparue et qu'il avait changé, plus pour le pire que pour le meilleur, certains vieux réflexes n'avaient pas disparus, et ils lui faisaient assez mal dès qu'il se rendait compte qu'il ne pouvait plus se comporter comme avant...

"Je...
Euh...Hum...
Je peux vous aider ?"

Même si il était fatigué par le voyage, certes rapide, en avion de Paris à Boston et qu'il voulait surtout aller à l'Institut que son père lui avait indiqué lorsque tous deux s'étaient rendus compte qu'il valait mieux qu'il parte pour comprendre et contrôler ses pouvoirs, Ben se sentait trop coupable et honteux des gaffes qu'il venait de faire pour partir comme ça. En plus, ce type était aveugle, jeune, perdu dans une ville sûrement dangereuse et dans un quartier pas vraiment fréquentable...il ne pouvait pas décemment le laisser ici. Après tout, le jeune homme avait envie d'être digne de sa mère...alors autant commencer maintenant...non ?

"J'peux p'têt vous amener quelque part..."

Il s'y prenait sûrement mal, mais Foster ne savait pas vraiment quoi dire. Déjà qu'il avait du mal à se forcer à parler vu la gêne qu'il éprouvait à cause de sa voix et de son casque, son anglais était un peu timide, surtout qu'il serait bien embêté si l'aveugle voulait aller quelque part de particulier, vu qu'il ne connaissait presque pas cette ville, dans laquelle il venait à peine d'arriver...

Pour Wesley la tension retomba. L’individu ne lui pas de mal. Sa voix était particulière Wesley n’en avait pas entendu de pareil avant. Il respira un bon coup entre deux désolé prononçait par l’inconnu.
Mais sa main continuait de changer. Il la cacha dans son dos espérant que l’autre n’avait rien vu. Il respira encore et encore tenta de calmer l’infection. Ce n’était pas le moment de se transformer en meuble Ikéa ! Le bois poli version humain ça devait choquer et valait mieux éviter avec les inconnus.
En parlant d’inconnu il fallait qu’il arrête de s’excuser il n’était pas en sucre, juste aveugle.

« Je n’ai rien, ne vous inquiétez pas. »

Puis doucement il sentit que la mutation se stoppait au niveau de son coude. Il sentit alors un poids fuir de ses épaules, il aurait eu du mal à gérer une ville inconnu, un étranger et sa main en bois !
Une question dans le flots de paroles de la personne ne face le fit tiquait. Il se proposait de l’accompagner quelque part. Mais comment lui demandé L’institut Xavier sans éveiller les soupçons ?
Mais avait-il réellement le choix ? Il n’allait pas errer sans fin dans Boston jusqu’à tomber sur l’école pour mutants non ? Il fallait tenter sa chance. Même si la nuit avec les inconnus il en n’avait pas eu jusque là…

Un flash de l’instant ou il perdit ses yeux lui revint comme un boomerang. Non, il devait lutter contre ça. Son psy après l’accident lui en avait parlé. Les autres ne portent pas tous des cran d’arrêt, il y a dans le monde extérieur des gens bien. Espérons que celui qui l’a percuté en est un…

« Et bien en fait je cherche une école, mais je ne connais que son nom… »

Le vent souffla pendant son silence, pendant les quelques secondes qui séparé les deux phrases.

« … L’institut Xavier vous connaissez ? »

Il se prépara alors au pire et dans un geste de prudence mit sa canne dans sa main, continuant alors le processus. Il la cacha derrière lui prêt à toute éventualité, même si un aveugle ne pouvait pas grand chose, le bois le protégerait des coups pensa-t-il.

"Vous avez pas besoin de vous protéger.
Je vais rien vous faire."

Ben avait parlé d'une voix très posée, et évidemment rocailleuse. Son moment de culpabilité et de honte l'avait rendu émotif pendant quelques instants, surtout qu'il avait toujours du mal avec des gens depuis qu'il subissait sa mutation. Mais vu que l'être devant lui était aveugle et ne pouvait donc le voir, le jeune homme fut plus calme, même si évidemment il sentait une légère tension chez Murdock, tension qu'il comprit dès qu'il vit un bout de la canne de Wesley derrière lui...

"Si j'avais eu envie de vous agresser, je l'aurais déjà fais, nan ? Alors calmez-vous et rangez cette canne...Je vais rien vous faire...Entre monstres, faut bien s'entraider, nan ?"

Foster avait immédiatement comprit que Murdock n'était pas un Humain "normal" quand il lui avait parlé de l'Institut Xavier. Selon ses recherches sur cette école, celle-ci n'acceptait que les Mutants, du moins si on se donnait la peine de chercher vraiment son but. Et donc, si Wesley désirait y aller, ça ne voulait dire qu'une chose : il était, comme lui, un de ces êtres appelés Homo Sapiens Superior, et il représentait donc pour lui un frère de race...du moins, normalement.

"Je vais aussi à l'Institut."

Il parlait d'une voix assez calme, en fait. N'ayant plus grand chose à perdre dans ce monde qui le rejettait à cause du casque qu'il portait sur son crâne composé entièrement de cette étrange énergie bleutée qu'il pouvait parfois sortir par ses yeux et qui avait malheureusement tuée sa mère, le Mutant n'avait plus envie de jouer un rôle...il n'avait plus envie d'être un simple adolescent, en fait. Et il n'avait surtout pas envie de jouer à celui qui tournait autour du pot avec quelqu'un qui allait au même endroit que lui : la vie était beaucoup trop courte et beaucoup trop cruelle pour perdre du temps avec...

"Je m'appelle Foster. Ben Foster."

Ben fit une petite pause avant de reprendre calmement.

"Et je pense que vous pouvez calmement reposer votre canne, maintenant. A moins que vous ayiez envie de me montrer que vous êtes en fait un Super Héros aux capacités extraordinaires même en étant aveugle et qui fait des trucs de Ninjas avec une canne, je pense pas que ça soit nécessaire de garder cet aspect défensif avec..."

Il attendit alors la réaction de Murdock devant lui, observant quelque peu par ses yeux luisants les réactions des gens autour d'eux. Il n'y avait plus grand monde à cette heure-ci dans le Parc, mais Foster avait une mauvaise impression, et il n'aimait pas cet endroit...Il serait plus rassuré quand ils seraient partis d'ici, ce qui, il l'espérait, arriverait assez vite, normalement...

Il y a parfois des jours où rien ne va. Et bien ce jour là avait mal commencé, mais maintenant c’était déjà nettement mieux. Wesley ne croyait pas aux coïncidences, plus aux actes et leurs répercussions. Alors il ne su pas quoi dire lorsque l’inconnu lui annonça qu’il était aussi un mutant.
Il avait vu juste, Wesley aussi. Il remit sa canne devant lui, dans un geste pacifique.
Il allait enfin trouver l’Institut et apprendre à contrôler ses pouvoirs. Mais surtout passer un coup de fil à son père qui devait s’inquiéter, mon dieu qu’allait il dire !

« Vous avez vu juste, je suis bien un mutant »

le simple fait de le dire soulagea sa consience. Oui il en était et il fallait l'assumer, comme il avait assumer son handicap il y a 3 ans. Wesley montra sa main, qui petit à petit reprenez son aspect normal. La peur bien que toujours présente ne se focaliser plus sur Ben Foster. Wesley tendit sa main vers la voix, enfin la main « normale ».

« Moi c’est Wesley Murdock enchanté Ben. »

Malgré le fait que Wesley été en présence d’un individu a priori inoffensif, il n’aimait guère les bruits qu’il entendait. Tout ici lui rappelait Hell’s kitchen mis à part l’odeur. Il ne fallait peut-être guère traîner ici.

« Je ne suis pas un ninja et tant que vous n’êtes pas Magnéto déguisé je pense que ça ira. Par contre il sera temps d’y aller non ? »

Wesley avait dit les derniers mots avec empressement, il ne se sentait pas en sécurité bien longtemps la nuit. Celle de sa fugue fut d’ailleurs horrible. Il avait cru mourir mille fois en arrivant dans la gare à cause de l’image qu’il s’en fait. Mais voir ne lui apporterait pas plus de sécurité, il verrait juste le danger venir…

"Ouais."

Ben serra la main de Wesley.
D'un geste vif et fort, il referma ses doigts sur ceux du jeune homme, et serra quelque peu pour montrer sa virilité, même si évidemment il n'y en avait pas besoin. Mais depuis qu'il était devenu ce "monstre" qu'il refusait de regarder dans un miroir, il avait souvent besoin de quelques petits gestes qui le rassuraient, même si ils pouvaient paraître bien pathétiques ou stupides...Mais toute personne dans sa situation aurait certainement agit comme lui pour se rappeler qu'il était bien Humain, ce dont il avait parfois du mal quand il se touchait le visage recouvert par son casque...

"On va y aller.
J'aime pas non plus cet endroit."

Toujours caché sous sa capuche, Foster jeta un rapide regard autour d'eux en lâchant la main de Murdock. Non, il n'aimait vraiment pas ce Parc, ni le peu de bruits qui en ressortaient. Il reprit alors la parole de sa voix toujours rocailleuse, ses yeux luisants braqués sur le visage de l'être aveugle devant lui.

"L'Institut n'est plus très loin.
Vous avez qu'à me suivre...enfin, nan. Vous avez qu'à suivre le son de ma voix, je serais à côté de vous, ok ? On fait comme ça ?"

Même si il n'aimait pas vraiment parler en général, là le Mutant se sentait plus libre. Avec quelqu'un de sa "race", il savait qu'il pourrait être mieux comprit et accepté, et se laissait donc aller à plus de paroles que d'habitude, même si il était encore un peu hésitant, surtout quand il refaisait une bourde sur le handicap de Murdock comme à l'instant.

"Au fait...
Vous pouvez me tutoyer.
Et nan, je suis pas Magnéto...Je suis pas assez taré pour me faire entrer dans l'Institut sous une fausse identité, de faux pouvoirs, une fausse malédiction, tout ça pour détruire l'Institut de l'intérieur et raser la ville après ça...Y a d'autres moyens pour arriver à ses fins..."

Les yeux du casque du jeune homme brillèrent plus à ce moment-là, tandis que pour la première fois depuis longtemps, il souriait. Sous l'épaisse chose de métal posée sur son crâne, son visage d'énergie exprima un sourire, et cela lui fit du bien. La présence de Wesley l'apaisait un peu, et il espérait pouvoir recommencer à sourire à l'Institut, même si il savait bien que ça ne durerait pas toujours et que le spectre de ses culpabilités viendrait vite le hanter, malheureusement...

"Allons-y..."

Ben se mit alors en route, en direction de l'Institut où il espérait contrôler ses pouvoirs et tenter de vivre sa vie, même si bien sûr ça serait dur vu son aspect actuel et ce qu'il en résultait sur son existence...